Représentation et transposition des différents modèles chevaleresques dans Graa
Représentation et transposition des différents modèles chevaleresques dans Graal Théâtre : l’œil moderne face aux idéaux médiévaux. Par Clara Ferrand Sous la direction d’Anne Paupert Année 2016 - 2017 Université Paris 7 - Denis Diderot, UFR Arts, Lettres, Langues. Illustration : Lancelot prenant la Douloureuse Garde. Compilation arthurienne de Micheau Gonnot en trois volumes réalisée pour Jacques d'Armagnac, duc de Nemours. Atelier d'Evrard d’Espinques, Centre de la France (Ahun), entre 1466 et 1470. BnF, Manuscrits, Français 112 (1) fol. 64v. !2 Je souhaite remercier tout ceux qui m’ont encouragée durant l’élaboration de ce mémoire, et en particulier mes parents et Louis Bosquillon pour leur soutien sans failles. Je remercie également Florence Lotterie de m’avoir m’accordée un délai supplémentaire sans lequel je n’aurai pas pu mener à bien ce travail. Enfin, je tiens à remercier tout spécialement Anne Paupert, pour sa compréhension, sa disponibilité, et pour m’avoir si gentiment et pertinemment guidée tout au long de ma recherche. !3 Introduction……………………………………………………..………………………p.7. Première partie - Naissance, origines et conflits des modèles chevaleresques dans la littérature des XIIe et XIIIe siècles………………………..………….…p.17. I. Naissance de la chevalerie arthurienne, le modèle de Chrétien de Troyes et son influence…………………………………………………………………..…p.17. 1. Des inspirations multiples pour un nouveau genre littéraire.……….….………p.17. 2. Les chevaliers arthuriens : des héros inédits……………………….…..………p.24. 3. Aventures, merveilles, et chevalerie, quand Chrétien de Troyes crée un nouveau modèle littéraire…………………………………………….…..………………p.38. II. L’ évolution du modèle arthurien et l’avènement de nouvelles chevaleries.. ……………………….…….……..…………..……….….….……………..………p.46. 1. Le cas du cycle du Lancelot-Graal ou l’émergence de la chevalerie célestielle……………………………………………………………………….p.46. 1.1. La chevalerie célestielle : valeurs, origines et but…….……….…..……p.48. 1.2. Une nouvelle définition du héros ?…………………………………….…p.52. 1.2.1. Un nouveau rapport au temps………………………………………p.52. 1.2.2. La Queste, un nouveau héros pour un nouvel idéal ?……………….p.54. 2. La chevalerie célestielle ou l’ordre chevaleresque qui va faire de la chevalerie arthurienne un anti-modèle……………………………………………….…….p.56. 2.1. La déchéance de la chevalerie terrestre…………………………………p.56. 2.2. La fin du monde arthurien…………………………..……………………p.60. Sommaire !4 3. Deux modèles antagonistes mais indissociables, à l’image de leurs deux représentants principaux : Lancelot et Galaad……………………………….…p.62. 4. Influence et continuité de la chevalerie célestielle dans la littérature du Graal……………………………………………………………………………p.65. Deuxième partie - Graal Théâtre : une reprise intelligente et moderne des tensions médiévales entre chevalerie célestielle et chevalerie terrienne…………………………………………………………………………………p.68. I. Une conservation fidèle du conflit entre chevalerie terrestre et chevalerie célestielle……………………………….…………..………………………….…p.69. 1. L’avènement de la chevalerie célestielle dans Graal Théâtre……………….…p.69. 1.1. La chevalerie célestielle ou l’émergence d’une nouvelle ère……….…p.69. 1.2. La supériorité incontestable de la chevalerie célestielle………..……………p.74. 1.3. La chevalerie célestielle ou la naissance de nouvelles aventures ?……….…p.82. 2. L’exclusion et la condamnation de la chevalerie terrestre dans Graal Théâtre..p.88. 2.1. L’exclusion par l’échec……………………………….…………….……..…p.88. 2.2. La chevalerie arthurienne et le péché………………………………….….….p.98. 2.3. La fin de la chevalerie arthurienne……………….…….….…….….………p.104. 2.3.1. La déchéance arthurienne ou la conséquence du péché…………..p.104. 2.3.2. Une fin inévitable……………………………………….……..….……p.112. II. Une relecture contemporaine : la réfutation de l’idéal célestiel et la revalorisation de l’idéal terrestre ………………………….……..…………p.115. 1. La chevalerie célestielle ou l’ennui total…………………………….…..……p.115. 1.1. Galaad : un héros robotisé………………………………………….….……p.115. 1.2. Un héroïsme controversé…………………………………….…….………..p.118. 2. Une préférence affirmée pour la chevalerie arthurienne.…….……….………p.128. 2.1. L’importance de l’amour……………………………………………………p.128. 2.2. Les chevaliers arthuriens : des héros vivants et plaisants…………………..p.132. !5 Troisième partie - Graal Théâtre : un cycle complet qui dépasse l’opposition entre chevalerie terrestre et chevalerie célestielle pour aborder une dichotomie entre religion celte et chrétienne…………………………………..p.136. I. Le dépassement d’un schéma binaire ?………………………….…………p.136. 1. Une nouvelle répartition des personnages…………………………………….p.136. 2. L’inceste au cœur d’une dichotomie entre le Bien et le Mal……………….…p.141. 2.1. L’inceste entre le frère et la sœur ou la naissance des monstres……………p.141. 2.2. L’inceste parental : la création d’une nouvelle opposition dualiste..….……p.149. II. Le temps et l’espace ou comment délimiter les différents modèles chevaleresques…………………………………………………………………p.154. 1. L’importance des lieux………………………………………….….…………p.154. 1.1. Les espaces arthuriens…………………..………………………..…………p.155. 1.1.1. Forêts……………………………………………………………….……p.155 1.1.2. Les lieux d’amour………….…………….……..………………………p.157. 1.2. Deux espaces en confrontation : l’univers celtique contre ’univers chrétien…..…….………………………………………………………..………..p.159. 2. Des temporalités différentes et signifiantes..……….…………………………p.164. 2.1. Le temps arthurien…………………………………………………….……p.165. 2.1.1. Un temps cyclique………………………………………………………p.165. 2.1.2. Une temporalité réaliste………………………………………….……p.166. 2.2. Le temps celtique……………………………….……..……………………p.168. 2.3. Le temps chrétien.………………………………………..…………………p.170. Conclusion………………………………………………………………………..……p.173. Bibliographie…………………………………………………………………….……p.175. Annexes…………………………………………………………………………………p.181. !6 Le Moyen Âge est une période historique réputée pour son extrême violence, une violence qui s’explique notamment par l’omniprésence des guerres. Celles-ci opposent le plus souvent des nobles d’un même pays recrutant des combattants pour défendre leur cause. Les principaux motifs de discordes sont la contestation d’un bien ou encore sauver son honneur d’une blessure physique ou morale. Ces guerres privées sont extrêmement récurrentes, et, bien que Saint Louis proclame en 1245 une ordonnance pour les interdire, celles-ci perdurent jusqu’au XIVe siècle. Les successeurs de Saint Louis tenteront eux aussi, en vain, de prohiber ces affrontements, dont Jean II en 1353, à plus d’un siècle d’écart. À ce climat déjà tendu s’ajoutent des guerres avec les pays limitrophes, et principalement avec l’Angleterre durant la fameuse guerre de Cent Ans de 1337 à 1453 ; ainsi que des guerres avec des pays plus lointains lors des croisades entre 1096 et 1270. Jean Markale, dans Lancelot et la chevalerie arthurienne évoque cette époque guerrière et accuse notamment le « morcellement du pouvoir » d’en être le principal responsable : Or, la guerre, aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, ce n’est pas seulement une lutte opposant deux peuples, deux nations, deux états, au sens moderne du mot. La guerre est intégrée dans la vie quotidienne dans la mesure où par suite du morcellement du pouvoir dans le système féodal, nombreux sont ceux qui prétendent incarner ce pouvoir, abusent de leur autorité, font la loi chez eux et autour d’eux, s’efforcent de constituer des groupes cohérents et de heurtent à d’autres groupes constitués de la même façon. 1 Cette idée d’un système politique faible entrainant la contestation du pouvoir, et donc un climat belliqueux, est soutenue par tous les historiens et semble donc incontestable. Il est également important de prendre en compte l’aspect quotidien de ces guerres. En effet, ces tensions incessantes et ces luttes sans fin, en plus d’instaurer un climat de violence, auront Introduction Jean Markale, Lancelot et la chevalerie arthurienne, Paris, Imago, 1985, p. 158. 1 !7 pour effet la création de désordres intérieurs tels que la famine et l’insécurité. Si parvenir à ses besoins est devenu difficile, voire impossible pour ceux situés en bas de la hiérarchie, il paraît évident que la survie se fasse par le biais de moyens illégaux. Ainsi, cette époque, traversée par de nombreux troubles et désordres, semble avoir besoin d’une figure protectrice. Certains romans médiévaux idéalisent alors la figure du chevalier, le pourvoyant de ce rôle protecteur. Jean Markale résume cette conception : La chevalerie a été en effet créée pour garantir une société de tous les désordres, intérieur et extérieur, pour maintenir un équilibre entre les diverses tensions qui animait cette société. Le Chevalier n'est pas un soldat, d'ailleurs il ne touche pas de solde, il est seulement un guerrier investi d’une mission considérée comme sacrée, parce que maintenir l’ordre au sein d’une société hiérarchisée, c'est respecter et appliquer le plan divin, Dieu étant indubitablement l’inspirateur de cet ordre. 1 Or, dans la réalité, le chevalier n’est pas un personnage héroïque prêt à soutenir et défendre les faibles pour des causes justes, et l’ordre chevaleresque ne nait pas d’un « plan divin » mais des guerres auxquelles les chevaliers participaient activement. Jean Flori revient sur cette réalité historique, contrastant avec l’idéalisation romanesque : Si l’on s’en tient au sens militaire du mot “chevalerie“, on la définira pour l’essentiel comme un groupe professionnel, celui des guerriers d’élite chargeant impétueusement, la lance ou l’épée au poing, sur tous les champs de bataille de l’Europe médiévale : la cavalerie lourde, reine des batailles du XIe au XIVe siècle avant que le progrès de l’archerie et, plus tard, de l’artillerie ne viennent ruiner sa suprématie et la reléguer au rang de vestige prestigieux des temps héroïques et vénérables. […] Mais le sens militaire n’est pas seul en cause. Il s’y mêle, dès l’origine, une connotation sociale, de plus en plus aristocratique. Dans la chevalerie n’entre pas qui veut ! Les rois et les princes marquent de leur emprise cette confrérie professionnelle dont ils entendent contrôler l’accès, filtrer l’entrée. On ne peut certes pas, comme on le faisait volontiers jadis, confondre dès l’origine noblesse et chevalerie. Force est, du moins, de reconnaître que la noblesse contrôle et dirige bientôt la chevalerie et lui prête son idéologie au point que, dès la fin du XIIe siècle, la chevalerie apparaît comme l’expression militaire de la noblesse qui la considère comme son domaine réservé et recrute ses membres par cooptation. Un chevalier, dès lors, n’est plus seulement (et par la suite plus tellement !) un guerrier à cheval, mais un membre reconnu de l’aristocratie. Chevalier devient un titre nobiliaire. 2 Jean Markale, op.cit., p. 159. 1 Jean Flori, « Chevalerie », dans Jacques Le Goff et Jean-Claude Schmitt, Dictionnaire 2 raisonné de l’Occident médiéval, Poitiers, Fayard, 1999, p. 199. !8 D’après Jean Flori, les chevaliers sont davantage au service des princes, des rois, des puissants aristocrates, que de l’Église et du peuple. S’ils deviennent nobles, ils sont avant tout des guerriers qui évoluent sur des champs de batailles, et uploads/Geographie/ repre-sentation-et-transposition-des-diffe-rents-mode-les-chevaleresques-dans-graal-the-a-tre-l-x27-oeil-moderne-face-aux-ide-aux-me-die-vaux.pdf
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- Publié le Aoû 06, 2021
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