UNIVERSITÉ PARIS IV - SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE 4 THÈSE Pour obtenir le grade de

UNIVERSITÉ PARIS IV - SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE 4 THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS IV Discipline : Anglais présentée et soutenue publiquement par Marie PECORARI le 27 novembre 2008 Titre : Le Théâtre de Charles Ludlam (1943-1987) Directrice de thèse : Madame Elisabeth Angel-Perez JURY Mme Elisabeth Angel-Perez M. Christian Biet Mme Marie-Claire Pasquier M. Pierre-Yves Pétillon Le théâtre de Charles Ludlam (1943-1987) Remerciements Je remercie Elisabeth Angel-Perez, qui m’accompagne depuis le DEA. Bien que nos aires d’intérêt aient à première vue peu en commun (ma connaissance du théâtre contemporain britannique étant limitée), son ouverture d’esprit, sa curiosité et sa fine compréhension des questions théâtrales m’ont poussée à affermir ma réflexion. Avec patience et tact, elle a su me faire confiance sur un sujet difficile, m’aiguiller dans des directions heureuses et m’éloigner des fausses pistes. Je remercie aussi Christian Biet, que sa passion pour le théâtre conduit sur des chemins peu fréquentés et tout aussi peu évidents. Son adhésion sans réserves à la pratique et la théorie théâtrales américaines, son intelligence du sujet et sa générosité ont été d’une aide précieuse dans les moments de doute. Je remercie également les autres membres du jury, Marie-Claire Pasquier et Pierre-Yves Pétillon, que je ne connaissais jusqu’ici que comme auteurs. Leurs ouvrages sur le théâtre américain et la littérature américaine, respectivement, ont été une source d’inspiration dans la rédaction de cette thèse. Je suis curieuse et enthousiaste à l’idée de recueillir leur point de vue sur un sujet qu’ils connaissent de première main, puisqu’ils ont sur moi l’avantage rare d’avoir été des spectateurs de Ludlam. Je remercie Richard Schechner. Sa disponibilité, son regard amical, franc, sans condescendance, et son immense culture performative m’ont permis de repenser ma manière d’envisager le théâtre. Je remercie les conservateurs du fonds Billy Rose de la bibliothèque de Lincoln Center à New York, d’avoir mis à ma disposition les archives du fonds Ludlam. Je remercie ma famille, les présents et les absentes, qui a su me supporter sans (trop) rien dire pendant ces années laborieuses. Enfin, à tous ceux que j’ai croisés, avec qui j’ai pu partager, discuter, expliquer mon sujet, et qui m’ont parfois entraînée sans le savoir dans des directions fructueuses. Sommaire Introduction 1. Prélude 1.1. Départs 1.1.a) Frustration 1.1.b) Révélation 1.2. Propositions 1.2.a) Théâtre et texte 1.2.b) Dramaturgie et artifice 1.2.c) Critique de l’illusion 1.2.d) Contre le réalisme ? 1.2.e) Le choix du maximalisme 1.3. Redéfinitions : resserrement et redéploiement 1.3.a) Permanence de l’autorité 1.3.b) Dialectique du drame 1.3.c) Quel modernisme pour le théâtre ? 2. Le Ridicule : quelques repères 2.1. Déviations 2.1.a) Le Ridicule : éléments de définition 2.1.b) Précédents 2.1.c) Directions 2.1.d) Lectures 2.2. Figures 2.2.a) Jack Smith 2.2.b) John Vaccaro 2.2.c) Ronald Tavel 3. Premiers essais dramatiques 3.1. The Life of Lady Godiva (1966) 3.1.a) Une dramaturgie de l’empêchement 3.1.b) L’antithèse, figure du délitement 3.1.c) Homosexualité et critique 3.2. Les pièces « épiques » (1966-1969) 3.2.a) Big Hotel (1966) 3.2.b) Conquest of the Universe, or When Queens Collide (1967) 3.2.c) Turds in Hell (1969) 4. Poétique 4.1. Causes du revirement 4.1.a) Contraintes matérielles 4.1.b) Insatisfactions esthétiques 4.2. La « pièce bien faite », un véritable renouveau ? 4.2.a) Une réaction aristotélicienne ? 4.2.b) Figures du dévoilement 4.3. Parodie et reprise : comment trouver sa voix/e 4.3.a) La parodie : quelques définitions 4.3.b) Kitsch et parodie 4.3.c) Figures du dépassement 5. Les pièces Petite étude génétique Bluebeard (1970) Eunuchs of the Forbidden City (1971) Corn (1972) Camille (1973) Hot Ice (1974) Stage Blood (1975) Jack and the beanstalk (1975) Caprice, or Fashion Bound (1976) Der Ring Gott Farblonjet (1977) The Ventriloquist’s Wife (1978) Utopia, Incorporated (1978) The Enchanted Pig (1979) A Christmas Carol (1979) Reverse Psychology (1980) Love’s Tangled Web (1981) Secret Lives of the Sexists (1982) Exquisite Torture (1982) Le Bourgeois Avant-Garde (1983) Galas (1983) The Mystery of Irma Vep (1984) How to Write a Play (1984) Salammbô (1985) The Artificial Jungle (1986) 6. Ludlam aujourd’hui 6.1. Quelques héritiers déclarés 6.2 Directions Bibliographie Index Avertissement Cette thèse étant soutenue en vue d’une double qualification en anglais et études théâtrales, nous avons trouvé bon de traduire les passages en langue étrangère, tout en conservant l’original en note. Et sauf mention contraire, toutes les traductions sont de l’auteur de la thèse. Cependant, en raison des problèmes de traduction particuliers à l’écriture de Ludlam, nous avons choisi de conserver les citations des pièces en version originale. (La question de la traduction est abordée en filigrane tout au long de la thèse, et plus spécifiquement en conclusion - nous y renvoyons). L’entreprise de traduction des pièces pose des problèmes spécifiquement théâtraux, relève déjà de choix de mise en scène - c’est un autre travail, qui déborde le cadre de cette thèse. Nous prions d’avance les non-anglophones de nous excuser, en espérant que les idées poétiques de Ludlam et les commentaires des pièces suffiront à susciter l’envie de le voir jouer un jour sur les scènes françaises. Nous avons choisi d’orthographier la première lettre de Ridicule en majuscule dans les cas - majoritaires - où l’adjectif fait référence au style, groupe, genre théâtral du même nom, pour le distinguer de son emploi courant. Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne. J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d’église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, conte de fées, petits livres de l’enfance, opéras vieux, refrains niais, rhythmes naïfs. Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n’a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de mœurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements. (Rimbaud, Délires II, « Alchimie du verbe ») Introduction Ces pièces combinaient des formes artistiques populaires et nobles, mêlaient mise en scène haute en couleur, humour scatologique et travestissement féminin à des intrigues et à des styles empruntés à la littérature dramatique et opératique. Le traitement […] qu’en offrait Ludlam allait au-delà du simple pastiche : la profondeur de son investissement, expliquait-il, donnait naissance à des œuvres indépendantes qui transcendaient la parodie. La Ridiculous Theatrical Company, un des premiers théâtres new-yorkais à traiter explicitement des thèmes homosexuels, montrait souvent Ludlam dans des rôles féminins - rôles qu’il ne jouait pas nécessairement de manière outrée.1 (Alisa Solomon, entrée « Charles Ludlam », in The Cambridge Guide to American Theatre, éd. Don B. Wilmeth. 2007, 405-406) La notice consacrée à Ludlam dans une anthologie de référence exprime en quelques lignes les difficultés d’interprétation posées par l’oeuvre. Alisa Solomon, critique de théâtre et de performance queer, semble mettre en garde à chaque détour de phrase contre les préjugés, idées 1 “these plays combined popular and high art forms, mixing colorful staging, scatological humor and female impersonation with plots and styles drawn from dramatic and operatic literature. Ludlam’s treatment went beyond mere spoofing : his depth of involvement, he explained, gave rise to independent works that transcend parody. The Ridiculous Theatrical Company, one of the first New York theatres to deal explicitly with homosexual themes, often featured Ludlam in female roles - which he didn’t necessarily play campily.” reçues et amalgames dont Ludlam a fait l’objet : théâtre gay, théâtre de travestis, pour ne pas dire de drag queens, théâtre parodique, léger, infantile et caricatural. Sans nier ces aspects de l’œuvre, A. Solomon invite à les dépasser, à montrer comment ils s’intègrent à une vision du théâtre plus complexe qu’elle en a l’air. Cette mise à bas des idées reçues sera l’objet de cette thèse. Se détournant des clichés, sans chercher à se poser en justicier non plus, il s’agira avant tout de traiter Ludlam, plus que de le juger. Charles Ludlam (1943-1987) est un mal-aimé de l’historiographie du théâtre américain, lui-même relativement négligé par la critique universitaire française. S’intéresser au dramaturge, metteur en scène et comédien new-yorkais n’a pas été une évidence. Ce n’est pas le délaissement apparent dont il fait l’objet qui m’a guidée ; beaucoup d’autres connaissent le même sort et ne méritent pas forcément pour autant d’être mis en valeur individuellement. Débuts du parcours de recherche Mon objectif de départ n’était pas la rédaction d’une monographie, mais plutôt d’une étude thématique sur le théâtre d’avant-garde américain d’après-guerre. Les premières figures sur lesquelles je me suis penchée relevaient de près ou de loin du « théâtre d’images ». Il était question d’explorer la relation au texte dans un théâtre qui posait problème, dans lequel le texte était apparemment en retrait. Cette question avait déjà été au centre de ma thèse de DEA (« Anatomie d’une fleur : analyse des écrits sur le théâtre d’Edward Gordon Craig », direction Elisabeth Angel-Perez, Paris IV - Sorbonne), quoique concernant une époque (la première moitié du vingtième siècle) et une aire culturelle (l’Europe, avec une connaissance des formes asiatiques) différentes, qui plus est un penseur coupé de la pratique (praticien à ses débuts, Craig uploads/Geographie/ theseludlam.pdf

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