L'édit bilingue gréco-araméen du roi Asoka, trouvé près de Kandahar (Mus. Kabou
L'édit bilingue gréco-araméen du roi Asoka, trouvé près de Kandahar (Mus. Kaboul) Author(s): Ch. P. Source: Revue Archéologique, T. 1 (janvier-juin 1959), pp. 102-106 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41754659 Accessed: 23-06-2016 10:59 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique This content downloaded from 139.184.14.159 on Thu, 23 Jun 2016 10:59:44 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 102 REVUE ARCHÉOLOGIQUE L'édit bilingue gréco-araméen du roi Asoka, trouvé près de Kandahar (Mus. Kaboul) . Cette inscription, qui remonte au 111e s. av. J.-C. (après 250), a surtout l'intérêt d'être la première inscription connue dans la série des édits d'Asoka, en grec (et araméen). Découverte fortuitement au début d'avril 1958, sur le territoire de l'Afghanistan (dans l'extrême Sud), elle a été révélée par un professeur de lycée, natif de Kandahar. Dans l'une des publications qui lui sont déjà consacrées, la première en date1, où les traductions et commentaires ont été établis par deux savants italiens, G. Pugliese Carra telli (pour le texte grec) et G. Levi della Vida (pour le texte araméen), a été racontée d'abord la découverte2. Sur un bloc détaché (2m,5 x 1 m), près d'une construction rencontrée à l'occasion de travaux édilitaires, l'inscription d'Asoka se présente sur un cartouche en légère dépres- sion : le texte grec vient d'abord, qui est le plus long (14 1.) ; le texte araméen, avec divers mots iraniens inclus, figure au-dessous (8 1.). Il s'agit d'un document important, comme bilingue au moins. Voici la traduc- tion qu'on pourrait proposer du texte grec : « Dix ans étant révolus, le roi Pio- dassès a révélé aux hommes la Piété. Et depuis lors, il les a rendus plus pieux, et tout prospère sur la terre. Et le roi s'abstient (de la viande) des êtres vivants ; et les autres hommes, et tous les chasseurs et pêcheurs du roi ont cessé de chasser. Ceux qui étaient intempérants ont cessé, dans la mesure de leurs moyens, de ne pas se maîtriser. Et ils sont devenus obéissants à leurs père et mère, comme aux gens d'âge, à l'inverse de ce qui se faisait précédemment. Et désormais, agissant ainsi, ils vivront de façon meilleure, plus profitable en tout ». On note, à première vue, que cette nouvelle manifestation de la Loi humani- taire d'Asoka n'ajoute que peu aux inscriptions rupestres déjà connues et commen- tées, notamment par J. Bloch. En 1942, dans les Mémoires de la Délégation archéo- logique française en Afghanistan , le regretté Alfred Foucher, qui a été, ainsi que les savants italiens le relèvent fort courtoisement, « il grande iniziatore dell' esplo- ratione archeologica moderna in Afghanistan », signalait encore avec quelque étonnement3 le manque d'inscriptions grecques à travers toute la région, en Afghanistan comme au Pandjab. Et pourtant, écrivait-il, « nombre de vestiges matériels confirment la présence dans ces deux contrées, au me et surtout au iie s. av. notre ère, d'une colonie grecque, relativement peu nombreuse, sans doute, mais jouant dans la vie publique et sociale un rôle capital , hors de toute pro- 1. Un editto bilingue greco-aramaico di Asoka. Serie orientale Roma , XXI, Roma, 1958, in-8°, vu + 34 p., 2 pl., traductions des deux textes en italien, et p. 33-34 en anglais. 2. Préface du Pr Giuseppe Tucci, p. v-vii, et Introduction du Dr Umberto Scerbato, p. 1-9. - Cette publication a été connue en France dès octobre 1958 ; celle du Journal asiatique en fin décembre seulement : Une bilingue gréco-ara - méenne ď Asoka, par Daniel Schlum berger, Louis Robert, André Dupont- Sommer, Emile Benveniste, 1958 (t. p. : 48 p.). Le commentaire est ici plus développé : instructif, mais un peu logorrhéique par endroits. La pensée des quatre commentateurs ne se laisse pas entendre sans quelques variantes d'inter- prétation. La découverte avait été annoncée assez sommairement, mais pom- peusement, à l'Académie des Inscriptions, en juin ( Monde , 22-23 juin 1958), par un des quatre signataires de l'équipe française. Le mérite premier revient, bien entendu, au découvreur local, puis au Musée de Kaboul. C'est M. J.-M. Casal qui a relevé le double texte ; il en avait transmis les photographies à M. D. Schlumberger, directeur de la Mission archéologique française en Afghanistan. 3. La vieille route de VInde , de Bactres à Taxila (avec la collaboration de Mme E. Bazin-Foucher, Mém. Délég ., I, 2, p. 385. This content downloaded from 139.184.14.159 on Thu, 23 Jun 2016 10:59:44 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms NOUVELLES ET CORRESPONDANCE 103 portion avec son effectif ». La lacune regrettée est désormais comblée, comme on voit, et la priorité donnée au texte grec, au Kandahar, sur le texte araméen, confirme de façon significative, les vues de l'éminent savant français. Il y a en fait, dans Fig. 1. - L'édit bilingue du roi Asoka (texte grec en haut, araméen en bas). le texte grec, certaines indications qui n'ont pas été répétées en araméen, comme on le constate : on peut penser sans risque qu'une chancellerie de langue hellé- nique était attachée à la Cour d'Asoka, et que l'édit bilingue, qu'on croit dérivé d'un prototype indien (mais pourquoi ne s'agit-il pas, en ce cas, d'un texte tri- lingue ?) a donné le primat au grec pour des raisons qui ne relèvent sans doute This content downloaded from 139.184.14.159 on Thu, 23 Jun 2016 10:59:44 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 104 REVUE ARCHÉOLOGIQUE pas uniquement du désir de mettre le texte à portée de la petite colonie grecque ins- tallée près de Kandahar : dans l'ancienne Arachosie, qui, traversée par Alexandre1, conquise par les Séleucides, avait subi et gardé une forte imprégnation de culture hellénique. Le « roi ami des dieux au regard bienveillant », Asoka, a confessé dans l'un de ses édits rupestres, avec une bonhomie touchante, et toute sa naïveté un peu vaniteuse d'Oriental, qu'il avait eu la manie de faire graver des mandements un peu partout. Cf. le 14e édit sur rocher : « Ce texte relatif à la Loi a été gravé sur l'ordre du roi ami des dieux au regard amical. Il existe en abrégé, en moyen, et en développé. Car tout n'est pas réuni partout. Car vaste est mon Empire et j'ai fait graver beaucoup, et je ferai toujours beaucoup graver. Il y a là beaucoup de redites à cause du charme de certains sujets, et pour que l'on s'y conforme. Il s'y trouvera parfois gravé des parties imparfaites, soit par omission d'un détail, ou faute de considérer le fond, ou par erreur du graveur2 ». Ce n'est pas ici le lieu de revenir en détail sur les clauses et constatations des deux textes du Kandhara, ni, désormais, sur les publications modernes, bilin- gues aussi, faites à leur sujet. Beaucoup de questions susciteraient l'étude. A mon sens, la traduction française de fin 1958 ne donne pas partout la meilleure satis- faction. Par exemple : « Dix ans étant révolus, le roi Piodassès8 a montré aux hommes la Piété » (E'j<ré6eia[v] ëSeiÇev.) Ce mot à mot, un peu scolaire, qui se pique d'être littéral, n'en est pas moins en français fâcheusement biscornu. On peut « montrer » bien des choses ; mais il s'agit ici d'une révélation , d'un enseigne- ment, avec date dûment précisée : après l'Illumination. - La traduction italienne n'a pas eu tort de développer un peu : « (P.) a fatto conoscere la (dottrina della) pietà agli uomini4 ». On est encore plus surpris, un peu plus loin, de la version trop synthétique, littérale au vrai, aussi : « Et le roi s'abstient des êtres vivants ». Dit ainsi en fran- çais, cela risquerait peut-être de provoquer un certain sourire. La transcription italienne empêche l'équivoque, sans nul inconvénient : « E' il re si astiene da(ll' ucci- dere) gli esseri animati5 ». On n'est pas surpris que tous les commentateurs hésitent encore sur l'expres- sion du texte grée (1. 10) xaxà Súvajiiv, accompagnant la constatation des efforts 1. I^a capitale a porté, depuis le iv® s. av. J.-C., le nom de Alexandria Ara- chotum. 2. 14e édit sur rocher : éd. « pédagogique » de Jules Bloch, Les inscriptions ďAsoka , Paris, 1950, p. 133-134. L'inscription du Kandahar est parallèle aux autres du dossier des quatorze édits sur rocher. Selon l'avertissement du roi, elle apparaît moins détaillée que d'autres (notamment le premier édit sur rocher où l'on est renseigné sur les usages de la cuisine royale : on avait, là-même, restreint à trois abattages - deux paons, une gazelle - les mises à mort d'animaux pour la préparation des repas). 3. 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- Publié le Jul 22, 2022
- Catégorie History / Histoire
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