~T~ J_j~ ABÉLARD DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET BOB M VACtMMNt, f" 0 i ABËLARD PAt

~T~ J_j~ ABÉLARD DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET BOB M VACtMMNt, f" 0 i ABËLARD PAtt CHARLES DE REMISAT Spere equidem quod gtortam eerun) qu) nunc eunt posterims cetobreNt. <M« M SttMmM, tMpte it AbOMA AJt(aloeltw (u Prologo. ~< TOME PBBMtBR « ''s-?~ f- A PARIS UBBAHME THBLOSOPmQM: DE ~ADHANGE 0))A<DBBAOOt)Bt)MS,N°<9 ''846 t. e PRÉFACE. On se propose dans cet ouvragede faire connattre la vie, le caractère, les écrits et les opinions d'Abé- lard, et de recueillir tout ce qu'il est utile de savoir pour marquer sa place dans l'histoire de l'esprit humain. Abélard est moins connu qu'il n'est célèbre, et sa renommée semble romanesqueplutôt qu'historique. On sait vaguement qu'il fut un professeur, un phi- losophe, un théologien, qu'il se fit une grande répu- tation dans les écolesdu moyen âge, et qu'il exerça une puissante influence sur les études et les idées de son temps. Mais dans quel sens dirigea-t-il les esprits, quel était le fond de ses doctrines, quelle la nature de son talent, quelsles titres de sesouvrages, quai rôle joua-t-il dans les lettres et dans l'Église, ~oilace qu'on ignore; et le vulgaire même raconte la fatalehistoire de sesamours. C'est par ce souvenir que le nom d'Abélard est resté populaire. Peut-être à la faveur de ce souvenir, le tableau que j'entreprends de tracer inspirera-t-il quelque curiosité. Peut-être souhaitera-t-on de mieux con- naître l'homme dont on a ai souvent entendu rappe- ij PRÉFACE. 11 11 1erles aventures, et l'amant servira-t-il à recomman- der le philosophe. Moi-même,je l'avouerai,ce n'est point par l'histoire que j'ai commencéaveclui. C'est dans le monde de l'imagination que je l'avais cher- ché d'abord, et l'étude de la philosophie n'a pas donné naissance à cet ouvrage. Le lecteur me permettra-t-il de lui en retracer brièvement l'histoire? Il y a quelques années qu'en réfléchissant sur un sujet que la réflexion n'épuisera pas, sur ce que devient la nature morale de l'hon~ne dans les temps où l'intelligence prévaut sur tout le reste, je fus conduit àme demander s'il n'y aurait pas moyen de concevoirun ouvrageoù la puissancede l'esprit, devenue supérieure à celle du caractère, serait mise en présencedes plus fortes réalités du monde social, des épreuves de la destinée, despassions mé de l'âme. La lutte de l'esprit tout seul avec la vie tout entière me paraissait intéressante à décrire encore une fois, et je cherchais dans quel temps, sur quelle scène, par quels personnages, il serait bon de la représenter. Pour que cette peinture fût frappante et vive, en effet, il ne me semblait pas qu'elle dût avoirpour cadre un sujet imaginaire. Unhéros idéal qui à une époque indéterminée se mesure avec des êtres d'invention, ne saurait offrir un exemple qui saisisse et qui émeuve si vraisemblablequ'on s'at- tache à lefaire, il paraît toujourshora du vrai, et la PRÉFACE. Bj leDiace est crise cour une combinai. situationoù on le place est prise pour une combinai- son de fantaisie. La pensée morale que j'aspirais à mettre en action, ne pouvait prendre tout son relief et produire tout son effet que sur un fond de réalité. Je rêvais à tout cola, lorsqu'il m'arriva un de ces hasards qui ne manquent guère aux auteurs préoc- cupésd'une idée. Unjour, mesyeux s'arrêtèrent sur l'afuehe d'un théâtre où se lisait !a nom que j'écris aujourd'hui au titre de cet ouvrage. Seulement ce nométait suivi d'un autre <;uela philosophie seule a le triste courage d'en séparer. Soudain, la pensée qui flottait dans mon esprit se fixa, pour ainsi dire; elle s'unit au-nom d'AbéIard, et prit dès lors une forme distincte le sujet nécessaireme parut trouvé. Et prenant dans l'histoire les faits et les situations, dans les mœurs et dans les hommes du xx"siècle, les traits et les couleurs, je composai avec une sorte d'entraînement un ouvrage en forme de roman dra- matique, qui, lui aussi, s'appelle Abélard. Quelques personnes pourront se souvenir d'en avoir entendu parler. J'avais écrit sous l'empire d'une sorte de passion pour mon sujet, pour mon idée, mais avec le sentiment d'une indépendance absolue. La science, la foi et l'amour, l'école, le gouvernementet l'Église, j'avais essayedetout pein- dre, sans rien écarter, sans rien adoucir, sans rien ménager,ne supposant pas même un moment qu'un si étrange tableau pût jamais passersousles yeuxdu Iv PRÉFACE. 'ftn1,Un I.fnJ" rm" rr~ nn.n~f 1ft.tnU.1n.~n. public. Maisqui ne connaîtles faiblessespaternelles? Quel auteur ne prend confiancedans l'ouvrage dont la composition l'a charmé?J'ai donc unjour songéà livrer aux périls de la publicité ce premier Abélard. Cependi~t t il s'agissait d'une œuvrequi contient sans doute une pensée sérieuseet morale, mais sous les formeslesplus libresde laréalité et de l'imagination, où dans le cadre des mœurs grossières du xn° siè- cle, la lutte violente des croyances, desidées et des passions est représentée avecune franchise qui peut paraître excessive,avec un abandon qui peut blesser les esprits sévères.C'estune de ces œuvresenun qui n'ont qu'une excuse possible, celle du talent. Je mefigurai quelque temps queje pourrais lui en créer une autre; c'est alors que je conçus le projet d'opposer l'histoire au roman, et deracheter le men- songe par la vérité. A des Cotions dramatiques, je résolus de joindre un tableau do philosophie et de critique où le raisonnement et l'étude prissent la place de l'imagination. Changeant debut et de tra- vail, je m'occupaialorsdemieuxconnaître l'Abélard de la réalité, d'apprendre sa vie, de pénétrer ses écrits, d'approfondir se8doctrines; et voilà comme s'est fait le livre que je soumets en ce moment at( jugement du public. Destiné à servir d'accompa- gnement et presque de compensationà une tentative hasardeuse, il paraît seul aujourd'hui. Desillusions téméraires sont à demi dissipées, une sagevoixque PRÉFACE. v je voudrais écouter toujours, me conseille de re- noncer aux fictionspassionnées, et dedire tristement adieu à la muse qui les inspire Abi Quo Nandœ juvenum te revocant prece9. Ce récit servira du moins à témoigner de mes consciencieuxeffortspour rendre cet ouvragemoins indigne du sujet. Plus je tenais à expier en quelque sorte une composition d'un genre moins sévère, plus jc devais tacher dedonner à celle-ci les mérites qui dépendent de l'étude, de la patience et du tra- vait. Je n'ai rien négngé pour savoir tout le néces- saire, pour ne parler qu'en connaissance de cause, et dans la partie historique j'espère m'être approché do la parfaite exactitude. L'étendue de mes recher- ches etplus encore la révisionde quelques savants amis m'ont donné confiancedans ma fidélité d'his- torien. On trouvera donc ici une biographie d'Abélard plus complètequ'aucune autre, aussi complètepeut- être que permet de la faire l'état des monuments connus jusqu'à ce jour. Quant à l'intérêt dn récit, il me parait, à moi, très-vif dans les faits mêmes. Quisait s'il ne se serapas évanoui sous ma main ? Maistout n'est pas histoire danscet ouvrage.Après la première partie, qui renferme la vied'Abé!ac~et qui peut aussi donnerune vuegénérate de son tat~nt et de ses idées, il me restait à faire connaître ses tj PRÉFACE. A~< Af~<-<«~ écrits. A l'exception de quelques lettres sur sesmat-. heurs, ils sont tous philosophiques ou théologiques: j'ai donc joint au livre premier, un livre f'ur la phi- losophie, un livre sur la théologie d'Abétard. Cette partie de mon travail, pour être la plus neuve, n'était pas la plus attrayante et j'ignore si ce n'est point une témérité que d'avoir voulu rendre de l'in- térêt à la acienc~ si longtemps décriée sousle nom désastreuxdescolastique. Ata nndu dernier siècle, une telle entreprise au- rait paru insensée. Letemps même n'est pas loin où le courage m'aurait manqué pour l'accomplir. Mata denosjours, le tombeau du moyen âge a été rouvert avecencoreplus decuriosité que de respect. Ons'cat plu à y contemplerles grands ossementsque les an. nées n'avaient pas détruits, à y recueillir les joyaux grossiers ou précieux qui brillaient encore mÈtéaà de froides poussières. Les monuments où ces reli- ques languirent oubliéesai longtemps, sont deveùua l'objet d'une admiration passionnée, comme s'ils étaient retrouvés d'hier, et que la terre les eût jadis enfouis dans son aoin. Nepouvant inventer le neuf~ on s'est épris du plaisir de comprendre le vieux. L'enthousiasme du passé est venu colorer la criti- que, échaufferl'érudition. A juger sévèrementnotre époque, on pourrait dire que les faits réotsréveittont aoûts en elle l'imagination et qu'elle ne retourne à la poésie que par l'histoire. PRÉFACE, ~ij A-t-il été présomptueux d'espérer que le goût d'antiquaire qui s'attache aux mesura, aux formes, aux édifices des&gesgothiques, s'étendrait jusqu'à leurs idées, et qu'on aimerait à connattre la science contemporaine de l'art qu'on admire? H ne faut rien dissimuler, ce livre est très" sérieux. Nous ne nous sommes point arrêté à la surface. Rassembler en passant quelques traits de la physionomie d'un homme et d'une époque, of- frir de rares extraits, piquants par leur singularité, choisis à plaisir dans les débris d'une littérature à demi barbare, aurait sufn peut-être pour donner à quelques pages un intérêt de curiosité. Ce n'était pas assez pour nous. Notre ambition a été de faire connaître, avecles ouvragesd'Abélard, le fond et les détails de ses doctrines, les procédés de son es- prit, les formes de son style, d'éclairer ainsi, & sa lumière, toute une période encore obscure de la vie intellectuelle de la société française. Qu'on uploads/Histoire/ abelard 1 .pdf

  • 14
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Aoû 02, 2022
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
  • Taille du fichier 19.4449MB