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Aඔඔඉඐ ඖ'ඡ ඍඛග ඘඗ඝක කඑඍඖ ! Emmanuel Todd sur les révolutions arabes… et quelques autres www.arretsurimages.net Coordination éditoriale et diffusion www.lepublieur.com Aඔඔඉඐ ඖ'ඡ ඍඛග ඘඗ඝක කඑඍඖ ! Sommaire Emmanuel Todd Naissance d’un livre Allah n'y est pour rien ! Quand on sait lire et écrire, on peut lire un tract. On peut même en écrire un ! L’effet de freinage des mariages endogames Todd, historien, démographe, ou… prophète ? La France n’est menacée de rien du tout ! L’Algérie, une société un peu amorphe L’Islam, comme toutes les religions, ne sert à rien aux démographes La crise de l’occident, une crise de vieux La Russie, en progrès démocratique L’Allemagne, nazie hier, égoïste aujourd’hui Nඉඑඛඛඉඖඋඍ ඌ’ඝඖ ඔඑඞකඍ Ce livre inhabituel, entretien-confession d’Emmanuel Todd par l’équipe d’@rrêt sur images, est l’enfant hybride d’un précédent livre et d’une émission de web-télévision. Son géniteur naturel est un livre passionnant publié en 2007 par Emmanuel Todd et Youssef Courbage, Le rendez-vous des civilisations (Le Seuil). Il posait alors un diagnostic à contre-courant : loin d’être vouées à l’intégrisme et aux dictatures, comme le répète à longueur de temps la vulgate politico-médiatique, les populations arabes sont entrées de plain-pied dans la modernité, où elles ont rejoint, sans que personne n’y prenne garde, les populations dites « occidentales ». Quand je dis « à contre-courant », c’est peu dire. Depuis des années, certains médias français, qui donnent aujourd’hui le ton, se perdent en interrogations oiseuses sur la compatibilité du Coran avec la modernité. Le Coran et donc, par extension, tous les musulmans du monde, ne sont-ils pas, par nature et par fatalité, obscurantistes, rétrogrades, misogynes, homophobes ? Que peut-il sortir d’autre, du monde arabe, que poseurs de bombes, mariages forcés, vengeances d’honneur, fatwas, niqabs, charia, djihad, polygamie, violences multiformes ? Dans ce paysage intellectuel, la révolution tunisienne et la révolution égyptienne qui a immédiatement suivi ont tétanisé le gouvernement français et le gratin de nos islamophobes médiatiques. À l’indifférence de départ (il a fallu trois semaines à la télévision française pour s’aviser qu’une révolution était en cours dans les profondeurs de la Tunisie) sont venues s’ajouter des gaffes spectaculaires, dont la plus mémorable reste celle de la ministre des Affaires étrangères de l’époque, Michèle Alliot-Marie, proposant au gouvernement de Ben Ali de le faire bénéficier du « savoir-faire sécuritaire de la France, reconnu dans le monde entier ». Quelques semaines plus tard, on devait apprendre que la ministre avait passé quelques jours de vacances dans la Tunisie à feu et à sang, survolant la révolution en cours dans l’avion privé d’un milliardaire, ami du pouvoir. Et les journalistes ? À l’unisson. Fermez les yeux, souvenez-vous. Vous en a-t-on assez rebattu les oreilles, de ces savantes dissertations sur l’islam, la burqa, le hallal, la laïcité, etc., etc. ? Aussitôt qu’ont éclaté les révolutions arabes, les islamomanes qui saturent notre espace médiatique sont allés chercher dans les rues de Tunis, du Caire, ou de Benghazi les marques d’une influence, forcément sous-jacente, des imams. En Tunisie, les premiers jours, les télévisions françaises ne cherchaient que les islamistes. Où se cachaient-ils ? D’où manipulaient-ils discrètement la révolution en cours ? En vain. Elles partirent au Caire prendre leur revanche. Sur les bords du Nil, au moins était-on certain de trouver les fameux « frères musulmans », n’attendant qu’un signal pour mettre la révolution dans leur poche, même si les envoyés spéciaux voulaient bien reconnaître, du bout des lèvres, qu’ils n’en étaient pas les instigateurs. Ah, le visage de ces envoyés spéciaux, alors que vacillaient les dictatures ! Ah, la mine d’enterrement de la télévision française, la sourde anxiété qui transpirait de chaque reportage, alors que des peuples brisaient leurs chaînes. Ils en disaient plus long que tous les commentaires, sur l’indicible terreur qu’inspiraient aux vieux médias de nos vieux peuples ces jeunes révolutions intruses. Pour ne prendre qu’un seul exemple de cette obsession, évoquons une émission du service public de la télévision française, Mots croisés, animée par Yves Calvi et diffusée le 7 février 2011 sur France 2. Un long quart d’heure durant, Calvi ne posa à ses invités qu’une question unique, avec d’innombrables variantes. « Faut-il avoir peur des frères musulmans ? » – « La démocratie fait-elle le jeu des barbus ? » – « Concrètement, les frères musulmans au pouvoir, est-ce que c’est inéluctable ? » – « Ceux qui pourraient accéder au pouvoir font peur, parce qu’on les prend pour des intégristes. » – « Il ne faut pas se focaliser sur l’islamisme radical ? » – « Les frères musulmans veulent-ils la charia ? » }Nous en avions fait un montage vidéo savoureux. Dans toute interview télévisée, j’ai la manie d’écouter les questions plus que les réponses. Elles en révèlent davantage, et ce d’autant mieux qu’elles ne se savent pas révélatrices et s’efforcent de donner l’apparence de la neutralité. En outre, s’il y a une « influence de la télé », vieille controverse, je suis convaincu qu’elle ne passe pas par où l’on pense. Et donc plutôt par les locuteurs, les discours, les images apparemment les plus inoffensives. Ce soir-là, sous couvert de questions objectives, jamais on n’avait vu plus clairement à quel point la télévision d’État peut être une machine à décerveler, et à instiller la peur. Jugez de mon soulagement et de ma jubilation, quand j’ai découvert le livre de Todd quelques jours plus tard. Je l’ai lu dans la fièvre, tant Todd y semblait imperméable à cette propagande dominante. Non pas qu’il en prît le contrepied explicite, se livrât à une apologie béate du Coran, aussi ridicule que celle des islamophobes médiatiques à la Calvi. Mais il se situait ailleurs, dans un angle de tir d’autant plus efficace que latéral, avec pour munitions ces projectiles nouveaux dans la guerre de tranchées du débat vu de France : des données démographiques. Le livre m’a immédiatement donné envie d’inviter l’auteur, pour éclairer cette analyse qui venait de s’avérer si prophétique : les révolutions arabes étaient-elles inéluctablement inscrites dans les données démographiques ? Comment se pouvait- il que de si aveuglantes évidences aient échappé à tout le monde ? Cette émission est elle-même la mère du petit livre que vous tenez entre les mains. Todd est de ces trop rares penseurs qui bouleversent notre vision du monde, parce qu’ils ne s’encombrent d’aucune prudence verbale, d’aucune bienséance, d’aucun conformisme, d’aucun politiquement correct. Ses jugements à l’emporte-pièce sur l’Allemagne, la Russie, l’Iran, la Chine, ses blagues de potache (« les Basques sont fatigants », « les Japonais sont comme les Allemands, l’humour en plus ») heurteront peut-être certains lecteurs. Peut-être même les feront-ils douter du sérieux du chercheur. Il me semble que c’est tout le contraire. Nous faisant le cadeau de ne pas se prendre au sérieux et de taguer lui-même sa propre statue de prophète, Todd nous dissuade de le prendre comme maître à penser. Oui, il s’est aventuré très loin hors des sentiers battus, à découvert. Oui, il se retourne vers nous périodiquement, pour s’assurer que nous ne l’avons pas perdu de vue. Mais il ne nous demande nullement de le suivre. Il ne cherche pas à nous enrôler. Jamais, dans sa carrière, il ne s’est soucié de faire école, de susciter des disciples. Certes, il ne déteste pas se contempler en funambule des données. Mais, à tout prendre, s’il faut choisir, mieux vaut encore ce narcissisme de gamin insolent qui n’en revient pas d’avoir décroché le prix d’excellence au nez des premiers de la classe, que le terrorisme impitoyable qui caractérise ce que l’on appelle en France le débat intellectuel, cette lancinante guerre de tranchées qui dure au fond depuis l’affaire Dreyfus, avec ravitaillements périodiques des combattants par le nazisme, le communisme, ou aujourd’hui, justement, l’islam. Tout ceci pour dire que nous avons justement conservé dans la transcription ses brèves de comptoir et autres saillies, parce que penser « en dehors de la boîte » suppose précisément de ne pas soumettre sa parole au surmoi des parchemins universitaires ou du parcours déjà accompli (n’oublions pas que le gamin fêtera tout de même cette année ses soixante ans). Après l’émission, mise en ligne le 4 mars 2011, et très appréciée de ses spectateurs, plusieurs d’entre eux ont regretté de ne pas pouvoir en transmettre le contenu à des proches, réticents au visionnage de longues discussions sur la Toile, ou simplement non abonnés à @rrêt sur images. D’où ce livre, transcription remaniée de l’émission, tentative hybride entre l’oral et l’écrit, dans lequel nous avons donc conservé la « musique Todd », si caractéristique, mais en éliminant hésitations, redites, bafouillages — forme écrite oblige. Une dernière chose. J’ai l’esprit de l’escalier, je le confesse. Après notre rencontre sur le plateau me sont venues quelques idées de relances pertinentes, d’objections décisives, ou de questions supplémentaires. Nous nous sommes donc revus. Les compléments de « l’escalier » figurent en italiques. Les questionneurs désignés par \charter{\scriptsize @}si sont donc, sur le plateau, Anne-Sophie Jacques et moi-même et, dans l’entretien ultérieur, moi seul. Cette conversation complémentaire nous a permis d’ouvrir le champ. uploads/Histoire/ allah-n-x27-y-est-pour-rien-emmanuel-todd-1.pdf

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  • Publié le Oct 29, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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