1 GOUVERNER EN ISLAM ENTRE LE Xe SIÈCLE ET LE XVe SIÈCLE (Iraq jusqu’en 1258, S
1 GOUVERNER EN ISLAM ENTRE LE Xe SIÈCLE ET LE XVe SIÈCLE (Iraq jusqu’en 1258, Syrie, Hijaz, Yémen, Égypte, Maghreb et al-Andalus) Texte d’orientation par Gabriel Martinez-Gros, professeur d’histoire de l’Islam médiéval à l’Université Paris X-Nanterre, et Julien Loiseau, maître de conférences habilité à l’Université de Montpellier III-Paul Valéry. Cette question porte sur la part du monde islamique issue du premier siècle des conquêtes et qui est restée attachée, tout au long ou pendant une large part de la période considérée, à la langue arabe du premier gouvernement impérial. C’est pourquoi elle exclut l’Anatolie et les Balkans, l'Iran, l'Asie Centrale et le monde turcique, les Indes, l’Islam malais et l'Islam africain, tous espaces dont l’historiographie est par ailleurs plus difficile à mobiliser pour les candidats et les enseignants qui les préparent au concours. Elle s’ouvre avec le moment où la proclamation de trois califats rivaux (à Bagdad, à Mahdiya, puis au Caire, et enfin à Cordoue après 929) le prive de son unité impériale, puis y renouvelle peu à peu, avec l’emprise croissante des « peuples nouveaux » (Turcs, Berbères), le fonctionnement des armées et de l’État. Elle se prolonge jusqu’aux bouleversements de la fin du XVe siècle et du début du XVIe siècle : chute de Grenade (en 1492), chute du Caire aux mains des Ottomans (en 1517), émergence du chérifisme dans le Maghreb extrême. L’intitulé met l’accent sur la culture politique de l’Islam. Tous les aspects de la pratique du gouvernement seront donc sollicités : légitimation des pouvoirs – puisque leur multiplicité les place désormais en constante position de rivalité ; ambitions universelles, conquêtes tribales et consolidations impériales ; constitution des armées, tribales, mercenaires ou serviles, conduite de la guerre, poids et distribution de la fiscalité; ethnicité des castes et des fonctions dans l’État ; titulature des princes, affirmation des califats, des sultanats, des pouvoirs délégués ; mise en place et en scène des souverainetés, sédentarité ou itinérance du pouvoir, sièges et repos de la puissance, villes capitales, palais ou citadelles, mausolées et nécropoles ; autorité et privilèges religieux des califats, pratiques orthodoxes, audaces hétérodoxes et dévotions soufies ; magnificence des objets, mécénat des édifices et des fondations pieuses, enrôlement des savants ; protection, exploitation ou persécution des communautés minoritaires, juives et chrétiennes. Au total, la question se trouve en adéquation étroite avec l’esprit qui préside à l’enseignement de l’histoire des civilisations dans l’enseignement secondaire : - elle souligne la profondeur des mutations historiques durant les six siècles étudiés, et invite à ne pas présenter la civilisation islamique comme un tableau sans profondeur temporelle – l’Islam a une histoire, ou plutôt est une histoire ; - dans toute la mesure du possible, et sans jamais rien retirer aux singularités de l’histoire islamique, elle permet de mettre en valeur les formes impériales du gouvernement qu’on pourra rapprocher d’autres expériences politiques dans d’autres aires de civilisation. 2 Bibliographie commentée préparée par Cyrille Aillet, maître de conférences à l’Université Lyon 2, Dominique Valérian, professeur à l’Université Lyon 2, et Éric Vallet, maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne1. L’intitulé du programme invite à réfléchir sur l’évolution politique d’une vaste aire allant d’al-Andalus à l’Iraq, du point de vue de l’exercice du pouvoir souverain, sur plus de six siècles. L’étude de cet ensemble peut s’appuyer sur une production historiographique d’une très grande richesse, qui a connu d’importants renouvellements au cours des dernières décennies, tant du point de vue des sources utilisées (découverte de nouvelles sources ; relectures à neuf), que des objets étudiés, des problématiques ou des types d’analyse mis en œuvre. Certes, l’apport des traductions ou des études rédigées jusqu’à aujourd’hui en langue française reste conséquent, renouvelant une tradition ancienne d’étude de l’histoire islamique qu’illustrèrent au cours du XXe siècle de grandes figures de savants aujourd’hui disparus comme Max van Berchem, Louis Massignon, Évariste Levi-Provençal, Jean Sauvaget ou Claude Cahen. Mais force est de constater que l’histoire de l’Islam médiéval est aujourd’hui très majoritairement écrite en d’autres langues, à commencer par l’anglais, mais aussi l’arabe, le persan, l’hébreu et le turc, sans oublier la production continue de travaux importants en allemand, espagnol, portugais, italien, russe ou japonais, pour ne citer que les principales. La présente bibliographie ne reflètera que très imparfaitement la richesse de ce champ historiographique largement mondialisé, rendu plus accessible que jamais par la numérisation massive des sources et des études. Les références en français, en anglais et en espagnol ont toutefois été privilégiées, à l’exception de quelques ouvrages importants en italien ou en allemand. Dans le cadre du programme, les limites chronologiques de cette bibliographie ont été définies au regard d’événements politiques majeurs, qui n’eurent pas le même impact d’une région à l’autre. Pour le Proche-Orient, la date de 892, marquant le retour du calife abbasside à Bagdad après le déplacement de la capitale à Samarra durant plus d’un demi-siècle, est le point de départ que nous avons ici retenu. L’étude de l’Iraq et de la Haute Mésopotamie est interrompue après 1258, avec la chute du califat abbasside de Bagdad et l’installation du nouveau pouvoir mongol, tandis que celle de la Syrie, de l’Égypte et de l’Arabie doit être prolongée jusqu’à la conquête ottomane de 1516-1517. Pour l’Occident musulman (auquel il faut adjoindre la Sicile jusqu’en 1061, date du début de la conquête des Hauteville), la période traitée commence avec l’avènement du nouveau pouvoir fatimide en 909, et ses conséquences sur toute la région. Au Maroc, l’extinction de la dynastie mérinide en 1465 et l’avancée des conquêtes portugaises (prise d’Asilah et de Tanger en 1471) témoignent d’une décomposition de l’autorité publique qui ne prendra fin qu’avec le triomphe des Saadiens au XVIe siècle. La chute du royaume de Grenade en 1492, si elle marque la fin d’al-Andalus, constitue aussi une césure pour l’ensemble de l’Occident musulman, avec l’accélération des attaques chrétiennes contre les côtes du Maghreb et les premières interventions ottomanes. Le fait d’envisager une aussi vaste période et un aussi large espace invite à se concentrer sur les évolutions politiques observables sur le long terme, plus que sur l’histoire événementielle des dynasties de l’Islam en tant que telle. La bibliographie présentée ici a donc été essentiellement conçue comme un outil permettant de développer une approche comparatiste, dans l’espace et dans le temps, tenant compte à la fois des spécificités de chacune des grandes régions au programme et des dynamiques communes qui les parcourent. 1 Les auteurs tiennent à remercier David Bramoullé, Julien Loiseau et Vanessa Van Renterghem pour la communication de leurs bibliographies inédites, ainsi qu’Anne-Marie Eddé pour sa relecture de la partie II et Annliese Nef pour la Sicile. 3 L’état actuel de la bibliographie reflète largement la prégnance de l’échelle régionale dans la réflexion des historiens de l’Islam médiéval, qui a notamment conduit au développement d’historiographies souvent parallèles (notamment entre l’Occident islamique et le Proche- Orient), parfois discordantes dans leurs approches. Il était difficile de ne pas tenir compte de cet état de fait et une grande partie de la bibliographie sera donc organisée en fonction de ces ensembles régionaux et dynastiques (parties IV à IX). Mais divers historiens ont proposé des pistes pour caractériser et expliquer les évolutions que l’on observe dans l’exercice du pouvoir, ses pratiques, ses normes et ses représentations, à l’échelle de l’Islam méditerranéen, voire à des échelles plus vastes encore. Ces réflexions pourront guider la réalisation de synthèses thématiques (partie III). Ajoutons enfin qu’une importance toute particulière a été accordée à la présentation des sources pertinentes pour le programme (partie II). Contrairement à une idée reçue bien ancrée, de nombreux témoignages et traces subsistent de la façon dont le pouvoir fut exercé, manifesté, imaginé ou pensé en terre d’Islam, y compris des archives conservées en nombre conséquent, surtout à partir du XIIIe siècle. Une part non négligeable de ces textes ou de ces documents sont accessibles aux non-spécialistes dans des traductions en langues occidentales, de même que le sont les vestiges archéologiques, les ensembles architecturaux et les objets, qui témoignent aussi de la part visuelle des cultures politiques du monde islamique médiéval. Se familiariser avec ces différents langages du pouvoir reste encore la meilleure manière de saisir l’histoire de l’exercice du pouvoir souverain dans ses logiques propres. Abréviations et signalétique - Les références les plus importantes ont été signalées en gras et précédées d’une *. - Un losange noir ♦ indique les ouvrages ou articles disponibles sur Internet, en accès libre ou réservé (portails de revue, bouquets de livres numériques). Leur liste a été établie sur la base des collections numériques disponibles à la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne2 et de la bibliothèque interuniversitaire Diderot de Lyon. - Divers systèmes de translittération des mots arabes en langues européennes sont en usage dans les publications scientifiques. La graphie propre à chaque référence bibliographique a été respectée, mais les commentaires ont été rédigés en utilisant le système allégé le plus couramment utilisé. On trouvera en annexe de cette bibliographie un tableau d’équivalence entre ces différents usages. - EI² = Encyclopédie de l’Islam, Leyde, 2e édition, Leyde-Boston, 1960-2005, 11 vol. - trad. uploads/Histoire/ gouverner-en-islam.pdf
Documents similaires
-
9
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 19, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
- Taille du fichier 3.3520MB