Bibliothèque nationale de France direction des collections département Littérat
Bibliothèque nationale de France direction des collections département Littérature et art Novembre 2009 LE MOYEN ÂGE APRÈS LE MOYEN ÂGE : RÉÉVALUATION & POSTÉRITÉ DE L’ART MÉDIÉVAL, 18 E-20 E SIECLE Bibliographie selective L’objet de cette bibliographie n’est pas la représentation du Moyen Âge dans les arts des 18e-20e siècles, ni même l’extraordinaire fécondité de l’imaginaire médiéval durant la même période. Il sera ici moins question d’images et de thématiques que de styles, le véritable sujet de ce travail étant la postérité des manières de bâtir, de peindre ou de sculpter du Moyen Âge, au-delà même de cette Renaissance qui, autour de 1500, en marquerait la clôture définitive. Renaissance qui, en même temps qu’elle faisait retour aux modèles esthétiques de l’Antiquité, déclassa en bloc les œuvres des dix siècles la précédant, les désignant non sans violence comme « gothiques », c’est-à-dire comme « barbares », l’ensemble de la période médiévale étant dès lors considérée comme une longue nuit intermédiaire entre décadence et réveil du génie classique. Mais comme l’Antiquité gréco-latine, le Moyen Âge – l’ « esprit » de ses formes, tout au moins -, connut une seconde vie, l’existence posthume d’un revenant aux apparitions néanmoins bien tangibles, puisqu’il se construisit plus de monuments gothiques au 19e siècle que jamais durant tout le Moyen Âge et là même où l’on n’en avait jamais vus auparavant, en Amérique ou en Australie par exemple !... En effet, après un long purgatoire durant lequel ses styles purent toutefois persister localement, le Moyen Âge fut à son tour l’objet d’une véritable « renaissance ». Celle-ci, annoncée encore timidement par un 18e siècle finissant que le pittoresque des ruines a séduit presque autant que l’exotisme chinois ou persan, s’affirme bientôt avec le premier romantisme qui identifie lui aussi le Moyen Âge à la nuit, mais positivement cette fois … Cette « obscurité », hantée par les spectres du roman gothique contemporain, vient alors offrir un contrepoint salutaire aux froides lumières de la Raison, l’élan sublime des cathédrales devenant pour toute une génération l’antidote absolu au matérialisme bourgeois et à son univers brutalement désenchanté. Les premières manifestations du néo-gothique sont empreintes de cet esprit complexe où se mêlent nostalgies, renouveau chrétien – catholique, en particulier - et résistances à l’industrialisation, à l’enlaidissement et à la déshumanisation du monde. Esprit fondamentalement ambigu, « réactionnaire » au sens propre par bien des aspects, mais qui connaîtra également des variantes laïques et progressistes. Le républicain Viollet-le-Duc, en France, ou le socialiste William Morris, en Angleterre, incarnent bien ce retournement, chacun à leur manière, le premier réintroduisant la notion de rationalisme dans sa conception du gothique, le second jetant les bases, avec la fondation du mouvement Arts and Crafts, de toute la réflexion moderne sur la nécessaire réconciliation du beau et de l’utile dans des arts appliqués mis au service de tous. A l’évidence, le français manque d’un mot équivalent à l’anglais revival qui traduit si bien la dynamique de cette greffe, dans le vif d’une époque, du répertoire formel et de l’esthétique d’une autre, morte celle-ci, et produisant pourtant un surgeon aussi fertile qu’intempestif. Mais ce recours au passé, s’il permet d’échapper un moment à l’académisme dominant et à ses formules rebattues, débouche inévitablement sur de nouveaux conformismes. Il en sera ainsi avec le néo-gothique, devenu une habitude dès le milieu du 19e siècle, comme avec ses concurrents néo- roman ou néo-byzantin, particulièrement en matière de construction d’églises… En effet, après ce qu’on appela la « guerre des styles » où « grecs » et « moyenâgeux » s’affrontèrent assez âprement, un compromis fut trouvé avec ce que l’histoire de l’art désigne sous le nom d’éclectisme. Affranchi de tout souci de véracité archéologique, celui-ci autorisa désormais le vocabulaire décoratif d’un même bâtiment à emprunter simultanément à toutes les langues fossiles de l’architecture, tandis que, sur une autre échelle, l’espace urbain verra cohabiter en son sein lieux de culte néo-médiévaux, palais de justice néo-classiques ou hôtels de ville néo-renaissance, le principe retenu étant cette fois celui de la pertinence des styles relativement à la fonction de chaque édifice. 1 Le phénomène est saisissant : tout au long du processus qui conduit à la modernité, le renouvellement des formes procède le plus souvent d’un « ailleurs ». Celui-ci, longtemps situé dans la chronologie, s’est ensuite transporté dans la géographie, l’innovation puisant aux ressources des mondes lointains après avoir épuisé celles des siècles défunts. Le médiévalisme de la première moitié du 19e siècle le céda peu à peu à l’orientalisme, puis au japonisme qui, eux-mêmes, finirent par s’effacer devant l’horizon plus reculé encore des arts d’Afrique et d’Océanie. Arts qui furent longtemps qualifiés de primitifs, ce qui doit nous rappeler que le même adjectif, avant de s’appliquer aux sculptures « nègres », qualifia et qualifie encore les peintres précédant Raphaël et la période de formation de l’esthétique occidentale « classique ». Un pré-raphaélisme auquel s’identifièrent explicitement les peintres Préraphaélites anglais, mais aussi et avant eux, les Nazaréens allemands, sans oublier le moment troubadour de la peinture française, auquel Ingres lui-même ne resta pas étranger. C’est bien avec le romantisme et ce qu’on pourrait appeler son « primitivisme » inaugural que s’ouvre le cycle de crises qui, tout au long des 19e et 20e siècles, va bouleverser l’ordre plastique hérité de la Renaissance… Mais avant d’en arriver là – construire, peindre ou sculpter en interprétant, et souvent très librement, les styles du Moyen Âge - encore fallait-il que ces derniers aient été redécouverts, identifiés et réhabilités, au propre comme au figuré, l’étude accompagnant toujours le mouvement de patrimonialisation et de sauvegarde d’œuvres qui, synonymes tout à la fois de féodalisme et de cléricalisme, avaient toutes les chances d’être emportées par le torrent de la Révolution. Celle-ci fut au contraire un moment fondateur dans la construction d’un nouveau rapport aux monuments du passé, leur valeur intrinsèque, historique d’abord, puis proprement esthétique, prenant finalement le pas sur leur contenu symbolique et politique immédiats. Le chemin était alors ouvert à l’archéologie et à l’histoire de l’art qui, à travers débats, polémiques, enjeux nationaux ou idéologiques, construisirent, « inventèrent » le gothique, le roman ou les primitifs, au sens que nous donnons encore aujourd’hui à ces termes. C’est donc par un recensement chronologique de quelques-unes de ces œuvres jalons que s’ouvrira cette bibliographie, réalisée à l’occasion de l’exposition « La légende du Roi Arthur », et qui prend la suite de celle consacrée aux arts du Moyen Âge proprement dits (« Du temps des invasions au gothique flamboyant : un millénaire d’art médiéval en occident », dont elle se voudrait une manière de prolongement, sinon de complément. Toutes les ressources citées sont disponibles en accès libre dans les salles de la Bibliothèque d’étude (site F.-Mitterrand, niveau haut-de- jardin). Redécouverte, goût et conservation de l’art médiéval aux 18e-19e siècles Sources : textes fondateurs (sauf écrits d’architectes, voir infra) 1729-33 Montfaucon, Bernard de Les monumens de la monarchie françoise, qui comprennent l'histoire de France avec les figures de chaque règne que l'injure des tems a épargnées. Paris, J.-M. Gandouin et P.-F. Giffart, 1729-1733. 5 vol. Poste d'accès aux ressources électroniques - [NUMM- 123277-123277] 1767 Ducarel, Andrew Coltee Antiquités anglo-normandes / traduites de l'anglais par A.-L. Léchaudé d'Anisy. Caen, Mancel, 1823. 499 p. [en ligne] Disponible sur : http://books.google.fr/books?id=YQEbAAAAYAAJ&printsec=frontcover&source (consulté le 16/07/09) 1772 Goethe, Johann Wolfgang von « Architecture allemande » DANS Ecrits sur l'art / textes choisis, trad. et annot. par Jean-Marie Schaeffer ; présentés par Tzvetan Todorov. Paris, Klincksieck, 1983. 290 p. (L'esprit et les formes) Salle F – Art - [701.01 GOET e] 1790-98 Millin, Aubin-Louis Antiquités nationales, ou Recueil de monumens pour servir à l'histoire générale et particulière de l'Empire françois, tels que tombeaux, inscriptions, statues, vitraux, fresques, etc., tirés des abbayes, monastères, châteaux et autres lieux devenus domaines nationaux. Paris, chez M. Drouhin, 1790-an VII. 5 vol. Poste d'accès aux ressources électroniques - [NUMM- 114609] 1794 Grégoire, Henri (dit l’Abbé Grégoire) Rapport sur les destructions opérées par le vandalisme, et sur les moyens de le réprimer : séance du 14 fructidor, l'an second de la République une et indivisible ; suivi du Décret de la Convention nationale. [S.l.], Maxwell, 1992. 28 p. (Les archives de la Révolution française) Poste d'accès aux ressources électroniques - [NUMM- 48495] 2 1795 Lenoir, Alexandre Description historique et chronologique des monumens de sculpture réunis au musée des monumens français. (Reprod. de la 8e éd., 1806. [S.l.], Maxwell, 1992. XII-256-52 p. Poste d'accès aux ressources électroniques - [NUMM- 48509] 1795-96 Lanzi, Luigi Histoire de la peinture en Italie, depuis la renaissance des beaux-arts, jusques vers la fin du XVIIIe siècle / trad. de l'italien sur la 3e éd., par Mme Armande Dieudé. Paris, H. Seguin, Dufart, 1824. 5 vol. Poste d'accès aux ressources électroniques – [NUMM- 202235-202239] 1802-04 Schlegel, Friedrich von Descriptions de tableaux / éd. établie et présentée par Bénédicte Savoy. Paris, École nationale supérieure des beaux-arts, 2003. 246 p. (Beaux-arts histoire) Salle F – Art - [750.1 SCHL d] 1803 Chateaubriand, François-René de « Des églises gothiques » DANS uploads/Histoire/ biblio-moyen-age.pdf
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- Publié le Dec 11, 2021
- Catégorie History / Histoire
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