Biologie historique et paléontologie : un regard Leçon de clôture prononcée le
Biologie historique et paléontologie : un regard Leçon de clôture prononcée le 16 juin 2010 Armand de Ricqlès DOI : 10.4000/books.cdf.5625 Éditeur : Collège de France Lieu d'édition : Paris Année d'édition : 2018 Date de mise en ligne : 6 novembre 2018 Collection : Leçons de clôture ISBN électronique : 9782722604995 http://books.openedition.org Édition imprimée Date de publication : 6 novembre 2018 ISBN : 9782722604346 Nombre de pages : 56 Référence électronique DE RICQLÈS, Armand. Biologie historique et paléontologie : un regard : Leçon de clôture prononcée le 16 juin 2010. Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Collège de France, 2018 (généré le 12 mars 2020). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/cdf/5625>. ISBN : 9782722604995. DOI : https://doi.org/10.4000/books.cdf.5625. © Collège de France, 2018 Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540 Biologie historique et paléontologie : un regard Biologie historique et paléontologie : un regard Armand de Ricqlès Illustration de couverture : fossile d’un ptérosaure Pterodactylus elegans de la fin du Jurassique (148 millions d’années) © ca2hill, iStock. Maquette : Mona Vallery © Éditions du Collège de France, 2018 www.college-de-france.fr 11, place Marcelin-Berthelot, 75005 Paris ISBN 978-2-7226-0434-6 L’édition électronique de cet ouvrage est disponible à l’adresse suivante : http://books.openedition.org/cdf/2998 Leçon de clôture prononcée le 16 juin 2010 par le professeur Armand de Ricqlès Chaire Biologie historique et évolutionnisme no 13 9 Mesdames et Messieurs, Chers collègues, Chers amis, Avant toute chose, je voudrais remercier cha- leureusement mes collaborateurs et amis Jorge Cubo et Michel Laurin pour l’organisation du colloque international « Perspectives sur l’évo- lution des vertébrés, sujets et problèmes1 » qui a duré trois jours et s’achève aujourd’hui par cette leçon de clôture de ma chaire. Je voudrais y associer toutes celles et tous ceux qui se sont dévoués pour son bon déroulement, au sein de notre laboratoire à Jussieu, et ici-même au Collège de France. L’idée de ce colloque est née de la 1. De nombreux éléments de ce colloque, qui s’est tenu du 14 au 16 juin 2010 au Collège de France, sont repris dans une étude biographique et bibliographique de la carrière d’Armand de Ricqlès : « Perspectives sur l’évolution des vertébrés : thèmes et problèmes », numéro thématique spécial publié par les Comptes rendus Palevol de l’Académie des sciences, fasc. 5-6, juillet- septembre 2011. 10 Biologie historique et paléontologie : un regard combinaison de deux traditions, d’une part celle des séminaires de chaire du Collège de France, qui nous fait l’obligation statutaire d’organiser chaque année une réunion scientifique originale et de haut niveau et, d’autre part, d’une tradition suisse dont m’a informé notre ami le professeur Michel Monbaron, ici présent, qui consiste à entourer un collègue, au moment de son départ en retraite, sous la forme d’un séminaire évoquant des souvenirs, des travaux en commun et tout ce qui peut rapprocher les acteurs au sein d’une communauté scientifique donnée. C’est ainsi que ce séminaire de la chaire Biologie historique et évolutionnisme, qui doit être le dernier, a pris tout naturellement la configuration que nous avons appréciée au cours de ces trois journées. Nous avons pu mener une réflexion d’ordre général sur certains grands thèmes ou champs scientifiques qui m’ont motivé pratiquement depuis l’enfance (l’amour des dinosaures, des libellules ou des tri- tons vient très tôt !), réflexion qui a été enrichie par un approfondissement scientifique significatif concernant « l’état de l’art » dans une spécialisa- tion en apparence étroite, voire ésotérique, de la paléontologie des vertébrés, la paléohistologie osseuse, dont j’ai fait ma spécialité. Un nombre important de collègues, dont beaucoup sont des 11 Armand de Ricqlès amis très chers, n’ont pas hésité à entreprendre de lointains déplacements, me faisant ainsi l’honneur d’être ici réunis, pour apporter à ces journées leur substance et leur richesse scientifique. À tous, je fais part de ma très profonde gratitude. 13 Mesdames et Messieurs, La leçon inaugurale d’un professeur au Collège de France est passée, depuis longtemps, au nombre de ces exercices obligés qui scandent la vie intel- lectuelle et universitaire, voire médiatique, dans notre pays. La mienne a été prononcée le 6 mai 1996, il y a donc quatorze années, dans un modeste amphithéâtre, maintenant disparu, qui était alors le seul disponible compte tenu des grands travaux qui ont abouti au rajeunissement décisif de notre Collège de France. Je voudrais saluer à cet égard la ténacité de nos administrateurs successifs vis-à-vis de nos tutelles, et particulièrement celle de Jacques Glowinski qui me fait le plaisir d’être parmi nous. C’est la raison pour laquelle je me trouve en situa- tion aujourd’hui de vous parler dans un cadre rénové, en profitant des ressources offertes par les techniques d’enregistrement modernes qui avaient manqué à ma leçon inaugurale. Certes, la leçon de clôture se prête elle aussi à un exercice rhétorique formalisé, mais il me 14 Biologie historique et paléontologie : un regard semble que la tradition soit moins contraignante en la matière que pour la leçon inaugurale. N’ayant au demeurant pas respecté certains canons de la leçon inaugurale, faute notamment de véri- tables devanciers directs au Collège de France, il n’y a aucune raison de les respecter davantage aujourd’hui. Je voudrais donc vous parler très librement de sciences, d’enseignement et de recherche, au fil du parcours d’une vie et en profiter pour exprimer au passage certains points de vue personnels et sans doute « politiquement incorrects » sur la façon dont, à mon sens, les choses fonctionnent – ou non – dans la recherche, dans l’Université ou ailleurs. J’aurais pu fonder mon propos sur la tentative de mémorisation chronologique d’une longue car- rière, puisque je suis entré au service de l’Université comme assistant-stagiaire en 1961 – c’était il y a près de cinquante ans et j’avais alors vingt-trois ans – mais je me contenterai plutôt de quelques souvenirs rétrospectifs que j’espère éclairants, car ce qui peut être intéressant aujourd’hui n’est pas de remémorer une carrière, mais de discerner rétrospectivement les interactions entre une cer- taine personnalité et un certain environnement, à un certain moment, interactions soit porteuses d’innovations, soit au contraire stérilisantes. 15 Armand de Ricqlès Premier souvenir — Comment travaillait-on dans un laboratoire universitaire parisien de bio- logie au début des années 1960 ? À certains égards, l’écart avec notre laboratoire actuel est incommensurable. Au laboratoire d’ana- tomie et d’histologie comparée de la Sorbonne, dirigé par le professeur Marcel Prenant, grand résistant, déporté, nous étions dans un environ- nement rappelant davantage un salon bourgeois de style Napoléon III, avec un lourd mobilier en chêne, qu’un laboratoire au sens moderne. Il y avait bien des bureaux, encombrés, pour les ensei- gnants, alors répartis en nombreuses catégories hiérarchiques, et quelques stalles assez misérables, pour les « petits nouveaux ». Un abondant per- sonnel technique et de service, formant lui aussi toute une hiérarchie, comprenait une multitude de métiers : du menuisier au dessinateur, de l’in- génieur de recherche du CNRS au personnel de secrétariat, de la bibliothécaire aux personnels de la lingerie et de l’animalerie, sans compter un économat et une direction du petit personnel. Il était tout naturel que les abonnements soient payés, que les revues arrivent à la bibliothèque, que les blouses soient lavées. L’anatomie comparée s’étudiait dignement dans ses meubles. Nous tra- vaillions, sans le savoir, dans un environnement 16 Biologie historique et paléontologie : un regard à la fois archaïque et extrêmement bien doté, apte à soutenir à long terme un enseignement abondant mais très formaté de la zoologie des vertébrés, préparant en fin de compte à l’agréga- tion. La recherche avait une vocation fortement cumulative et descriptive, telle que celle qui four- nissait la matière du grand Traité de zoologie alors élaboré par Pierre-Paul Grassé2. Il n’existait pas d’équipes de recherche, chacun vaquant exclu- sivement à son sujet personnel. Il n’y avait pas de réunions de laboratoire, ni de programmes de recherche. Le seul dénominateur commun du laboratoire était l’usage généralisé d’une seule et même technique : la microscopie optique et son support, l’histologie classique à la paraffine et ses quelques prolongements histochimiques. Le dessin à la chambre claire, finalisé à l’encre de Chine, constituait encore l’essentiel des illustrations. L’enseignement technique de l’histologie était pratiqué dans une salle du sous-sol de la vieille Sorbonne, dans des conditions assez folkloriques qui feraient aujourd’hui s’évanouir d’horreur la moindre commission d’hygiène et de sécurité ! 2. Pierre-Paul Grassé (dir.), Traité de zoologie, anatomie, systématique, biologie, 17 volumes, Paris, Masson, 1948-1985. 17 Armand de Ricqlès C’est dans ce contexte que j’ai fait mes premiers pas dans la recherche. Aussi dois-je avouer que l’histologie à la paraffine, malgré l’émerveillement suscité par la contemplation de beaux trichromes sous le microscope, a très longtemps véhiculé en moi le sentiment d’une recherche traditionnelle, voire obsolète et peu stimulante. Aujourd’hui, c’est donc avec un étonnement mêlé d’ironie que je vois de jeunes chercheurs s’intéresser à nouveau à ces techniques et chercher à les mettre en œuvre, mais cette fois dans le contexte de questionnements très contemporains. La demande actuelle en histologie exprime les bouleversements rien moins qu’harmonieux subis par l’enseignement et la recherche universitaire au cours des décennies récentes. Le développe- uploads/Histoire/ biologie-historique-et-paleontologie-pdf.pdf
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- Publié le Mai 15, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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