Etymologies de la langue des signes fran¸ caise Yves Delaporte To cite this ver

Etymologies de la langue des signes fran¸ caise Yves Delaporte To cite this version: Yves Delaporte. Etymologies de la langue des signes fran¸ caise. 2006. <halshs-00095387> HAL Id: halshs-00095387 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00095387 Submitted on 15 Sep 2006 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destin´ ee au d´ epˆ ot et ` a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi´ es ou non, ´ emanant des ´ etablissements d’enseignement et de recherche fran¸ cais ou ´ etrangers, des laboratoires publics ou priv´ es. Yves Delaporte ÉTYMOLOGIE DE LA LANGUE DES SIGNES FRANÇAIS Les articles ci-dessous ont ét publié dans la revue Patrimoine sourd, édità par l'association Culture et langue des signes de Louhans (Saône et-Loire). Le signe à HÉRITAGE PATRIMOINE à Patrimoine sourd 1,2002. Le signe à SEMAINE à Patrimoine sourd 2,2003. Le signe à IMPOLI à Patrimoine sourd 3,2003. Le signe à RESSEMBLER à Patrimoine sourd 5,2003. Signes archaïque et expressions figée Patrimoine sourd 6,2004. Le signe à SYMBOLE à Patrimoine sourd 7,2004. Une famille lexicale : à CHOSE à ˆ à GENS à ˆ à Ç DEPEND à ˆ à CADEAU à ˆ à BIZARRE à Patrimoine sourd 8,2004. Le signe à APPRENDRE à et ses dérivà Patrimoine sourd 10,2005. Le signe à HASARD à Patrimoine sourd 1 1,2005. Les signes de numératio a l'institution des sourdes-muettes de Pont-de-Beauvoisin (Savoie) Patrimoine sourd 12,2005. De à FEVRIER à a à AVRIL à ˆ de à PATIENCE à a TOUT A L'HEURE à : une famille de signes fondé sur le carêm chrétie Patrimoine sourd 13,2005. Les signes pour les mois dans le dialecte de Saint-Laurent-en-Royans (Drôme Patrimoine sourd à paraître Quand les signes empruntent à la gestualità ambiante : à MAL à ˆ MALHEUR È à DOMMAGE à Patrimoine sourd à paraître Le signe < < HERITAGE , PATRIMOINE >> Patrimoine sourd 1,2002 : 1 1 - 12 Le vieux signe pour à héritag à se faisait avec la main droite en poing qui s'abattait sur la main gauche plate, paume vers le haut. On en voit m e photographie dans le livre de Pierre Oléron Élémen de répertoir du langage gestuel des sourds-muets (1974). La personne photographié est Georges Stivactopoulos, un ancien de l'institut Saint-Jacques (fig. 1). Le professeur entendant Oléro a-t-il demandà à Stivactopoulos ce qu'il pensait de l'origine de ce signe ? Stivactopoulos lui-mêm la connaissait- il ? Personne n'en saura jamais rien. Toujours est-il qu'Oléro se trompe en écrivan que &RITAGE est de la mêm famille que GAGNER, mêm si les deux signes se font avec le poing et ont des sens que l'on peut rapprocher (quand on hérite on gagne de l'argent). 1. Ancien signe H~RITAGE 2. METTRE UN CACHET L'explication est bien différente Ce vieux signe MRITAGE est identique à celui que les édition Ivt dessinent avec la traduction à mettre un cachet sur une lettre ou un imprimà à (fig. 2). Le signe &RITAGE reproduit donc le geste du testateur ou du notaire qui met son cachet ou son sceau sur un testament, ou sur l'enveloppe qui contient le testament (fig. 3). 3. Illustration de A. Blanchet Enseignement des sourds-muets ( 1 864) Le signe a ensuite évolu : aujourd'hui, les deux mains partent ensem- ble vers l'avant. Ce mouvement sur l'axe du futur montre la transmission d'une générati à l'autre (fig. 4). Pour faire le signe WRITAGE, certaines personnes utilisent les deux poings. C'est le résulta d'une autre évolutio récent : il est plus économique plus facile que les deux mains aient la mêm forme. Une évolutio identique s'observe dans bien d'autres signes tels que POSTE, SE SOUVENIR ou A R G E N T . Sur la fig. 4, on peut voir que ~'évoîuti a déj commencà : la forme de la main gauche est exactement intermédiair entre la main plate et le poing fermé Enfin, lorsque les expressions à patrimoine culturel à et à héritag culturel à ont commencà à se répandr dans la sociétà les sourds ont ajoutà un nouveau sens à leur signe à héritag à ˆ celui de à patrimoine È Sources Fig. 1 : dessin de l'auteur, d'aprè une photographie dans Pierre Oldron, Élérnen de répertoir du langage gestuel des sourds-muets, Paris, fiditions du Cnrs, 1974. Fig. 2 et 4 : Moody Bill & al., La langue des signes, dictionnaire bilingue élémentair 1990. Les dessins de A.-C. Dufour sont reproduits avec l'aimable autorisation des kditions Ivt. Le signe à SEMAINE à Patrimoine sourd 2,2003 : 10- 12 Le signe parisien SEMAINE (fig. 1) est parfaitement obscur : pourquoi ce retournement du poing droit sous le coude gauche ? Comme bien souvent, c'est l'observation des signes de province qui permet d'apporter la réponse A Chambéry la main droite s'abat sur le bras puis sur l'avant-bras gauche (fig. 2). Au Puy, elle parcourt le dessous de l'avant-bras, du poignet au coude (fig. 3). Or, ces deux signes de province ressemblent beaucoup aux deux variantes du signe LITRE (fig. 4 et 5). Quel est donc le rapport entre une semaine et un litre ? Dans les deux cas c'est la mêm idé qui s'exprime dans la forme des signes : la main droite mesure une quantità sur le bras gauche. Ce peut êtr la mesure d'une quantità qui se traduit par des nombres (MILLION, MILLIARD), ce peut-êtr la mesure d'un volume (LITRE), ce peut êtr la mesure du temps (SEMAINE, LONGTEMPS), ce peut êtr aussi la mesure d'une distance (KILOM~TRE en langue des signes italienne: fig. 6). 1. SEMAINE (Paris) 2. SEMAINE (Charnbkiy) 3. SEMAINE (Le PUY) 4. LITRE 5. LITRE 6. KILOM~TRE (Italie) L'utilisation du bras comme instrument de mesure renvoie a une haute antiquité La langue français en garde la trace avec les mots coudée mesure de longueur en usage chez les Anciens représentan la distance qui sépar le coude de l'extrémit des doigts, et brassé qui, avant le XIIe siècle désignai une unità de mesure, la longueur du bras. La trace s'en conserve aussi dans les expressions française à jusqu'au coude È à long comme le bras à ˆ et dans le geste qui accompagne chez les entendants l'exclamation à on lui en donne comme ça il en veut comme ç ! à ˆ l'index droit s'abattant sur le poignet puis sur le bras gauches. La langue des signes des moines trappistes recourt au mêm procéd pour la mesure du temps : le tranchant de la main droite s'abat sur le poignet pour SEMAINE, sur la pliure du bras pour MOIS, sur l'épaul pour 7. signe trappiste SEMAINE l l 8. signe trappiste MOIS 9. signe trappiste ANNEE Revenons pour conclure au signe parisien SEMAINE. Par économi gestuelle, le signe archaïqu encore observable au Puy s'est rédui a Paris a un simple retournement du poing sous le coude, rendant méconnaissa ble l'image originelle, celle d'une mesure sur le bras. Quant à la configu- ration en poing, c'est vraisemblablement la lettre manuelle S, initiale du mot semaine. Sources Les fig. 1, 4 et 5 sont reproduites d'aprks La langue des signes, dictionnaire bilingue, Paris, 1997, avec l'aimable autorisation des édition Ivt. Fig. 2 : dessin de l'auteur d'aprbs deux photographies dans S'exprimer dans l'espace, Commission de langage gestuel, Chambéry 1982. Fig. 3 : dessin de l'auteur d'aprks une photographie dans Des mains pour le dire, IMP pour jeunes Sourds, Le Puy, 1984. La fig. 6 est reproduite d'aprks Elena Radutzky, Dizionario bilingue elementare della lingua italiana dei segni, Kappa, Rome, 200 1. Fig. 7, 8 et 9 : dessins de l'auteur lors de son enquêt de terrain dans des monastbres trappistes (1 997). Le signe à IMPOLI à Patrimoine sourd 3,2003 : 9- 12 L'étymologi du signe parisien actuel IMPOLI est obscure (fig. 1). Or, jusqu'au milieu du XXe siècl à l'institut Saint-Jacques, ce signe étai rigoureusement identique à VILLAGE (fig. 2 et 3). 1. IMPOLI : signe parisien actuel 2. IMPOLI : signe parisien vers 1950 Un seul et mêm signe avait donc deux sens distincts, à impoli à et à village È Pourquoi cette relation ? On commencera par observer que les signes VILLAGE et PAYSAN sont étroitemen apparenté : le signe qui à Paris a le sens de à village à (fig. 3) a en province, par exemple à Poitiers, celui de à paysan à (fig. 4). La forme de la main en fourche peut d'ailleurs provenir aussi bien de la lettre manuelle V, initiale du mot village, que de la lettre manuelle P, initiale du mot paysan : lorsqu'elles sont empruntée à l'alphabet manuel pour fournir leur configuration à des signes, ces lettres deviennent indiscernables. La relation étymologiqu entre d'une part VILLAGE, PAYSAN et d'autre part IMPOLI résid dans le sens ancien du mot impoli, à comprendre comme à rustre, rustique, grossier, sauvage à ˆ oppose à poli, à compren- uploads/Histoire/ delaporte-2005-etymologieslsf 1 .pdf

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  • Publié le Fev 09, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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