Rose Valland du musée du Jeu de Paume aux caches du IIIe Reich Pamela Medina Ló
Rose Valland du musée du Jeu de Paume aux caches du IIIe Reich Pamela Medina López TD Histoire des Musées et du Patrimoine L3 Histoire de l’Art Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne SOMMAIRE INTRODUCTION....................................................................................................................3 I. La machinerie de la spoliation nazi à Paris......................................................................5 Les services et juridictions d’appropriation allemands.......................................................................5 Jeu de Paume : le dépôt du pillage.....................................................................................................6 Le sort des tableaux après le Jeu de Paume........................................................................................7 II. Le travail de résistance de Rose Valland...........................................................................8 L’importance du travail d’inventorisation et répertorisation..............................................................8 Les œuvres et collections privées ayant passé par le Jeu de Paume...................................................9 La libération et la restitution des œuvres..........................................................................................10 CONCLUSION.......................................................................................................................12 INTRODUCTION Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazi entreprit un programme de vol, confiscation, spoliation et pillage d’oeuvres d’art et d’autres biens culturels dans les territoires occupés. En raison de cette grande spoliation, une grande partie du patrimoine artistique européen changea de mains. Dès juin 1940, avec l’occupation allemande de la France, une nouvelle voie s’est ouverte pour la déprédation culturelle de ce qui était à l’époque la capitale du marché de l’art : Paris. Contrairement aux politiques suivies par les allemands dans l’est de l’Europe, où la spoliation suivra un caractère d’appropriation culturelle absolu, en Europe occidentale, et plus particulièrement en France, les confiscations étaient dirigées à des secteurs très précis de la population tels que les juifs, francs-maçons ou opposants politiques. Face au danger que posait la guerre, un plan de protection et d’évacuation des œuvres fut établi pour les musées français et pour certaines collections privées. Ce plan fut mené par Jacques Jaujard, personnage qui avait participé au plan de sauvetage des collections espagnoles lors de la guerre civile espagnole. Il sera nommé Directeur des musées nationaux plus tard en décembre 1939. Cependant, dès septembre 1938, les collections parisiennes ont commencé peu à peu à être mis à l’abri dans des châteaux de province comme celui de Chambord, qui a notamment hébergé les collections du Louvre et une partie de la collection du Jeu de Paume qui était à ce moment là le musée des écoles contemporaines étrangères. Au sein de cette entreprise de sauvetage la figure d’une femme ressort, celle de Rose Valland. Sous l’ordre de Jacques Jaujard, elle restera au musée de Jeu de Pomme tout au long de l’Occupation pour assurer la surveillance des biens confisques ainsi que des opérations des services allemands qui ont réquisitionné ce musée en novembre 1940. C’est grâce à sa présence parmi les allemands et à sa connaissance de cette langue, qu’elle a pu établir des listes détaillées, transmises régulièrement à Jaujard, de la plupart des oeuvres qui passeront par le Jeu de Paume ainsi que d’autres renseignements qui ont permis de connaître la destination de ces oeuvres en Allemagne. En 1961, Rose Valland publie le Front de l’art, Défense des collections françaises, 1939- 1945, récit critique qui raconte ces années d’occupations et son propre travail au sein du Jeu de Paume. Dans cet ouvrage elle évoque aussi des questions intéressantes sur la sécurité et protection du patrimoine artistique national. C’est pourquoi, nous allons nous demander en quoi le travail d’inventorisation mené par Rose Valland ainsi que le témoignage de cette dernière permettent de mieux comprendre les conditions de la spoliation et le pillage des biens culturels français, effectués par les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale. Pour répondre à cette question nous allons dans un premiers temps aborder l’organisation et le déroulement de la spoliation nazi à Paris en général. Dans un second temps, nous allons nous intéresser plus spécifiquement au travail réalisé par Rose Valland en utilisant des exemples plus précis. I. La machinerie de la spoliation nazi à Paris Les services et juridictions d’appropriation allemands Grâce au différents témoignages comme l’est celui de Rose Valland et à d’autres documents importants, nous pouvons mieux comprendre l’organisation et le rôle des certains personnages à la tête de services allemands chargés de la « protection » des biens culturels au cours de cette guerre. À Paris, trois organismes allemands furent cruciaux dans ce processus de spoliation et directement en relation avec l’occupation du Jeu de Paume : - Ambassade allemande à Paris Cet organisme, dépendant du ministre des Affaires étrangers, Joachin Von Ribbentrop, détenait le pouvoir de « mise en sécurité » des objets d’art en France au début de l’Occupation. Son siège se trouvait au 78 rue de Lille dans le 7e arrondissement et son ambassadeur, à ce moment là, était Otto Abetz, un grand amateur d’art et connaisseur du milieu artistique parisien. Dans une lettre au commandant militaire de Paris le 1er juillet 1940, Abetz écrit : « Sur l’ordre du Führer, le ministre des Affaires étrangères m’a chargé de saisir à l’intérieur des territoires occupés militairement, les objets d’art français possédés par l’État et les villes, dans les musées de Paris et de province; de procéder en outre, au recensement et à la saisie des objets d’art possédés par les Juifs dans les territoires occupées. Les objets les plus précieux doivent être transférés à l’ambassade d’Allemagne à Paris […] »1. C’est ainsi que l’Ambassade se transformera pendant un certain temps en un vaste entrepôt d’œuvre d’art provenant surtout des collections des grands marchands parisiens de l’époque. - Le Kunstschutz Celle-ci était le service militaire de la Wehrmacht spécialisé dans la protection des œuvres d’art. Elle était dirigée au début de l’occupation par le compte et historien de l’art, Franz- Wolff-Metternich. Ce dernier, en qualité d’historien aura un comportement moins brutaux que 1 Le Front de l’art, Défense des collections françaises, 1939-1945, p. 234 les autres deux organismes, et parfois il s’opposera à la spoliation ou informera même les musées des possibles incursions prévues par les autres organismes. - L’ Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) Il s’agit d’un organisme allemand dirigé par Rosenberg dès 1933. L'ERR a commencé ses opérations de pillage en France dès juillet 1940 avec la confiscation de livres et archives appartenant à des juifs et à des francsmaçons. Ce fut à partir d’Octobre 1940, que l’ERR a pris aussi en charge la confiscation des œuvres d’art. Le pillage effectué par l’ERR était sous la direction de la Sonderstab Bildende Kunst qui avait ses bureaux à Berlin et qui était dirigé par Robert Schloz. À Paris, c’était Kurt von Vehr qui assurait la direction du siège parisien de l’ERR au Jeu de Paume jusqu’à ce qu’en 1943 il soit remplacé dans cette tache par Hermann von Ingram. Cependant, l’autorité directe passa en réalité à Hermann Goering peu après l’installation de l’ERR au musée, lequel a été assisté à Paris par Bruno Lohse durant toute la durée de l’Occupation. Jeu de Paume : le dépôt du pillage Le Jeu de Paume fut construit par Napoléon III en 1861. Il était à l’origine une salle pour la pratique de ce sport de raquette. Au début du XIXème siècle le bâtiment devient une galerie d’exposition. C’est entre 1929 et 1932 que le bâtiment subit des travaux d’aménagement pour présenter les œuvres des écoles étrangers contemporaines.2 C’est au cours de cette dernière date que Rose Valland intègre le musée en tant qu’attachée bénévole de conservation. Au moment de l’arrivée de la Wehrmacht à Paris, le Jeu de Paume était alors une annexe du musée de Luxembourg et seulement un tiers de sa collection à été mise en sécurité au château de Chambord, quant au reste, il fut emballé et mis en sécurité au sous-sol du musée. Vu son excellent emplacement dans le Jardin de Tuileries, discret mais de facile accès, ce bâtiment fut choisi pour le stockage et catalogage des œuvres réquisitionnées par la ERR. Selon le témoignage de Rose Valland les premiers convois arriveront au musée de Jeu de Paume de la fin d’octobre 1940. À ce propos, elle raconte que des camions allemands escortés par des militaires arrivaient avec des œuvres d’art provenant du Louvre et de l’ambassade.3 2 D’après le site du Jeu de Paume 3 Le Front de l’art, Défense des collections françaises, 1939-1945, p. 81 Officiellement, le musée du Jeu de Paume fut fermée et doté d’une surveillance militaire dès le 1er Novembre 1940, interdisant l’entrée à tout français ou allemand ne possédant pas un autorisation de la ERR. Pour l’année 1941, les espaces de Jeu de Paume s’étaient rapidement remplis de nombreuses caisses contenant des tableaux provenant des différentes collections. En générale, une fois ces œuvres catalogués et photographies par les photographes du Jeu de Paume, Rudolph Schloz ou Heinz Simokart4, du service allemand. Par la suite, les œuvres étaient envoyées soit au séquestre du Louvre (salles du Louvre réservées par le gouvernement de Vichy au services allemands nazis pour le catalogage et stockage des oeuvres), d’où elles étaient envoyées en Allemagne, soit envoyées directement du Jeu de Paume au territoire allemand. Dans le bâtiment une salle était réservée aux oeuvres considérées par l’idéologie nazi comme des productions enjuivées d’un “art dégénéré”.5 Les français l’ont appelé la « Salle des Martyrs » du a sa fonction. Elle se trouvait dans la partie la moins accessible et la plus reculée du musée, uploads/Histoire/ expose-rose-valland.pdf
Documents similaires
-
22
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 05, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
- Taille du fichier 0.3504MB