La Cabale Magique "chrétienne" Nous allons tenter au travers de ces quelques pa
La Cabale Magique "chrétienne" Nous allons tenter au travers de ces quelques pages de brosser un tableau synthétique de la Cabale magique - que nous distinguons bien sûr de la Kabbale Pratique hébraïque traditionnelle - dont l'origine remonte, pour les éléments les plus connus, aux auteurs philosophes hermétistes de la Renaissance tels Agrippa, Trithèmes, Marcile Ficin, Pic de la Mirandole et Guillaume Postel, pour ne citer qu'eux. Il est fréquent, dans le domaine de l'ésotérisme contemporain, d'entendre parler de la Kabbale (ou cabale, terme que nous utiliserons ici afin de la distinguer de la Kabbale purement hébraïque) comme d'un outil, ou d'une base de la doctrine hermétiste. La Cabale, donc, serait la "clé des grands mystères" de la Magie cérémonielle et de l'Art Occulte. Les Papus, Lévi et autres Crowley placèrent souvent la Cabale comme centre de leurs pratiques et de leurs enseignements, recopiant, en les complétant, le matériel légué par leurs prédécesseurs de la Renaissance. Les Carrés magiques, les Noms de puissances aux consonances bien hébraïques, les écritures magiques, les Cercles cérémoniels dérivent presque tous des oeuvres de la Kabbale chrétienne telle que répandue par Agrippa ou Ficin. Nous brosserons tout d'abord un court historique de la Cabale chrétienne, ensuite nous donnerons quelques éléments quant à l'alphabet hébreux comme source des talismans. Nous décrirons ensuite quelques talismans issus des clavicules de Salomon et d'autres grimoires avant d'analyser l'origine des 72 Génies de la Cabale. Ensuite, nous dirons quelques mots sur les Carrés magiques et nous terminerons enfin par quelques réflexions concernant le Rituel Mineur du Pentagramme et ses sources juives. Ne pouvant nier le rôle et la place de la Cabale chrétienne dans le domaine de l'ésotérisme moderne, nous allons donc tenter de donner quelques éléments de recherche pour ceux qui voudraient aller plus loin dans la compréhension de leur Art. Le matériel ici présenté provient des oeuvres de Piobb, Agrippa, Ficin mais également de Barrett (XIXe s). Pour se qui relève des liens entre Kabbale et Cabale magique, le lecteur peut se référer aux articles suivants : - http://www.ezooccult.net/La-Magie-Juive-et-la-Kabbale.html - http://www.ezooccult.net/L-origine-du-Rituel-du-Pentagramme.html - http://www.ezooccult.net/La-Kabbale-Pratique-par-Wynn.html Spartakus FreeMann, Nadir de Libertalia, février 2006 e.v. 1 La Cabale chrétienne, petite histoire... Le terme "cabale chrétienne" est assez confus dans l'esprit de nombreux étudiants dans les sciences hermétiques. Le terme de cabale déjà mérite que l'on s'y attarde quelque peu. La Kabbale - dans le sens traditionnel - est une branche de la mystique juive. La Kabbale, qui provient du mot hébreu qabal כבל, signifie en fait tradition et réception, et constitue un outil d'interprétation et de questionnement de la Torah (Ancien Testament). En ce sens, la Kabbale est une forme d'herméneutique. Selon les recherches actuelles, la Kabbale s'est fixée dans les formes que nous connaissons aux alentours du 12e siècle. La majorité des grands traités - Zohar, Sefer Yetsirah, Bahir - s'est fixée à cette époque également. Nous utilisons ici le terme de Cabale lorsque nous parlons de la Cabale chrétienne ou hermétiste afin d'opérer une distinction purement textuelle. Le mot Cabale prend souvent dans l'hermétisme un sens à géométrie variable selon les traditions et les auteurs : parfois cabale s'entend des opérations purement magiques, parfois des oeuvres alchimiques, parfois enfin d'une forme de philosophie hermétique qui contiendrait toutes les autres formes doctrinales de l'Art. Il n'existe pas, en ce qui nous concerne, d'échelle de valeur entre la Kabbale et la Cabale, nous reprendrons plutôt les mots de Gershom Scholem qui définissait le rapport de la "Cabale chrétienne" à la "Kabbale juive" comme "malentendu productif". En effet, qui pourrait nier l'apport de la Cabale chrétienne dans le développement de la Philosophie Hermétique ? Il faut à présent se poser la question de savoir quand la Kabbale, courant spéculatif juif, s'est transformée en Cabale chrétienne ou plutôt quand elle s'est christianisée. En fait, il semble bien, en l'état actuel des recherches, que la "récupération" pris place dans la période de la Renaissance, époque de bouleversements intellectuels qui vit les anciennes connaissances et religions remises aux goûts du jour. La Cabale chrétienne vit le jour vers le 15e siècle avec l'humaniste Pico della Mirandola (Pic de la Mirandole) qui, captivé par les secrets des doctrines de la Kabbale, commença à étudier l'hébreu et le corpus littéraire de la Kabbale. Il tenta d'utiliser la Kabbale afin de soutenir les thèses chrétiennes, voire de prouver la vérité du Nouveau Testament par les procédés kabbalistiques. Pic de la Mirandole fut aidé dans son travail par un juif converti, Flavius Mithridates, qui traduisit plus de 3000 pages d'ouvrages hébreux. "Ce n’est qu’à la fin du XIVe siècle que la kabbale point à l’horizon et que le ciel des kabbalistes attire la curiosité de certains savants médiévaux parmi les plus visionnaires. C'est Gémiste Pléthon, philosophe byzantin néo-païen et commentateur des oracles chaldaïques (19), qui aurait été le premier savant grec initié à la kabbale à Constantinople, vers 1380. Mais parmi tous ces intellectuels qui se feront initier à la mystique juive et à ses démons, c'est Pic de la Mirandole, initié dans les années 1480, qui illustre le mieux par son œuvre l'enthousiasme premier ressenti par les humanistes devant la juxtaposition des bibliothèques chaldaïque, médico-alchimique et rabbinique." - Claude Gagnon. Dans son "Essai sur la Qabalah" le Docteur Christian Ginsburg, nous dit : "La Cabale est un système de philosophie religieuse, ou, plus proprement, de théosophie, qui a non seulement exercé pendant des milliers d'années une extraordinaire influence sur le 2 développement mental du Juif, mais a captivé l'esprit des plus grands penseurs de la Chrétienté des XVIe et XVIIe siècles, doit attirer la plus grande attention des théologiens et des philosophes. Quand on ajoute que parmi ses admirateurs, il y eut Raymond Lulle, le célèbre métaphysicien scolastique et chimiste (mort en 1315) ; Jean Reuchlin, le scolastique renommé et résurrecteur de la littérature orientale en Europe (1455-1522) ; Jean Pic de la Mirandole, le fameux philosophe et scolastique classique (1463-1494) ; Henri Corneille Agrippa, le distingué philosophe et physicien (1486-1535) ; Jean Baptiste von Helmont, un remarquable physicien et philosophe (1574-1637) ; le Docteur Henry More (1614-1687)". Pic soutenait que la Kabbale représentait une chaîne ininterrompue de la tradition orale qui fut révélée à Moïse sur le Mont Sinaï. Dans son "Oraison sur la Dignité de l'homme", il défendit cette notion en ajoutant que la Kabbale est implicite de la doctrine chrétienne. "Il n'existe aucune science qui nous certifie mieux la divinité du Christ que la magie et la Kabbale" nous déclare Pic dans ses "Conclusions". Par magie, Pic signifie, non seulement les arts hermétiques (alchimie, astrologie, divination, ...) mais aussi la physique, la chimie, l'astronomie, toutes sciences que son époque ne distinguait nullement de l'hermétisme. Esther Cohen nous dit à ce propos : "Pour le comte de la Mirandole, seule la magie cabalistique peut compléter et perfectionner la philosophie naturelle proposée par Ficin; c'est seulement grâce à elle que la magie entendue comme copula mundi trouve sa dimension la plus profonde" ("Le Corps du Diable", éditions Léo Scheer, 2004). Ainsi naquit l'association intime de la Cabale chrétienne et de la magie, telle qu'elle sera remise en lumière par les occultistes du 19e siècle qui puisèrent dans les oeuvres de la Renaissance la source de leurs inspirations. Mais, cette reformulation de la Kabbale dans un sens chrétien et hermétique porte en elle une recherche de la vérité, une quête visant à affirmer l'existence à la fois du christianisme comme volonté divine exprimée jusque dans l'Ancien Testament et comme tentative de redécouverte des connaissances dites hermétiques. Cette oeuvre de traduction et de reformulation inaugure ainsi une nouvelle manière de voir et de formuler le monde et d'appréhender la nature. Cette Cabale chrétienne est nouvelle aussi car "Pic ne travaille pas directement à partir de la Cabale juive, mais sur des traductions latines auxquelles il donne ses propres mots, créant tout un univers symbolique au centre duquel les religions se rejoignent ... il explore la cabale juive pour en faire autre chose, pour faire surgir de ses combinaisons et permutations complexes un espace discursif où, finalement, le judaïsme et le christianisme ne feraient plus qu'un." (Esther Cohen, Le Corps du diable). La clé de la Cabale chrétienne réside donc principalement dans l'idée que la Kabbale, tradition orale de l'Ancien Testament, ne pouvait que prévoir l'avènement du christianisme : "Aucune science ne nous rend plus sûrs de la divinité du Christ que la magie et la Cabale" (Pic de la Mirandole, Neuvième Thèse, Neuf cents conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques, édition Allia, 1999) et dans ses Conclusions Magiques et Cabalistiques il ajoute : "par la lettre Shin, située au coeur du nom de Jésus, la Cabale nous signifie que le monde reposait parfaitement comme s'il était dans sa perfection, et comme Yod est unie à Vav, chose qui survint dans le Christ, qu'il fut le véritable fils de Dieu et de l'homme". Et Pic de dédaigne pas utiliser les procédés propres à la Kabbale juive afin d'étayer ses propres thèses chrétiennes. En voici un exemple : "En reliant la troisième lettre, uploads/Histoire/ freemann-spartakus-la-cabale-magique-chretienne.pdf
Documents similaires










-
23
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 14, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
- Taille du fichier 2.5825MB