Revue des Études Anciennes Léopold Dor, Jean Jannoray, Henri et Micheline van E

Revue des Études Anciennes Léopold Dor, Jean Jannoray, Henri et Micheline van Effenterre, Kirrha. Étude de préhistoire phocidienne (École française d'Athènes), 1960 Hubert Gallet de Santerre Citer ce document / Cite this document : Gallet de Santerre Hubert. Léopold Dor, Jean Jannoray, Henri et Micheline van Effenterre, Kirrha. Étude de préhistoire phocidienne (École française d'Athènes), 1960. In: Revue des Études Anciennes. Tome 64, 1962, n°1-2. pp. 149-153; https://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1962_num_64_1_3673_t1_0149_0000_2 Fichier pdf généré le 22/04/2018 BIBLIOGRAPHIE 149 métallurgie méditerranéenne prend naissance. Cette œuvre considérable a été entreprise parce que l'auteur, qui souhaitait étudier le bronze préhellénique, a ressenti l'absence d'éléments de comparaison valables pour la Méditerranée orientale : il a fabriqué l'instrument de travail qui lui manquait et il y a lieu d'apprécier que cet instrument soit maintenant à la disposition des archéologues. Une masse aussi considérable de documents requérait, pour être maîtrisée, des moyens d'enregistrement particuliers : à l'intérêt des matériaux s'ajoute le fait qu'ils ont servi à la première réalisation importante du système d'enregistrement mécanographique sur fiches à perforations centrales réalisé par J.-C. Gardin pour l'analyse des documents archéologiques. On serait injuste en ne voyant dans le travail de M. Deshayes qu'un inventaire, si complet et si bien étayé soit-il, car, à chaque occasion, on y trouve des notes pertinentes sur les questions que pose l'outillage ou sur des problèmes de relation dans le temps et l'espace entre les différents types étudiés. Par surcroît, dans un dernier chapitre sur « Outils et histoire », l'auteur ramasse en quelques pages les éléments d'une belle synthèse. Il convient d'ajouter à cela que l'illustration est exceptionnellement abondante, ce qui s'imposait pour un tel sujet, et que les vingt cartes de répartition qui terminent le deuxième volume fournissent matière à de très instructives considérations sur la protohistoire et les débuts de l'histoire de l'Orient méditerranéen, de la Grèce et de l'Europe centrale. A. LEROI-GOURHAN. Leopold Dor, Jean Jannoray, Henri et Micheline van Eff enterre, Kirrha. Étude de préhistoire phocidienne (École française d'Athènes). Paris, E. de Boccard, 1960 ; 1 vol. in-4°, 155 p., LXIII pi. hors texte, dont LUI en phototypie et IV en couleurs. 75 NF. L'avertissement et l'introduction donnent les raisons — simples em· pêchements ou tragique destin — pour lesquelles cet ouvrage, attendu avec intérêt, a paru plus de vingt ans après les fouilles (1936-1938) dont il rend compte. Deux des auteurs (H. et M. van Effenterre) ont eu le mérite de mener à bien, après maintes difficultés, l'œuvre entreprise collectivement, et ce n'est pas sans tristesse qu'on voit leurs seules initiales au bas de la première page... Si le livre était prêt à être tiré dès 1940, la bibliographie a depuis été soigneusement mise à jour, les résultats des fouilles récentes qui ont renouvelé sur tant de pointe nos connaissances en matière de préhistoire et de protohistoire égéenne ont été utilisés, et on peut dire que, malgré l'absence d'une refonte totale qui était irréalisable, l'ensemble ne date pas. Conduite sous les auspices de l'École française d'Athènes, la fouille 150 REVUE DES ÉTUDES ANCIENNES de Kirrha a été primitivement conçue comme un complément de celle de Delphes. Mais l'importance des découvertes faites sur la magoula de Xéropigado, au bord du golfe d'Itéa, près de l'embouchure ¿μ Pleis- tos, lui valut une entière autonomie. En effet, neuf niveaux, superposés de ΓΗ. A. à ΓΗ. R. sur une hauteur de 6 mètres, font de Kirrha un site majeur pour toute la période envisagée, et ils fournissent, en particulier, « une des stratigraphies les mieux préservées de toute la Grèce pour le Bronze Moyen ». L'exploration ne pouvait être exhaustive : elle a permis le dégagement du dernier état H. M. sur une étendue assez considérable et la recherche en profondeur au moyen de puits strati- graphiques (cf. les coupes, pi. IV). Les plus anciens vestiges retrouvés appartiennent à la fin du IIIe millénaire (H. A. III); mais la fondation de Kirrha a pu être antérieure et « la question de l'existence d'une civilisation néolithique dans cette région de la Phocide reste... entière » : l'eau a empêché les fouilleurs d'atteindre le sol vierge et, à la profondeur où ils ont été contraints de s'arrêter, ils rencontraient encore des traces d'occupation humaine datant de la dernière période H. A. (deux séries de bâtiments superposés, un pithos funéraire, céramique caractéristique). Le Bronze Moyen débute, à Kirrha comme sur de nombreux autres sites, par l'arrivée d'une vague d'envahisseurs, porteurs d'une civilisation nouvelle. Leur intervention fut soudaine et brutale. Les dépôts de cette époque, spécialement importants, ont une hauteur de 4 mètres ; cinq niveaux de constructions y sont superposés. Les divisions traditionnelles, fondées surtout sur l'évolution de la céramique, sont ici conservées, bien qu'elles ne s'appliquent pas toujours exactement : ΓΗ. M. I, caractérisé par la poterie minyenne noire, les tombes à fosse simple, les maisons de plan rectangulaire construites en brique crue sur soubassement de pierre, se divise en deux sous-périodes (H. M. I a et b)', la plus récente voyant l'apparition du décor en peinture mate sur les vases, la reprise des rapports commerciaux avec l'extérieur et le retour de certaines traditions de Γ Η. Α., comme si l'ancienne population, d'abord expulsée par les nouveaux arrivants, était partiellement revenue. A ΓΗ. M. II, le Minyen gris remplace le Minyen noir; une autre poterie, celle-ci de couleur chamois lustrée, est conventionnelle- ment appelée « achéenne1 »; mais la période n'est pas très brillante pour Kirrha : des conditions d'insécurité, d'ailleurs assez mal définies, amènent alors la fondation du site fortifié de Krisa, sur l'acropole de Saint-Georges. A ΓΗ. M. III a, phase de transition où le Minyen gris devient plus rare, tandis que le Minyen jaune fait son apparition, la décadence de Kirrha s'accentue.. Au contraire, Γ H. M. Ill b marque 1. Légère contradiction : l'apparition de la poterie < achéenne » est placée à ΓΗ. M. I b, p. 80, 86 ; à 1Ή. M. II, p. 32. BIBLIOGRAPHIE 151 l'apogée de la ville : la céramique minyenne jaune et le décor en peinture mate l'emportent définitivement ; les influences créto-cycladiques sont sensibles ; les maisons, bâties suivant les mêmes principes qu'aux époques antérieures, sont plus spacieuses. On reconnaît au moins en un cas (secteur D) le dispositif typique du mégaron à foyer central, précédé d'un vestibule. Les tombes à ciste, aux parois de pierre, contiennent des offrandes (vases, parures, armes) qui sont parfois d'une grande richesse. Les rites funéraires appellent d'évidentes comparaisons avec ceux qui ont été mis en valeur par la découverte des deux cercles de tombes à Mycènes \ La continuité est fort nette du Bronze Moyen au Bronze Récent. En fait, ΓΗ. M. III b et ΓΗ. R. I constituent un seul niveau strati- graphique et les mêmes constructions restent en usage. Comme ailleurs, ΓΗ. R. II se distingue mal de ΓΗ. R. I, et c'est seulement à 1Ή. R. III, période de la Koinè mycénienne, que des traits nouveaux se manifestent. Mais cette période est pour Kirrha celle d'une irrémédiable décadence. L'établissement, situé sur le rivage, dépourvu de toute protection, ne pouvait survivre en cette ère troublée; il est abandonné au bénéfice de la cité-refuge de Krisa. Ce trop bref résumé ne saurait rendre compte de la richesse de l'exposé, notamment des chapitres iv (tombes et rites funéraires), ν (céramique), vi (armes et parures de bronze, petits objets) ; il ne permet même pas d'effleurer certaines questions, pourtant très importantes, qui sont abordées ici (géographie de la Phocide préhistorique et problème de Kirrha-Krisa, utilisation des données légendaires, rapports internationaux, etc.) ; car les auteurs ont cherché non seulement à faire connaître le matériel trouvé dans la fouille, mais à inscrire l'évolution du site dans celle de la région et même de toute l'Hellade. Dans l'ensemble, les propositions essentielles, mises en valeur avec une louable clarté, sont conformes aux tendances présentes de la science (coupure nette entre H. A. et H. M., malgré le retour partiel de la civilisation H. A. à ΓΗ. M. I b; arrivée de populations nouvelles expliquant les grands changements du début de 1Ή.-Μ. ; « identité de civilisation % et « communauté raciale » entre H. M. et H. R., etc.). Quand la fouille n'a pas apporté de précision sur un point controversé (par exemple, l'origine des populations H. M. et leurs voies de pénétration, l'origine de la tombe à ciste, celle de la céramique minyenne), les auteurs se sont, avec raison, abstenus d'exprimer des hypothèses. On souscrira pleinement aux justes remarques présentées sur le développement iné* gaiement rapide des civilisations aux hautes époques, sur les survivances et les coexistences (en Phocide, « une évolution linéaire de la civilisation 1. Il y a eu, évidemment, des honneurs accordés aux morts ; peut-on parler d'un véritable culte, au moins dans le cas des tombes privilégiées? La question reste ouverte, mais la position de G. Mylonas me parait trop négative. 152 REVUE DES ÉTUDES ANCIENNES est impensable ; ... il faut admettre un pluralisme de cultures locales »), sur « l'unité fondamentale de l'ère qui s'ouvre uploads/Histoire/ gallet-de-santerre1960.pdf

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  • Publié le Aoû 27, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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