1 2 J.K. ROWLING Les Contes de Beedle Le Barde GALLIMARD 3 Introduction Les Con

1 2 J.K. ROWLING Les Contes de Beedle Le Barde GALLIMARD 3 Introduction Les Contes de Beedle le Barde constituent un recueil d’histoires écrites à l’intention des jeunes sorciers et des jeunes sorcières. Pendant des siècles, elles ont été très appréciées des enfants à qui on les lisait le soir, avant qu’ils ne s’endorment, et c’est pourquoi la marmite sauteuse et la fontaine de la Bonne Fortune sont aussi célèbres chez les élèves de Poudlard que peuvent l’être Cendrillon ou la Belle au bois dormant chez les enfants de Moldus (les personnes dépourvues de pouvoirs magiques). Sous bien des aspects, les histoires de Beedle ressemblent à nos contes de fées. Par exemple, la vertu y est habituellement récompensée et la méchanceté punie. Il existe cependant une différence manifeste. Dans les contes de fées des Moldus, la magie est généralement à l’origine des ennuis du héros ou de l’héroïne – la méchante sorcière a empoisonné la pomme ou plongé la princesse dans un sommeil de cent ans ou transformé le prince en une bête atroce. Dans Les Contes de Beedle le Barde, en revanche, on rencontre des héros et des héroïnes capables d’accomplir des actes de magie mais qui, pour autant, n’éprouvent pas moins de difficultés que nous à régler leurs problèmes. Les histoires de Beedle ont aidé des générations de parents sorciers à expliquer à leurs jeunes enfants cette douloureuse réalité de la vie : la magie cause autant de difficultés qu’elle permet d’en résoudre. Une autre différence notable entre ces fables et leurs équivalents moldus est que les sorcières de Beedle sont beaucoup plus actives dans la recherche de leur bonne fortune que les héroïnes de nos contes de fées. Asha, Altheda, Amata et Babbitty Lapina sont toutes des sorcières qui préfèrent prendre leur destin en main plutôt que de faire une sieste prolongée ou d’attendre que quelqu’un leur rapporte une chaussure égarée. L’exception à cette règle – la jeune fille sans nom du Sorcier au 4 cœur velu – est plus proche de l’idée que nous nous faisons d’une princesse de contes de fées mais l’histoire ne se termine pas par : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. » Beedle le Barde a vécu au XVe siècle et la plus grande partie de sa vie demeure entourée de mystère. Nous savons qu’il est né dans le Yorkshire et l’unique gravure sur bois qui nous soit parvenue montre qu’il portait une barbe exceptionnellement foisonnante. Si ses histoires reflètent fidèlement ses opinions personnelles, on peut en conclure qu’il avait une certaine affection pour les Moldus, les considérant comme ignorants plus que malfaisants. Il se méfiait de la magie noire et pensait que les pires excès du monde des sorciers provenaient de traits trop humains tels que la cruauté, l’apathie ou une arrogance conduisant à un mauvais usage de leurs propres talents. Les héros et les héroïnes qui triomphent dans ses histoires ne sont pas ceux qui disposent des pouvoirs magiques les plus puissants, mais plutôt ceux qui manifestent le plus de bienveillance, de bon sens et d’ingéniosité. Il existe à l’époque moderne un sorcier dont le point de vue est très semblable. Il s’agit bien sûr du professeur Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, Ordre de Merlin (première classe), directeur de l’école de sorcellerie de Poudlard, manitou suprême de la Confédération internationale des mages et sorciers et président-sorcier du Magenmagot. Quelle que soit cette communauté d’opinion, ce fut une surprise de découvrir dans les nombreux papiers qu’Albus Dumbledore a laissés par testament aux archives de Poudlard un ensemble de notes sur Les Contes de Beedle le Barde. Que ces commentaires aient été écrits pour son propre plaisir ou en vue d’une future publication, nous ne le saurons jamais. Le professeur Minerva McGonagall, aujourd’hui directrice de Poudlard, nous a cependant accordé l’aimable autorisation de reproduire les notes du professeur Dumbledore dans cette édition qui présente une toute nouvelle traduction des contes par Hermione Granger. Nous espérons que les judicieuses remarques de Dumbledore, qui comportent des observations sur l’histoire de la sorcellerie, des souvenirs personnels et des éclairages nouveaux sur des éléments clés de chaque histoire, aideront une 5 nouvelle génération de lecteurs, sorciers ou Moldus, à apprécier Les Contes de Beedle le Barde. Tous ceux qui l’ont connu personnellement sont convaincus que le professeur Dumbledore aurait été enchanté de soutenir ce projet, étant donné que tous les droits d’auteur de ce livre seront versés à l’organisation Children’s High Level Group dont le but est d’agir en faveur d’enfants qui ont un besoin désespéré de faire entendre leur voix. Il semble légitime d’ajouter un petit commentaire sur les notes du professeur Dumbledore. Autant que nous puissions le savoir, ces textes ont été achevés environ dix-huit mois avant les tragiques événements qui se sont déroulés au sommet de la tour d’astronomie de Poudlard. Ceux qui connaissent bien l’histoire de la récente guerre des sorciers (pour avoir lu, par exemple, les sept volumes de la vie de Harry Potter) sauront que le professeur Dumbledore révèle sur le dernier conte de ce livre un peu moins de choses qu’il n’en sait – ou n’en soupçonne. La raison de ces omissions réside peut-être dans ce que Dumbledore déclara, il y a bien des années, en parlant de la vérité à son élève préféré, qui est aussi le plus célèbre : Elle est toujours belle et terrible, c’est pourquoi il faut l’aborder avec beaucoup de précautions. Que nous soyons ou non d’accord avec lui, peut-être pourrons-nous excuser le professeur Dumbledore d’avoir voulu protéger de futurs lecteurs des tentations auxquelles il fut lui- même en proie et pour lesquelles il dut payer un prix si terrible. J.K. Rowling 2008 UNE NOTE SUR LES NOTES DE BAS DE PAGE Le professeur Dumbledore semble avoir écrit ses commentaires pour un public de sorciers, j’ai donc parfois 6 ajouté l’explication d’un terme ou d’un fait qui aurait nécessité des éclaircissements aux yeux d’un lecteur moldu. J.K.R. 7 8 1 LE SORCIER ET LA MARMITE SAUTEUSE Il était une fois un vieux sorcier bienveillant qui utilisait sa magie avec sagesse et générosité pour le plus grand profit de ses voisins. Plutôt que de révéler la véritable source de ses pouvoirs, il prétendait que ses potions, charmes et antidotes jaillissaient tels quels de son petit chaudron qu’il appelait sa marmite de chance. À des kilomètres à la ronde, les gens venaient le voir pour lui exposer leurs ennuis et le sorcier était ravi d’y porter remède en remuant quelque chose dans sa marmite. Ce sorcier bien-aimé vécut jusqu’à un fort bel âge, puis il mourut laissant tout ce qu’il possédait à son fils unique. Ce fils était dans une disposition d’esprit bien différente de celle de son aimable père. Ceux qui ne pouvaient pratiquer la magie étaient à ses yeux des bons à rien et il avait souvent reproché à son père cette habitude de dispenser à leurs voisins une aide magique. Lorsque son père mourut, le fils trouva, caché à l’intérieur de la vieille marmite, un petit paquet sur lequel était inscrit son nom. Il l’ouvrit, espérant y découvrir de l’or, mais il ne contenait qu’une pantoufle, douce et épaisse, beaucoup trop petite pour qu’il puisse la porter. Il n’y avait même pas la paire. Glissé dans la pantoufle, un fragment de parchemin portait ces mots : « Avec l’espoir le plus cher, mon fils, que tu n’en auras jamais besoin. » 9 Le fils maudit la sénilité qui avait ramolli l’esprit de son père et jeta la pantoufle dans le chaudron où il l’avait trouvée, décidant que désormais, la marmite lui servirait de boîte à ordures. Cette nuit-là, une paysanne vint frapper à la porte. — Ma petite-fille souffre d’une éruption de verrues, lui dit- elle. Votre père préparait un cataplasme spécial dans cette vieille marmite… — Allez-vous-en ! s’écria le fils. Qu’ai-je donc à faire des verrues de votre marmaille ? Et il claqua la porte au nez de la vieille femme. Aussitôt, des cliquètements et des martèlements sonores retentirent dans la cuisine. Le sorcier alluma sa baguette magique et ouvrit la porte. Là, à son grand étonnement, il vit la vieille marmite de son père : un pied de cuivre unique lui avait poussé et elle sautait sur place, au milieu de la pièce, faisant un bruit terrifiant sur les dalles qui recouvraient le sol. Abasourdi, le sorcier s’approcha mais battit précipitamment en retraite lorsqu’il constata que toute la surface de la marmite était couverte de verrues. — Répugnant objet ! s’exclama-t-il. Il essaya d’abord de lui lancer un sortilège de Disparition, puis de la nettoyer par magie et enfin de la forcer à sortir de la maison. Mais aucun de ses sorts ne donna de résultat et il fut incapable d’empêcher la marmite de sauter derrière lui quand il quitta la cuisine, puis de le suivre jusqu’à son lit, montant chaque marche de l’escalier de bois dans un cliquètement et un martèlement assourdissants. Le sorcier ne put dormir de la nuit à cause du fracas que produisait uploads/Histoire/ les-contes-de-beedle-le-barde-j-k-rownling-jean-franc-ois-me-nard.pdf

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  • Publié le Mar 03, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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