Trimestriel • juillet - août - septembre 2011 • N° 23 • Bureau de dépôt : Liège
Trimestriel • juillet - août - septembre 2011 • N° 23 • Bureau de dépôt : Liège X Vieilles pierres et belles lettres ont souvent fait bon ménage. Ainsi, un des premiers professionnels de la conservation monumentale fut, en France, Prosper Mérimée, qui posa les fondements du service des Monuments historiques en 1834, alors que lui-même n’avait pas trente ans. Le futur auteur de Carmen fut aussi de ceux qui, déjà, conseillaient de s’appuyer sur d’autres gens de lettres – les journalistes – dans la lutte contre le vandalisme, lorsqu’il écrivait à un ami : « à votre place, je ne me laisserais pas canuler par ces canailles du conseil municipal. Morbleu ! Mettez-leur le feu au cul. Vous avez une admirable invention au moyen de laquelle on vient à bout de monstres bien plus durs que ceux que dompta Hercule, c’est la presse ». À la même époque, et au même âge, Victor Hugo faisait entrer, lui, les monuments dans la littérature avec Notre-Dame de Paris, publié en 1831. Dès l’année suivante, Hugo entamait une véritable croisade contre la disparition des monuments médiévaux. En 1832, dans un article de la Revue des deux mondes, il reprécisait ainsi sa pensée : « il n’y a peut-être pas en France à l’heure qu’il est, une seule ville où ne se médite, se commence ou ne s’achève la destruction de quelque monument historique national, soit par le fait de l’autorité centrale, soit par le fait de l’autorité locale, soit du fait des particuliers ». Cent trente ans plus tard, c’est un autre grand nom de la littérature française, André Malraux, qui faisait voter en 1962 la très importante loi sur les quartiers anciens, permettant de protéger, au-delà des monuments les plus remarquables, des secteurs entiers à sauvegarder. Pas de Mérimée, de Hugo ou de Malraux en Wallonie, mais des démarches similaires aux mêmes époques : en 1835, création de la Commission des Monuments et Sites ; un peu moins de cent cinquante ans plus tard, à l’initiative de Melchior Wathelet, alors chargé de l’Aménagement du Territoire au sein du jeune Exécutif régional wallon, définition des périmètres d’une série de centres anciens protégés en milieu urbain. Depuis le début de la décennie, on notera les initiatives prises par plusieurs ministres wallons en charge du Patrimoine pour fa- voriser sur le terrain les rapprochements souhaités entre Patrimoine et Culture. Ce fut le cas lors du choix du thème des Jour- nées du Patrimoine de 2001, « Itinéraires au fil des Idées », et de 2008, « Patrimoine et Culture », mais surtout cette année, où les Journées ont été explicitement orientées par Benoît Lutgen vers les liens entre une politique commu- nautaire – la lan- gue française – et la politique régio- nale, sur le thème « Des Pierres et des Lettres », dans lequel s’inscrivit déjà le recueil paru en février dernier sous le titre Suivez mon regard. Parmi les multiples manifestations organisées lors des Journées (voir les articles en pages 2, 23 et 24), on peut mettre en exergue des projets mariant depuis plusieurs années déjà Pierres et Lettres sous l’égide ou avec la collaboration de l’IPW. C’est, à Tournai, la réalisation de la « Galerie Casterman » qui expose en permanence les fleurons d’une exceptionnelle collection de machines d’imprimerie : lors du week-end des 10 et 11 septembre, c’est là que les agents de l’IPW (architectes et développeurs de projet) expliqueront leur travail quotidien de monteur de projets immobiliers au service des monuments classés. C’est à Mettet, le château de Thozée, ancienne demeure familiale du peintre Félicien Rops. Depuis plus de dix ans la dynamique Fondation Rops progresse en partenariat avec l’IPW dans la réaffectation de ce lieu en une résidence d’écrivains : le château sera évidemment ouvert au public lors des Journées ! Enfin, depuis plusieurs années également, c’est l’IPW qui assure la présidence, les subventions et les chantiers des musées de l’ancienne abbaye de Stavelot, parmi lesquels l’unique musée au monde dédié à Guillaume Apollinaire. Un lieu tout indiqué par conséquent pour la création de la pièce de théâtre Geli écrite par Jean-Jacques Messiaen. « On peut être poète dans tous les domaines, disait Apollinaire : il suffit que l’on soit aventureux et que l’on aille à la découverte ». Bonnes découvertes, donc, début septembre, de Tournai à Stavelot comme de La Hulpe à Virton. Pierres et lettres en Wallonie La Lettredu Patrimoine Institut du Patrimoine wallon • Rue du Lombard, 79 • 5000 Namur BELGIë - BELGIQUE P.B./P.P. B - 78 Bureau de dépôt 4099 Liège X P501407 1 La « Galerie Casterman » à Tournai © IPW Le musée Apollinaire à Stavelot © ETC asbl, Stavelot Le château de Thozée à Mettet © asbl Fondation Félicien Rops Le Centre d’Archives et de Documentation de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles (CRMSF), dépositaire de l’important fonds de l’ancien Musée d’Architecture de la Ville de Liège, conserve parmi ses richesses un superbe abécédaire de l’architecture et des arts décoratifs dans les anciens Pays-Bas, illustration parfaite du thème de ces 23es Journées du Patrimoine « Des pierres et des lettres ». Venez y découvrir quelques-uns de nos fleurons architecturaux et mobiliers, et pourquoi pas, bénéficier des promotions offertes par la CRMSF sur des publications qu’elle édite ! Cet ouvrage est intitulé Documents classés de l’Art dans les Pays-Bas du Xe au XVIIIe siècle, recueillis et reproduits par J. J. Van Ysendyck, Architecte. Il est édité entre 1880 et 1889, en trois séries. De format grand in-folio, il se compose de 722 feuillets, répartis en dix-huit cahiers, organisés par sujets et présentés dans un ordre alphabétique. Chaque cahier a une couverture et une introduction spécifiques. Chaque planche est agrémentée d’une lettrine typographique à l’ancienne et pourvue d’une légende. L’ouvrage a été imprimé chez Jos Maes à Anvers, en phototypie, réalisée aux encres grasses au moyen de gélatine bichromatée sur plaque de verre, insolée à la lumière ultraviolette. Les atouts de ce procédé de grande qualité sont la richesse de la gamme des demi-teintes, la finesse des images obtenues et la reproduction sans trame. La réputation de cet essai magistral en faveur de la redécouverte d’une identité culturelle nationale a largement franchi nos frontières et a contribué à la renommée de son auteur. Le film « Arlon, autopsie d’un vicus » a remporté le prix du meilleur court métrage au IVe Festival international du Film d’archéologie de Besançon (15 au 19 juin 2011). Il est le fruit d’une coproduction entre le Département du Patrimoine et l’asbl Cultura Europa et est réalisé par Emmanuel Legrand et Nadia Delhaye. Denis Henrotay et Gaëtanne Warzée en ont été les conseillers scientifiques. Des campagnes successives de recherches d’archéologie préventive ont en effet mis au jour plusieurs secteurs antiques de la ville d’Arlon, au sud de la province de Luxembourg, en Belgique. Un vicus est mentionné à cet endroit dans L’itinéraire Penchons-nous quelques instants sur sa personnalité. Après une solide formation artistique à Mons, Bruxelles et Paris, com- plétée de six années d’enseignement à la Commission royale des Monuments, durant lesquelles il étudie tout particulièrement l’architecture médiévale, Jules Jacques Van Ysendyck se lance dans la restauration. Il y acquiert rapidement une belle réputation. Disciple d’Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879), il fait siennes ses convictions, aujourd’hui rejetées. Il prône le retour au style originel d’un monument et s’attache à en recréer l’unité stylistique, quitte à s’ap- puyer sur des déductions archéologiques et à faire preuve d’imagination lorsque cer- taines composantes sont peu ou mal docu- mentées. De nombreux édifices remarqua- bles ont bénéficié de son talent. Il est intégré en 1884 au comité des correspondants de la Commission royale des Monuments dans la province du Brabant. Il sera nommé mem- bre effectif le 25 janvier 1892. Van Ysendyck est considéré comme un des représentants majeurs du courant histori- ciste. Le débat relatif à la création d’un style propre à la jeune nation belge le conduit à considérer, comme Henri Beyaert (1823- 1894) et Charles-Émile Janlet (1839-1918), l’architecture de la Renaissance des anciens Pays-Bas comme un modèle idéal pour une nouvelle expression artistique nationale. Ce retour aux sources se caractérise par une réintroduction d’éléments architecturaux (pignons à redents, toitures sophistiquées, tours et tourelles, gâbles, lucarnes, galeries, fenêtres à croisée, etc.). La combinaison de différents matériaux (brique rouge, pierre blanche, pierre bleue, etc.) confère aux bâtiments une intéressante palette chro- matique, parfois rehaussée de ferronneries. d’Antonin au IIIe siècle et désigné sous le nom d’Orolauno vicus. Il est situé au carrefour de deux chaussées romaines importantes : la voie impériale qui relie Reims à Trèves et la route qui mène de Metz à Tongres. Le film présente les fouilles menées depuis 2003 qui ont permis de découvrir les quartiers artisanaux, occupés entre autres par des forgerons, des verriers, des tourneurs sur bois et des foulons, mais aussi plusieurs portions de l’enceinte et une tour de l’Antiquité tardive. Vous pouvez en découvrir un extrait sur : www.skene.be/patricha/news/arlon.html. Il est fait appel aux recueils ornementaux du XVIe siècle, essentiellement ceux de uploads/Histoire/ lettre-patrimoine23.pdf
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- Publié le Nov 08, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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