Chapitre IV : Les fondements théoriques des échanges internationaux Les nations
Chapitre IV : Les fondements théoriques des échanges internationaux Les nations échangent entre elles pour se procurer les biens que l’on ne trouve pas sur le territoire national. Les économistes libéraux, partisans du libre-échange, vont au-delà de cette explication de l’échange international et considèrent que ce dernier existe partout où on peut y trouver un avantage : en terme de coût, de qualité des produits ou de richesses crées. Plusieurs théories ont été développées : la théorie des avantages absolus, la théorie des avantages relatifs, la théorie des dotations en facteurs de production et les nouvelles théories. D’autres économistes, au contraire, avancent l’idée selon laquelle l’échange international n’est pas toujours source d’avantage pour ceux qui le pratiquent et développent des thèses visant à justifier la mise en place de mesures protectionnistes. Section I : les théories explicatives du libre échange A/ Les approches classiques Les auteurs classiques de l’analyse économique justifient les échanges internationaux au nom de l’allocation optimale des ressources au niveau mondial. En effet, l’analyse des relations économiques internationales répond à la même problématique que celle développée dans un cadre national : comment satisfaire un maximum de besoins avec des ressources limitées. 1/ La théorie des avantages absolus (Adam Smith) En 1776 A. Smith défend l’idée du libre-échange en s’appuyant sur le principe de la spécialisation. a) notion d’avantage absolu et principe de spécialisation Du fait de dotations initiales en ressources naturelles favorables, ou d’une avance technologique, les pays disposent d’un certain nombre de secteurs d’activité pour lesquels ils bénéficient d’un avantage absolu, c'est-à-dire pour lesquels les entreprises nationales produisent à un coût de production inférieur à celui d’une entreprise étrangère. Selon A. Smith, chaque pays a ainsi intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles il possède un avantage absolu par rapport aux autres nations, et s’approvisionner à l’extérieur à moindre coût pour les productions dans lesquelles il ne détient aucun avantage. b) Exemple Pour justifier la théorie d’Adam Smith, nous pouvons prendre l’exemple suivant : Soient deux pays A et B disposant chacun de 12 unités de production permettant de produire deux biens X et Y de la manière suivante : Pays A Pays B Bien X 6 3 Bien Y 3 6 (Explication : le pays A doit utiliser 6 unités de production pour produire une unité du Bien X et 3 unités de production de produire une unité du Bien Y) Si chaque pays produit les deux biens X et Y, alors la production de chaque nation sera de : Pays A Pays B Monde Unités de production 12 12 24 Bien X produits 1 2 3 Bien Y produits 2 1 3 Sans spécialisation, la production mondiale est donc de 3 unités du bien X et de 3 unités du bien Y pour une utilisation totale de 24 unités de facteurs de production. Si les pays A et B respectent la théorie des avantages absolus, alors chacun va se spécialiser dans le secteur d’activité pour lequel il bénéficie d’un avantage comparatif absolu, soit la production du bien Y pour le pays A et la production du bien X pour le pays B. La production des deux pays sera alors la suivante : Pays A Pays B Monde Unité de production 12 12 24 Bien X 0 4 4 Bien Y 4 0 4 Constat : La spécialisation permet d’accroitre la production mondiale de biens et services pour une consommation constante de facteurs de production et permet alors de satisfaire un plus grand nombre de besoins. Toutefois, selon A. Smith, pour pouvoir participer au commerce international et bénéficier des gains de l’échange ; un pays doit avoir un avantage absolu dans au moins un produit. Que deviennent donc les pays qui n’ont aucun avantage absolu ? C’est Ricardo qui réponde à cette question. 2/ la théorie des avantages relatifs (David Ricardo) D. Ricardo montre que les Etats ont toujours intérêt à échanger, même si l’un est plus compétitif que l’autre dans tous les domaines. a/ notion d’avantage relatif et principe de spécialisation Un avantage relatif est un avantage obtenu, dans l’échange international, par une notion lorsque, comparativement aux autres biens, son désavantage sur un bien, en terme de coût et de prix de vente est moindre. Selon cette théorie, les nations sans avantage absolu doivent donc se spécialiser dans les protections pour lesquelles elles connaissent le moindre désavantage. b/ Exemple David Ricardo prend pour exemple le cas de la Grande-Bretagne et du Portugal qui échangent des draps et du vin. Le Portugal dispose dans ces deux domaines d’un avantage comparatif absolu que l’on peut estimer en terme de coûts de production de la manière suivante : Coûts de production du drap et du vin : Grande-Bretagne Portugal Drap 100 90 Vin 120 80 Constat : le Portugal est plus productif que la Grande-Bretagne dans les deux productions avec un avantage comparatif de 10 pour le drap (100-90) et de 40 pour le vin (120-80). Si chaque pays produit une unité de chacun des biens considérés, on obtient donc une consommation de facteurs de production de 390 : Grande-Bretagne Portugal Monde Drap 100 90 190 Vin 120 80 200 Total 220 170 390 Les pays, selon Ricardo, auront quand même intérêt à se spécialiser pour continuer à échanger afin de limiter au niveau mondial la consommation de facteurs de production. Cette spécialisation se faisant en fonction du différentiel de coûts de production : la Grande- Bretagne va donc se spécialiser dans la production de draps puisque son désavantage compétitif (-10) y est plus faible que dans la production de vin (-40). La Grande-Bretagne produira donc 2 unités de draps et le Portugal 2 unités de vin, pour un coût total de production de : Grande-Bretagne Portugal Monde Drap 200 0 200 Vin 0 160 160 Total 200 160 360 On remarque que le coût de production mondial après spécialisation (360) est inférieur au coût de production mondial avant spécialisation (390).La spécialisation, selon le principe des avantages comparatifs relatifs, permet donc de produire les mêmes quantités de biens en économisant des facteurs de production. Remarque : La structure des avantages comparatifs peut être également donnée par les rapports des coûts. Pour notre exemple nous avons (aLd / aLv) pour la Grande-Bretagne inférieur à (aLd / aLv) pour le Portugal. La Grande-Bretagne a donc intérêt à se spécialiser dans la production des draps. c/ prix international et gain à l’échange Dans le modèle de Ricardo, les prix internes sont égaux aux coûts relatifs internes : pd / pv = aLd / aLv Le Portugal accepte d’acheter les draps à l’étranger si le prix relatif international offert, Pd / Pv , est inférieur à son prix relatif interne ; soit : Pd/ Pv Par ailleurs La Grande- Bretagne accepte de vendre les draps si le prix relatif international offert, Pd / Pv , est supérieur à son prix relatif interne ; soit : Pd/ Pv Ainsi pour que les deux pays trouvent un bénéfice à l’échange, il faut qu’ils puissent importer un bien relativement moins cher qu’il ne leur coûterait à fabriquer nationalement, et exporter un produit plus cher que ce qu’ils pourraient le vendre en autarcie sur le territoire national 3/ La théorie des dotations en facteurs de production (le modèle d’Heckscher, Ohlin et Samuelson) Le modèle HOS propose une nouvelle explication pour comprendre les modalités de la division internationale du travail (spécialisation) : la prise en compte de l’importance croissante du capital dans le processus de production. Cette prise en compte des deux facteurs de production (facteur travail et facteur capital) témoigne des mutations du capitalisme qui repose de plus en plus sur l’utilisation du facteur capital alors que Smith et Ricardo fondent leur analyse à une époque où les pays se développent essentiellement grâce à leurs ressources naturelles et au facteur travail. a/ la dotation initiale des nations en facteurs de production Dans les modèles de base d’Heckscher et Ohlin, les différences de dotations de facteurs sont à la source des avantages comparatifs. Chaque pays participant aux échanges internationaux peut être défini en fonction de sa dotation initiale en facteurs de production : travail et capital. Bien évidemment, tous les pays ne disposent pas de la même dotation initiale en facteurs de production : les pays développés (PD) disposent proportionnellement plus de capital que de travail, alors que les pays en voie de développent (PED) disposent relativement de plus de travail que de capital. On note : > avec K : la dotation en capital L : la dotation en travail et : intensité factorielle On dit que les PD sont relativement abondants en capital et les PED sont relativement abondants en travail. b/ la spécialisation internationale : La spécialisation internationale dépend de cette dotation initiale en facteurs de production : Chaque nation va se spécialiser dans le type de production correspondant le mieux à sa dotation initiale en facteurs de production. Le théorème HOS s’énonce ainsi : « Un pays a un avantage comparatif dans le produit qui utilise intensément le facteur pour uploads/Industriel/ chapitre-4 3 .pdf
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- Publié le Jui 23, 2021
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