Première partie : Problématisation, hypothèses et cadre méthodologique 1 Problé
Première partie : Problématisation, hypothèses et cadre méthodologique 1 Problématique : Quelles sont les représentations de l’espagnol maracucho chez les enseignants des différents niveaux éducatifs à Maracaibo, Venezuela ? Dans cette étude de recherche, l’objectif principal est de comprendre et de délimiter la représentation que les enseignants des différents niveaux éducatifs au Venezuela, point à développer plus en détail au long de cette étude, ont de l’espagnol vénézuélien parlé dans la ville de Maracaibo. Maracaibo est la deuxième ville la plus importante du Venezuela grâce à sa production pétrolière ; avec environ deux millions cent mille habitants, la ville est située au nord-ouest du Venezuela, dans l’état Zulia, séparée du reste du pays par un pont, el Puente sobre el Lago de Maracaibo. Dû à son passé, l’espagnol qu’on y parlé a de diverses variations : au niveau de pronoms, des conjugaisons, des expressions ; en bref, l’espagnol maracucho (provenant de Maracaibo et que nous appellerons ainsi) est un espagnol différent à celui considéré comme l’espagnol standard du Venezuela, celui que l’on parle dans le centre du pays, à Caracas, la capitale. L’espagnol maracucho, étant vraiment particulier de la zone, est assez polémique tout au long du Venezuela à cause de ses différences lexicales et sémantiques. Nonobstant, ce qui est encore plus polémique, c’est que même à Maracaibo, ville d’où cet espagnol vient, une espèce de rejet vers la langue existe : on observe des professeurs d’éducation préscolaire qui corrigent leurs élèves quand ils s’expriment en maracucho en leur disant « on ne dit pas comme ci, on dit comme ça », faisant référence à des vocables de l’espagnol vénézuélien considéré comme standard. Pour cette raison, moi, en tant que chercheur, avec mon encadrant de mémoire du Master 1, nous avons décidé de connaître les représentations que les enseignants de la ville de Maracaibo ont du maracucho, étant donné l’éducation un pilier fondamental de la société et ses enseignants ceux qui en sont en charge. Pour cela, nous avons développé un ensemble d’entretiens et enquêtes et nous avions prévu de les adresser au groupe échantillon choisi, constitué de sept professionnels du parcours de l’enseignement : cinq enseignants en éducation préscolaire, trois enseignants en éducation basique, deux enseignants en éducation diversifiée et professionnelle et cinq enseignants en éducation supérieur universitaire. En outre, cette recherche vise à répondre aux questions suivantes : -Existe-t-il un rejet chez les enseignants de Maracaibo de l’espagnol maracucho ? -Est-ce que les enseignants font une standardisation de leur espagnol au travail ? -Quelles sont les possibles causes de ce rejet dans leurs endroits de travail ? -Dans quel niveau éducatif est plus perceptible ce rejet ? -Quelles sont les raisons que les interviewés ont pour justifier l’existence ou l’absence d’un rejet ? 2 Hypothèses Considérant d’un côté mon contexte de natif à Maracaibo, donc, parlant du maracucho et connaissant tout le contexte socio-culturel à Maracaibo, et de l’autre les ouvrages dont je me suis servi pour développer la recherche, je peux émettre des hypothèses qui seront vérifiées au cours de cette recherche : -Il existe une ambiguïté entre ce qui proclame le peuple de Maracaibo par rapport à la fierté de ses origines dans la ville et les représentations qu’ils ont du dialecte maracucho. -Les enseignants en éducation préscolaire, basique et diversifiée font plus attention à la façon de s’exprimer au travail et standardisent leur espagnol maracucho pour celui considéré comme correcte (celui de la capitale du Venezuela). -Les enseignants qui travaillent dans des établissements privés tendent à standardiser leur espagnol maracucho pour celui considéré comme correcte (voir l’hypothèse précédente). -Il existe une stigmatisation du dialecte maracucho dans la société marabina. 3. Méthodologie : La Sociolinguistique Variationnniste Afin d’expliquer en détail la méthodologie dont nous nous sommes servis pour développer cette recherche, il a fallu tenir compte de plusieurs points rattachés à ce type de sociolinguistique. Il est fondamental de commencer par une définition basique de ce qui est une variation, l’un des points basiques de l’étude ; d’après le dictionnaire Larousse, une variation, c’est un « énoncé, production, œuvre, etc., différents mais portant sur un thème déjà utilisé : Une variation sur le thème de la justice » et « état de ce qui varie, modification, changement, écart, différence entre deux états ». Pour rattacher ce terme à notre domaine, la sociolinguistique, nous nous sommes servis de Dubois, qui dans son ouvrage Vers une approche variationniste du discours (1997 : 8), explique que « la notion théorique de variable représente l’outil développé pour cerner la variation inhérente au système linguistique : Elle correspond à l’ensemble de réalisations possibles (variantes) d’une même unité linguistique (variable). Les variantes d’une variable partagent un sens référentiel mais elles diffèrent en regard de leur signification sociale et stylistique ». En d’autres mots, nous parlons de deux éléments linguistiques différents (« estás », en espagnol vénézuélien standard et « estáis » en dialecte maracucho) avec un référent équivalent (la deuxième personne du singulier du verbe être au présent de l’indicatif), ces deux éléments comportant chacun une valeur quelconque sur le plan social. En outre, nous parlons, conséquemment, de quelque chose qui est différent d’un modèle considéré normal. Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, définit le terme normal comme « conforme à la norme, à l'état le plus fréquent, habituel; qui est dépourvu de tout caractère exceptionnel » et nous passons à décrire notre deuxième terme, celui de norme. Norme est définie par le même Centre, comme « un état régulier, le plus conforme à l'étalon posé comme naturel, et par rapport auquel tout ce qui dévie est considéré comme anormal ». Si nous faisons, donc, une analyse de ces trois termes définis, nous pourrions alors conclure que les variations sont considérés comme anormales, étant donné qu’ils ne font pas partie de cet état de régularité dont la source nous parle. En sociolinguistique, une norme peut-être divisée en quatre types : les objectives, les descriptives, les prescriptives et les subjectives. Les normes objectives désignent les habitudes linguistiques en partage dans une communauté (que dire, quand le dire et comment le dire) dont les locuteurs n’ont pas forcément conscience ; les normes descriptives explicitent les normes objectives. Elles enregistrent les faits constatés, sans les hiérarchiser ou y associer de jugement de valeur ; les normes prescriptives donnent un ensemble de normes objectives comme le modèle à suivre, comme « la » norme et se caractérisent surtout par une fréquence d’emploi plus élevée dans un groupe social déterminé ; et les normes subjectives (ou évaluatives) concernent les attitudes et représentations linguistiques, et attachent aux formes des valeurs esthétiques affectives ou morales. Ces normes peuvent être implicites ou explicites, auquel cas elles constituent souvent des stéréotypes (Moreau, 1997). Une autre définition de norme et norme linguistiques est proposé par Cajolet- Laganière et Martel (2012) est la suivante : La norme linguistique relève de l'observation des discours quotidiens d'une langue. Elle correspond aux différents usages des personnes, c'est-à-dire à tout ce qui est d'usage commun et courant –normal- dans une communauté linguistique. L'énoncé *le table* est inacceptable pour tous les francophones; par contre, *une grosse érable* est la «norme » pour un sous-groupe (langue familière au Québec). Une personne se retrouvant dans un milieu diffèrent doit nécessairement s'adapter à la norme linguistique d'un nouveau milieu. Il y a donc autant de normes linguistiques (d'usages) qu'il y a de groupes et de sous-groupes dans une société donnée. En d’autres termes, un locuteur doit s’adapter au contexte dans lequel il se trouve afin d’être compris en situation d’interaction. « Coger un tabardillo » est une phrase qui nombreux maracuchos pourraient comprendre facilement mais qui serait incompréhensible pour les non-parlants d’espagnol maracucho, non seulement au Venezuela, mais ailleurs. En revanche, la norme sociale ou prescriptive constitue l'étalon selon lequel sont mesurées les diverses réalisations linguistiques produites dans une société donnée. Autrement dit, il s'agit du modèle dominant ou idéal, doté d'un prestige, au sein d'une communauté linguistique. La norme sociale inclut les dimensions autoritaire et évaluative. C'est de cette norme qu'il est question lorsqu'on parle de la «qualité de la langue» ou de la langue «correcte » (Cajolet-Laganière et Martel, 1996). Les auteurs accordent à la norme sociale, un statut de norme prescriptive (cf. Morau, 1997), une norme qui a été choisie par de minorités prestigieuses comme la seule correcte et qui a été acceptée par une société comme la norme, celle qu’il faut suivre pour bien faire les choses et, surtout, avoir en soi ce côté prestigieux que l’on lui accorde -à la norme-. Bien dit l’apôtre Mathieu dans la bible : “De la abundancia del corazón habla la boca”. Nonobstant, si la qualité de la langue doit être conçue comme étant la généralisation d'un des usages d'une langue érigée en modèle pour la communication institutionnalisée, la notion de norme sociale repose sur une simple convention sociale. La qualité (moyenne) de la langue d'une population est le relief de tous les systèmes de communication publique, comme par exemple : - Les organismes publics et l’Etat -Les médias uploads/Industriel/ 1e-partie-methodologie-memoire-de-master-sciences-du-langage.pdf
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- Publié le Jul 07, 2021
- Catégorie Industry / Industr...
- Langue French
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