Thème de Regards Croisés CHAPITRE 2 : QUELLE ACTION PUBLIQUE POUR L’ENVIRONNEME
Thème de Regards Croisés CHAPITRE 2 : QUELLE ACTION PUBLIQUE POUR L’ENVIRONNEMENT ? I/ LA CONSTRUCTION D’UNE ACTION PIBLIQUE ENVIRONNEMENTALE : A/ DE MULTIPLES ACTEURS PARTICIPENT A CETTE CONSTRUCTION 1) La diversité des acteurs Document 1 Vidéo « Le Grenelle de l’environnement » https://www.youtube.com/watch?v=5UOw0STghPQ 1. Listez les différents acteurs présents lors de ce Grenelle de l’environnement. 2. Quel acteur en est à l’origine et en a le dernier mot en matière de décision ? 2) Des acteurs entre coopération et conflit Document 2 Greta Thunberg à l’ONU Conviée à New York pour s’exprimer lors d’un sommet spécial des Nations unies sur la question du climat, la jeune activiste suédoise s’est lancée dans une allocution enflammée. Les paroles utilisées sont fortes et l’image qui les accompagne est tout aussi poignante. Lundi 23 septembre, lors du sommet sur l’urgence climatique organisée par les Nations unies, Greta Thunberg s’est attaquée une nouvelle fois aux leaders du monde, coupables de ne pas en faire suffisamment face aux bouleversements climatiques en cours. Je ne devrais pas être là, je devrais être à l’école, de l’autre côté de l’océan. […] Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses. Les gens souffrent, les gens meurent. Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous pouvez parler, c’est de l’argent. Comment osez-vous ? Comment osez-vous regarder ailleurs et venir ici en prétendant que vous en faites assez ? […] Vous dites que vous nous entendez et que vous comprenez l’urgence, mais je ne veux pas le croire.” La jeune Suédoise a prononcé ces phrases le visage rempli d’émotion et presque en larmes. Regarder la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=W4e5l-XUmfI Hier, le 22 septembre, la veille de cette allocution de Greta Thunberg aux Nations unies, le journal suédois Svenska Dagbladet avait également épinglé le comportement des responsables de la planète en faisant aussi référence aux nombreuses manifestations pour le climat organisées par des jeunes activistes ces deux derniers jours. “Pour les hommes politiques et les entreprises, cela a une grande valeur en matière de relations publiques d’être associés à des jeunes représentant l’espoir pour l’avenir […], mais il y a quelque chose dans les cris de soutien joyeux qui néglige le sérieux du message de ces jeunes”, pointe le journal qui ajoute : “Les adultes utilisent des clichés quand ils parlent de la prochaine génération […]. Mais ils deviennent rarement sérieux et ne mènent pas de dialogue réel avec ceux qui, un jour, prendront le relais. Seuls ceux qui ont vraiment le pouvoir peuvent décider du monde qu’ils laissent derrière eux.” « À l’ONU, Greta Thunberg s’en prend aux leaders du monde », Courrier International, 23/09/2019 1. Caractérisez les acteurs en présence dans ce document. 2. Est-ce une relation de coopération ou de conflit entre ces acteurs ? Justifiez votre réponse. 3. Quel clivage Greta Thunberg cherche-t-elle à installer entre elle et ses opposants ? 1 Document 3 La construction d’un problème public Document 4 « le projet Reach » Le règlement REACH («Registration, Evaluation and Autorisation of Chemicals ») est une réglementation adoptée par le Parlement européen en décembre 2006, dont l’objectif est l’identification et l’élimination progressive des produits chimiques les plus nocifs, au sein des pays de l’Union. L’ambition initiale, affichée dès 1998 par le Conseil européen des ministres de l’Environnement, était de réguler les 100 000 produits chimiques enregistrés en Europe et, notamment, de répertorier, tester puis autoriser (ou non) les 30 000 substances produites ou importées dans l’Union en quantité supérieure à une tonne par an, afin de protéger les consommateurs. Un processus prévu pour s’étaler sur onze ans, avec une grande nouveauté en matière d’environnement : l’inversion de la charge de la preuve. Désormais, ce sera à l’industrie de démontrer que ces produits ne sont pas dangereux pour la santé, avec l’obligation de les substituer le cas échéant par des substances moins nocives. A priori, pas vraiment de quoi enthousiasmer l’industrie chimique européenne, qui va tenter, par tous les moyens, de rogner l’ambition initiale du texte… avec un certain succès. La chimie est un poids lourd de l’économie européenne : elle occupe le premier rang mondial, pèse 613 milliards d’euros en chiffre d’affaires annuel et emploie directement 1,7 million de personnes. Avec les États-Unis, l’Europe produit deux tiers des produits chimiques dans le monde. L’Allemagne occupe le premier rang européen, devant la France, dont le secteur chimique affiche plus de 95 milliards d’euros de chiffre d’affaires. À Bruxelles où se concentrent 3 000 groupes d’intérêt, le lobby de la chimie-pharmacie est de loin le plus nombreux et le plus organisé. Il est notamment représenté par le Conseil européen de l’industrie chimique (CEFIC), présidé par le géant allemand BASF (la plus grande entreprise chimique mondiale), l’Association de l’industrie chimique allemande (VCI, Verband der Chemischen Industrie) ou BUSINESSEUROPE. Pour REACH, « la pression était telle qu’un chef d’unité de la Commission en a fait une dépression », raconte un proche du dossier au journal La Croix, le 16 novembre 2005, illustrant ce qui constitue jusqu’ici la plus importante opération de lobbying menée dans l’Union européenne. Une histoire secrète qui permet de comprendre la satisfaction d’Ernest-Antoine Seillière… En 2001, alors que le règlement REACH commence à être débattu par la Commission avec la publication d’un Livre blanc, l’industrie chimique doit vite abandonner son déni de principe face à la multiplication des rapports scientifiques démontrant le réel impact sanitaire de la chimie. D’autant que le lobbying des associations de défense de l’environnement ou des ONG, comme Greenpeace (alliée pour la circonstance à la CGT), est lui aussi bien réel. En 2003, à la demande du WWF (World Wide Fund for Nature), la commissaire à l’environnement Margot Wallström joint à sa proposition de réglementation REACH, sa propre analyse sanguine. Le résultat est édifiant : vingt-huit substances chimiques détectées, dont du DDT 2 – utilisé comme insecticide après la Seconde Guerre mondiale – et du PCB (polychlorobiphényles), des produits en principe interdits depuis 1978 ! Voyant qu’elle ne peut stopper le processus, l’industrie chimique va désormais tenter d’en minimiser la portée, tout en s’y déclarant officiellement favorable. Elle commande alors une série d’études d’impact en termes d’emploi, toutes plus alarmistes les unes que les autres : le scandale ne serait pas écologique, mais économique. Ainsi, un rapport de la Confédération de l’industrie allemande (BDI) estime que REACH entraînerait une perte de plus de 2,3 millions d’emplois en Allemagne. Une autre étude conduite en 2003 par le cabinet conseil Mercer Management Consulting pour l’Union des industries chimiques françaises (UIC) conclut que REACH se soldera, à coup sûr, par une chute du PIB français de 1,6 %, soit une perte de 28 milliards d’euros. Des chiffres totalement fantaisistes. En réalité, la Commission européenne avait elle-même estimé le coût total pour l’industrie chimique, compris entre 2 et 5 milliards d’euros, soit… 0,02 % de son chiffre d’affaires. Pas vraiment de quoi la mettre sur la paille. En revanche, les bénéfices sanitaires (diminution des allergies, des cancers ou des maladies respiratoires) pour la collectivité sont bien réels, estimés par une étude financée par la même Commission à 50 milliards d’euros sur trente ans, et à 95 milliards en termes d’impact sur l’environnement. Mais la chimie n’en démord pas. En juillet 2003, le nouveau président du CEFIC, Eggert Voscereau, vice-président de BASF, lance même cette sombre mise en garde : « Nous allons désindustrialiser l’Europe ! ». Un chantage à l’emploi qui va finir par porter ses fruits au plus haut niveau des principaux États concernés. […] C’est ainsi qu’en septembre 2003, Gerhard Schröder, Tony Blair et Jacques Chirac envoient une lettre au président de la Commission Romano Prodi, lui demandant de ne pas « mettre en péril la compétitivité internationale de l’industrie chimique européenne ». En août 2004, une nouvelle étude catastrophiste portant sur toute l’Union européenne est transmise par le cabinet Arthur D. Little – au service des majors de la chimie – à la commission parlementaire à l’industrie, suscitant la colère de députés européens, comme l’Italien Renato Brunetta, pour qui « une étude comme celle-ci pourrait devenir un outil de terrorisme politique à l’usage des forces les plus conservatrices. Son approche est digne du XIXe siècle, elle réfute toute évolution ». Peine perdue. La partie de poker menteur est déjà en train de tourner à l’avantage de l’industrie… Car, si à l’origine REACH était une initiative de la direction générale (DG) « Environnement », sous la direction de Margot Wallström, à partir de novembre 2004 – date de la prise de fonction de la Commission Barroso –, le dossier va être préempté par la DG « Entreprises et industrie », dirigée par le commissaire Günter Verheugen, pour qui ce règlement est un « lourd fardeau pour l’industrie » et « ne doit pas menacer [sa] compétitivité ». Une première victoire pour le lobby de la chimie, dont la stratégie sera désormais de limiter au maximum la portée du texte en l’accusant d’être irréaliste. « D’un dossier environnemental et sanitaire, uploads/Industriel/ documents-chapitre-2-action-publique.pdf
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- Publié le Dec 16, 2021
- Catégorie Industry / Industr...
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