1 ETUDE SUR LA VALORISATION DES DERIVES NON ALIMENTAIRES DE MANGUES AU BURKINA
1 ETUDE SUR LA VALORISATION DES DERIVES NON ALIMENTAIRES DE MANGUES AU BURKINA FASO Rédigé par Edit Patric KABRE Lettre de commande COLEACP/PAEPARD/Y3wp5DS/fiaB-2012 Décembre 2012 2 1. Introduction Dans le cadre du programme PAEPARD (Plateforme pour des partenariats Afrique-Europe en Recherche Agricole pour le Développement), le projet de valorisation des mangues fraîches à des fins non alimentaires répond à des préoccupations soulignées par les acteurs des filières mangue de l’Afrique de l’Ouest. Les pays d’Afrique de l’Ouest producteurs de mangues sont le Bénin (13.700 t), le Burkina Faso (10.400 t) , la Côte d’Ivoire (42.500 t), la Gambie (1.200 t) le Ghana (7000 t), la Guinée (163.900 t), le Mali (470.800 t) et le Sénégal (100.000 t). En 2010, ils représentent une production de près de 810.000 t de mangues fraîches exportables (FAOSTAT). Les pays de ce groupe principalement fournisseurs des marchés de l’Union Européenne (sauf le Bénin) représentaient en 2010 un volume total de 225.000 t. Les producteurs de ces pays doivent faire face à la mouche des fruits affectant de manière régulière leurs vergers et contre laquelle les moyens de lutte pour l’instant restent limités avec un fort impact économique (mangues piquées enfouies, brûlées, saisies aux frontières de l’Europe, non distribuées). Ce nuisible n’est pas le seul facteur de non commercialisation de la mangue puisque les fruits ne correspondent pas aux cahiers des charges des acheteurs européens (calibres inadaptées, prix de vente peu rémunérateurs.....) ou font l’objet d’une perte au cours des phases de post-récole et d’acheminement vers les centres de distribution des marchés locaux (conditionnement et moyens de transport inadéquats). Le projet de valorisation des mangues écartées pourrait ainsi répondre à deux attentes fortes : - supplément de revenus pour les petits producteurs - moyens de lutte contre le développement de la mouche des fruits La valorisation de la mangue peut couvrir de nombreux domaines et peut faire l’objet de développement de plusieurs filières : - Transformation de l’amande : huile entrant dans la composition de produits cosmétiques intégrant des composants naturels ; - Briquettes en noix de mangues : la transformation des noyaux de mangues séchés débarrassés de leurs amandes en briquettes est une alternative au combustible fossile et au charbon de bois ; - Nourriture du bétail : la pulpe et la peau (non affectées par des larves) peuvent être utilisées pour la nourriture du bétail ; - Méthanisation : pulpe et peau affectées par les larves ou champignons seront utilisées pour fournir en énergie les foyers via des bonbonnes de gaz (évitant l’utilisation du charbon de bois et une déforestation non maîtrisée) - Compost à base de produits végétaux : utilisation pour les cultures (maraîchage, céréales, vergers....), des résidus de produits végétaux issus de la méthanisation. 3 Pour chacun des domaines de valorisation, il sera nécessaire de décrire le processus qui engendrera l’implication à chaque étape de nouveaux acteurs économiques locaux (éplucheurs, conditionneurs, transporteurs, semi-transformateurs....) impliqués dans ces nouveaux circuits économiques. Des partenariats pourraient être développés autour de ces sous-thématiques. Des problématiques techniques non solutionnées devront être transformées en question de recherche ou en question de développement. Dans le secteur de la cosmétique, la question de recherche pourrait concerner : les variétés de mangues et la qualité d’amande les plus adéquates pour obtenir une produit fini correspondant aux cahiers des charges ou l’étude du degré de toxicité des pulpes contaminées par des larves de mouches selon les variétés de mangues. Le projet au premier stade du processus soutenu par le PAEPARD doit mettre en place des études de marché en Europe pour évaluer les besoins et les exigences techniques des utilisateurs de l’huile issue de l’amande. Les autres sous-thématiques peuvent également nécessiter une étude de faisabilité de mise en place d’une unité pilote dans un pays africain. Dans les questions de recherche, les partenariats formés autour des différentes sous- thématiques et soutenus par le PAEPARD se doivent de trouver des financements pour soutenir les travaux de recherche ou de développement. Ce projet de valorisation non alimentaire de la mangue fraîche va avoir un impact économique, social et environnemental important par l’apport de : - revenus supplémentaires aux petits producteurs, aux villages environnant les vergers, aux opérateurs intermédiaires intervenant dans la chaîne de transformation ; - contribution à la lutte contre la mouche des fruits par la collecte systématique des fruits restés au sol ou sur les arbres auparavant non valorisés ; - contribution à la lutte contre la déforestation en apportant des solutions d’énergie alternative au charbon de bois ; - Création d’emplois dans la chaîne de la transformation ; - Relèvement des revenus des femmes soumises aux récoltes. 2. Méthodologie L’étude a été menée dans trois pays à savoir le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire et le Sénégal. Dans le cadre de la présente étude une coordination a été nécessaire entre les trois parties à savoir : Le COLEACP, les facilitateurs d’innovation agricole et le coordonnateur régional. Des réunions Skype ont permis tout au long du processus d’expliquer les concepts clés et la méthodologie de travail. Le COLEACP a fait de la facilitation et les FIA ont travaillé sous la direction de Mr Laurent Glin. La méthodologie préconisait que le travail se fasse en deux phases : - Phase exploratoire - Phase approfondie Phase exploratoire 4 Un questionnaire a été élaboré et envoyé aussi bien aux acteurs directs qu’aux acteurs indirects. Le questionnaire a été envoyé à 20 acteurs au total pour ce qui concerne l’étude au Burkina mais au décompte final nous n’avons reçu que 7 réponses dont 5 des acteurs directs et 2 des acteurs indirects. La plupart des réponses ont émané des transformateurs de mangue et notamment des sécheurs. Au vu de la faible mobilisation nous nous sommes vus obligés d’engager la phase approfondie où nous sommes rendus auprès des personnes à interviewer. Phase approfondie Pour le déploiement de la phase approfondie un guide d’entretien a été élaboré et utilisé. Sept personnes ont été rencontrées et cela nous a permis d’avoir les éléments pour le présent rapport. 3. Perception des acteurs et les initiatives de valorisation des dérivés non alimentaires des mangues Dans la plupart des cas les acteurs ont été réellement intéressés par la question car de l’avis de professionnels tant les producteurs que les sécheurs, cela règlera les principales préoccupations de la filière. En effet pour les transformateurs la méthanisation pourrait diminuer considérablement la consammation de ga lors du processus de séchage. Notons que thème de valorisation des dérivés non alimentaires des mangues n’est pas étranger aux différents acteurs car d’une façon ou d’une autres ils s’y sont frottés. Deux associations féminines (Wilikatama et Peegda Riima) ont été rencontrées. Dans les filières mangue comme dans les filières karité et anacarde, ce sont les femmes qui assurent la collecte des amandes et cet enthousiasme pourrait être un effet déterminant dans le projet en cours. 4. Présentation des chaînes de valeur des dérivés non alimentaires des mangues a. Production L’Ouest du Burkina Faso est la grande zone de production de mangues. Cette partie du pays correspond à la zone où la pluviométrie est la plus importante (1200 mm/an contre 300 mm au Nord du pays). On trouve également des vergers de mangues autour des villes de Réo et Koudougou, dans le Centre-ouest. Les manguiers plantés en vergers au Burkina Faso sont des arbres greffés. Les porte-greffes sont des variétés fibreuses qui sont plus rustiques et résistantes aux maladies. On recense aujourd'hui, 20 à 40 variétés différentes de manguiers cultivées au Burkina. On compte 6 variétés dominantes dans les vergers : Amélie, Kent, Keitt, Lippens, Springfiel et Brooks. 5 On peut diviser les vergers du Burkina en 2 groupes : Les vergers certifiés dont les itinéraires techniques sont connus et maîtrisés et les vergers conventionnels où les pratiques restent traditionnelles. Le Burkina Faso est connu traditionnellement pour ses mangues "Amélie", variété qui s'était particulièrement bien adaptée à l'Afrique de l'Ouest. Mais depuis une dizaine d'années, le marché européen s'est tourné vers des variétés dites "colorées", ou encore "Floridiennes" : les variétés Kent et Keitt. Le Burkina Faso s’adapte à cette nouvelle demande par la mise en place de nouvelles plantations et le sur- greffage des plantations existantes. L'offre de mangues burkinabé d’exportation se présente comme suit : • Dès la fin février débutent les productions au niveau des vergers de Koudougou et Réo (Province du Boulkiemdé et du Sanguié) ; • A partir du mois de mars, c’est le tour des mangues de Banfora et Toussiana (Province Comoé et le sud de la province du Houet); • A compter de mi-avril arrivent les mangues du reste de la province du Houet dans la zone de Bobo-Dioulasso et la production se termine par la récolte des mangues de la région d'Orodara et Koloko (Province du Kénédougou). Tableau 1 : Evolution de la production en fonction des différentes variétés de mangues au Burkina Faso Variété Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août AMELIE KENT KEITT BROOKS Springfiel La production de mangues au Burkina Faso est pluviale et tributaire des aléas climatiques. uploads/Industriel/ paepard-2-coleacp-ulp-valo-mangues-rapport-bf-epatr.pdf
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- Publié le Sep 27, 2021
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