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Université Abderrahmane MIRA de Bejaia Faculté SECG Département des Sciences Économiques ÉCONOMIE ALGÉRIENNE L2 Économie (2019-2020) Section A et B 1 TRAVAUX DIRIGÉS (TD) "Économie Algérienne" Dossier 1 : Les caractéristiques de l’économie coloniale Source : Chapitre introductif du support pédagogique du module "Économie Algérienne" (Préparé par le Dr. OUCHICHI Mourad) Présentation du dossier documentaire Ce premier dossier porte sur les vulnérabilités économiques héritées de la colonisation ; il dresse un état des lieux de l'économie algérienne à la veille de l'indépendance. Il est demandé à chaque étudiant de rédiger un compte-rendu de lecture en répondant aux questions suivantes. QUESTIONS DE CADRAGE 1) Quel est le constat que pose l’auteur sur le niveau de développement du secteur industriel que l’Algérie a hérité de la colonisation ? 2) Quelle est la principale caractéristique du secteur agricole au moment de l’indépendance ? 3) Quels sont les problèmes que pose la structure commerciale (importations/exportations) de l’Algérie au lendemain de son indépendance ? Colonie française durant un siècle et trente-deux ans, l’Algérie hérita, au lendemain de son indépendance, d’une structure économique de type colonial où « la mise en valeur du territoire » était faite en fonction des intérêts économiques de la métropole et de la minorité européenne vivant sur le sol algérien. En dépit des efforts tardifs des autorités coloniales afin de réduire le fossé entre les communautés musulmane et européenne en lançant un plan de développement (le plan de Constantine) propre aux « départements d’Algérie », la situation demeurait marquée par les principales caractéristiques de l’économie coloniale. Ces caractéristiques se résument comme suit : une sous industrialisation, un dualisme du secteur agricole et une dépendance financière et commerciale de la métropole. Université Abderrahmane MIRA de Bejaia Faculté SECG Département des Sciences Économiques ÉCONOMIE ALGÉRIENNE L2 Économie (2019-2020) Section A et B 2 I. LA SOUS–INDUSTRIALISATION Les travaux qui ont servi de base à l’élaboration du « plan de Constantine », publiés dans un document intitulé « Les perspectives décennales du développement économiques et sociales de l’Algérie », comportent un bilan chiffré qui rendait compte clairement de la situation économique et sociale de l’Algérie des années 19501. En ce qui concerne l’industrie, ce bilan montrait la place peu importante occupée par le secteur industriel au sein de l’économie coloniale. Le « plan de Constantine » a été conçu pour remédier à cette situation jugée en partie comme la cause principale de la révolte des Algériens et leur forte adhésion au projet indépendantiste véhiculé par les partis nationalistes, comme le PPA avant le déclenchement de l’insurrection armée de 1954, ou le FLN par la suite. En effet, quel que soit l’indice auquel on va se référer, on se rendra aussitôt compte du déséquilibre de l’économie coloniale en défaveur de l’industrie. À la suite de D. Clerc, nous utiliserons trois indicateurs afin d’illustrer l’état de fait susmentionné. Ces indicateurs sont : la part de l’industrie dans l’emploi, la part de l’industrie dans la PIB, enfin le montant des investissements industriels dans la Formation Brute du Capital Fixe (FBCF).2 En termes de création d’emploi, l’industrie restait parmi les secteurs les moins créateurs. La majeure partie de la population active était occupée dans l’agriculture. Jusqu’à 1956, moins de 10 % de la population vivant en Algérie (Européens et Algériens confondus) était occupée dans l’industrie. En effet, sur les 3,6 millions que représentait la population active en Algérie, la part de ceux qui occupaient un emploi dans l’industrie ne dépassera pas selon, les estimations les plus optimistes, 9,7 %. Pis, ce pourcentage a baissé considérablement, si l’on prend en considération uniquement la population dite musulmane (entre 6,7 % et 7,3 %, selon les sources), soit quelque 200 000 personnes vivant de l’industrie. Cette faible part de l’emploi industriel dans l’emploi total est révélatrice de la faiblesse du secteur industriel en Algérie sous la colonisation. Autre indice, la part de l’industrie dans la PIB. Le tableau ci-après montre en effet clairement que la part de l’industrie rapportée à la PIB est faible. 1 Les perspectives décennales du développement économiques et sociales de l’Algérie est un document publié en 1958. Il trace comme son intitulé l’indique les grandes lignes du plan de développement de l’Algérie sur une décennie, le plan de Constantine étant une première tranche. 2 Les statistiques utilisées dans cette sous-section sont de D. Clerc sauf indication contraire. Université Abderrahmane MIRA de Bejaia Faculté SECG Département des Sciences Économiques ÉCONOMIE ALGÉRIENNE L2 Économie (2019-2020) Section A et B 3 Tableau 1 : Structure de la PIB en milliards d’Anciens Francs Source. D. Clerc, Économie de l’Algérie, Ministère de l’intérieur 1975, p. 10. Les constats ci-dessus sur la faiblesse du secteur industriel se trouvent confirmés si l’on examine les statistiques relatives à la Formation Brut du Capital Fixe. Les tableaux suivants montrent en effet que la participation de l’investissement industriel dans la FBCF demeurait très faible de 1880 à 1955. Aussi, malgré sa légère hausse vers les années 1950, la répartition des investissements était en faveur des infrastructures et du logement, ce qui confirme les constats qui se dégagent des indices précédents. Tableau 2 : Rapport F.B.C.F / PIB (en milliards d’Anciens Francs). 1880 1910 1920 1930 1955 Produit Intérieur Brut 170 310 375 460 730 Investissements Bruts (F.B.C.F) 18 38 50 55 138 Rapport F.B.C.F/P.I.B 10.6% 12.2% 13.3% 11.9% 20.2% Source. D. Clerc, Economie de l’Algérie, Ministère de l’intérieur 1975, p.13.3 1880 1919 1920 1930 1955 Mines - 4 10 14 19 Énergie - 1 1 2 13 Construction et travaux publics 5 8 11 13 47 Transformation 12 17 22 31 91 Total (1) 17 30 44 60 170 PIB (2) 155 285 340 425 650 Rapport (1) / (2) 10.9 % 10.5 % 12.9 % 14.1 % 26,0% Université Abderrahmane MIRA de Bejaia Faculté SECG Département des Sciences Économiques ÉCONOMIE ALGÉRIENNE L2 Économie (2019-2020) Section A et B 4 Tableau 3 : Répartition des Investissements Bruts (en milliards d’Anciens Francs). 1880 1910 1920 1930 1955 Infrastructures 28 24 18 18 32 Logements urbains 17 13 16 18 14 Agriculture coloniale 50 50 52 47 18 Industries et divers 5 13 14 17 36 Total 100 100 100 100 100 Source. D. Clerc, Economie de l’Algérie, Ministère de l’intérieur 1975, p. 13 Face à ce retard en matière d’industrialisation et afin de contenir l’influence du FLN, les autorités coloniales lancèrent le « Plan de Constantine ». II. LE DUALISME INDUIT DU SECTEUR AGRICOLE L’étude des caractéristiques de l’agriculture coloniale permet de restituer plus qu’une quelconque autre analyse les traits typiques de l’économie algérienne au lendemain de l’indépendance du pays en 1962 : dualisme, dépendance et extraversion3. Le dualisme du secteur agricole sous la colonisation provient du fait de la coexistence de deux secteurs fonctionnant avec des modes d’exploitation totalement différents. Il y avait d’un côté, des domaines coloniaux modernes très mécanisés dont la production était destinée au marché, de l’autre, des exploitations traditionnelles, fort peu mécanisées, occupant une main d’œuvre familiale et dont la production était en majeure partie destinée à la subsistance de la population autochtone. Le dualisme dont il est question est le résultat direct des politiques agricoles coloniales 3 Pour une analyse approfondie voir P. Bourdieu et A. Sayad, Le Déracinement, la crise de l’agriculture traditionnelle d’Algérie, Minuit Paris 1964. Université Abderrahmane MIRA de Bejaia Faculté SECG Département des Sciences Économiques ÉCONOMIE ALGÉRIENNE L2 Économie (2019-2020) Section A et B 5 III. L’EXTRAVERSION ET DÉPENDANCE TOTALE DE LA MÉTROPOLE L’analyse des statistiques du commerce extérieur de l’Algérie coloniale montre au moins quatre caractéristiques majeures :  La prédominance des produits manufacturés dans les importations et les produits bruts dans les exportations;  La place dominante de la France dans les importations et les exportations de l’Algérie; 1. L’évolution de la structure des importations et des exportations algériennes (1910- 1960) Les tableaux suivants, relatifs aux exportations et aux importations de l’Algérie sur une période d’un demi-siècle, montrent clairement deux principales caractéristiques du commerce extérieur du pays. D’un côté, on constate la place prépondérante des produits agricoles dans les exportations et celles des produits manufacturés dans les importations. La sous-industrialisation du pays et la place dominante du secteur agricole, soulignées plus haut, se trouvent parfaitement illustrées. Tableau 4 : Évolution de la structure des importations entre 1910 et 1960 (en %). Années 1910 1930 1955 1960 Produits manufacturés dont : - Tissus et vêtements - Ouvrages en matériaux et machines - Produits chimiques 17,1 17 9 1,8 66,7 13,6 15 2 72,7 8,7 15,1 0,9 66,5 11,3 18,6 5,7 Autres importations 28,9 33,3 27,3 33,5 Total 100 100 100 100 Source : M. Tehmani, Aspects économiques du commerce extérieur de l’Algérie, Alger 1972, p. 53 A la lecture des chiffres du tableau 4, il paraît clair que les importations de produits manufacturés représentaient en moyenne, près de 70 % du total des importations. Les importations de biens manufacturés dits d’équipement ne représentaient que 20 %, tandis que ceux destinés à la consommation finale dépassaient les 50%. L’évolution remarquée dans la proportion des biens destinés à l’équipement uploads/Industriel/ td-1-new-economie-coloniale.pdf

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