Partie XIV. Industries des textiles et de l'habillement English Chapitre 87 - L
Partie XIV. Industries des textiles et de l'habillement English Chapitre 87 - La confection et les produits finis textiles LES GRANDS SECTEURS ET LES PRINCIPALES OPÉRATIONS Rebecca Plattus et Robin Herbert Les opérations ordinaires En général, les opérations intervenant dans la production de vêtements et d’autres produits textiles finis ont peu changé depuis la naissance de cette industrie. Bien que l’organisation du processus de production ait évolué et continue de le faire et que le matériel se soit perfectionné grâce aux progrès techniques, les risques pour la sécurité et la santé dans cette industrie restent pour beaucoup les mêmes que ceux que connaissaient les premiers travailleurs de l’habillement. Ce sont les conditions générales du milieu de travail qui suscitent les principales préoccupations en matière de sécurité et de santé dans l’industrie du vêtement. Des postes de travail, des outils et des machines mal conçus, associés à des régimes de rémunération aux pièces et au système de production en continu (travail à la chaîne), comportent de graves risques d’affections musculo-squelettiques et de stress. Les ateliers se situent souvent dans des bâtiments mal entretenus et dont la ventilation, la climatisation, le chauffage et l’éclairage laissent beaucoup à désirer. Le surpeuplement des locaux, conjugué aux mauvaises conditions de stockage de matériaux inflammables, est souvent synonyme de graves risques d’incendie. Une hygiène insuffisante et l’absence d’entretien des locaux sont des facteurs aggravants. D’importants progrès ont permis la conception et l’installation de postes de travail bien adaptés, ergonomiques, avec tables et chaises réglables, et offrant un agencement judicieux des machines et des outils. Ces postes de travail, que l’on peut facilement se procurer sur le marché, sont utilisés principalement dans les grandes usines, car seules les entreprises les plus importantes et les plus solides financièrement ont les moyens de les acheter. Pourtant, un réaménagement ergonomique est également possible dans les autres établissements (voir figure 87.1). La majorité de la production de vêtements s’effectue encore chez les petits sous- traitants mal équipés, qui font en général peu de cas de la conception des postes, des conditions de travail et des risques pour la sécurité et la santé. Figure 87.1 Une fabrique de paillettes Création des articles et confection des modèles. La création des vêtements et autres produits textiles est confiée à des modélistes qualifiés au service de fabricants, grossistes ou détaillants qui ne se chargent souvent que de la création, de la fabrication de modèles et de la commercialisation des produits finis. S’ils spécifient tous les détails de la production, achètent le tissu et les fournitures, ce sont en général des ateliers sous-traitants indépendants qui assurent la production à grande échelle. La confection des modèles, opération pendant laquelle un nombre limité d’exemplaires est fabriqué pour lancer le produit sur le marché et l’envoyer aux ateliers sous-traitants, s’effectue également dans les locaux du donneur d’ordres. Les modèles sont réalisés par des patronniers et des mécaniciennes en confection très qualifiés qui confectionnent le vêtement tout entier. Confection des patrons et coupe. Le patron d’un vêtement doit être divisé en plusieurs parties pour la coupe et la couture. Traditionnellement, des patrons en carton sont tracés pour chaque pièce du vêtement et gradués en fonction des différentes tailles requises. A partir de ces patrons, on porte sur papier, en vue de la coupe, des repères pour guider les coupeurs. Dans les usines plus modernes, les repères sont créés et gradués selon les tailles et sont indiqués sur un écran d’ordinateur, puis imprimés sur un traceur informatisé. Pour la coupe, le tissu est tout d’abord étalé sur une table de coupe et empilé sur plusieurs épaisseurs (le matelas) dont la longueur et la largeur sont déterminées par les exigences de la production. Cette opération est le plus souvent effectuée par un chariot matelasseur automatique ou semi-automatique qui dévide les rouleaux de tissu le long de la table. Les tissus à carreaux ou les imprimés peuvent être étalés à la main et épinglés pour assurer le raccord des motifs. Les tracés de patrons dûment marqués sont alors posés sur le tissu à couper. Les machines coupeuses de tissu sont habituellement munies de couteaux à ruban et tenues à la main (voir figure 87.2). Les petites pièces peuvent être coupées à l’aide d’une scie à main, à l’unité. Les techniques de pointe comprennent la découpe robotisée, qui suit les patrons dessinés sur ordinateur. Figure 87.2 Une fabrique de vêtements aux Philippines La coupe comporte plusieurs risques. Bien que la lame des outils soit protégée, le dispositif doit être installé de manière à assurer la protection de la main qui étale le tissu. Les protections devraient être systématiquement utilisées et placées correctement. Il est recommandé, comme mesure de sécurité supplémentaire, que les opérateurs de machine coupeuse portent un gant protecteur, de préférence à mailles métalliques. Outre le risque de lésions accidentelles, la coupe de tissu présente des risques ergonomiques. Porter et manier une machine coupeuse tout en tendant le bras au travers de la table de coupe peut exposer le coupeur à des affections de la nuque, des membres supérieurs et du dos. Enfin, de nombreux coupeurs ont tendance à travailler en tenant leur machine au niveau de l’oreille, s’exposant ainsi souvent à un bruit excessif et au risque consécutif de déficit auditif. La manutention des rouleaux de tissu, qui peuvent peser jusqu’à 32 kg et que le travailleur doit soulever au-dessus de la tête pour les déposer sur une planche de pose et les y étaler, présente aussi un risque ergonomique. Des équipements de manutention adéquats peuvent éliminer ou réduire ces risques. Travail sur machine à coudre. Le plus souvent, les pièces de tissu coupé sont assemblées au moyen de machines à coudre manuelles. Le système traditionnel de production en continu, dans lequel les paquets de pièces coupées se déplacent automatiquement, à une cadence constante, d’un opérateur de machine à coudre à un autre, chacun d’eux effectuant une seule opération, prédomine aujourd’hui encore dans l’industrie du vêtement, malgré une modification sensible de l’organisation du travail dans bien des ateliers. Ce type d’organisation s’articule ainsi en plusieurs opérations distinctes, consistant chacune en un cycle très court, répété des centaines de fois par l’opérateur au cours de la journée de travail. Ce système, conjugué avec le régime de rémunération aux pièces, qui récompense avant tout la rapidité et ne laisse aux travailleurs qu’une maîtrise très limitée du processus de production, crée un climat de travail qui peut être très éprouvant nerveusement. La majorité des postes de travail actuels des opérateurs de machine à coudre ont été conçus sans souci de leur confort, de leur santé ou de leur commodité (voir figure 87.3). Comme ces opérateurs travaillent en général en position assise à des postes mal conçus et exécutent la même opération tout au long de la journée, ils sont très exposés aux lésions d’hypersollicitation. Les mauvaises postures qu’entraînent les conditions décrites ci-dessus, combinées à un travail extrêmement répétitif et sous pression, se traduisent par des taux élevés de troubles musculo-squelettiques (TMS) d’origine professionnelle parmi les opérateurs de machine à coudre et les autres travailleurs de l’industrie du vêtement. Figure 87.3 Femme se servant d'une machine à coudre (sans protège-aiguille) Les progrès réalisés dans la conception des postes de travail, notamment par la création de chaises et tables de travail réglables, tendent à réduire certains risques liés à l’utilisation des machines à coudre. Cependant, si ces équipements se trouvent facilement sur le marché, leur prix ne les rend accessibles qu’aux entreprises les plus rentables. Par ailleurs, les postes de travail les mieux conçus ne réduisent pas le risque dû au caractère répétitif des opérations. La réorganisation du travail et la mise en place du travail en équipe, sous la forme de fabrication modulaire ou flexible, permettent d’échapper au taylorisme traditionnel et, parfois, de réduire certains des risques qu’il présente pour la santé. Selon ce système du travail en équipe, les opérateurs de machine à coudre travaillent en groupe pour confectionner un vêtement tout entier et changent souvent de machine et d’activité. Dans l’un des systèmes de travail en équipe les plus pratiqués, les travailleurs se tiennent debout plutôt qu’assis et passent souvent d’une machine à une autre. La formation à des tâches diverses améliore les compétences des travailleurs et leur permet d’avoir un meilleur contrôle de la production. Abandonner le régime de rémunération individuelle aux pièces au profit d’un salaire horaire ou d’un système collectif de salaire au rendement et mettre davantage l’accent sur le contrôle de la qualité tout au long du processus de production peut contribuer à éliminer maints facteurs exposant les travailleurs aux TMS. Certains systèmes de fabrication, bien que très avancés du point de vue technique, tendent en fait à accroître le risque de TMS. Les systèmes de production unitaire, en particulier, ont été conçus pour transporter mécaniquement les pièces coupées sur un convoyeur aérien d’un travailleur à un autre, ce qui accélère leur acheminement et supprime une part importante de la manutention qui incombait précédemment aux opérateurs sur machine à coudre ou à des ouvriers spécialisés. S’ils augmentent souvent la productivité uploads/Industriel/ textile-de-vetement.pdf
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- Publié le Dec 07, 2021
- Catégorie Industry / Industr...
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