Le Journal de l’Animation • MARS 2015 • N° 157 • www.jdanimation.fr 1 Jeu libre
Le Journal de l’Animation • MARS 2015 • N° 157 • www.jdanimation.fr 1 Jeu libre dans les TAP Les nouveaux rythmes scolaires ont amené les Temps d’activités périscolaires (TAP), un moment pas toujours simple à aborder, mais où le jeu libre trouve toute sa place. La prise en charge après l’école • Après une matinée ou une journée d’école, les élèves sont fatigués. Les nouveaux rythmes scolaires, basés sur ceux de l’enfant, du moins sur le papier, ne l’ont pas toujours pris en compte, ou mal. Les animateurs se retrouvent face à des groupes nombreux (assouplisse- ment des taux d’encadrement), parfois d’âges très variés et dans des locaux pas toujours adaptés. Cependant, ils sont plein de res- sources et d’idées pour faire de ces rencontres de vrais temps de loisirs pour les enfants, sans renoncer à des concepts pédagogiques qui leur sont chers. • Il convient de se souvenir qu’une journée d’enfant est longue et fatigante. Les temps d’accueil du matin, l’école, la cantine, le pé- riscolaire, l’école de nouveau, puis les temps d’accueil du soir : le rythme est soutenu. Quelle que soit l’organisation choisie pour les nou- veaux rythmes, les temps qui sont consacrés aux loisirs se doivent d’être de qualité. • J’entends déjà certains animateurs se sou- lever contre ces propos : comment faire de la qualité quand on a dix-huit enfants pour un ani- " Fiche technique Destinataire Animateur Public Tout public Thème Jouer Par Carine Chauvet mateur ? Et c’est là que la notion de jeu trouve une réelle place, pour peu que ce temps soit bien préparé. Les enfants gagnent en auto- nomie, ils peuvent choisir de jouer seul, à plu- sieurs, de ne rien faire aussi… La liberté de profiter de son temps comme on l’entend est essentielle même à six ou huit ans. Des espaces de jeu adaptés • Il faut être en capacité de proposer du jeu libre, au sens où chaque enfant est invité au jeu, libre d’y participer ou non, tant qu’il respecte le groupe, bien sûr. Jeu libre ne signifie pas ab- sence de règles de fonctionnement ; celles-ci sont indispensables à toute vie en collectivité, et plus largement à toute vie en société. • Les espaces sont aménagés pour proposer un large panel de jeux, avec des choix multiples, qui s’adressent à des enfants différents et aux centres © Carine Chauvet d’intérêt variés. Du jeu symbolique au jeu d’as- semblage, en passant par les jeux de règle, tous les types sont représentés, en fonction de l’âge des joueurs. Un espace avec poupons, dînette et poussettes permet par exemple aux enfants de jouer le rôle de parent, d’enseignant, de tous les personnages qui les entourent au quotidien et qu’ils ont besoin de mimer, pour, qui extérioriser un moment difficile de la journée, qui bercer un poupon… Un espace de jeu de mise en scène avec des figurines (pirates, dinosaures, petites voitures ou animaux de la ferme) propose aux enfants de créer leurs propres histoires, seuls ou à plusieurs, d’inventer leurs scenarii, là aussi par- fois pour exprimer des sentiments joyeux, tristes ou de colère, selon l’humeur du moment. Les jeux d’assemblage (Lego, Kapla ou autres) donnent aux esprits créatifs de quoi assouvir un autre be- soin d’expression. Enfin, les jeux de règles sont des espaces d’échanges, de confrontation, mais aussi de jeu collectif, tout aussi important dans l’apprentissage du vivre ensemble. • Ces espaces bien aménagés, laissant la pos- sibilité de passer de l’un à l’autre au gré de leurs envies, sont autant de libertés offertes à des enfants qui se sentent parfois enfermés dans les contraintes du cadre scolaire. L’adaptation aux espaces • Mettre en place de tels lieux n’est pas forcé- ment synonyme de grandes dépenses et de beaucoup de temps. Le stockage peut se faire dans des locaux exigus, mais l’installation de- mande un espace raisonnable en fonction du nombre d’enfants attendus. Le choix du maté- riel dépend de l’âge du public accueilli, de son nombre et de la taille des locaux. Toutefois, il ne faut pas se mettre trop de limites. Dans plu- sieurs expériences, on a démontré tout l’intérêt que peuvent exprimer des enfants de cycle 3 pour des espaces de jeu symbolique, pour peu que le regard de l’adulte ne fausse pas cette at- titude. Même quand ils grandissent, les enfants (on parle bien ici des enfants jusqu’à la fin du primaire), ont besoin d’exprimer des émotions, des sentiments et n’ont pas souvent des lieux appropriés pour pouvoir le faire. C’est encore plus simple quand les locaux sont partagés par plusieurs tranches d’âge, car les plus grands s’autorisent plus facilement à utiliser ce type d’espace quand ils ne pensent pas que cela a été installé uniquement pour eux. • La mutualisation des locaux et du matériel est une bonne piste de réflexion. En mettant en commun les énergies des animateurs de 2 Le Journal de l’Animation • MARS 2015 • N° 157 • www.jdanimation.fr Pour aller plus loin • Des espaces pour jouer. Pourquoi les concevoir ? Comment les aménager ?, d’Odile Périno, Érès, 2014. différentes tranches d’âge et le matériel pré- sent dans l’ensemble des structures (centre de loisirs, ludothèques, écoles…), les possibilités d’aménagement sont souvent beaucoup plus larges qu’on ne l’imagine au premier abord. Le rôle des animateurs • Les animateurs de ces Temps d’activités pé- riscolaires sont des énergies individuelles au service d’un collectif. En mettant en commun les idées et le matériel, l’aventure devient coo- pérative. De beaux projets ont vu le jour, par- fois dans de petites structures. Par exemple : la mutualisation des jeux d’assemblage. Une structure a un bon stock de Duplo et quelques barils de Kapla ; une autre, dans un village voi- sin, une école voisine, un ACM proche a, elle, beaucoup de Kapla et quelques boîtes de Du- plo. La mise en commun permet à une structure d’avoir un bel espace de jeu Duplo pendant que l’autre a un bel espace de jeu Kapla, pendant une période entre deux vacances scolaires. Cette expérience n’a rien coûté financièrement, mais elle aura permis à des enfants d’avoir davantage de matériel pour faire de plus belles et plus grandes constructions, aux animateurs des deux structures de se rencontrer, d’échan- ger des idées d’animations et peut-être cela aboutira-t-il à une activité commune à terme ! • Les ludothèques disposent de matériel pour compléter les espaces de jeu des centres, mais aussi des matériels différents pour faire de nou- velles propositions aux enfants. Les ludothé- caires sont aussi là pour conseiller les anima- teurs dans leurs choix et leurs aménagements (voir le dossier action du Journal de l’Animation n° 140 de Juin-Juillet 2013). • Dans ces espaces de jeu, les animateurs ont un rôle d’accompagnateur des enfants. Tantôt ils jouent avec eux, tantôt ils sont en situation d’observation des situations de jeu, parfois ils expliquent une règle ou participent à la fabri- cation d’un château en Kapla. Si ces activités demandent du travail en amont aux anima- teurs, elles leur laissent du temps, pendant les TAP, pour partager avec les enfants de vrais moments d’échange, de complicité et de plaisir de jouer ensemble. uploads/Industriel/ web-jda-157-jeu-perisco-3.pdf
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- Publié le Sep 06, 2021
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