Julie Faivre L’ARCHITECTURE ALGÉRIENNE : l’impossible héritage Mémoire de Julie
Julie Faivre L’ARCHITECTURE ALGÉRIENNE : l’impossible héritage Mémoire de Julie Faivre Sous la direction d’Aurelien Lemonier École Camondo - 2021 L’ARCHITECTURE ALGÉRIENNE : l’impossible héritage Je tiens à remercier, Aurélien Lemonier, pour son accompagnement et ses precieux conseils tout au long de la rédaction de ce mémoire. Zakia, Jean Baptiste et Thomas pour leur soutien, leur attention et leurs multiple relectures. Lamia Mansouri , Halim Faidi et Nourredine Brahimi pour leur disponibilité et leur aide précieuse. « Alger est-elle francaise ou arabe, ou du moins mauresque ? Cela dépend ....»1 1 BERQUE, Jacques, « Mémoires des deux rives », Paris, Seuil, 1989 6 avant-propos introduction la période coloniale face à l’architecture tradtionnelle algérienne l’architecture traditionnelle, source d’inspiration pour l’architecture coloniale à la recherche d’une ecriture architectural la fascination pour l’Afrique du Nord la recherche d’un processus d’urbanisation plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension de la ville d’Alger plan d’aménagement régional la doctrine moderne le premier mouvement moderne l’habitat pour le plus grand nombre la question du bidonville une tentative de rattrapage la bataille du logement le tremblement de terre d’Orléansville le plan Constantine (1958-1961) une possible réappropriation ? au lendemain de l’independance à la recherche d’une architecture adaptée vers une architecture algérienne étude de cas : la Casbah l’héritage architectural 8 10 15 16 26 32 46 68 82 92 67 conclusion bibliographie 98 102 Sommaire 8 Originaire d’Algérie, je connais mal ce pays chargé d’histoire. Ma connaissance s’arrêtait aux enseignements du lycée et aux souvenirs de jeunesse de ma grand- mère. J’ai pourtant eu l’occasion de vivre à Alger durant mon année de baccalauréat. C’est à ce moment que je fus témoin de la beauté de cette ville, et des différents paysages qu’elle offre. C’est pendant cette dernière année de lycée que mon goût pour l’architecture d’intérieur s’est révélé. Peut-être une inspiration inconsciente ? J’ai eu la chance de vivre dans une maison de type neo mauresque, la villa Nedjma sur le balcon Saint Raphael qui domine la baie immense. Un changement d’environnement total qui a certainement avec du recul, inspiré mon goût pour ce domaine. Lorsque la question du sujet de mémoire s’est posée, je savais que c’était l’occasion pour moi d’en comprendre plus sur ce pays. L’histoire coloniale est encore très présente même si ce n est plus la préoccupation principale des nouvelles générations. Elle ne m’a jamais été enseignée car déjà connue de tous mes camarades. C’est donc, quelques années plus tard, avec un regard de futur architecte d’intérieur que je me suis penchée modestement sur le sujet. Il était temps de comprendre un peu mieux ce qui avait amené des architectes comme Fernand Pouillon ou Oscar Niemeyer à réaliser leurs projets dans un pays qui mélange notamment architecture haussmannienne et architecture traditionnelle algérienne et beaucoup d’autres styles. Avant-propos 10 Introduction Cent trente-deux ans de présence française ont profondément marqué l’Algérie, y compris au plan architectural. Dès 1830, la conquête entraine une large destruction de la ville traditionnelle d’Alger et conduit à une reconfiguration de l’espace urbain, façonnée par les soldats du génie militaire, qui ont la tache d’organiser et de construire le territoire afin d’y accueillir les troupes ainsi que les populations européennes. Les première manifestations de l’architecture française se font sur les édifices de prestige de l’époque ottomane, comme dans le palais Dar Aziza. On adapte l’architecture locale aux codes esthétiques européens. C’est à partir de 1860 que commence à se cristalliser de façon durable, le schéma architectural de la ville française en Algérie. La ville sort des limites historiques, afin de développer et d’étendre de nouveaux quartiers européens pour placer Alger au rang de grande capitale. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les projets de l’architecte Frédéric Chassériau, qui incarne la première phase civile, après celle des plans militaires. Le courant néo-classique prôné par les Beaux-Arts de Paris, s’érige en modèle dominant dans les principaux édifices de la ville, comme en témoigne l’ensemble du boulevard de l’Impératrice Eugénie (actuel Boulevard Ernesto Che Guevara) sur le front de mer, conçu sur le modèle de la rue de Rivoli, à Paris. La période entre 1860 et 1930, est la plus féconde de toute la période coloniale en styles et courants architecturaux. Cette période pose les fondements sur lesquels le L’architecture algérienne : l’impossible héritage 12 mouvement moderne se développe par la suite et qui par différents plan d’urbanisme crée le paysage algérien de cette phase coloniale. Lors de l’indépendance, l’Algérie est donc confrontée à la réception d’écritures architecturales coloniale dont elle se retrouve dépositaire. Il s’agit alors pour les premières générations d’architectes algériens, dans un contexte politique sensible, de se positionner face aux différents traitements urbanistiques qu’a connus leur pays afin de développer une architecture algérienne propre. L’objet de ce mémoire est ainsi d’essayer d’apporter un regard croisé sur les enjeux communs ou distincts de l’élaboration de l’architecture en Algérie durant ces deux périodes et de comprendre comment ces architectures ont pu se développer dans un mouvement de continuité ou de discontinuité. Nous savons pour autant que les deux situations étaient naturellement très différentes : conquête d’un territoire dans le cadre de l’extension de l’empire français dans le premier cas, affirmation et construction d’une nation dans le second. Pour cela, nous nous intéresserons premièrement à la période coloniale qui s’ancre dans un contexte architectural traditionnel algérien, en évoquant les quatre points suivant: l’architecture traditionnelle comme source d’inspiration pour une architecture coloniale, la recherche d’un processus d’urbanisation, la doctrine moderne et finalement une tentative de rattrapage. Dans un second temps, nous essayerons de comprendre si et comment, au lendemain de l’indépendance, une réappropriation de l’architecture laissée par la colonisation s’est avérée possible en apportant un éclairage sur trois aspects distincts : l’architecture au lendemain de l’indépendance, la Casbah et de manière plus générale enfin l’héritage architectural. Boulevard Ernesto Che Guevara, Frédéric Chassériau © photographe inconnu, s.d. LA PÉRIODE COLONIALE FACE À L’ARCHITECTURE TRADTIONNELLE ALGÉRIENNE I L’architecture traditionelle, soucre d'inspiration pour l'architecture coloniale 16 L’architecture traditionnelle, source d’inspiration pour l’architecture coloniale Jusqu’au début des années 1900, le modèle architectural colonial en Algérie puise principalement ses inspirations dans le modèle parisien, on voit se developper une haussmannisation du paysage urbain. On retrouve dans les édifices construits en Algérie un style qui renvoie aux style européens et aux références éclectiques enseignées à l’École des Beaux-Arts. Malik Chebahi explique dans sa thèse traitant sur l’enseignement de l’architecture des Beaux-Arts à Alger, que jusqu’au tournant du XXeme siècle, « l’environnement professionnel des architectes est étroitement lié aux milieux entrepreneuriats et politiques » et que s’est « instaurée une forte dichotomie dans l’accès à la commande ». D’un coté se trouvent les architectes de gouvernement, formés à l’école de Beaux-Arts de Paris, à qui étaient réservés les projets publics et l’autre le « second plan, diplômés à Alger ou autodidactes, aux parcours plus éclectiques »², à qui étaient confiés les projets privés et communaux et qui étaient les auteurs de la plus grande partie des immeubles résidentiels de la ville. À LA RECHERCHE D’UNE ÉCRITURE ARCHITECTURAL 2 CHEBAHI, Malik, « L’enseignement de l’architecture à l’École des Beaux- arts d’Alger et le modèle métropolitain : réceptions et appropriation », thèse de doctorat, Université Paris-Est Marne-La-Vallée, 2013 L’architecture algérienne : l’impossible héritage 18 Au tournant du siècle, l’Algérie française cherche à se forger une identité architecturale, à partir des constructions existantes dans le contexte local, afin de symboliser la quête d’une identité politique, culturelle et l’acquisition de nouvelles libertés. L’architecture néo-mauresque apparaît, de nombreux bâtiments publics voient le jour comme la grande Poste, ainsi que le Musée d’Art Moderne et contemporain d’Alger (l’ex Galerie de France). Cette architecture aux tendances « orientalistes », donne une image de la France protectrice des traditions du pays, permet de marquer une rupture avec la tradition coloniale, en réconciliant l’Orient et l’Occident. Elle pose ses fondements sur architecture une architecture européenne habillée d’une architecture mauresque en y ajoutant des arcs, des coupoles, des portes massives sculptées, de la faïence et de la mosaïque. À partir des années 1930, cette architecture disparaît progressivement au profit d’une vision moderniste mettant en avant le caractère méditerranéen de l’Algérie. Le mouvement moderne apparaît sur la scène algérienne avec des architectes tels que Marcel Lathuillière ou Paul Guion qui y réalise le musée national des beaux-arts, qui seront appelés les « algerianistes ». Ce mouvement « algérianiste » est influencée par Le Corbusier. Rue Didouche Mourad © Iñaki do Campo Gan, 2012 L’architecture traditionelle, soucre d'inspiration pour l'architecture coloniale L’architecture algérienne : l’impossible héritage 20 Le Corbusier en Algérie est presque devenu un mythe, aujourd’hui comme le dirait Jean Jacques Deluz dans « La chronique Urbaine »³. La fascination de Le Corbusier pour l’Orient s’explique par deux expériences personnelles. La première en 1911, est son premier voyage d’Orient, qui le conduit jusqu’à Constantinople, à l’âge de vingt ans pour parfaire sa formation, puis un second voyage, dans les années 30, qui le mène jusqu’à Alger et dans le Mzab. C’est à ce moment qu’il découvre l’Algérie et tombe instinctivement sous le charme de la uploads/Ingenierie_Lourd/ favre-julie.pdf
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- Publié le Fev 06, 2022
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