Université Mohamed khidher Biskra Faculté des sciences et de la technologie Dép

Université Mohamed khidher Biskra Faculté des sciences et de la technologie Département d’architecture cours n°:5 3éme année L.M.D Module :histoire et théories urbaines Année universitaire :2013/2014 Utopie et villes utopiques 1/Introduction : L’utopie (mot forgé par l'écrivain anglais Thomas More, du grec οὐ-τοπος « en aucun lieu ») est une représentation d'une réalité idéale et sans défaut. C'est un genre d'apologue qui se traduit, dans les écrits, par un régime politique idéal (qui gouvernerait parfaitement les hommes). une société parfaite (sans injustice par exemple, comme la Callipolis de Platon ou la découverte de l'Eldorado dans Candide). Une utopie peut désigner également une réalité difficilement admissible : en ce sens, qualifier quelque chose d'utopique consiste à le disqualifier et à le considérer comme irrationnel. Cette image de l'utopie est évoquée dans le roman Fahrenheit 451 où une nation tout entière n'accepte pas de lire des livres, de peur que cela ne lui ouvre les yeux par rapport à la fausse utopie dans laquelle elle vit. Cette polysémie, qui fait varier la définition du terme entre texte littéraire à vocation politique et rêve irréalisable, atteste de la lutte entre deux croyances, l'une en la possibilité de réfléchir sur le réel par la représentation fictionnelle, l'autre sur la dissociation radicale du rêve et de l'acte, de l'idéal et du réel. 2/Définition Dans le sens courant du terme, l'utopie est un rêve irréalisable. Thomas More fut le premier à utiliser ce mot pour désigner la société parfaite qu'il imaginait. Dans le mot utopie, la racine grecque topos, signifiant 1 lieu, est précédée d'une lettre remplaçant aussi bien le préfixe eu qui veut dire bien que le préfixe ou, la négation. L'utopie est un bon lieu inexistant. Elle est, dira Jean-Jacques Wunenburger, « la relation de l'imagination historique avec cet ailleurs qui n'est jamais tout à fait nulle part, et qui nous déporte toujours vers du nouveau. » Certaines utopies, les cités idéales de Platon, de saint Augustin ou de Thomas More sont plus proches de l'idéal que du devis; d'autres comme le projet de Staline, celui de Marx ou celui des millénaristes libéraux actuels sont plus proches du devis. la Cité idéale est une conception urbanistique visant à la perfection architecturale et humaine. Elle aspire à bâtir et à faire vivre en harmonie une organisation sociale singulière basée sur certains préceptes moraux et politiques Cité idéale de Platon 2 La Cité idéale, d'abord attribuée à Piero della Francesca Si de très nombreuses « cités idéales » ne sont restées qu'au stade de rêves dans l'esprit de leurs créateurs, certaines ont cependant été achevées dans les faits. Il s'agit cependant de réalisations « idéales » au sens où, contrairement à la cité spontanée, qui se développe peu à peu selon les besoins en fonction de décisions multiples, et donc de façon organique et parfois anarchique, la cité idéale est conceptuellement élaborée avant d'être matériellement construite, et sa fondation résulte d'une volonté intellectualisée et unifiée. 3/Aperçus historiques : « Ainsi ces anciennes cités qui, n'ayant été au commencement que des bourgades, sont devenues par succession de temps de grandes villes, sont ordinairement si mal compassées, au prix de ces places régulières qu'un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine » Dès l'antiquité, les hommes rêvent d'édifier une cité idéale comme en témoigne le mythe de la Tour de Babel. Le sujet apparaît chez les philosophes grecs dans le contexte particulier de la cité-état, La 3 République de Platon (427 à 348 av. J.-C.) en étant le plus célèbre exemple. Or, de fait, à partir du VIIe siècle av. J.-C., certaines volontés de rationaliser l'organisation spatiale de la ville se manifestent, notamment dans les villes nouvelles. Un plan orthogonal à damier encore grossier, dit plan hippodamien apparaît dans plusieurs colonies grecques telles que Sélinonte. On le retrouve par la suite aussi bien dans les villes antiques, et contemporaines. Cette rationalisation de l'espace urbain, dont la paternité a longtemps été attribuée à Hippodamos de Milet (Ve siècle av. J.-C.), montre un souci de planification et d'optimisation de la gestion de la forme urbaine qui rejoint les préoccupations des philosophes. Selon Aristote, Hippodamos est à la recherche de la cité idéale au sens où l'organisation de l'espace urbain s'applique à traduire l'organisation de la république idéale, et on lui attribue le plan en damier du Pirée, ainsi qu'en -479 av. J.-C. la reconstruction de Milet, incendiée par les Perses. 4 Ville de Milet L'organisation sociale et urbanistique de la cité idéale est également au cœur des réflexions d'Aristote qui, dans sa Politique, s'intéresse, après l'avoir critiqué, à la République de Platon ainsi qu'aux cités existantes. Organisation de l'espace, organisation sociale et organisation politique rationnelles sont les axes selon lesquels les philosophes pensent la cité idéale, à laquelle les architectes et les premiers urbanistes se sont déjà attaqués sur le terrain. La fondation des villes par les colons romains, telle que la décrit Pierre Grimal, est effectuée selon un plan idéal obéissant à plusieurs exigences : rationalisation de l'espace par un réseau de rues en damier à partir d'un axe majeur fourni par l'intersection à angle droit du decumanus et du cardo dont les extrémités vont être les quatre accès principaux à la ville; découpage de l'espace en ilots qui seront répartis selon le rang et la fonction des futurs occupants dans un esprit de justice et d'égalité ; enfin orientation selon un plan est-ouest (decumanus) et nord-sud (cardo), déterminé par rapport au soleil, qui indique la 5 dimension sacrée de la ville et peut-être son rapport au monde. La cité idéale romaine est une sorte de matrice, l'essence de la ville-mère, l'Urbs, Rome. Traduite sur le terrain, la ville romaine doit permettre aux citoyens de circuler, d'habiter, de travailler et d'être sous la protection des dieux. Pierre Grimal cite l'exemple de Timgad, aujourd'hui inscrite au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO. Timgad : ville romaine 6 Axe majeur decumanus Au Moyen Âge, le plan hippodamien est toujours utilisé dans la création des villes nouvelles, par exemple les bastides. Cette grille hippodamienne est aussi celle du jeu d'échecs qui sert au dominicain Jacques de Cessoles à décrire l'organisation idéale de la cité ceinturée dans ses murs symbolisés par les quatre tours d'angle. Selon Jacques Heers, le fractionnement de l'espace urbain en espaces privés, l'absence d'un pouvoir central fort, s'opposent à la conception et la réalisation de grands projets publics au cours du Moyen Âge. Une bastide est le nom désignant trois à cinq cents villes neuves, fondées majoritairement dans le sud-ouest de la France entre 1222 et 1373 7 Quoi qu'il en soit, le christianisme, s'appuyant sur le texte de l'Apocalypse de Saint Jean, offre aux fidèles la promesse d'une cité idéale qui n'est pas de ce monde, la Nouvelle Jérusalem. La cité idéale à laquelle les hommes doivent travailler, c'est La Cité de Dieu de Saint Augustin. 4/De la Renaissance à l'âge classique Vue d'Utopia de Thomas More à vol d'oiseau L'humanisme italien de la Renaissance est fortement influencé par le retour de la cité-état. L'organisation urbaine et la question de la " société idéale " deviennent des sujets centraux de réflexion. Les villes médiévales aux ruelles tortueuses et incommodes apparaissent comme une forme dégénérée de la cité antique aux larges avenues rectilignes et aux perspectives majestueuses. Elles ne répondent plus aux exigences stratégiques et économiques de leur temps. Se pose aussi la question de l'organisation politique de la cité.. Cénotaphe de Newton Un cénotaphe est un monument dédié à la mémoire d’un mort mais à la différence d’un tombeau il ne contient pas de corps. Ces images montrent des projets de cénotaphes imaginés par l’architecte français Étienne-Louis Boullée ( 1728-1799 ) qui est une des principales figures de l’architecture néoclassique en France. Son style comporte des formes géométriques simples, l’absence de tout 8 ornement superflu, la répétition des éléments comme les colonnes, le tout sur une échelle gigantesque. On peut voir en autres sur les images un de ses projets de cénotaphes à Isaac Newton, jamais construit, composé d’une sphère de 150m posée sur une base circulaire couronnée de cyprès. 4/Villes utopiques au XIXe siècle : 9 New Harmony, projet de communauté du socialiste Dessin pour le projet d’Icarie utopique Robert Owen Intérieur du familistère (1859 -1880) de Guise Les idées révolutionnaires qui ont inspiré le projet avorté des poètes anglais continuent à faire leur chemin. Au XIXe siècle, le socialisme utopique va inspirer la réalisation de communautés conçues pour éviter l'oppression de la majorité laborieuse par un petit nombre d'oisifs. Ce sont les phalanstères de Fourier, qui donnent au socialiste britannique Robert Owen l'idée des réformes de l'usine de New Lanark, puis celle de coopératives utopiques qu'il tente de réaliser, mais sans succès. Citons aussi Étienne Cabet et son projet d'Icarie dont la transposition dans les faits (Icaria, Iowa dans les années 1850) est un échec, mais qui innove jusque dans la façon même dont la ville est conçue, non plus seulement par des spécialistes, mais aussi par une forme de ce que l'on appellerait aujourd'hui uploads/Ingenierie_Lourd/ histoire-et-theories-urbaines-cours5.pdf

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