JEUDI 18 AVRIL 2019 75E ANNÉE– NO 23100 2,80 € – FRANCE MÉTROPOLITAINE WWW.LEMO

JEUDI 18 AVRIL 2019 75E ANNÉE– NO 23100 2,80 € – FRANCE MÉTROPOLITAINE WWW.LEMONDE.FR ― FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY DIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO Algérie 220 DA, Allemagne 3,50 €, Andorre 3,20 €, Autriche 3,50 €, Belgique 3,00 €, Cameroun 2 300 F CFA, Canada 5,50 $ Can, Chypre 3,20 €, Côte d'Ivoire 2 300 F CFA, Danemark 35 KRD, Espagne 3,30 €, Gabon 2 300 F CFA, Grande-Bretagne 2,90 £, Grèce 3,40 €, Guadeloupe-Martinique 3,20 €, Guyane 3,40 €, Hongrie 1 190 HUF, Irlande 3,30 €, Italie 3,30 €, Liban 6 500 LBP , Luxembourg 3,00 €, Malte 3,20 €, Maroc 20 DH, Pays-Bas 3,50 €, Portugal cont. 3,30 €, La Réunion 3,20 €, Sénégal 2 300 F CFA, Suisse 4,20 CHF, TOM Avion 500 XPF, Tunisie 3,80 DT, Afrique CFA autres 2 300 F CFA LE REGARD DE PLANTU AUTOUR DE LA LUNE JULES VERNE – N°6 EN VENTE UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE ▶ Le chef de l’Etat s’est adressé aux Français, mardi soir, et a souhaité que la cathédrale soit rebâtie d’« ici cinq années » ▶ Grandes fortunes, entreprises, particuliers : les dons affluent pour financer la reconstruction ▶ Les catholiques s’interrogent sur le sens de l’émotion collective suscitée par le drame de Notre-Dame ▶ Richard Marlet, ancien patron de la police scienti- fique parisienne, explique le travail des enquêteurs sur un incendie ▶ Certains acteurs du patrimoine dénoncent les faibles moyens alloués par les politiques publiques et le manque de respect des consignes incendie PAGES 2 À 7 Le dispositif, instauré par les « ordonnances Macron » de 2017, est de plus en plus utilisé, mais les syndicats restent réservés et relèvent qu’il impose moins de contraintes qu’un plan de départ classique PAGES 16-17 Bilan des ruptures conventionnelles collectives ÉCONOMIE & ENTREPRISE Toulouse-Blagnac La procédure de vente de l’aéroport annulée PAGE 18 Grand débat Impôts, institutions, école : ce que Macron devait annoncer PAGE 13 Démographie Depuis 1970, 23 millions de femmes manquent à l’appel PAGE 12 Crime CeCe Moore, la détective américaine qui fait parler les ADN PAGE 21 La nef de Notre-Dame, mardi 16 avril. AFP LES FLAMMES DE LA CATHÉDRALE, C’EST NOTRE MONDE QUI BRÛLE » Pour l’historienne Fanny Madeline, l’image de Notre- Dame qui s’embrase est la manifestation d’un effondre- ment qui nous menace, bien dans l’air du temps L’archevêque de Reims, Eric de Moulins-Beaufort, partage la tristesse des Parisiens L’organiste de la cathédrale, Olivier Latry, juge que c’est un miracle que l’instrument ait été sauvé Les historiens de l’art Dany Sandron et Ségolène Le Men se félicitent de la fer- veur populaire et reviennent sur les chimères de l’édifice, devenues des icônes Notre-Dame est d’abord un mythe, célébré par Michelet, Paul Claudel, Nerval, Huysmans, Hugo, bien sûr… IDÉES – PAGES 28 À 31 LA RECONSTRUCTION DE NOTRE-DAME TIANANMEN, TRENTE ANS APRÈS PAGE 32 1 É D I T O R I A L 2| L’INCENDIE DE NOTRE-DAME JEUDI 18 AVRIL 2019 0123 Lors de l’allocution télévisée, mardi 16 avril, à l’Elysée. YOAN VALAT/AP R eprendre la main sur un agenda de- venu insaisissable. Et tenter de trans- former un drame en opportunité. Alors que son calendrier politi- que se trouve bouleversé par l’in- cendie de la cathédrale Notre- Dame, Emmanuel Macron s’est efforcé de se hisser à la hauteur de l’événement au cours d’une allo- cution télévisée, mardi 16 avril au soir, en replaçant ce traumatisme national dans une perspective historique. « L’incendie de Notre- Dame nous rappelle que notre his- toire ne s’arrête jamais et que nous aurons toujours des épreuves à surmonter », a déclaré le prési- dent de la République. Le chef de l’Etat a cherché à ac- compagner l’émotion générale qui a saisi le pays dans la foulée de l’incendie, et à profiter du mo- ment pour en appeler à une forme d’unité nationale. Saluant le travail « héroïque » des pom- piers et de tous ceux qui ont per- mis de sauver l’édifice, il retient avant tout « cette capacité de nous mobiliser et de nous unir pour vaincre ». A ses yeux, la recons- truction de Notre-Dame, joyau ar- chitectural du patrimoine natio- nal, constitue une occasion pour la France de renouer avec un pro- jet commun. « Il nous revient de changer cette catastrophe en oc- casion de devenir meilleurs que nous ne le sommes (…) Il nous re- vient de retrouver le fil de notre projet national », a-t-il souligné. C’est aussi pour ce président élu à moins de 40 ans l’opportunité de se poser en père de la nation, alors que le pays est traversé par une des crises sociales les plus fortes de ces dernières années. « C’est à nous, les Françaises et les Français d’aujourd’hui, qu’il re- vient d’assurer cette grande conti- nuité », a expliqué Emmanuel Macron, s’inscrivant dans « l’his- toire millénaire » de « la France matérielle et spirituelle ». « PEUPLE DE BÂTISSEURS » Dans ce discours au ton résolu- ment volontariste, le chef de l’Etat a souhaité que la cathédrale soit rebâtie « plus belle encore » dans un délai de cinq ans. « Je veux que cela soit achevé d’ici cinq années. Nous le pouvons », a-t-il insisté. Un objectif jugé haute- ment ambitieux par plusieurs ex- perts, dont une partie évoque plutôt des travaux qui s’éten- draient sur dix ans, voire plu- sieurs décennies. Pas de quoi im- pressionner le chef de l’Etat, qui en a appelé au génie français. « Au cours de notre histoire, nous avons bâti des villes, des ports, des églises. Beaucoup ont brûlé ou ont été détruites. A chaque fois, nous les avons reconstruites. » Un quinquennat pour Notre- Dame en somme, comme si Em- manuel Macron se projetait de lui-même par-delà la présiden- tielle de 2022 et demandait déjà aux Français de lui accorder leur confiance pour un mandat sup- plémentaire, le temps, selon lui, de finir les travaux de redresse- ment de l’église parisienne comme du reste du pays. « Nous sommes ce peuple de bâ- tisseurs, nous avons tant à recons- truire », a-t-il encore déclaré dans une parabole sur la France d’aujourd’hui, confrontée au mouvement des « gilets jaunes » et aux réponses à apporter après le grand débat national. Mais pour ces annonces, il faudra, en revanche, encore patienter. Mardi soir, M. Macron a affirmé qu’il reviendrait vers les Français « dans les prochains jours » pour s’exprimer sur les mesures prises. « Mais ce n’est pas le temps aujourd’hui », a-t-il tempéré, alors qu’une partie des pistes qu’il en- visage a déjà été dévoilée dans plusieurs médias, dont Le Monde. Le chef de l’Etat juge urgent d’ob- server une pause, le temps que l’émotion retombe. Avant, dit-il, que « la politique et ses tumultes » reprennent « leurs droits ». L’incendie de Notre-Dame l’a brutalement contraint à revoir le plan de communication qu’il avait prévu. Après avoir reporté à la dernière minute l’allocution té- lévisée qu’il devait tenir lundi soir pour présenter ses annonces post-grand débat, celui qui se voulait « le maître des horloges » entend désormais reprendre la main sur l’agenda politique. Sans se laisser dicter le tempo, ni suc- comber aux « pressions ». « Après le temps de l’épreuve viendra celui de la réflexion, puis celui de l’ac- tion. Mais ne les mélangeons pas. Ne nous laissons pas prendre au piège de la hâte », a-t-il mis en garde, en regrettant « les fausses impatiences qui voudraient qu’il faille pouvoir dire les annonces qui étaient prévues à telle date ». Dans cette logique contrainte de laisser du temps au temps, l’Elysée a annoncé mardi que la conférence de presse qui était prévue mercredi était annulée. « Il faut respecter un temps de re- cueillement et avoir la responsa- bilité qui s’impose dans ce mo- ment de grande émotion natio- nale », a indiqué la présidence, soulignant que l’exécutif avait décidé de « placer en priorité », pour l’heure, « la fin de l’opéra- tion de sauvetage » de l’édifice millénaire. Ainsi, le conseil des ministres de mercredi devait être « entièrement consacré » à ce su- jet, pour évoquer notamment le lancement d’une souscription nationale. Selon des responsables macro- nistes, le chef de l’Etat pourrait donc dévoiler ses annonces post- grand débat seulement la se- maine prochaine. Cette option, non confirmée par l’entourage de M. Macron, a notamment été pré- conisée par le patron de La Répu- blique en marche (LRM), Stanislas Guerini, mardi matin, lors d’une réunion de la majorité. « Je ne vois pas comment on peut parler de la taxe d’habitation dans les jours à venir, alors que le sauvetage de Notre-Dame n’est pas encore tota- lement acquis », observe un diri- geant du parti présidentiel. MEETING ANNULÉ A l’unisson de M. Macron, la quasi- totalité des responsables de partis ont à leur tour modifié leur calen- drier. Depuis lundi soir, les uns après les autres ont annoncé une suspension ou une trêve, au moins pour vingt-quatre heures, de leur campagne pour les élec- tions uploads/Ingenierie_Lourd/ journal-le-monde-et-suppl-du-jeudi-18-avril-2019 1 .pdf

  • 15
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager