UNIVERSITÉ SORBONNE NOUVELLE – PARIS 3 ÉCOLE DOCTORALE 120 EA 172 – Centre d’Ét

UNIVERSITÉ SORBONNE NOUVELLE – PARIS 3 ÉCOLE DOCTORALE 120 EA 172 – Centre d’Études et de Recherches Comparatistes (CERC) Thèse de doctorat nouveau régime Littérature générale et comparée ÉMILIE LUCAS-LECLIN L’ouverture de l’image dans les œuvres de Claude Simon, Peter Handke et Richard Powers Sous la direction de M. le Professeur Philippe Daros Soutenue le 6 décembre 2011 Jury : Mme Anne Tomiche M. Philippe Daros M. Stéphane Michaud Mme Tiphaine Samoyault 2 3 Mes remerci ements vont d’abord à m on directeur de recherche, M. Philippe Daros. En engageant une pratique de la littérature ouverte sur le mon de et sur ses interrogations les plus urgentes, ses séminaires n ’ont pas seulement ac compagné mon travail, ils ont déterminé pour une bonne part mon engagement dans la recherche. Je souhaite lui exprimer ici toute ma gratitude pour son soutien bienveillant, et pour ses précieux con seils sans lesquels je n’aurais pas trouvé mon chemin. Je remercie mes collègues du département de littérature générale et comparée de Paris 3 grâce auxquels j’ai eu la chance de mener mes recherches d ans des conditions agré ables et sti mulantes tout en enseignant. Ma gratitude va aussi à toute l’équipe de la revue TRANS : les discussions que nous avons partagées, souvent animées et passionnantes, ont nourri ma réflexion et mon travail. Je remercie tous mes amis pour leur soutien chaleureux et consta nt, ainsi que ma famille, dont j’ai parfois mis la patience à rude épreuve. Enfin, je tiens à remerci er tout particulièrement mon compagnon, Hervé, avec qui j’ai partagé tout au long de ces années les moments de doute comme les moments de joie. Pour le pire et le meilleur. 4 5 Sommaire ABREVIATIONS........................................................................................................................... 7 INTRODUCTION GENERALE........................................................................................................ 9 PREMIERE PARTIE – LES PARADOXES DE L’IMAGE OUVERTE.......................... 37 Introduction : L’image comme ouverture ............................................................................ 39 CHAPITRE 1 – LES « REGIMES » DE L’IMAGE : UN DEBAT ENTRE « ARCHEOLOGIE » ET « POLEMOLOGIE » ................................................................................................................... 45 1. La double référence au romantisme et au réalisme : un nouvel « âge » de l’image ?...... 52 2. Les limites de la théorie des « âges » de l’image............................................................. 81 CHAPITRE 2 – AU-DELA DU PRINCIPE DE VISIBILITE : « LA DIALECTIQUE DU VISUEL »........ 97 1. Une matière visuelle hétérogène : premiers éléments d’une typologie............................ 97 2. La dialectique entre voir et savoir : la dis-jonction entre visible et dicible au sein de l’image................................................................................................................................ 126 3. Déchirure de l’image et désorientation du regard : le « battement » dialectique entre devant et dedans................................................................................................................. 164 4. La dialectique du deuil et du désir : l’image et son « cône d’ombre »........................... 180 CHAPITRE 3 – LA DISTINCTION DE L’IMAGE : UNE DIALECTIQUE ENTRE PUISSANCE DE LIAISON ET PUISSANCE DE DELIAISON................................................................................... 209 1. « Bousiller » l’histoire : l’image comme « puissance de déliaison »............................. 211 2. La puissance de liaison de l’image : la dialectique entre image et histoires.................. 252 Conclusion provisoire ........................................................................................................ 274 DEUXIEME PARTIE – L’IMAGE DU TEMPS QUI VIENT........................................ 277 Introduction : « Toujours devant l’image, nous sommes devant le temps »...................... 279 CHAPITRE 1 – L’IMAGE « CRITIQUE » : LA DISJONCTION ENTRE TEMPS ET RECIT............. 283 1. Le cercle entre temps et récit : lorsque « le temps devient humain »............................. 284 2. La mise en crise des représentations du temps comme ordre et succession – continuum ............................................................................................................................................ 290 CHAPITRE 2 – IMAGE ET MEMOIRE TRAUMATIQUE : LA REPETITION COMME SYMPTOME D’UNE FRACTURE DES TEMPS ?.............................................................................................. 327 6 1. L’image « symptôme » : un passé qui ne passe pas....................................................... 327 2. Archéologie d’une rupture de l’organicité des temps : un nouveau régime d’historicité ? ............................................................................................................................................ 338 3. La répétition comme symptôme de l’« effondement » de la mémoire : le travail de l’oubli ................................................................................................................................. 353 CHAPITRE 3 – « QUAND EST-CE MAINTENANT ? » IMAGE ET MEMOIRE DU PRESENT......... 373 1. Image et mémoire du présent ......................................................................................... 373 2. « Quand est-ce maintenant ? » ....................................................................................... 389 3. L’image du temps qui vient : « organiser le pessimisme » ............................................ 403 Conclusion provisoire ........................................................................................................ 461 TROISIEME PARTIE – ÉTHIQUE DE LA FORME ET JEU DES IMAGES : LORSQUE LE TOUT EST L’OUVERT........................................................................... 465 Introduction : L’ouverture de la forme esthétique ............................................................. 467 CHAPITRE 1 – « JEU » DES IMAGES ET « CRISE DE L’APPARENCE » : LA « PHRASE-IMAGE » COMME « MONTAGE »............................................................................................................ 471 1. La dialectique du jeu et de l’apparence.......................................................................... 474 2. « Bricolage », « parataxe », « montage » : une syntaxe de l’hétérogène ....................... 500 CHAPITRE 2 – LE MONTAGE COMME EPREUVE DU CHOC, DE LA DISSONANCE OU DE LA CONTRADICTION IRONIQUE : DIFFERENTES FORMES DE « PARATAXE ».............................. 521 1. Three Farmers : un montage stéréoscopique ? .............................................................. 523 2. Le Jardin des Plantes : montage et discordance ............................................................ 535 3. Mon Année et La Perte de l’image : une poétique de « la contradiction ironique »...... 545 CHAPITRE 3 – « AU LIEU DE REPRESENTATION, DIS PEUT-ETRE PARFOIS “POSSIBILITE” » : LA REDEFINITION DU PARTAGE DES ROLES ENTRE AUTEUR ET LECTEUR............................ 565 1. L’œuvre comme « proposition » de sens – de parcours de lecture ................................ 567 2. La question de l’inachèvement : les paradigmes de « l’esquisse » et de « l’épreuve » . 575 3. La redéfinition du rôle du lecteur................................................................................... 587 CONCLUSION GENERALE ....................................................................................................... 627 BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................... 641 INDEX DES NOMS PROPRES..................................................................................................... 677 TABLE DES MATIERES............................................................................................................ 681 7 Abréviations Œuvre de Claude Simon Le Jardin des plantes : JP Œuvres de Peter Handke Mein Jahr in der Niemandsbucht : MJ Mon Année dans la baie de personne : MA Der Bildverlust : BV La Perte de l’image : PI Œuvre de Richard Powers Three Farmers on Their Way to a Dance : TW Trois Fermiers s’en vont au bal : TF 8 9 Introduction générale Aux sources du sujet Le choix du sujet de cette thèse est né de la lecture, très stimulante, de la théorie narrative proposée par Paul Ricœur dans son incontournable somme, Temps et Récit 1, et d’un certain nombre de questionnements laissés ouverts par le philosophe. Stimulante, cette théorie l’est dans la mesure où elle inscrit la littérature – le récit – dans des enjeux de sens profondément renouvelés par une mise en relation singulière entre herméneutique, éthique et poétique. Paul Ricœur propose de faire du récit de fiction « un cas paradigmatique » de sa théorie dans la mesure où il « répond » au « problème fondamental que représente le rapport de l’homme au temps2 ». En liant le récit à la notion transhistorique de muthos ou d’intrigue, définie comme « création d’une structure de sens3 », le philosophe confère au texte fictionnel un rôle de compréhension et de modélisation de l’expérience et du temps humains. La littérature, et plus précisément le roman, se trouvent ainsi exhaussés à une fonction médiatrice d’expériences, voire à une fonction métaphysique, dans la mesure où ils permettent de « résoudre » les apories de la pensée spéculative sur le temps : à la discordance de l’expérience temporelle, irréductiblement déchirée entre temps subjectif et temps objectif, répond la concordance discordante de l’intrigue dont la structure synthétique permet d’unifier les temps, de « réparer la déchirure » temporelle. De ces deux premières fonctions découle une troisième, d’ordre ontologique, celle de stabiliser l’identité des personnes4 : la notion d’« identité narrative », qui se réalise à travers la structure même du récit comme muthos, est en effet présentée par le philosophe comme constitutive de l’identité des individus et des collectivités. 1 Ricœur, P., Temps et Récit I, L’intrigue et le récit historique, Seuil, « L’ordre philosophique », 1983 ; Temps et Récit II, La configuration dans le récit de fiction, Seuil, « L’ordre philosophique », 1984 ; Temps et Récit III, Le temps raconté, Seuil, « L’ordre philosophique », 1985. Les trois tomes ont été réédités dans la collection « Points Essais » en 1991 : nous citerons désormais le texte dans cette édition de poche, en utilisant les abréviations TR, I ; TR, II ; TR, III. 2 Ricœur, P., « De la volonté à l’acte. Un entretien de Paul Ricœur avec Carlos Oliveira », in Temps et récit de Paul Ricœur en débat, dir. par C. Bouchindhomme et R. Rochlitz, Cerf, « Procope », 1990, p. 29. 3 Ibid., p. 21. 4 Ces trois fonctions sont évoquées dans l’article de Rainer Rochlitz, « Sens et tradition chez P. Ricœur », in Temps et récit de Paul Ricœur en débat, op. cit., pp. 139-161. 10 Bien qu’extrêmement séduisante, de par son ambition et le rôle donné à l’objet littéraire, cette théorie ne manque pas de soulever des interrogations. Outre un certain nombre de problèmes méthodologiques, qui ont trait aux relations entre philosophie, ou théorie, et littérature5, le point d’achoppement principal d’où peut naître le débat est le rapport problématique de Paul Ricœur à l’idée de « modernité ». On sait que le philosophe a lui-même évoqué dans Temps et Récit l’existence d’une « uploads/Litterature/ 2011pa030184.pdf

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