Association de la Revue de l’histoire des religions LA LAMPE ET L'OLIVIER DANS

Association de la Revue de l’histoire des religions LA LAMPE ET L'OLIVIER DANS LE CORAN Author(s): Clermont-Ganneau Source: Revue de l'histoire des religions, Vol. 81 (1920), pp. 213-259 Published by: Association de la Revue de l’histoire des religions Stable URL: https://www.jstor.org/stable/23663435 Accessed: 07-12-2019 20:02 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Association de la Revue de l’histoire des religions is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de l'histoire des religions This content downloaded from 197.23.165.206 on Sat, 07 Dec 2019 20:02:21 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms LA LAMPE ET L'OLIVIER DANS LE CORAN I Adrien de Longpérier a consacré jadis1 une savante notice à une belle lampe arabe en cuivre appartenant au Musée du Louvre et provenant de la mosquée dite d'Omar, à Jérusalem2. Après en avoir déterminé l'âge approximativement — elle remonterait, suivant lui, au xn0 siècle — le regretté archéo logue recherche le nom qu'il convient de donner à ce genre de lampe représenté par l'exemplaire du Louvre, et qui consiste essentiellement en une enveloppe métallique ajourée, destinée à recevoir la lampe proprement dite. Il croit l'avoir trouvé dans un verset du Coran : ce serait ce qu'il appelle une mkch kah. Voici dans quels termes il s'exprime à ce sujet : 1) Ad. de Lougpérier, Œuvres I, pp. 456-459. (extraite des Collections célèbres d'œuvres d'art ete., de E. Lièvre, 1866, livre I, 15e livraison, pl. 37.) Voir le récent article de M. G. Migeon dans Syriu, 1920, p. 56, pl. VII. 2) L'objet acquis par notre consul général M. Edmond de Barrère et géné reusement offert fiar lui au Louvre, doit provenir du makhzen, vaste salle de débarras du Haram où étaient entassés pèle-même toute espèce d'objets hétéroclites, plus ou moins endommagés, provenant des deux mosquées. Ce dépôt où j'ai pu pénétrer, non sans peine, en 1867, contenait encore, gisant dans un désordre indescriptible et sous une couche de poussière séculaire, de précieux débris qui auraient fait la joie de bien des collectionneurs et qu'on aurait pu acheter alors à des prix de famine : grandes lampes en cuivre, ver reries brisées, splendides carreaux de faïence émaillée, boiseries sculptées, etc Ce dépôt est une sorte de grande cave voûtée (qabou), adjacente à la mosquée d'EI-Aqsa, du côté est. Le chroniqueur de Jérusalem, Moudjîr ed-din en parle sous le nom de la Nedjâra (« l'atelier de charpenterie »), en disant que c'est une construction qui remonte probablement à l'époque fátimite et qu'on y dépose le matériel du Haram (El-ouns el-djelil, texte arabe du Caire, p. 369). 15 This content downloaded from 197.23.165.206 on Sat, 07 Dec 2019 20:02:21 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 214 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS A l'intérieur, on posait une lampe (le verre dont ايlumière lançait ries rayons à travers les mille petites ouvertures pratiquées dans le cuivre; c'est une image de la lumière divine assez conforme à l'esprit du Coran. On peut comparer en effet cette enveloppe si finement découpée au grillage qui clôt une mischkah, niche dans laquelle on a placé une lampe servant de fanal. Les émaux opaques appliqués à la surface des grandes lampes de verre leur donnent aussi le caractère d'un grillage. On ne saurait douter de l'intention symbolique qui a présidé à la fabrication de ces ustensiles, quand on lit sur quelques-uns d'entre eux, par exempt sur une admirable lampe de verre émadlé apparte nant à M. de Nieuwerkerke, le commencement du verset 35du vingt-quatrième chapitre du Coran (■Sourate de la lumière)1 : « Dieu est la lumière des cieux et de la terre; sa lumière ressemble à une mischkah contenant une lampe, la lampe est dans un verre ; le verre est comme une étoile brillante. » Sans doute le rapprochement est ingénieux. Je crois pour tant qu'il ne doit être accepte qu'avec réserve et sous bénéfice d'inventaire. En effet, Longpérier tranche ainsi la question sans tenir suffisamment compte de l'incertitude où l'on est sur le sens véritable, sur l'origine même du mot en litige Avant d'examiner ce point, j'estime utile de donner dans leur ensemble le texte et la traduction de ce passage du Coran qui n'est cité que partiellement ; d'autant plus qu'il prête, comme on le verra, à des observations d'un ordre plus général. دئلا1 ق حابِصلا حِابصمه اب,ف تأكّننمآَ ترِهد لئُ اماألأَر لنّآاهيتسلا رود هسقرش ال د ييز نكزاٌ ؛مض ص يوري ىند سكوك بكل هعأجز ا مل زن أهمبز دأكد نِيرغ ألِه-أألمنّ هنثا ىدأّد رود لع رز راي طء ملء ىذ لذب هللاو خَمصانلل ل انيأل أ هللا برِ,ضل٠ ءاشي ٠م Allah est la lumière des cieux et de la terre; sa lumière est comme une m_ يء،اdans laquelle il V a un misbdh, le misbdh (est) dans un verre, le verre (est) comme une étoile brillante; il s'allume (au moyen) d'un arbre béni, un olivier qui n'est ni oriental, ni occidental, et dont l'huile peut éclairer même si 1) Ainsi que me le rappelle M. Max van Berchem, le début de ce verset figure en effet presque toujours sur le col des lampes arabes en verre émaillé, tandis que les noms ou qualités du titulaire sont inscrits sur la panse. This content downloaded from 197.23.165.206 on Sat, 07 Dec 2019 20:02:21 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms LA LAMPE ET L'OLIVIEH DANS LE CORAN 215 un feu ne la touche pas C'est lumière sur lumière. Allah dirige vers sa lumière qui il veut; Allah emploie les paraboles pour les hommes; Allah connaît toutes choses ! Il semble bien que Mahomet— ou l'informateur qui lui avait fourni le renseignement — décrit ici, pour ainsi dire d'après nature, un certain appareil d'éclairage dont il a, ou dont il a eu quelque spécimen réel sous les yeux, et qui, nouveau pour lui, a fait sur son esprit une vive impression. Ce n'est vraisem blablement pas à Médine ou à la Mecque, soit dans le sanctuaire de la Ka'aba, soit encore moins chez de simples particuliers, Arabes comme lui et peu raffinés, que le prophète a pu avoir l'occasion d'observer et d'admirer une pareille lampe qui lui paraissait sortir de l'ordinaire. Alimentée à l'huile d'olive, avec sa flamme brillante, dont l'éclat s'avivait de celui de son récipient en verre, elle devait éclipser singulièrement le lumi naire primitif à l'aide duquel on pouvait s'éclairer tant bien que mal à cette époque dans les pauvres intérieurs de la tribu des Koreichites ou dés tribus voisines. Quand on ne s'y conten tait pas de la vague lueur du foyer, ou du clair de lune, ou de l'obscure clarté qui tombe des étoiles et qui n'est pas à dédai gner dans les belles nuits du ciel oriental, on devait recourir à quelques mauvaises torches fumeuses2. Tout au plus s'y ser vait-on, à l'occasion, de quelques récipients de fortune, en argile ou tout autre matière grossière, simples lampions ou godets, où sûrement on ne brûlait pas de l'huile d'olive, trop t) L'imagination des Musulmans — j'en ai eu récemment une preuve curieuse, au cours d'un entretien avec l'un d'eux des plus intelligents — n'a pas manqué de chercher dans ce passage du verset une prédiction de Mahomet annonçant la découverte de la lumière électrique. C'est ainsi qu'ils citent couramment certains hadith où se trouveraient prédites les découvertes modernes les plus irtiportantesj par exemple l'emploi des bateaux à vapeur en attendant ceux qu'ils ne manqueront pas, si ce n'est déjà fait, d'appliquer à l'aviation et à la télégraphie sans fil. 2) Voir à ce sujet les judicieuses observations de M. Guidi, Délia sede pri mitiva deipopoli semitici(Atti... Acad. dei Lincei, 1878-1879, série III, vol. III p. 603). This content downloaded from 197.23.165.206 on Sat, 07 Dec 2019 20:02:21 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms צا )؛REVUE 1)1 ؛L_T01KE DES RELIGIONS coûteuse et. difficiie à se procurer, mais peut-être de l'hu sésame, sinon quelque autre substance grasse plus comm encore1. Ce type de lampes vulgaires correspond à ce qu'on appelle aujourd'hui encore en Syrie ,جارûràdj\ mot d'origine ara méenne ( ,אגרשchei'âgâ), qui est visiblement apparenté à جرتس ,جرsiridj, siridj, (( huile de sésame )) .؛Tel est justement le mot avec lequel Mahomet était familier. C'est, celui, par exemple, dont il se sert quand, empruntant comme d'habitude ses images à la phraséologie biblique*, il nous parle du soleil placé dans le ciel par Allah comme un sirâdj .؛ Le fait que Mahomet n'emploie pas dans sa parabole ce mot qui, cependant, semblait être tout indiqué par l'application métaphorique même qu'il en fait ailleurs, me parait bien mar quer que ce qu'il a en vue ici ce n'est pas le sirâdj ordinaire, mais, comme je l'ai supposé plus haut, quelque appareil d'éclairage plus perfectionné, dont uploads/Litterature/ 23663435la-lampe-et-l-x27-olivier-dans-le-coran-pdf.pdf

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