www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Françoise XENAKIS (France) (19

www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Françoise XENAKIS (France) (1930-) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées. Bonne lecture ! 1 Née à Blois, le 27 septembre 1930, elle «prit son enfance de travers», ainsi qu’elle l’a confié. Elle fréquenta les lycées d’Orléans, de Paris, de Blois, de Romorantin, de Saint-Germain-en-Laye, et quelques institutions privées. Puis elle fit des études de droit et de psychologie. À dix-neuf ans, elle rencontra Iannis Xenakis. Né en Roumanie, il s’était évadé de Grèce car condamné à mort, s’était réfugié à Paris où il était ingénieur, architecte et compositeur joué dans le monde entier. Elle l’épousa en 1953. En 1956, naquit une fille, Mâkhi Xenakis, qui allait devenir peintre et sculptrice. Mâkhi était le surnom de l’héroïne qui avait sauvé son père à la guerre et avait été décapitée. Françoise Xenakis travailla comme attachée de presse, pour l’enfance délinquante et l’alphabétisation des immigrants. Elle eut des activités politiques militantes. Mais écrire devint sa principale façon de militer : _________________________________________________________________________________ ‘’Le petit caillou’’ (1961) Roman Claude, adolescente de seize ans mal aimée et rejetée par sa mère, Jeanne. En pension en province, elle rêve à elle, s'invente jour après jour une mère idéale qui n'a plus de rapport avec la réalité. En effet, lorsque l'été arrive, et qu'elle la rejoint en Sologne où elle est institutrice, elle a l'impression que c'est une étrangère qui l'accueille. Or elle la surprend en flagrant délit avec son très jeune amant, un paysan dont elle est entièrement occupée. Claude essaie de se venger en le séduisant, s’installe dans la folie et en meurt. Commentaire Claude éprouve pour cette mère castratrice un amour-haine qui s’exaspère en obsession revancharde, puis en pulsion de mort. De facture traditionnelle, le roman matérialise l’idée fixe sous la forme du «petit caillou» qui, référence à la dureté de la Terre-Mère, allait réapparaître comme un signifiant privilégié dans l’œuvre de Françoise Xenakis. _________________________________________________________________________________ ‘’Des dimanches et des dimanches’’ (1965) Roman Une avalanche s’est déclenchée dans une station de ski. Elle a enseveli une jolie fille de dix-huit ans. Mais personne ne se soucie de sonder la neige, sauf sa mère, une humble femme, qui revient dimanche après dimanche pour chercher le corps avec un piolet dans la neige, tout en se rémémorant sa vie de femme divorcée, avec sa fille très jeune et de rares flirts. La retrouver devient une idée fixe, illogique puisque la petite est sûrement morte. Elle en a vaguement conscience sans pouvoir s'empêcher de revenir à la station toutes les semaines pour creuser, chercher. Et cela dure des dimanches et des dimanches tandis que la vie s'écoule comme d'ordinaire par ailleurs, que les plaisirs du sport d'hiver, la curiosité et l'indifférence rencontrée, accentuent sa souffrance. Seul un petit garçon de l’hôtel est fasciné par la fille disparue sous la neige et par la mère. Jusquà quand continueront les dimanches? 2 Commentaire Le roman, qui est une cantilène de la solitude, de la désespérance d'une âme mal armée pour échapper aux mauvais coups du sort, prend une force presque épique, cette histoire d’un coeur simple étant marquée par la fatalité. Dans ce qui est plutôt une description d’ambiance, les hôtes de l'hôtel sont dessinés avec de petits traits fins. «Deux skieurs passaient en riant et s'arrêtèrent, cherchant son regard, quêtant une approbation à leur joie, mais la femme ne voulut pas les regarder, eux, leurs belles dents et leurs yeux brillants.» - «Ce soir-là, ce fût un véritable festival de lieux communs, d'histoires lues, racontées partout, et arrivées décidément à tous.» Des faits divers, surtout les mauvaises nouvelles des journaux, traversent le récit qui oscille entre les tons dramatique, triste, cynique, aigre, agressif, sensuel et féerique (grâce au petit garçon qui dit à son ami : «Viens m'aider. J'en ai déjà parlé à papa et à maman, ils sont d'accord. Puisqu'elle n'a plus d'enfant, je vais me prêter un peu à elle, pas pour de vrai, bien sûr, mais un petit peu.»). _________________________________________________________________________________ ‘’Aux lèvres pour que j'aie moins soif’’ (1970) Roman Trois femmes seules qui «font métier de charité» dans une permancence sociale partagent la misère des marginaux à qui elles sont censées apporter de l’aide. Deux d’entre elles vivent, par personne interposée, la chronique que leur invente la troisième d’une vie à trois. Cette jeune mythomane dit avoir eu de «Lui» une «Enfant» imaginaire, affirmant : «L’essentiel est qu’elle ne reste pas boîteuse de l’enfance.» Commentaire Dans ce texte moderne, sans clôture, sorte de montage-collage, plusieurs discours s’entrecroisent, rendant la lecture d’abord malaisée, puis passionnante, au fur et à mesure que les trois chants se fabriquent, structurant une voix collective, la confusion et l’infiltration fantasmatique du réel, du social et de l’imaginaire. Les rappels obsédants, orchestrés par les silences-blancs, font affleurer toutes les résonances du non-dit de ce poème en prose. On voit fonctionner l’identité compensatoire, se dégager un rêve de bonheur tendre, de vie à trois., Lui, Elle et l’Enfant. _________________________________________________________________________________ ‘’Écoute’’ (1971) Roman Le texte évoque deux mères et deux fils militants dans un pays en guerre, avec la litanie des villages rasés, des enfants-troncs, des cadavres «fabuleuses sculptures abstraites» au napalm, gonflés par les eaux des digues rompues, des empalements, des pendaisons. L’une des mères vit reléguée dans une petite maison, depuis que son compagnon est mort après cinq mois de camp. Et elle se demande ce qu’est devenu l’enfant qu’on lui avait enlevé, qui fut placé dans une pension d’État pour enfants de déviationnistes? «Pourvu qu’il ne soit pas en train de refaire le monde […] pourvu qu’il le refasse et réussisse […] mais qu’il garde quand même le goût du bonheur.» Le jeune homme, qui a appris la révolution dans la montagne, meurt lentement, les mains enlacées dans les boyaux, tout comme le fils de l’autre mère, qui était las des révolutionaires en chambre. 3 Commentaire La guerre dramatise la relation particulière de la femme-mère à la mort, en réduisant le trajet du ventre à la tombe. Tout cet insoutenable est soutenu jusqu’au bout par une écriture dépouillée, qui tend plus vers le silence que vers le cri, et dont le lyrisme sait dire aussi bien le scandale du monde, la tendresse, l’amour profond de la vie et de la chair, avec un sens aigu des petits détails qui marquent le réel. _________________________________________________________________________________ ‘’Et moi, j'aime pas la mer’’ (1974) Autobiographie Pendant plus de quarante-cinq ans, chaque été, Françoise Xenakis a vécu un enfer. Iannis, son mari, ne délaissait la musique que pour sa seconde passion, le kayak en haute mer. Mais pas seul, en famille. Afin que «son bonheur soit complet», disait-il. Tout le temps et par tous les temps, il fallait ramer. Et quand une crique, parfois, apparaissait, il fallait qu’elle soit déserte pour que femme et enfant puissent, enfin, se prélasser au soleil. Sinon, Iannis Xenakis remettait son fier esquif à l’eau. Qu’importe si, dans la manoeuvre, le bébé prenait l’eau en même temps que le barda familial. Il faut dire que le maître avait été champion olympique de la catégorie. Bref, Françoise Xenakis, qui n’aimait pas la mer mais aimait son mari, le haïssait (?) chaque été. Commentaire Cette histoire vraie en est une d’aliénation amoureuse d’une femme à un homme impérieux et égocentriique. Comme l’enfant, «ce bourgeon de lui», est en lien direct avec le père, elle ne se considérait que comme «le panier porteur». Une sourde révolte s’affirme dans ce roman qui est tout de même humoristique et où on retrouve avec bonheur l’écriture iconoclaste, le ton gouailleur de Françoise Xenakis. _________________________________________________________________________________ ‘’L’écrivain ou la sixième roue du carrosse’’ (1975) Essai _________________________________________________________________________________ À partir de 1977, Françoise Xenakis fut chroniqueuse littéraire au journal ‘’Le matin’’, placée à la tête du service '’Romans et vie des lettres', responsable du '’Matin des livres'’. Elle tint également la chronique littéraire de ‘’L'Express’’ et à l'émisssion ‘’Télématin’’ (France 2) où elle savait donner l'envie de lire les livres qu'elle présentait. _________________________________________________________________________________ ‘’Elle lui dirait dans l'île’’ (1978) Roman Une femme seule et triste attend. Un homme, au loin, dans une île, souffre dans sa chair. Elle aurait tant de choses à lui dire, quand elle irait le voir... Jour après jour, heure après heure, voici trois ans qu'ils l'ont emmené et qu'il est prisonnier dans l'île. Elle vit seule en ville et toute sa vie est rythmée par la venue, au matin, du facteur qui doit lui apporter le reçu tant attendu, papier officiel qui lui 4 permettra de se rendre sur les lieux où celui qu'elle aime souffre d'une détention physique et mentale insoutenable. Là-bas, le soleil brûle et les pierres sont rouges du sang versé... Les démarches administratives ont succédé aux attentes et queues innombrables. Mais elle ne perd pas espoir. Patiente, solitaire, elle attend, le cœur et la vie suspendus à ce bout de papier. Le jour tant espéré arrive et elle débarque sur l'île, tenaillée par une peur bestiale au ventre. Elle a tant rêvé cet instant, tant ressassé les moindres mots ; elle a au uploads/Litterature/ 25-xenakis-francoise.pdf

  • 12
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager