www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Émile ZOLA (France) (1840-1902

www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Émile ZOLA (France) (1840-1902) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées (surtout ‘’Thérèse Raquin’’, ‘’L’assommoir’’, ‘’Au bonheur des dames’’, ‘’Germinal’’, ‘’L’oeuvre’’ et ‘’La bête humaine’’ qui sont étudiés dans des dossiers à part). Bonne lecture ! 1 Son père, François Zola, né à Venise en 1795, entra dans l'armée du prince Eugène où il fut officier à dix-sept ans, la quitta pour devenir docteur en mathématiques puis ingénieur, dirigea alors les travaux de la première ligne de chemin de fer construite en Europe, entre Liz et Budweis en Haute-Autriche ; puis il passa dans la Légion étrangère où il servit en Algérie, en démissionna pour ouvrir à Marseille un cabinet d’ingénieur, où, brillant concepteur, le premier, il fit des expériences d'éclairage au gaz, proposa dans la région de nombreux projets de grands travaux, parfois très audacieux (docks, port, canaux d’irrigation, etc.). Il vint même à Paris pour y présenter un plan de fortifications par forts isolés et non par ligne continue de remparts. Il y épousa, en 1839, Émilie Aubert, une jeune femme tendre, sensible et nerveuse, qui, fille de petits artisans beaucerons, était née à Dourdan (Seine et Oise) en 1820. Ainsi, le 2 avril 1840, naquit à Paris, 10 bis rue Saint-Joseph, dans un quartier populaire, Émile Zola. En 1843, la famille se fixa à Aix-en-Provence, 33 cours Sainte-Anne puis 6 impasse Sylvacanne. La ville d’Aix passa un traité avec François Zola pour la construction d’un barrage et d’un canal d’adduction d’eau potable, canal auquel il laissa son nom, “le canal Zola”. En 1846, il revint à Paris, pour essayer d’y obtenir l'ordonnance royale nécessaire à ses travaux. Mais, le 27 mars 1847, après des années de tracasseries, quelques jours après les premiers coups de mine dans les rochers de Jaumegarde, il mourut prématurément à Marseille, laissant ainsi à son fils l'image d'un héros du progrès, d'un homme libéral, novateur, audacieux, bâtisseur, d'un de ces conquérants auxquels il donnera dans son œuvre une place capitale. Mais il n'avait pas encore eu le temps d'assurer aux siens une aisance matérielle définitivement assise, ne laissait même que des dettes à sa jeune femme et à son fils qui se trouvèrent donc dans une situation matérielle très difficile, allaient connaître une longue période de difficultés, voire de misère: Les parents de Mme Zola vinrent s’installer chez elle, qui vint vivre hors de la ville avec les ouvriers et les gitans. Elle entreprit de régler la succession de son mari et s’engagea ainsi dans une longue série de procès contre les actionnaires de la Société du Canal d’Aix, ce qui entraîna sa lente ruine. La famille, de plus en plus endettée, allait habiter des logements de plus en plus modestes. En octobre 1847, le jeune Émile, qui était mal portant, qui était timide et zozotant, qui jouissait d’une enfance choyée et libre, mais était sans relations ni fortune dans cette petite ville de province conservatrice, entra à la pension Notre-Dame. Très retardé dans ses études, il n’a su lire qu'à huit ans. Il indiqua, dans une note biographique qu’il a écrite à l'intention de Daudet, qu’il y eut «une vie de froissements et de chagrins». Il était appelé «le petit Parisien» par ses camarades. Mais il fit ensuite des études convenables. En octobre 1852, il entra dans la classe de huitième au collège Bourbon, à Aix, où il fut pensionnaire. C'est alors qu'il évolua d’une façon décisive. Après avoir sauté une classe, il remporta, le 10 août 1853, le premier accessit pour le prix d'excellence, le deuxième prix en thème, le premier prix en version, le deuxième accessit en grammaire française, le premier prix en histoire-géographie, le premier prix en récitation classique. Il fit partie de la fanfare du collège, où il jouait, mal, de la clarinette, mais participait aux processions des pénitents encagoulés, aux accueils de parlementaires à la gare et à toutes les fêtes. À la fin 1854, il obtint une bourse. En congé forcé pendant une épidémie de choléra, il lut Hugo, Musset et de nombreux romans-feuilletons (Dumas père, Eugène Sue, Paul Féval, Élie Berthet, Emmanuel Gonzalès....). Il écrivit alors son premier roman : “Un épisode sous les Croisades”. Il fut pensionnaire jusqu'en cinquième mais, ayant obtenu «tous les prix, de véritables triomphes aux distributions», à partir de la quatrième, à l’âge de seize ans, il devint externe et eut alors pendant deux ans une toute autre vie : «rencontre de deux ou trois camarades ayant mes goûts (c’étaient Baille et Paul Cézanne, que Zola allait convaincre de devenir peintre, mais qui le protégea alors et allait rester longtemps son ami : ils formaient avec lui un trio d'inséparables dont il garda une nostalgie qu'il évoqua souvent), promenade de huit à dix heures, après-midi passées à nous baigner dans l'Arc, à lire Lamartine, Hugo et Musset dans la campagne, à battre tout le pays environnant ; nous faisions des vers, des drames et des romans». Pourtant, en troisième, il opta pour la section des sciences Pendant ce temps, sa mère achevait de se ruiner de procès en procès. En 1858, Émile vint avec son grand-père la rejoindre à Paris, la famille habitant 63 rue Monsieur-le-Prince. Se sentant déraciné, il 2 commença une abondante correspondance avec ses amis restés à Aix. Il entra au lycée Saint-Louis, en seconde ès science, externe surveillé. Il était encore boursier, mais ses condisciples, petits ou grands bourgeois, se moquaient de cette tare avec une méchanceté extrême et on est plus sensible à la pauvreté à dix-huit ans qu'à douze. De plus, il eut du mal à suivre le rythme des cours ; il confessa : «Je suis tout d'un coup devenu un cancre. Moi qui avais tous les prix à Aix, je n'avais plus à Paris que le prix de discours français. Je ne faisais absolument rien ; ni devoirs, ni leçons, écrivaillant beaucoup de vers. Pendant les années 1858 et 1859, j'ai lu Montaigne et Rabelais, derrière le dos de mes voisins.» Il tomba aussi gravement malade de la typhoïde, passant, de la mi- août à octobre 1858, par six semaines de délire et de rêve éveillé, lisant alors Michelet, Hégésippe Moreau, Dumas fils... Il écrivit, imités de Musset, de nombreux poèmes dont deux sont conservés (“À mon ami Paul”, “À mes amis”), des contes en prose qui étaient autant de «longs rêves poétiques»). Ces oeuvres le montrent replié dans le souvenir idéalisé du passé et de la nature provençale. Il s’essaya aussi à l’écriture théâtrale avec : _________________________________________________________________________________ “Enfoncé le pion !” Comédie en trois actes et en vers Deux potaches disputent au pion Pitot le cœur d'une femme sous le règne du principal Pingouin. Commentaire Zola s’y vengea de frustrations scolaires. _________________________________________________________________________________ “Rollon l’archer” Drame en vers Commentaire Seul le plan en subsiste. _________________________________________________________________________________ “Annibal à Capoue” Tragédie en trois actes Commentaire Seul le plan en subsiste. _________________________________________________________________________________ “Il faut hurler avec les loups” Pièce en un acte et en vers Commentaire Le texte en est perdu. _________________________________________________________________________________ 3 En janvier 1859, Émile Zola entra en rhétorique. La famille emménagea 241 rue Saint-Jacques, à un sixième étage avec terrasse. Le 19 février, on publia, dans “La Provence”, un poème de lui, “Le canal Zola”, qu’il avait écrit en hommage à son père. En avril-mai, il visita le Salon. Le 23 juin, on publia, dans “La Provence”, un autre poème de lui, “À l’impératrice Eugénie, régente de France”, et, le 4 août, “Mon follet”. Le même mois, il échoua à l’oral du baccalauréat ès sciences. En novembre, s’étant présenté à Marseille en espérant y trouver des examinateurs moins coriaces, il tomba dès l'écrit. Après la mort de son père, ce fut le deuxième événement capital de sa vie, car le baccalauréat était tenu, en ce temps- là, pour la sanction des études classiques et le moyen d’accéder à un statut élevé. Sa mère et lui convinrent de l'inutilité de continuer. Il abandonna ses études. D'ailleurs, la bourse n’aurait pas été renouvelée. Il ne pouvait qu'espérer un très modeste emploi dans quelque administration. «Pas de fortune, pas de métier, rien que du découragement» : il venait de se condamner à «cette vie de bureau, cet égout, cet abîme». En avril 1860, les Zola se réfugièrent dans une seule pièce 35 rue Saint-Victor. Le même mois, il trouva, pour soixante francs par mois, un travail dans l'administration des docks de Paris, mais il ne lui plaisait guère car il ne pouvait concilier la nécessité de gagner sa vie et ses rêves de gloire poétique. Il le quitta en juin, refusant cette «vie de cheval de manège», l'avenir souhaité par sa mère, qui l'aurait conduit à se faire «une position». Comme elle réprouvait discrètement sa conduite et qu’il avait le sentiment d'avoir trahi les espoirs qu’elle avait mis en lui, qu’il frémissait de honte quand il la voyait veiller sur des travaux de couture, il ne voulut plus ajouter à ses charges et ils se séparèrent, tout en se voyant souvent. Tout le reste de uploads/Litterature/ 29-zola.pdf

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