www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Françoise Quoirez dite Françoi

www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Françoise Quoirez dite Françoise Sagan (France) (1935-2004) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées (surtout ‘’Bonjour tristesse’’, ‘’Un peu de soleil dans l’eau froide’’ et ‘’Les faux-fuyants’’). Bonne lecture ! 1 Elle est née le 21 juin 1935 à Cajarc, village du Lot où «si on n’y est pas né, on s’y ennuie». Troisième enfant de Pierre Quoirez, un ingénieur catholique qui dirigeait une compagnie d'électricité, sorte de hussard assez insupportable mais que Françoise trouvait très drôle, et de Marie Laubard, une femme d’esprit conservateur, frivole, toujours gaie, elle avait huit ans de moins que Jacques et Suzanne. De cette dernière elle fut jalouse car elle était très belle (elle devint d’ailleurs mannequin), alors qu’elle n’avait qu’une frimousse et était plutôt garçon manqué. Sa famille bourgeoise lui fit donner, d’abord par une gouvernante, une éducation des plus strictes (on ne prononçait pas de gros mots, on ne devait pas dire du mal de quelqu'un ; à table, il était interdit de parler de politique, de religion ou d'argent), mais dans un cadre chaleureux. Comme elle était la petite dernière et que sa naissance, survenant après la perte d'un bébé, avait paru miraculeuse aux yeux de ses parents, ils la gâtèrent, lui passèrent tous ses caprices, lui accordèrent une totale impunité. Elle reconnut : «Mes parents m'ont protégée.» Sa vocation se manifesta très tôt. À deux ans, elle s'emparait d'un livre pour essayer de le lire, mais ne le tenait pas dans le bon sens. Bien vite, elle ne vécut qu'un crayon à la main, gribouillant, a-t-elle révélé, les vagues idées qui lui passaient par la tête. Et de conclure : «C'est devenu une manie qui a duré très longtemps, la preuve». À cinq ans, elle écrivit à sa mère : «Je ner pas beacou de chose à te dire parce que jan é pas beaucou invanté dans ma tête ma chère maman.» ce qui pourrait la résumer : franche mais portée sur le mensonge, espiègle, peu diserte quand il est question de parler de soi. On peut aussi y voir la définition, précoce, d'un écrivain. Très tôt, elle inventa des contes de fées et se mit à écrire un roman de chevalerie, en vers. Elle adorait amuser ses proches avec ses jeux de mots. Elle pouvait citer ‘’Le Cid’’ par coeur. Elle passa son enfance à Paris, boulevard Malesherbes, dans le XVIIe arrondissement, un beau quartier de la rive droite. En 1940, la famille émigra à Saint-Marcellin dans le Vercors, où le père devait prendre la direction d’une usine, l’installation se faisant à La Fusilière, résidence bourgeoise en pleine campagne. Dès l’année suivante, son père lui offrit un cheval qu’elle baptisa Poulou et avec lequel elle fit de très nombreuses promenades. Elle fut pensionnaire à Lyon, au cours de la Tour- Pitrat, mais revenait à la maison pour les fins de semaine. À dix ans, elle devint championne de tennis. Elle apprit à conduire sur une petite voiture électrique achetée par son père, et à danser lors des surprise-parties de sa soeur. Elle fut pensionnaire au couvent du Sacré-Coeur de Grenoble. À la Libération, toute la famille regagna Paris. Françoise allait prétendre que son père avait été résistant, mais ce n'était pas vrai, et elle fut taraudée par la culpabilité, d’autant qu’alors, à travers un film d'actualité projeté dans un cinéma, elle découvrit les camps de la mort, ce dont elle allait rester hantée toute sa vie, ayant du mal à composer avec une famille qu'elle percevait comme banalement antisémite. En 1947, elle entra au couvent des Oiseaux, dont elle allait être renvoyée trois ans plus tard pour son «dégoût de l'effort» et son «manque de spiritualité». Elle passa au cours Hattemer, autre établissement privé parisien très chic où elle se lia d’amitié avec Florence Malraux, la fille de Clara et André Malraux qui, comme elle, lisait beaucoup et qui allait rester son amie de toujours, la soutenir constamment. En 1951, à l’âge de seize ans, malgré une année surtout consacrée à écouter du jazz à Saint-Germain-des-Prés, elle obtint son baccalauréat, avec un 17 sur 20 à l’épreuve de français en dissertant sur ce sujet : «En quoi la tragédie ressemble-t-elle à la vie?» Elle entreprit alors des études de lettres à la Sorbonne, que, ayant raté ses examens, elle abandonna en plein milieu d’année. Ayant beaucoup lu (Rimbaud [‘’Les illuminations’’ lui avaient fait découvrir la littérature], mais aussi ‘’Adolphe’’ de Benjamin Constant, Stendhal [elle aimait particulièrement ‘’La chartreuse de Parme’’], Gide, Camus, Sartre [‘’Les mots’’], Faulkner [‘’Les palmiers sauvages’’], surtout Proust [voyant en lui l’écrivain idéal, elle déclara : «J’appris tout par Proust»], cette enfant prodige, en 1954, à l'âge de dix- huit ans, écrivit en six semaines de l’été, sous Maxiton et Corydrane, sur un cahier d’écolier, un texte qu’elle ne considérait pas être un roman. Florence et Clara Malraux le lurent, et celle-ci l’incita à le présenter à des éditeurs. Elle en choisit trois. François Nourissier, qui était lecteur chez Denoël, reçut le manuscrit mais ne l'ouvrit pas ; quelques jours plus tard, il finit par le lire sur les conseils d'une amie. Mais c’était trop tard : René Julliard avait réagi le premier, et Françoise Quoirez venait de signer chez lui, demandant 25 000 francs, au hasard. Il lui en offrit le double, ayant flairé en elle un nouveau Raymond Radiguet, alors que le premier avait fait la fortune de la maison. Son père ayant 2 exigé qu’elle prenne un pseudonyme, elle choisit au hasard dans ‘’À la recherche du temps perdu’’ le nom de ces personnages : le prince et la princesse de Sagan. C’est ainsi qu’on découvrit, signé Françoise Sagan : _________________________________________________________________________________ “Bonjour tristesse” (1954) Roman de 188 pages La narratrice, Cécile, jeune Parisienne de dix-huit ans, fréquente avec son père, Raymond, un quadragénaire veuf depuis quinze ans, séduisant, frivole et libertin, et avec la nouvelle conquête de celui-ci, les caves de Saint-Germain-des-Prés. Mais, alors qu'elle va des bras d'un garçon à ceux d'un autre, elle ne goûte pas ces plaisirs, s'ennuie, est triste. «Paris, le luxe, la vie facile. Je crois bien que la plupart de mes plaisirs d'alors, je les dus à l'argent : le plaisir d'aller vite en voiture, d'avoir une robe neuve, d'acheter des disques, des livres, des fleurs. Je n'ai pas honte encore de ces plaisirs faciles, je ne puis d'ailleurs les appeler faciles que parce que j'ai entendu dire qu'ils l'étaient...» Tout lui est devenu fade depuis l'été précédent. En effet, pendant ces vacances sur la Côte d'Azur, elle a découvert son vrai visage et son propre destin. Elle avait quitté son pensionnat pour venir vivre avec son père, auquel la liait une tendre complicité, ces deux-là s'adorant et se comprenant parfaitement. Avec lui et sa maîtresse d’alors, Elsa, une idiote âgée de vingt-neuf ans, elle vint passer l’été sur la Côte d’Azur, où, insouciants et légers, ils menaient une existence hédoniste faite de luxe, de nonchalance, de farniente, d’amis brillants et d’aventures rapides. Cécile flirtait avec Cyril, un jeune voisin, étudiant en droit qui était beau car «sans partager avec mon père cette aversion pour la laideur qui nous faisait souvent fréquenter des gens stupides, j'éprouvais en face des gens dénués de tout charme physique une sorte de gêne, d'absence ; leur résignation à ne pas plaire me semblait une infirmité indécente.» Avec lui elle découvrait la sexualité : «Je connaissais peu de chose de l'amour : des rendez-vous, des baisers et des lassitudes.» Elle découvrait aussi la magie de l’alcool, s'exclamant avec émerveillement : «Quand on est ivre, on dit la vérité et personne ne vous croit.» Alors que leur vie se déroulait paresseusement, au rythme des baignades, des promenades en bateau, Raymond reçut la visite d'une ancienne amie de sa femme, Anne Larsen. Cette femme de quarante-deux ans, directrice d’une maison de couture, forçait l’admiration autant par sa beauté que par son intelligence, son calme légèrement affecté, son caractère volontaire et indépendant, son raffinement, ses façons posées, sa maturité. Cécile était fascinée car Anne représentait tout ce qui lui manquait. Raymond s’éprit d’elle qui s’installa à la villa qu’Elsa quitta. Puis il annonça à Cécile que, ayant décidé de renoncer aux amours éphémères, il allait épouser Anne dès leur retour à Paris. Sa fille en fut étonnée : «Je n'avais jamais pensé à Anne comme à une femme, mais comme à une entité : j'avais vu en elle l'assurance, l'élégance, l'intelligence, mais jamais la sensualité, la faiblesse.» D'abord heureuse à cette nouvelle, elle découvrit cependant peu à peu qu'entre Anne et elle les choses ne seraient pas simples car la future épouse et belle-mère entreprit de remettre un peu d’ordre dans l’existence du père et de la fille. Un jour, à table, elle interdit à celle-ci de continuer à voir Cyril, l’admonestant : «Vous vous faites de l'amour une idée un peu simpliste. Ce n'est pas une suite de sensations indépendantes les unes des autres [...] C'est autre chose […] Il y a la tendresse uploads/Litterature/ 310-sagan-francoise.pdf

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