Proposition de corrigé de la dissertation du Bac blanc, 14/10. Quelques élément
Proposition de corrigé de la dissertation du Bac blanc, 14/10. Quelques éléments pour faire une introduction - La formulation du sujet invite à réfléchir sur le but, la finalité de la littérature. Pourquoi un écrivain écrit-il ? La phrase de Voltaire apporte une réponse brève mais significative : l’écrivain écrit pour agir. - Présupposés du sujet : a- Une telle formule fait écho aux réflexions sur ce que l’on appelle « la littérature engagée ». Que signifie cette expression ? Elle définit une littérature dont le but serait de mettre le talent d’un écrivain, ses œuvres au service de combats politiques ou sociaux. Un exemple célèbre : la lettre J’accuse de Zola au Président de la République lors de « L’affaire Dreyfus ». b- Etymologiquement, s’engager, c’est mettre en gage, donner sa parole, autrement dit se lier par un contrat, ne promesse à quelqu’un ou à un groupe. La littérature engagée serait donc celle dans laquelle un écrivain lie son écriture à une idéologie ou à un combat politique. c- La littérature engagée fait le pari d’une écriture qui pourrait se faire l’égal de l’action directe dans le monde. L’écriture littéraire (et les écrivains) détiendrait un pouvoir, une capacité à influencer, à modifier le lecteur au point de le pousser à transformer le monde. d- L’écriture-action s’est traditionnellement opposé dans l’histoire littéraire à un désir tout autre d’écrire pour le plaisir d’écrire, voire pour le plaisir de créer de la beauté. On peut résumer cela derrière l’idée de l’art pour l’art. => le sujet s’appuie donc sur une opposition fondamentale entre la littérature engagée et l’art pour l’art qui a traversé toute l’histoire littéraire. Problématique : L’écriture littéraire peut-elle s’expliquer par le désir des écrivains d’agir et de transformer le monde et la société ? I – Ecrire c’est agir ou le principe d’une littérature engagée Comme le sous-entend le propos de Voltaire, la littérature ne saurait exister seule. L’écrivain subordonne ses œuvres à une action politique, sociale. Cette littérature engagée courre alors après le mythe d’une parole qui se fait action, d’un pouvoir des mots qui pourraient transformer le monde. A- Le texte littéraire lieu d’un discours politique : Hugo et Les Châtiments Idée : l’œuvre littéraire comme lieu idéal d’un engagement politique. L’œuvre littéraire comme tribune politique d’où l’écrivain entrerait dans la bagarre, quel que soit le sens de ce combat. Le modèle du texte littéraire engagé = le recueil poétique d’Hugo : Les Châtiments (1853): une satire violente contre le régime de Napoléon III (fondé sur un coup d’Etat et une dictature. Exilé politique : Hugo fait entendre par la poésie la voix de l’opposant. Chaque titre des différentes parties du recueil reprend ironiquement un principe du régime de Napoléon (ex : « La société est sauvée », « L’ordre est rétabli). « Il y a dans ma fonction quelque chose de sacerdotal : je remplace la magistrature et le clergé. je juge, ce que n’ont pas fait les juges. Je juge, ce que n’ont pas fait les juges ; j’excommunie, ce que n’ont pas fait les prêtres. » (Projet de « Préface » aux Châtiments intitulé Histoire d’un crime). Hugo : le modèle du poète engagé mais les exemples sont nombreux avec Eluard, Aragon, Desnos (pendant la guerre) jusqu’à Bob Dylan et les « protest songs » des années 1960 (voir par exemple Masters of war sur le Vietnam. B- L’écrivain : une figue impliquée dans les débats du monde Idée : les œuvres comme la personne de l’écrivain sont impliqués dans les débats du monde. Le modèle du « philosophe » des Lumières rompt ainsi avec l’image d’un penseur ou d’un écrivain retranché dans sa « tour d’ivoire » comme Montaigne. Un philosophe au XVIIIe n’est pas un penseur coupé du monde mais un écrivain engagé dans les luttes sociales de l’époque. Son œuvre est la continuation de ses luttes. Ex : l’affaire Calas (protestant injustement accusé du meurtre de son fils catholique) et la composition du Traité sur la tolérance (1763) : réflexion militante sur la tolérance qui reprend le procès Calas. Combat politique et écriture du traité philosophique sont indissolublement liés Un Voltaire, un Montesquieu, un Encyclopédiste ou un Hugo ont conscience d’écrire au service du progrès social. Leur implication dans les débats qui leur sont contemporains est évidente pour eux. C- L’engagement comme mission de l’écrivain Idée : l’engagement comme impératif moral qui définit le rôle de l’écrivain dans la société. L’engagement et l’action politique ne sont plus seulement liées à certaines œuvres mais deviennent la tâche fondamental de l’écrivain. Selon Sartre dans Qu’est-ce que la littérature ? Engagement et action politique = ce qui pousse un écrivain à écrire : Définition de l’écrivain engagé : « Il ne doit jamais se dire : « Bah, c’est à peine, si j’aurai trois mille lecteurs » ; mais « qu’arriverait-il si tout le monde lisait ce que j’écris ? ». Il sait qu’il est l’homme qui nomme ce qui n’a pas encore été nommé ou ce qui n’ose pas dire son nom, il sait qu’il fait surgir le mot d’amour et le mot de haine et avec eux l’amour et la haine entre les hommes qui n’avaient pas encore décidé de leurs sentiments ». II – Littérature et « désengagement » Mais le rôle de la littérature ne saurait se limiter à l’engagement politique. L’idéal d’un texte qui se transforme en action est cependant loin d’être partagée par tous les écrivains. Nombre d’écrivains ont ainsi défendus l’idée que la littérature devait rechercher une beauté qui se situait en dehors des conflits et des combats politiques et sociaux. A/ Ecrire pour agir : une littérature de second rang ? Idée : la littérature engagée a souvent souffert d’un discrédit au sein du public et des écrivains : une écriture militante et qui recherche le progrès moins noble qu’une littérature qui se définirait comme ailleurs et au dessus des considérations sociales ou politiques. Formule d’André Gide (XXe) : « On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments ». Se plaçant sur le plan de la théorie artistique, Théophile Gautier, dans sa « Préface » à Mademoiselle de Maupin, définit l’art pour l’art et du même coup la littérature comme ce qui ne peut servir à rien : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. — L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines » L’écrivain ne doit pas écrire pour agir car la mise en gage de son texte derrière un combat politique avilirait son écriture d’après Gautier. B- Le rêve d’une littérature pure. Gautier et Baudelaire. Idée : pousser le refus de l’engagement jusqu’à l’émergence d’un idéal d’une littérature pure, parfaitement autonome, détachée des conflits du temps et consacrée à la recherche de la beauté par les mots. Ecrire pour écrire. La description du processus d’écriture du poète par le symboliste Mallarmé ou la conception du but de la littérature chez Baudelaire incarnent cet idéal : Mallarmé : écrire, c’est se replier sur soi, se retrancher de la société (abandon automatique de tout désir d’action politique : « Sait-on ce que c'est qu'écrire? Une ancienne et très vague mais jalouse pratique, dont gît le sens au mystère du cœur. Qui l'accomplit, intégralement, se retranche. » dans « Villiers de l’Isle-Adam », Quelques médaillons et portraits en pieds. (œuvre dans laquelle il fait l’éloge de l’un de ses amis écrivains Villiers de l’Isle Adam). Baudelaire, Notes nouvelles sur Edgar Poe (Préface aux Histoires extraordinaires de Poe) : « Une foule de gens se figurent que le but de la poésie est un enseignement quelconque, qu’elle doit fortifier la conscience, tantôt perfectionner les mœurs, tantôt démontrer quoi que ce soit d’utile. (...) La poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’elle- même ; elle ne peut pas en avoir d’autre, et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème. C- « J’écris pour divertir » Idée : la fonction de la littérature est aussi de plonger le lecteur dans le monde de l’imaginaire. Idée d’un univers littéraire coupé du monde réel, sorte d’enchantement romanesque où le lecteur viendrait se divertir. Un pur plaisir du texte ou de l’histoire représentée, racontée. Exemple : le conte de Perrault, le roman feuilleton d’écrivains comme Alexandre Dumas avec Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte Cristo ou Eugène Sue avec Les Mystères de Paris. Une envie de lire et de connaître la suite détachée de toute lecture politique ? Raisonnement qui ne tient pas longtemps car même ces romans portaient en eux la trace des convictions républicaines de leurs auteurs III – L’écriture littéraire : une uploads/Litterature/ 34025221corrige-disserte-ecrire-agir.pdf
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- Publié le Jan 08, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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