Jean Racine Esther - Collection Poésie - Retrouvez cette oeuvre et beaucoup d'a

Jean Racine Esther - Collection Poésie - Retrouvez cette oeuvre et beaucoup d'autres sur http://www.inlibroveritas.net Table des matières Esther...........................................................................................................1 Préface.................................................................................................2 Introduction.........................................................................................5 Prologue ...............................................................................................6 Acte premier........................................................................................9 Acte deuxième...................................................................................24 Acte troisième ....................................................................................44 i Esther Auteur : Jean Racine Catégorie : Poésie Licence : Domaine public 1 Préface La célèbre maison de Saint−Cyr ayant été principalement établie pour élever dans la piété un fort grand nombre de jeunes demoiselles rassemblées de tous les endroits du royaume, on n'y a rien oublié de tout ce qui pouvait contribuer à les rendre capables de servir Dieu dans les différents états où il lui plaira de les appeler. Mais en leur montrant les choses essentielles et nécessaires, on ne néglige pas de leur apprendre celles qui peuvent servir à leur polir l'esprit et à leur former le jugement. On a imaginé pour cela plusieurs moyens qui, sans les détourner de leur travail et de leurs exercices ordinaires, les instruisent en les divertissant ; on leur met, pour ainsi dire, à profit leurs heures de récréation. On leur fait faire entre elles, sur leurs principaux devoirs, des conversations ingénieuses qu'on leur a composées exprès, ou qu'elles−mêmes composent sur−le−champ. On les fait parler sur les histoires qu'on leur a lues, ou sur les importantes vérités qu'on leur a enseignées. On leur fait réciter par coeur et déclamer les plus beaux endroits des meilleurs poètes, et cela leur sert surtout à les défaire de quantité de mauvaises prononciations qu'elles pourraient avoir apportées de leurs provinces. On a soin aussi de faire apprendre à chanter à celles qui ont de la voix, et on ne leur laisse pas perdre un talent qui les peut amuser innocemment, et qu'elles peuvent employer un jour à chanter les louanges de Dieu. Mais la plupart des plus excellents vers de notre langue ayant été composés sur des matières fort profanes, et nos plus beaux airs étant sur des paroles extrêmement molles et efféminées, capables de faire des impressions dangereuses sur de jeunes esprits, les personnes illustres qui ont bien voulu prendre la principale direction de cette maison ont souhaité qu'il y eût quelque ouvrage qui, sans avoir tous ces défauts, pût produire une partie de ces bons effets. Elles me firent l'honneur de me communiquer leur dessein, et même de me demander si je ne pourrais pas faire sur quelque sujet de piété et de morale une espèce de poème où le chant fût mêlé avec le récit, le tout lié par une action qui rendît la chose plus vive et moins capable Préface 2 d'ennuyer. Je leur proposai le sujet d'Esther, qui les frappa d'abord, cette histoire leur paraissant pleine de grandes leçons d'amour de Dieu, et de détachement du monde au milieu du monde même. Et je crus de mon côté que je trouverais assez de facilité à traiter ce sujet ; d'autant plus qu'il me sembla que sans altérer aucune des circonstances tant soit peu considérables de l'Ecriture sainte, ce qui serait, à mon avis, une espèce de sacrilège, je pourrais remplir toute mon action avec les seules scènes que Dieu lui−même, pour ainsi dire, a préparées. J'entrepris donc la chose, et je m'aperçus qu'en travaillant sur le plan qu'on m'avait donné, j'exécutais en quelque sorte un dessein qui m'avait souvent passé dans l'esprit, qui était de lier, comme dans les anciennes tragédies grecques, le choeur et le chant avec l'action, et d'employer à chanter les louanges du vrai Dieu cette partie du choeur que les païens employaient à chanter les louanges de leurs fausses divinités. A dire vrai, je ne pensais guère que la chose dût être aussi publique qu'elle l'a été. Mais les grandes vérités de l'Ecriture, et la manière sublime dont elles y sont énoncées, pour peu qu'on les présente, même imparfaitement, aux yeux des hommes, sont si propres à les frapper, et d'ailleurs ces jeunes demoiselles ont déclamé et chanté cet ouvrage avec tant de grâce, tant de modestie et tant de piété, qu'il n'a pas été possible qu'il demeurât renfermé dans le secret de leur maison. De sorte qu'un divertissement d'enfants est devenu le sujet de l'empressement de toute la cour ; le roi lui−même, qui en avait été touché, n'ayant pu refuser à tout ce qu'il y a de plus grands seigneurs de les y mener, et ayant eu la satisfaction de voir par le plaisir qu'ils y ont pris, qu'on se peut aussi bien divertir aux choses de piété qu'à tous les spectacles profanes. Au reste, quoique j'aie évité soigneusement de mêler le profane avec le sacré, j'ai cru néanmoins que je pouvais emprunter deux ou trois traits d'Hérodote, pour mieux peindre Assuérus ; car j'ai suivi le sentiment de plusieurs savants interprètes de l'Ecriture, qui tiennent que ce roi est le même que le fameux Darius, fils d'Hystaspe, dont parle cet historien. En Esther Préface 3 effet, ils en rapportent quantité de preuves, dont quelques−unes me paraissent des démonstrations. Mais je n'ai pas jugé à propos de croire ce même Hérodote sur sa parole, lorsqu'il dit que les Perses n'élevaient ni temples, ni autels, ni statues à leurs dieux, et qu'ils ne se servaient point de libations dans leurs sacrifices. Son témoignage est expressément détruit par l'Ecriture, aussi bien que par Xénophon, beaucoup mieux instruit que lui des moeurs et des affaires de la Perse, et enfin par Quinte−Curce. On peut dire que l'unité de lieu est observée dans cette pièce, en ce que toute l'action se passe dans le palais d'Assuérus. Cependant, comme on voulait rendre ce divertissement plus agréable à des enfants, en jetant quelque variété dans les décorations, cela a été cause que je n'ai pas gardé cette unité avec la même rigueur que j'ai fait autrefois dans mes tragédies. Je crois qu'il est bon d'avertir ici que bien qu'il y ait dans Esther des personnages d'hommes, ces personnages n'ont pas laissé d'être représentés par des filles avec toute la bienséance de leur sexe. La chose leur a été d'autant plus aisée qu'anciennement les habits des Persans et des Juifs étaient de longues robes qui tombaient jusqu'à terre. Je ne puis me résoudre à finir cette préface sans rendre à celui qui a fait la musique la justice qui lui est due, et sans confesser franchement que ses chants ont fait un des plus grands agréments de la pièce. Tous les connaisseurs demeurent d'accord que depuis longtemps on n'a point entendu d'airs plus touchants ni plus convenables aux paroles. Quelques personnes ont trouvé la musique du dernier choeur un peu longue, quoique très belle. Mais qu'aurait−on dit de ces jeunes Israélites qui avaient tant fait de voeux à Dieu pour être délivrées de l'horrible péril où elles étaient si, ce péril étant passé, elles lui en avaient rendu de médiocres actions de grâces ? Elles auraient directement péché contre la louable coutume de leur nation, où l'on ne recevait de Dieu aucun bienfait signalé qu'on ne l'en remerciât sur−le−champ par de fort longs cantiques : témoin ceux de Marie, soeur de Moïse, de Débora et de Judith, et tant d'autres dont l'Ecriture est pleine. On dit même que les Juifs, encore aujourd'hui, célèbrent par de grandes actions de grâces le jour où leurs ancêtres furent délivrés par Esther de la cruauté d'Aman. Esther Préface 4 Introduction Tragédie Personnage Assuérus, roi de Perse. Esther, reine de Perse. Mardochée, oncle d'Esther. Aman, favori d'Assuérus. Zarès, femme d'Aman. Hydaspe, officier du palais intérieur d'Assuérus. Asaph, autre officier d'Assuérus. Elise, confidente d'Esther. Thamar, Israélite de la suite d'Esther. Gardes du roi Assuérus. Choeur de jeunes filles israélites. La scène est à Suse, dans le palais d'Assuérus. La Piété fait le Prologue. Introduction 5 Prologue La Piété Du séjour bienheureux de la Divinité Je descends dans ce lieu par la Grâce habité. L'Innocence s'y plaît, ma compagne éternelle, Et n'a point sous les cieux d'asile plus fidèle. Ici, loin du tumulte, aux devoirs les plus saints Tout un peuple naissant est formé par mes mains. Je nourris dans son coeur la semence féconde Des vertus dont il doit sanctifier le monde. Un roi qui me protège, un roi victorieux, A commis à mes soins ce dépôt précieux. C'est lui qui rassembla ces colombes timides, Eparses en cent lieux, sans secours et sans guides ; Pour elles à sa porte élevant ce palais, Il leur y fit trouver l'abondance et la paix. Grand Dieu, que cet ouvrage ait place en ta mémoire. Que tous les soins qu'il prend pour soutenir ta gloire Soient gravés de ta main au livre où sont écrits Les noms prédestinés des rois que tu chéris. Tu m'écoutes ; ma voix ne t'est point étrangère : Je suis la Piété, cette fille si chère, Qui t'offre de ce roi les plus tendres soupirs. Du feu de ton amour j'allume ses désirs. Du zèle qui pour toi l'enflamme et le dévore La chaleur se répand du couchant à l'aurore. Tu le vois tous les jours devant toi prosterné, Humilier ce front de splendeur couronné, Et confondant l'orgueil par d'augustes exemples, Baiser avec respect uploads/Litterature/ 692-jean-racine-esther-inlibroveritas-net.pdf

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