1 Université catholique de Louvain Centre Interdisciplinaire d’Études de l’Isla

1 Université catholique de Louvain Centre Interdisciplinaire d’Études de l’Islam dans le Monde Contemporain CISMOCCISMODOC Dossiers documentaires* Le Coran et ses traductions en français Abdessamad Belhaj - mars 2016 Introduction ............................................................................................................................... 2 1. L’histoire du corpus coranique .................................................................................................. 3 2. La langue du Coran et la difficulté des traductions ................................................................... 5 3. Quelques traductions en français ............................................................................................... 5 4. Comparaison à partir de la sourate 4, verset 34 : ...................................................................... 7 5. Suggestions ................................................................................................................................ 9 6. Pour aller plus loin : .................................................................................................................. 9 7. Manuscrit de Birmingham (7ème siècle) .................................................................................. 10 Les dossiers documentaires proposent des textes de synthèse relatifs à des parutions et des analyses concernant l’un ou l’autre aspect des réalités de l’islam contemporain, dont la publication est soumise à évaluation critique préalable du comité directeur du CISMOC.  Abdessamad Belhaj est Chargé de cours invité à la faculté de théologie à l’UCL en islamologie et Chercheur au CISMOC. Pour citer ce texte : A. Belhaj, Le Coran et ses traductions en français, Dossiers documentaires du CISMODOC, mars 2016, 9 p. 2 Le Coran et ses traductions en français Introduction Dans la tradition judéo-chrétienne, le « livre » constitue une référence majeure qui est mobilisée dans des usages variés. L’islam est une « religion du livre » ; elle s’est constituée autour du Coran et a considéré « les gens du livre », ahl al-kitâb, les juifs et les chrétiens, comme proches des musulmans, et supérieurs aux polythéistes. De plus, dans la croyance musulmane, chaque personne se présentera au jour dernier, avec un bilan, son livre rapportant l’ensemble de ses actes dans l’ici-bas. Le Coran s’appelle aussi Livre ; d’abord, pour marquer son appartenance à la série des révélations judéo-chrétiennes. Ensuite pour donner un caractère écrit à l’islam. Enfin, parce que le Livre contient le message fondateur de la foi et de la Loi directement révélées par Dieu. Littéralement, le Coran, Qur’ân, veut dire le livre récité ou lectionnaire, probablement pour son usage dans la prière et dans les invocations. C’est le Livre de Dieu, Kitâb Allâh, et sa parole révélée, par le biais de Gabriel, à Muhammad, écrit dans le mushaf (l’ensemble des feuillets) et préservé dans les cœurs. Il fut transcrit sur des omoplates de chameau, pétioles de palmes, pierres plates, etc. Il se compose de 114 sourates, en trente parties, et en soixante sous-parties, en 6236 versets selon l’édition du Caire de 1924. Selon le récit sunnite, la révélation s’est déroulée en fragments. Le Prophète a reçu un verset, quelques versets ou une sourate à la fois entre 610 et jusqu’à sa mort, en 632. Le récit sunnite donne à certaines sourates des noms uniques et à d’autres différents noms. Pourtant, la majorité des théologiens sunnites croient en la sacralité de l’appellation des sourates, faite selon eux, par le Prophète. L’ordre des sourates est aussi sacré pour la majorité des théologiens sunnites car, d’après eux, il est établi par le Prophète et Gabriel. Il suit généralement un ordre selon la taille de la sourate, de la plus grande à la plus petite. Certains théologiens sunnites pensent que ce sont les Compagnons du Prophète qui ont déterminé les appellations et l’ordre des sourates. On distingue, dans les révélations reçues pendant les 23 années de la prédication, entre les sourates mecquoises et les sourates médinoises. Le Coran mecquois, constitué de 86 sourates (révélées à partir de 610 selon le récit sunnite), insiste sur les obligations de l’homme à l’égard de son Créateur, le jour dernier, la charité, la récitation, l’unicité divine, le Prophète envoyé à un peuple qui refuse le message et subit la punition, le polythéisme et les signes de la prophétie. Il présente un style ardent, un rythme bref, des images frappantes et des sourates monothématiques. Quant au Coran médinois, composé de 28 sourates, il met l’accent sur la Loi, les batailles, les polémiques contre les juifs, Abraham comme figure centrale, le pèlerinage, la Mecque, le jihad, la communauté, la famille, le caractère du Coran comme Livre, à partir de versets plus longs et des sourates pluri thématiques. Dans l’islam, un autre corpus de textes a une valeur importante (sacrée), il s’agit du hadith. Les deux grandes factions théologico-politiques dans l’islam, sunnite et chiite, ont leur corpus de hadith. Les sunnites se réfèrent à 6 livres ayant autorité (dont les compilateurs sont al-Bukhârî, Muslim, Ibn Mâja, al-Nasâ’î, al-Tirmidhî et Abû Dawûd), qui ont été compilés au 9ème siècle. Les chiites ont quatre compilations (al-Kulaynî, deux rapportées par al-Tûsî et Ibn Bâbawayh), compilées aux 10ème et 11ème siècles. Les uns ne reconnaissent pas 3 l’authenticité des sources des autres et divergent sur les contenus transmis. Cette seconde source est la principale autorité d’exégèse coranique, chez les sunnites et les chiites. Par exemple, nous dépendons dans les circonstances de la révélation des traditions prophétiques. 1. L’histoire du corpus coranique Comment ce texte a-t-il été mis en forme ? Aujourd’hui la question de la compilation et de la canonisation du Coran est débattue. Nous disposons à ce sujet d’une histoire élaborée traditionnellement, dans les milieux intra- musulmans, afin de confirmer la validité de ce texte. Et par ailleurs, les développements des travaux scientifiques ont revisité cette histoire. Les récits traditionnels proviennent du hadith ou des dits des compagnons du Prophète ; ils font autorité chez les musulmans. D’autres récits scientifiques, nés dans le contexte occidental, à partir des recherches philologiques et historiques, se basent parfois sur des sources hétérodoxes ou des traditions musulmanes marginalisées. Des scientifiques musulmans aussi s’y confrontent, quoique vivant généralement en Occident. Les récits traditionnels au sujet de la constitution du corpus coranique Traditionnellement, l’histoire du corpus coranique varie selon les points de vue théologiques que l’on peut adopter. Nous disposons de deux points de vue majeurs sur cette histoire : le point de vue sunnite et le point de vue chiite. Ces points de vue véhiculent des récits fondés sur l’autorité de la tradition. La validité qu’on leur attribue dépend de la confiance qu’on peut avoir (ou ne pas avoir) dans les auteurs musulmans du 9ème siècle qui ont compilé et transmis ces traditions. Le récit sunnite, rapporté par les traditionnistes, les ahl al-hadith, affirme que la mise à l’écrit du Coran a été débutée du temps du Prophète à Médine où il a vécu entre 622 et 632. Ainsi, le Prophète dictait chapitre par chapitre, verset par verset aux scribes de la révélation, katabat al-wahy. Ensuite, il vérifiait avec l’Ange Gabriel l’exactitude, l’emplacement et l’ordonnancement du corpus coranique. Ce processus en soi nous rappelle le conseil de dictée, le moyen de transmettre le hadith le plus répandu au 9ème siècle. Le récit sunnite ajoute que le Prophète a laissé le Coran complet, mais éparpillé sur des pierres et du parchemin. De plus, la transmission n’est pas seulement écrite ; elle est aussi orale dans la mesure où beaucoup de compagnons du Prophète, qui s’appelaient qurrâ’, les lecteurs du Coran, ont mémorisé et préservé le Coran. Après la mort du Prophète, le Calife, à savoir le successeur du Prophète à la guidance de la communauté, Abû Bakr (qui a régné entre 632 et 634) a ordonné la première compilation du Coran, qui consiste à mettre ensemble les chapitres et les versets éparpillés. Le récit sunnite attribue au troisième calife, ʻUthmân (644-656), l’honneur d’avoir établi une vulgate définitive du Coran. Selon ce récit, les musulmans parlaient des langues et des dialectes différents et lisaient le Coran selon des manières qui déformaient le sens des versets. Ce qui posait évidemment problème, mais il est à noter que selon ce récit, il s’agissait d’un problème de lecture et non de contenu. ʻUthmân commença donc par établir que le dialecte de la tribu de Quraysh, c’est-à-dire la langue parlée par la tribu du Prophète, était la langue coranique et arabe unique et la seule référence dans l’orthographe coranique (des récitations différentes de cette orthographe ont tout de même été tolérées par la suite). C’est cette deuxième compilation qui sera considérée comme décisive, car les sunnites 4 croient que la vulgate de ʻUthmân a existé depuis lors jusqu’à aujourd’hui, et est l’unique version ayant autorité. Ce premier texte ne contenait pas les voyelles et les points diacritiques. On aurait donc ajoutées celles-ci sous les ordres d’al-Hajjâj b. Yûsuf, gouverneur d’Iraq et mort en 714. On insiste toutefois pour dire que ces additions ne constituent pas une évolution du corpus coranique. Au 10ème siècle, les sept lectures canoniques du Coran à partir de l’orthographe ʻUthmânienne ont été fixées (avec le rôle principal joué par Abû Bakr b. Mujâhid mort en 936). Ces lectures remontent à des cercles d’exégètes et de transmetteurs du Coran dans des villes différentes. Elles divergent notamment dans la lecture de certains mots où une lecture lit une longue voyelle alors que l’autre voit une courte voyelle. L’édition du Caire reprend une des sept lectures, et la plus répandue en Orient musulman, celle de Hafs d’après ‘Âsim. Le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest récitent selon la lecture de Warsh d’après Nâfi‘. Ces deux lectures dominent le monde uploads/Litterature/ a-belhaj-le-coran-et-ses-traductions-en-francais 1 .pdf

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