Ananda K. Coomaraswamy Hindouisme et bouddhisme Traduit de l’anglais par René A

Ananda K. Coomaraswamy Hindouisme et bouddhisme Traduit de l’anglais par René Allar et Pierre Ponsoye Si, malgré le soin apporté à la copie du texte de ce livre, il subsiste quelques « coquilles » malignes, tu voudras bien m’en excuser, ô lecteur de passage… Puisses-tu en tout cas éprouver l’irrépressible envie d’aller plus loin - si ce n’est déjà fait - sur la voie de la connaissance de certaine pensée immémoriale et « traditionnelle »... C’est là tout ce que je souhaite ! Afin de te tenir au courant de possibles « publications » comme celle-ci, tu peux toujours taper « eReFBe » dans le moteur de recherche de ton programme « peer to peer »… Longue vie aux gueux. R. F. B. HINDOUISME & BOUDDHISME Avertissement de l'auteur de ce livre.................................................... 3 Abréviations des références.................................................................. 4 I L’Hindouisme....................................................................................................... 5 Introduction........................................................................................... 8 Le Mythe............................................................................................. 11 Théologie et Autologie........................................................................ 16 La Voie des Œuvres............................................................................ 27 L'Ordre social...................................................................................... 35 II Le Bouddhisme................................................................................................. 42 Introduction......................................................................................... 44 Le Mythe............................................................................................. 50 La Doctrine.......................................................................................... 57 Courte biographie de A. K. Coomaraswamy....................................... 77 Ouvrages de A. K. Coomaraswamy traduits en français........................................................................................ 79 2 Avertissement de l'auteur de ce livre. Les notes et références sont loin d'être complètes. Leur but est d'aider le lecteur à développer le contenu intelligible de nombreux termes qui ne pouvaient être pleinement expliqués à mesure qu'ils se présentaient, et de mettre l'étudiant à même de recourir à telle ou telle source. Dans le texte, les termes palis sont donnés sous leur forme sanscrite, mais dans les notes le pali est cité tel quel. Nous avons pris soin de collationner partout les sources bouddhiques et brahmaniques : peut-être eût-il été préférable de traiter le sujet dans son unité, sans faire la distinction entre le Bouddhisme et le Brahmanisme. En vérité, le temps vient où une Somme de la Philosophia Perennis devra être écrite, fondée impartialement sur toutes les sources orthodoxes, quelles qu'elles soient. On a cité un bon nombre de parallèles platoniciens et chrétiens importants, d'abord afin de mieux faire ressortir, grâce à des contextes plus familiers, l'enseignement de certaines doctrines hindoues, et ensuite pour montrer que la Philosophia Perennis (Sanâtana Dharma, Akaliko Dhammo), est partout et toujours identique à elle-même. Ces citations ne constituent pas une contribution à l'histoire littéraire. Elles ne prétendent pas non plus suggérer qu'il y ait eu des emprunts de doctrines ou de symboles dans un sens ou dans l'autre, ni qu'il y ait eu des sources indépendantes d'idées analogues, mais qu'il y a un héritage commun issu d'une époque bien antérieure à nos textes, que saint Augustin appelle « la sagesse qui n'a pas été faite, mais qui est maintenant telle qu'elle fut toujours et telle qu'elle sera à jamais » (Conf. IX. 10). Comme le dit justement Lord Chalmers au sujet des parallèles auxquels donnent lieu le Christianisme et le Bouddhisme. « il n'est pas ici question d'emprunts d'une croyance à une autre ; la parenté est plus profonde que cela » (Buddha's Teachings, HOS. 37, 1932, p. XX). Abréviations des références. RV., Rig Vêda Samhitâ. - TS., Taittirîya Samhitâ (Yajur Vêda Noir). AV., Atharva Vêda Samhitâ. - TB., PB., SB., AB., KB., JB., JUB., les Brâhmanas, soit respectivement Taittirîya, Panchavimsha, Shatapatha, Aitarêya, Kaushîtaki, Jaiminîya, Jaiminîya Upanishad. - AA., TA., SA., les Aranyakas, soit respectivement Aitarêya, Taittirîya et Shankhâyana. - BU., CU., TU., Ait., KU., MU., Prash., Mund., Ishâ., les Upanishads, respectivement Brihadâranyaka, Chândogya, Taittirîya, Aitarêya, Katha, Maitri, Prashna, Mundaka et Ishâvâsya. - BD., Brihad Dêvatâ. - BG., Bhagavad Gîtâ. - Vin., Vinaya Pitaka. - A., M., S., les Nikâyas, respectivement Angutara, Majjhima et Samyutta. - Sn., Sutta Nipâta. - DA., Sumangala Vilâsinî. - DH., Dhammapada. - DHA., Dhammapada Atthakathâ. - Itiv., Itivuttaka. - Vis., Visuddhi Magga. - Mil., Milinda Panho. - BC., Buddhacharita. HJAS., Harvard Journal of Asiatic Studies. - JAOS., Journal of the American Oriental Society. - NIA., New Indian Antiquary.- IHQ., Indian Historical Quarterly. - SBB., Sacred Books of the Buddhists. - HOS., Harvard Oriental Series. - SBE., Sacred Books of the East. Uttishthata jâgrata prâpya varân nibodhata (KU. III. 14). Yê sutta tê pabbujjatha (Itiv., p. 41). I L’Hindouisme HINDOUISME & BOUDDHISME Diu heilige schrift ruofet alzemâle dar ûf, daz der mensche sîn selbes ledic werden sol. Wan als vil dû dînes selbes ledic bist, als vil dû dînes selbes gewaltic, und as vîl dû dînes selbes gewaltic bist, als vil dû dînes selbes eigen, und als vil als dû dîn eigen bist, als vil ist got dîn eigen und allez, daz got ie geschuof. Meister Eckhart (éd. Pfeiffer, p. 598) La Sainte Écriture insiste partout sur le fait que l'homme doit se détacher de lui-même. C'est seulement dans la mesure où tu te détaches de toi-même que tu es maître de toi. C'est dans la mesure où tu es maître de toi que tu te réalises toi-même. Et c'est dans la mesure où tu te réalises que tu réalises Dieu et tout ce qu'il crée à jamais. 6 Introduction Le Brahmanisme ou Hindouisme est la plus ancienne des religions ou plutôt la plus ancienne des disciplines métaphysiques dont nous avons une connaissance complète et précise par des sources écrites et, pour les deux derniers millénaires, par des documents iconographiques. Elle est aussi - et peut-être la seule - une discipline qui survit dans une tradition intacte, vécue et comprise aujourd'hui par des millions d'hommes, dont certains sont des paysans, d'autres des hommes instruits, parfaitement capables d'exposer leur foi, aussi bien dans une langue européenne que dans leur propre langue. Néanmoins, bien que les écrits anciens et récents ainsi que les pratiques rituelles de l'Hindouisme aient été étudiés par des érudits européens depuis plus d'un siècle, il serait à peine exagéré de dire que l'on pourrait parfaitement donner un exposé fidèle de l'Hindouisme sous la forme d'un démenti catégorique à la plupart des énoncés qui en ont été faits, tant par les savants européens que par les Hindous formés aux modernes façons de penser sceptiques et évolutionnistes. Par exemple, on remarquera d'abord que la doctrine védique n'est ni panthéiste, ni polythéiste. Elle ne constitue pas non plus un culte des puissances de la Nature, sinon dans le sens de Natura naturans est Deus, où lesdites puissances ne sont rien d'autre que les noms des actes divins. Le karma n'est pas le « sort », sinon dans le sens orthodoxe de caractère et de destin, inhérents aux choses créées elles-mêmes, qui, correctement entendus, déterminent leur vocation. Mâyâ n'est pas l'« illusion », mais représente plutôt la « mesure » maternelle et, les moyens essentiels de la manifestation d'un monde d'apparences fondé sur la quantité, apparences par lesquelles nous pouvons être illuminés ou égarés selon le degré de notre propre maturité. La notion de « réincarnation », au sens ordinaire d'une renaissance sur la terre d'individus défunts, représente seulement une erreur de compréhension des doctrines de l'hérédité, de la transmigration et de la régénération. Les six darshanas de la « philosophie » sanscrite postérieure ne sont pas autant de « systèmes » s'excluant réciproquement, mais, comme le signifie leur nom, autant de « points de vue » qui ne se contredisent pas plus que ne font entre elles la botanique et les mathématiques. Nous nierons également qu'il existe dans l'Hindouisme quoi que ce soit d'unique, rien qui lui soit particulier, hors la teinte locale et les adaptations sociales auxquelles on doit s'attendre ici-bas, où rien n'est connu qu'à la mesure du connaissant. La tradition hindoue est l'une des formes de la Philosophia Perennis, et, comme telle, incarne les vérités universelles dont aucun peuple ni aucune époque ne saurait revendiquer la possession exclusive. C'est pourquoi un Hindou est parfaitement désireux de voir ses Écritures utilisées par d'autres HINDOUISME & BOUDDHISME hommes à titre de « preuves extrinsèques et valables » de la vérité que ces derniers connaissent aussi. Bien plus, un Hindou soutiendrait que ces cimes sont le seul lieu où un accord des différentes formes peut être effectivement réalisé. Ceci dit, nous allons tenter d'établir de façon positive les fondements de la doctrine. Non pas toutefois, comme on le fait d'habitude, d'après la « méthode historique », qui obscurcit la réalité plutôt qu'elle ne l'éclaire, mais en partant d'un point de vue strictement orthodoxe, tant en ce qui concerne les principes que leurs applications. Nous nous efforcerons de parler avec la précision la plus « mathématique », mais sans jamais user de termes de notre propre cru, et sans jamais avancer une affirmation pour laquelle l'autorité scripturaire ne pourrait être citée par chapitre et verset. De la sorte, notre façon de procéder sera elle-même typiquement hindoue. Nous ne pouvons tenter d'examiner l'ensemble des textes sacrés, car cela reviendrait à faire l'histoire littéraire de l'Inde, à propos de laquelle il est impossible de dire où finit le sacré et où commence le profane, car les chants des bayadères et des bateleurs eux-mêmes sont les hymnes de « Fidèles d'Amour ». Nos sources commencent avec le Rig-Vêda (vers 1200 ou davantage avant J-C.) et ne finissent qu'avec uploads/Litterature/ a-k-coomaraswamy-hindouisme-et-bouddhisme.pdf

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