N O U V E L L E R E V U E P É D A G O G I Q U E 13,95 e / ISSN 1764-2116 Lettre
N O U V E L L E R E V U E P É D A G O G I Q U E 13,95 e / ISSN 1764-2116 Lettres Lycée mars 2011 N° 16 Hors série Hors série Un roman d’Ahmadou Kourouma Étude de En attendant le vote des bêtes sauvages 2de/1re Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages - Hors série NRP Lycée / n° 16 / mars 2011 1 É D I T O R I A L Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages Par Frédéric Weiss Quant aux romans de Kourouma entre lesquels on avait le choix, on a écarté, quoique à regret, Allah n’est pas obligé, essentiellement en raison de sa notoriété plus grande parmi certains lycéens qui ont pu quelquefois le lire voire l’étudier en classe. La question des « enfants- soldats » a certes de quoi toucher le public adolescent, comme en témoigne le Prix Goncourt des lycéens qui a été décerné à ce roman de Kourouma en l’an 2000. Mais on a considéré que la nouveauté serait peut-être plus frappante encore avec En attendant le vote des bêtes sauvages. Au demeurant, nous ferons place à cette deuxième œuvre, en en intégrant un extrait dans le groupement de textes. L’organisation du hors série Comme à l’accoutumée, on trouvera dans ce hors série les infor- mations biographiques sur Ahmadou Kourouma, ainsi qu’une série de lectures analytiques portant sur des extraits d’En attendant le vote des bêtes sauvages. Cette approche des textes sera complétée par deux études d’ensemble, dans le cadre de l’étude d’une œuvre suivie, et qui porteront sur deux aspects fondamentaux du roman, à savoir la place de la magie d’une part et la satire politique des dictateurs afri- cains d’autre part. Afi n de faciliter cette compréhension plus globale de l’œuvre, nous avons joint un certain nombre de fi ches de culture générale, qui auront pour but d’apporter une information simple mais nécessaire sur les cultures de l’Afrique de l’Ouest, étant donné le dépaysement auquel beaucoup d’élèves pourraient être confrontés : par exemple, sur l’histoire de l’Empire du Mali et sur l’épopée mandingue qui lui est associée. Ce genre d’apports nous a paru essentiel afi n de replacer le roman de Kourouma dans son contexte culturel, politique et histo- rique, faute de quoi une partie de l’intérêt littéraire d’En attendant le vote des bêtes sauvages risquerait de passer inaperçue. Dans la même intention, nous avons prévu un groupement de textes afi n de donner aux élèves une idée un peu plus précise du travail de quelques autres écrivains francophones d’Afrique, avec pour seule limite d’envisager par priorité des auteurs consacrés, actuels ou plus anciens. Un appareil de fi ches, proposant des activités pédagogiques en relation avec le roman étudié, et vouées à consolider les acquis méthodologiques des élèves, se trouvera en fi n de numéro. On étudiera le roman dans l’édition de poche Points Seuil. Toutes les citations de l’œuvre font référence à cette édition. Le choix de l’œuvre En proposant dans ce hors série l’étude d’En attendant le vote des bêtes sauvages, on a eu comme intention première de sortir des sentiers battus du roman français, pour aborder le continent, souvent méconnu, du roman africain. Ce choix peut se justifi er de plusieurs façons. D’abord, il trouve naturellement sa place aussi bien dans le programme de Seconde que dans celui de Première. Rien n’y interdit de faire appel à des œuvres contemporaines d’expression française, quand bien même leur auteur ne serait pas français. Ahmadou Kourouma est en effet ivoirien. Depuis sa mort en 2003, sa renommée en France n’a cessé de grandir, tandis qu’elle était déjà, et depuis plusieurs décennies, bien établie en Afrique. Sans exagérer, Kourouma peut être considéré comme l’un des écrivains les plus importants de toute l’Afrique francophone. Son œuvre intéresse un public de plus en plus nombreux, partout dans le monde, aussi bien que la critique, les universitaires, les spécialistes de littérature, de politique et d’histoire africaines. Aux élèves et aux professeurs pour qui l’Afrique serait tout à fait terra incognita, ce hors série se voudrait une manière d’initiation. À ceux pour qui ces domaines, infi niment riches et inventifs, sont plus familiers, l’étude que voici fournira peut-être l’occasion d’une réfl exion sur les intérêts littéraires multiples d’un auteur majeur. À tous ceux, en outre, qu’indignent la tendance actuelle au repli sur soi, le racisme, les ravages de la « mondialisation », le mépris de l’autre, la lecture de Kourouma offrira l’antidote, à la fois réjouissante et sérieuse, d’une écriture que caractérisent la dénonciation des tyrannies et des crédulités qui les nourrissent, la passion de la vérité et le regard lucide sur l’histoire, aussi bien que la foi humaniste dans la capacité des citoyens du XXIe siècle à dialoguer, entre égaux, d’un continent à l’autre, d’une culture à l’autre, dans un souci de tolé- rance et de progrès. Tel est, entre autres choses, l’horizon de ce que Kourouma nous dit. Telles sont aussi les valeurs de la francophonie : amour de la langue française, indissociablement lié à la défense des diversités linguistique et culturelle, face aux fantasmes totalitaires d’un monde unifi é sous la bannière du seul marché. Qui mieux que les professeurs de français peuvent – et doivent - offrir aux citoyens de demain cette prise de conscience des enjeux de la francophonie dans le monde actuel, de la vitalité de notre langue, de sa diversité, des valeurs de liberté et d’égalité qu’elle continue de transmettre un peu partout ? Et qui mieux que Kourouma peut nous aider, dans sa verve satirique et son exigence de vertu politique, à nous méfi er des dangers de toute névrose identitaire, de toute xénophobie, de toute velléité de s’en remettre aux dictateurs quels qu’ils soient ? SOMMAIRE > Cahier Nouvelle Revue Pédagogique > Mars 2011 > n°16 Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages Étapes Séances Fiches I. Étude d’une œuvre complète : En attendant le vote des bêtes sauvages II. Évaluation/ groupement de textes Corpus 00 à 00 Corrigés des fi ches élève 00 à 00 Contexte 1. La vie d’Ahmadou Kourouma 0 Repères biographiques 2. La francophonie africaine 0 Culture africaine > 1. La recherche biographique 00 Méthode > 2. Pourquoi la francophonie ? 00 Recherche documentaire Lecture du roman 3. Étude de l’incipit 0 Lecture analytique > 3. L’Empire du Mali (XIIIe-XVe s.) 00 Culture africaine 4. La naissance de Koyaga 0 Lecture analytique 5. La première rencontre de Koyaga et de Bingo 0 Lecture analytique 6. L’assassinat du président Santos 0 Lecture analytique 7. Koyaga chez Tiékoroni 0 Lecture analytique 8. La clausule du roman 0 Lecture analytique 9. La magie dans le roman 0 Étude d’ensemble 10. Les dictateurs africains dans le roman 0 Étude d’ensemble > 4. L’Épopée mandingue 00 Culture africaine > 5. Les « paléos » 00 Culture africaine Évaluations 11. Le récit africain francophone 0 Présentation du corpus 12. Le personnage, une parole et un monde 0 Question de synthèse 13. Alain Mabanckou, Verre cassé 0 Commentaire > 6. La méthode du commentaire 00 Méthode [À VENIR ??] 14. Écrire en français 0 Dissertation / Invention [À VENIR ??] Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages - Hors série NRP Lycée / n° 16 / mars 2011 3 Kourouma avant l’écriture Ahmadou Kourouma est né en 1927 en Côte d’Ivoire, et plus précisément dans le village de Togobala, aux environs de Boundiali, ville du nord-ouest du pays. À l’époque, le pays est une colonie française, qui fait partie de l’Afrique-Occidentale fran- çaise*. Sa capitale est alors Bingerville : Abidjan ne le deviendra qu’à partir de 1933. La famille de Kourouma appartient à l’ethnie* malinké. Les Malinkés font partie du groupe mandingue* (également appelé mandé). Encore aujourd’hui, ils sont domi- nants dans tout le quart nord-ouest de la Côte d’Ivoire. Le peuple mandingue a joué un rôle considérable dans l’histoire de l’Afrique de l’Ouest, puisqu’il a été organisé en un État puissant dès le XIIe siècle, et qu’on nomme communément l’Empire du Mali. Cet empire a donné son nom à l’actuel Mali, et on consi- dère qu’il y a une parenté étymologique entre les noms « Mali » et « malinké ». Le nom « Kourouma », d’origine malinké, signifie « guerrier » dans cette langue. Autrement dit, les ancêtres de Kourouma appartenaient à la noblesse mandingue, ce qui n’est pas sans rapport avec l’intérêt historique que le roman- cier a toujours manifesté au sujet de l’Empire du Mali, et dont on a plusieurs indices dans En attendant le vote des bêtes sauvages. Ce passé héroïque, quoi qu’il en soit, n’est plus guère d’actualité à l’époque de la coloni- sation française, où tous les « indigènes » sont considérés comme des « sujets » par la métro- pole, privés notamment de tout droit politique. Dans cette société fondamentalement inéga- Kourouma commence ses études à Bamako (capitale du Mali), à l’École tech- nique supérieure. Très jeune, il prend conscience de l’injustice du système colonial et uploads/Litterature/ a-kourouma.pdf
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- Publié le Mar 07, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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