Revue des Sciences Religieuses A. Pelletier, S. J. Lettre d'Aristée à Philocrat

Revue des Sciences Religieuses A. Pelletier, S. J. Lettre d'Aristée à Philocrate. Introduction, texte critique, traduction et notes, (Sources chrétiennes n° 89) 1962 Stanislas Giet Citer ce document / Cite this document : Giet Stanislas. A. Pelletier, S. J. Lettre d'Aristée à Philocrate. Introduction, texte critique, traduction et notes, (Sources chrétiennes n° 89) 1962. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 37, fascicule 2, 1963. pp. 209-211; https://www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_1963_num_37_2_2349_t1_0209_0000_2 Fichier pdf généré le 05/04/2018 COMPTES RENDUS 209 L'enseignement proprement dit que présentent les différents exposés des Pères peut se ramener à trois chefs ; la théologie de l'histoire et le rapport entre les deux Testaments ; la typologie adamique et enfin l'engagement de l'Eglise, avec le Christ, dans la lutte finale contre la puissance de Satan. La théologie de l'histoire n'est évidemment pas traitée pour elle-même, elle est diffuse partout, dans la manière dont sont considérées les réalités anciennes et nouvelles. Si Justin accentue par trop la fonction purement préfigurative de l'Ancienne Loi, au risque d'en minimiser la valeur propre, Irénée et Origène ont bien exprimé la continuité absolue entre les deux Testaments. Le Nouveau achève -l'économie que l'Ancien avait inaugurée et, dans le cas présent, la victoire du Christ donne sa signification profonde aux luttes spirituelles menées par l'Israël fidèle. Dans cette perspective même, la typologie devait intervenir largement. C'est surtout 'le personnage d'Adam qui a fixé l'attention des Pères, un peu au détriment de la typologie de l'Exode. Irénée, appliquant au cas présent sa théorie de la « Récapitulation », insiste plutôt sur les ressemblances entre les deux Adam : la victoire du Christ, lors de la Tentation, non seulement délivre le premier Adam mais encore accomplit les attitudes spirituelles exigées par la Loi ancienne. Cet épisode achève une longue pédagogie où l'expérience même du péché devait appeler le salut par la foi au Christ. Origène, tout au contraire, sera plus attentif aux oppositions entre les deux Adam : la seule ressemblance sera dans la tactique du diable, victorieux d'un côté, vaincu de l'autre. Enfin les Pères ont fortement accentué le lien entre la Tentation et la Passion, replaçant la première dans le plan d'ensemble de la lutte du Christ contre la puissance satanique. L'Eglise, à son tour, reprend cette lutte ou plutôt le Christ la continue dans son Eglise, lutte qu'Origène qualifie de « plus vraie » (p. 206), parce que la lutte du Christ terrestre avait pour raison d'être la victoire qu'il devait remporter dans les siens. Certains lecteurs seront peut-être déçus de ne pas trouver dans ce livre une analyse psychologique de la tentation, soit chez le Christ, soit chez le chrétien d'aujourd'hui. Ils devront se rappeler que cette préoccupation était étrangère aux Pères de l'Eglise, soucieux avant tout de dégager de l'Ecriture les grandes perspectives de l'histoire du salut. Nous gagnerions à réapprendre chez eux à contempler ces larges dimensions. Nous avons là un livre solide, bien à sa place dans la collection des « Etudes Bibliques » et qui en plus de ses analyses fouillées offrira au lecteur une grande masse de textes admirables susceptibles de nourrir la vie spirituelle. Théophane Chary A. Pelletier, S. J. Lettre d'Aristêe à Philocrate. Introduction, texte critique, traduction et notes ; in-8, 324 p. ; Paris (Sources chrétiennes n° 89), 1962. Du même. Flavius Josèphe, adaptateur de la Lettre d'Aristêe. Une réaction attieisante contre la Koinè ; 21 X 27, 360 p. ; Paris, Klinek- sieck (Etudes et Commentaires XLV), 1962. Le R. P. André Pelletier s'était déjà fait connaître en éditant VAuto- 210 COMPTES RENDUS biographie de Flavius Josèphe (Collection des Universités de France, 1959). Les deux volumes qu'il vient de publier appartiennent l'un et l'autre à des domaines voisins du précédent.. Le premier est une édition critique de la Lettre d'Aristée, qui marque un progrès certain sur les éditions de Wendland, Thackeray et Tramon- tano. L'auteur a en effet collationné, entre autres manuscrits, le Serag- liensis 8 de Constantinople, et pu compléter la classification de Thackeray, en faisant apparaître dans chaque série chronologique la dépendance relative des témoins. On connaît la légende qui fait l'objet de la prétendue lettre d'Aristée. Son auteur raconte qu'à l'instigation de Démétrios de Phalère, le roi Pto- lémée Philadelphe, désireux d'enrichir la Bibliothèque du Musée, écrivit au grand-prêtre Eléazar pour lui demander la communication des livres saints, et l'envoi de traducteurs. Celui-ci choisit soixante-douze anciens (six par tribu), nos Septante, dont l'arrivée à la cour d'Alexandrie fut l'occasion d'une sorte de banquet des philosophes, source d'un Péri Basi- leias inspiré du monothéisme juif. En réalité, on s'aperçoit vite, aux sutures restées apparentes, que notre juif alexandrin a réuni artificiellement divers documents (relation écrite sur les juifs et tirée des archives du pays, textes de décrets ptolémaïques, mémoires administratifs ou diaires royaux conservés aux archives de la cour...) ; il les a organisés en un ouvrage de propagande à portée politique et religieuse en faveur des juifs (p. 54-55). L'introduction du présent volume s'attache spécialement à la tradition manuscrite et à l'évolution de la légende. L'œuvre daterait du début du IIe siècle avant J.-C. Quant à la traduction — très précise — , elle bénéficie de l'étude parallèle dont il nous reste à parler (1). Car en marge de la tradition directe, il en existe une indirecte représentée par Eu'sèbe et Flavius Josèphe. Or, l'auteur s'est donné à tâche de comparer minutieusement la Lettre et l'adaptation qu'en a faite ce dernier. Il en donne une synopse (p. 307-327) d'après Thaekeray-Marcus (Pourquoi pas d'après Niese, dont l'apparat critique aurait pu fournir des rapprochements utiles ?). Tout au long des chapitres, il se livre à des recherches sémantiques très poussées et d'un grand intérêt, encore qu'elles semblent parfois déborder le cadre strict que pouvait leur tracer l'intelligence et la comparaison des deux textes ; du moins nous valent-elles des remarques pénétrantes enrichies d'une ample documentation épigraphique et papy- rologique. Suivent une série d'excursus sur l'expression du commandement, le titre royal de basileus, l'épithète de hagios en milieu chrétien... et des tableaux du vocabulaire et des principaux démarquages opérés par Josèphe, qui permettent une utilisation facile de l'ouvrage, tant pour apprécier la manière de l'historien juif que pour comparer la koinè et les tendances attieisantes du 1er siècle. (1) Ce n'est pas sans quelque inconvénient : par exemple, en dépit de notes abondantes, c'est dans le second ouvrage (p. 209) qu'on voit justifiée la susbstitution du singulier au pluriel, dans la traduction du troisième paragraphe de la Lettre (p. 103). Autre détail : la remarque faite à propos du Pasteur d'Hermas (p. 252) porte uniquement sur le texte, sans doute amendé, du manuscrit de l'Athos. COMPTES RENDUS 211 Voici quelques-unes des remarques que nous avons notées. Ce qui peut être vrai d'sGvtxéç dans te Nouveau Testament, ne l'est pas d'sôvrj comme le donnerait à penser la citation de saint Paul (p. 79). L'étude des clausules (p. 245) eût appelé quelques éléments de bibliographie. Le titre de basileus (p. 294), au lieu d'avoir été attribué d'instinct à Héraclius. semble bien avoir été pris par lui « comme la consécration de la victoire... remportée sur celui qui se targuait jusque là être le grand roi, l'unique basileus » (L. Bréhier, Les institutions de l'empire de Byzance, p. 50)... Mais il est plus juste de rendre hommage à l'érudition et à la patience déployées par l'auteur tout au long de ses recherches. Stanislas Giet Philon d'Alexandrie, Legum allegoriae. Introduction, traduction et notes par Claude Mondésert ; in-8°, 320 p. — De ebrietate, de sobrietate, traduit par Jean Gorez ; in-S0, 162 p. — De virtutibus. Introduction et notes de R. Arnaldez ; traduction de P. Delobre, R.-M. Servel, A.-M. Verilhac ; in-8°, 160 p. (Les Œuvres de Philon d'Alexandrie, nos 2, 11-12, 26) ; éd. du Cerf, Paris,, 1962. La nouvelle édition des œuvres de Philon d'Alexandrie se poursuit à un rythme exemplaire qui nous vaut presque en même temps trois élégants volumes. Le premier contient le Legum allegoriae, le traité le plus important, au dire d'E. Bréhier, pour la connaissance de Philon. C'est un commentaire allégorique, en trois, livres, des chapitres II-III, 19 de la Genèse : création de l'homme et de la femme, épreuve, chute et châtiment. On y voit d'une façon concrète comment la méthode allégorique est, pour l'auteur, « un instrument indispensable de la vie intérieure ». Comme dans le De opificio mundi, l'unité de l'œuvre est à chercher non dans dans une synthèse personnelle ou dans un système philosophique, mais, dans le récit biblique, ou dans la foi et la vie intérieure d'un juif croyant. Le texte de Philon n'est pas sans difficultés : on n'est pas surpris que la traduction trahisse parfois l'effort ou qu'elle simplifie les formules. Mais à la phrase : « Le vice est à la fois dans le jardin et il n'y est pas » (I, 62), nous préférerions : « II n'est vrai de dire ni que le vice est dans le jardin ni qu'il n'y est pas ». Par ailleurs le mot ct'iaÔYpç désignant tantôt la sensibilité uploads/Litterature/ a-pelletier-s-j-lettre-d-x27-aristee-a-philocrate-introduction-texte-critique-traduction-et-notes-sources-chretiennes-n0-89-1962 1 .pdf

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