1 INTRODUCTION À L’APOCALYPSE 1. L’auteur et l’authenticité 2. Les destinataire
1 INTRODUCTION À L’APOCALYPSE 1. L’auteur et l’authenticité 2. Les destinataires 3. La date de composition 4. Le symbolisme du livre 5. Le texte et la traduction 6. Les diverses écoles d’interprétation 7. Le thème du livre 1. L’auteur et l’authenticité L’auteur du dernier livre du Nouveau Testament se nomme Jean (Apoc. 1:4,9; 22:8) De quel Jean s’agit-il? Certains critiques modernes refusent d’admettre qu’il puisse s’agir de l’apôtre, disciple de Jésus. Ils fondent leur argument sur le fait que l’auteur, ou bien « les auteurs », de l’Évangile et des lettres ne se nomment pas. La critique fait également remarquer la différence, à ses yeux frappante, entre le style et le ton général de l’Apocalypse et le reste de la littérature johannique. Il suffit pourtant de lire l’Évangile et ensuite l’Apocalypse pour se persuader du contraire. Certes, dans l’Évangile, les idées viennent avec douceur, tandis que, dans l’Apocalypse, elles apparaissent de manière si abrupte qu’on ne peut savoir d’avance ce que l’auteur veut dire. L’Évangile souligne l’amour de Dieu, tandis que l’Apocalypse met en évidence sa sévérité et son jugement. L’Évangile décrit la condition intérieure de la vie de l’Esprit, l’Apocalypse s’occupe des événements extérieurs. Le premier est écrit en un grec parfait, d’une grande beauté; le dernier, dans une langue rugueuse, pleine d’hébraïsmes, c’est-à-dire un grec peu policé. On a également prétendu qu’il existe une différence notable entre la doctrine développée dans l’Évangile et celle exposée ici. Le premier témoignerait d’un esprit large et universaliste; il prêche le « quiconque croit » ainsi que le salut par grâce. Le second ferait preuve, prétendent encore les critiques, d’un esprit plutôt étroit. Juif dans sa conception du salut, il soulignerait la nécessité des bonnes œuvres. On fait remarquer finalement qu’au début du 3e siècle, Dionysios d’Alexandrie attribua ce livre à un autre Jean; cette idée fut reprise par l’historien de l’Église de cette époque, Eusèbe de Césarée. Ces arguments ont convaincu certains critiques que le dernier livre du Nouveau Testament fut rédigé par un autre Jean que le disciple de Jésus. Selon eux, Jean fut bien l’auteur du quatrième Évangile; d’autres acceptent l’authenticité johannique de l’Apocalypse, mais prétendent qu’une autre personne, peut-être aussi nommée Jean, rédigea l’Évangile. Il existe aussi des critiques radicaux qui nient que l’Évangile et l’Apocalypse furent rédigés par des personnes prénommées Jean. Examinons de plus près ces arguments. Il est plus que certain que l’auteur de l’Apocalypse qui se nomme Jean était bien connu dans le milieu auquel il s’adressait, et non seulement dans ce milieu restreint, mais encore dans toutes les Églises de l’Asie Mineure. En s’appelant lui-même simplement Jean, on devait nécessairement supposer qu’il s’agissait de l’apôtre. Et s’il ne mentionne pas ce titre, la raison en est qu’il adresse 2 son texte en sa qualité de « voyant » et non pas de témoin oculaire des événements s’étant déroulés jadis (voir Jn 15:27; Ac. 1:21-22; 1 Cor. 9:1; 1 Jn 1:1-4). Nous reconnaissons la différence frappante de grammaire et de style entre les deux écrits, ce qui ne signifie pas que Jean n’en soit pas l’auteur. Mais quelle explication donner alors à ces différences? Il est fort probable que l’Évangile fut rédigé en un grec parfait avec l’aide d’un ou plusieurs secrétaires, tandis que le dernier livre fut écrit directement par l’auteur, isolé sur l’île de Patmos. D’autres éléments entrent en ligne de compte. Il ne faut donc pas exagérer outre mesure ces différences de style et de grammaire, car entre les deux livres nous trouvons un nombre remarquable de similarités. Elles se trouvent jusque dans les constructions grammaticales et des expressions caractéristiques (par exemple dans Jn 7:37 et Apoc. 22:17; Jn 10:18 et Apoc. 2:28; Jn 20:12 et Apoc. 3:4; Jn 1:1 et Apoc. 19:13; Jn 1:29 et Apoc. 5:6). De la même manière, ne nous attendons pas à ce que le style soit absolument identique à celui de l’Évangile. Celui-ci est une histoire, les épîtres sont des écrits personnels, tandis que l’Apocalypse est un dévoilement… apocalyptique, une interprétation symbolique d’événements. Il ne faut pas oublier que, pendant qu’il rédige ce livre, l’auteur se trouve à Patmos, dans des circonstances totalement différentes de celles d’un homme libre. Il dit « être en Esprit ». La nature transcendante du sujet, l’état profondément émotionnel de l’auteur pendant ses visions, ses fréquentes allusions à l’Ancien Testament, soit hébreu, soit grec, expliquent ces différences de style, tout en constatant par ailleurs de remarquables et frappantes similarités. Nous ne nous étendrons pas longuement sur les « différences doctrinales » qui existeraient entre les deux écrits. Le simple fait que l’Apocalypse ne s’oppose pas à l’Évangile est déjà un grand point acquis. En fait, l’Évangile appelle Jésus l’Agneau de Dieu (« amnos », Jn 1:29) et l’Apocalypse le nomme « arnion » (Agneau) 29 fois! Les épîtres de Jean et l’Évangile emploient le titre de « Logos » (la Parole), ainsi que le fait l’Apocalypse (19:13). L’Évangile tout comme l’Apocalypse présentent le Christ comme l’être préexistant, éternel (Jn 1:1; Apoc. 22:13). L’Évangile attribue le salut à la grâce souveraine de Dieu et au sang de Jésus-Christ (Jn 1:29; 3:3; 5:24; 10:10-11); l’Apocalypse en fait autant de manière insistante (Apoc. 7:14; 12:11; 21:6; 22:17). De la même manière, nous retrouverons dans l’Apocalypse la doctrine du « quiconque croit » (Jn 3:36; Apoc. 7:9; 22:17). Objectivement, nous n’apercevons aucune différence doctrinale fondamentale entre les deux écrits. Enfin, concernant l’opinion de Dionysios, il devrait être clair que cette conception se fonde sur une mauvaise lecture d’une affirmation de Papias, probablement influencé par l’opposition au millénarisme (chiliasme) qui cherchait à se justifier en s’appuyant sur l’Apocalypse. L’Église primitive est unanime pour attribuer ce livre à l’apôtre Jean : Justin Martyr (140), Irénée (180), le Canon de Muratori (200), Clément d’Alexandrie (200), Tertullien (200), Origène (233) et Hippolyte de Rome (240). Si nous ajoutons à ceci l’exil de Jean à Patmos (Apoc. 1:9) ou bien le fait qu’il a séjourné à Éphèse durant les dernières années de sa vie et d’où sont adressées les sept lettres (Apoc. 2:1), nous arriverons facilement à la conclusion que le dernier livre de la Bible est bien dû à la plume de Jean, le disciple et apôtre de Jésus. 2. Les destinataires D’après Apocalypse 1:1 et 22:6, les destinataires de cet écrit sont les « serviteurs de Dieu ». Ceux- ci se trouvent dans les sept Églises mentionnées dans les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse, à 3 savoir à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Sardes, à Thyatire, à Philadelphie et à Laodicée (consulter une bonne carte géographique de l’Asie Mineure pour situer ces localités). Le livre fut rédigé à Patmos, petite circonférence rocheuse de trente kilomètres carrés dans la mer Égée, faisant partie du Dodécanèse. Il s’adresse à des chrétiens contemporains. Il est la réponse de Dieu accordée aux prières et aux larmes des chrétiens sévèrement opprimés dans toute l’Asie Mineure. Les paragraphes suivants examineront sous d’autres angles la question des destinataires. 3. La date de composition Quelle est la date de composition? S’agit-il de l’an 69 ou même d’une date antérieure, ou, ainsi que le font certains, faut-il inverser les chiffres pour retenir l’an 96? Il n’existe pas d’argument solide pour la date antérieure. Certains fantaisistes penchent pour cette date-là… parce qu’à cette période Jean « ne connaissait pas encore assez bien le grec… », ce qui expliquerait l’imperfection de son style! Ils se fondent également sur une interprétation assez douteuse d’Apocalypse 11:1 et du temple dont il y est question, qui est pourtant une vision toute symbolique. La date ultérieure recueille davantage d’adhésions. Irénée écrivait : « Car la vision apocalyptique n’a pas été vue il y a fort longtemps, mais presque à notre propre époque, vers la fin du règne de Domitien. » Et encore : « L’Église d’Éphèse, fondée par Paul et habitée par Jean jusqu’à l’époque de Trajan (98-117) est témoin véritable de la tradition des apôtres. » L’Apocalypse reflète une époque où Éphèse avait perdu la ferveur de son premier amour (Apoc. 2:4); Sardes était presque morte (Apoc. 3:1), et Laodicée, détruite durant le règne de Néron et rebâtie par la suite, se vantait de sa prospérité matérielle (Apoc. 3:17). Jean était banni, forme courante de châtiment à l’époque de Domitien; l’Église avait déjà enduré des persécutions dans le passé (Apoc. 20:4), et l’Empire romain comme tel était devenu le grand antagoniste de l’Église (Apoc. 17:9). À la lumière de ces faits, nous aboutirons à la conclusion d’une date de composition tardive, vers la fin du règne de l’empereur Domitien. Le livre fait état d’une persécution sans précédent, lancée contre toutes les Églises. La détresse atteindra très particulièrement celles d’Asie Mineure. Le bannissement de Jean est sans doute le fait d’un décret impérial qui cherche à supprimer le christianisme dans l’Empire. D’après le contenu du livre, nous comprenons que la date, ou l’époque, est celle de la déification officialisée de l’empereur. Ces conditions dominaient en Asie Mineure vers la fin du 1er siècle. Selon l’historien Eusèbe, Domitien exila les chrétiens, uploads/Litterature/ aaron-kayayan-introduction-a-l-x27-apocalypse.pdf
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- Publié le Jul 22, 2022
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