Alcools, Guillaume Apollinaire Télécharger en PDF I Parcours : ré5exions sur «
Alcools, Guillaume Apollinaire Télécharger en PDF I Parcours : ré5exions sur « Modernité poétique ? » L'intitulé du parcours « Modernité poétique ? » pose une question essentielle dans l'histoire du genre poétique, celle de l'aspect formel du texte poétique. Dès le milieu du XIXe siècle, les poètes romantiques annoncent la dissolution du vers et remettent en question les règles de versi8cation alors qu'elles étaient les mêmes depuis Malherbe (poète français du XVIe siècle, théoricien de l'art classique et réformateur de la langue française). Toute la poésie post romantique exprime le désir d'inventer une expression loin des modèles classiques pour créer une forme propre et originale. L 'invention du poème en prose, que Baudelaire rend célèbre grâce à son recueil Le Spleen de Paris ou Petits poèmes en prose, contribue à une nouvelle dé8nition du genre. Le vers libre fait son apparition à la même époque : il correspond le plus souvent à une unité de sens et de rythme qui suit la voix et la sensibilité du poète. Tout au long du XIXe siècle, la poésie s'affranchit donc des codes traditionnels de la versi8cation et le langage devient un matériau que le poète peut utiliser à sa guise. L 'intitulé « Modernité poétique ? » questionne également les thématiques poétiques. Les auteurs de la 8n du XIXe siècle vont trouver de nouveaux motifs poétiques comme les paysages urbains, les métropoles modernes, la foule, etc. Ils souhaitent rendre compte de l'expérience du monde contemporain. Charles Baudelaire est le premier poète de la ville, il met Paris en scène dans les « Tableaux parisiens », section des Fleurs du Mal publiée en 1861. Comme lui, Apollinaire conçoit l'écriture poétique comme un hymne à la modernité. Il célèbre la beauté du monde moderne et de son mouvement perpétuel. L 'intitulé du parcours invite à se poser diverses questions : À quoi tient la modernité d'une œuvre ? La modernité est-elle essentiellement formelle ? La modernité est-elle essentiellement thématique ? Faut-il détruire un monde ancien pour être moderne ? L 'avant-garde suppose-t-elle une arrière-garde ? La tradition et la modernité sont-elles incompatibles ? II L'auteur : Guillaume Apollinaire (1880−1918) Guillaume Apollinaire est né en 1880 et mort en 1918. C'est un poète important de la modernité poétique du début du XXe siècle. Les femmes occupent une place particulière dans son œuvre. Il meurt après la guerre de la grippe espagnole. Fils naturel d'un o[cier italien et d'une aventurière d'origine polonaise, Wilhelm Apollinaris Albertus de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, est un poète du début du XXe siècle. Il naît à Rome et, après une enfance chaotique, il devient précepteur en Allemagne avant de s'installer à Paris en 1902. Dès 1904, il participe à la création du mouvement pictural cubiste et fréquente les intellectuels et les artistes parisiens. La publication de son premier recueil Alcools en 1913 fait de lui le poète de la modernité. Inspiré par les audaces formelles du recueil de Rimbaud Une saison en enfer et le célèbre poème « Le Bateau ivre », il souhaite inventer de nouvelles formes poétiques. À l'occasion d'une conférence en 1917, Apollinaire défend « l'esprit nouveau » et reprend l'injonction de Rimbaud : « Il faut absolument être moderne. » (« Adieu », Une saison en enfer, 1873). Le travail de Verlaine sur la musicalité du vers nourrit également sa rélexion. Profondément marqué par ses ruptures amoureuses (Annie Playden en 1905 et Marie Laurencin en 1913), Apollinaire accorde une place importante aux 8gures féminines dans son œuvre. Il participe à la Première Guerre mondiale. Dans les tranchées, il écrit des poèmes-dessins qui formeront le recueil Calligrammes publié en 1918. Ces pièces sont principalement inspirées par son nouvel amour pour Madeleine Pagès. Blessé par un obus, il est démobilisé et meurt de la grippe espagnole en 1918. III L'œuvre : Alcools, 1913 Le recueil poétique Alcools est écrit par Guillaume Apollinaire entre 1898 et 1913. Le titre de cette œuvre est polysémique. En choisissant l'emploi du pluriel sans article, l'auteur suggère que le terme peut être compris dans une acception métaphorique : remède à la douleur causée par des amours malheureuses, invitation à la fête en référence à Dionysos (dieu du vin et de la poésie), ivresse créatrice d'un auteur qui clame sa soif de vivre. Le titre énigmatique crée un horizon de lecture étonnant qui invite à la rélexion dans la mesure où la plupart des poèmes ne traitent pas d'alcool. L 'architecture du recueil est fractionnée, à l'image d'une œuvre artistique cubiste. Apollinaire fréquente d'ailleurs les peintres de ce mouvement, notamment Pablo Picasso dont il est très proche. Il refuse toute unité pour organiser les cinquante-cinq poèmes du recueil. Il existe néanmoins des jeux d'échos entre les textes et certains cycles sont identi8ables comme celui des amours malheureuses, de la douleur du poète solitaire ou des « Rhénanes ». Alcools est la somme d'un parcours intime. Apollinaire mêle des œuvres de jeunesse et des poèmes écrits juste avant la parution du recueil. Il entrelace une rélexion sur la création poétique et un regard introspectif sur ses souffrances. Apollinaire développe une écriture poétique novatrice et cherche à surprendre le lecteur : par l'emploi d'images insolites ; par la juxtaposition d'éléments de différentes natures ; par une certaine fantaisie verbale. Les formes qu'il choisit tendent à abolir les contraintes d'écriture : il supprime toute ponctuation et utilise fréquemment le vers libre. « Le rythme même et la coupe des vers, voilà la véritable ponctuation et il n'en est point besoin d'une autre. » Guillaume Apollinaire La question de la modernité poétique est complexe et ne doit pas être comprise comme un rejet du passé. Apollinaire s'inscrit dans une démarche de renouveau poétique et souhaite moderniser les caractéristiques traditionnelles. Certains de ses poèmes respectent encore les règles classiques de versi8cation. Le thème du lyrisme amoureux, topos poétique remontant à la littérature courtoise du Moyen Âge, est omniprésent dans son œuvre. Il s'inspire parfois de légendes anciennes, notamment dans la section « Rhénanes » du recueil Alcools : il reprend les motifs et les lieux de la mythologie germanique. Lettre à Henri Martineau - 1913 IV Textes-clés A « Zone » « À la 8n tu es las1 de ce monde ancien Bergère ô tour Eiffel2le troupeau des ponts bêle3 ce matin Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes La religion seule est restée toute neuve la religion Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation4 Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme L 'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X5 Et toi que les fenêtres observent la honte te retient D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin Tu lis les prospectus les catalogues les a[ches qui chantent tout haut Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux Il y a les livraisons à vingt-cinq centimes pleines d'aventures policières Portraits des grands hommes et mille titres divers J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom Neuve et propre du soleil elle était le clairon Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes6 Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent Le matin par trois fois la sirène y gémit Une cloche rageuse y aboie vers midi Les inscriptions des enseignes et des murailles Les plaques les avis7 à la façon des perroquets criaillent8 J'aime la grâce de cette rue industrielle Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes Voilà la jeune rue et tu n'es encore qu'un petit enfant Ta mère ne t'habille que de bleu et de blanc9 Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize10 Vous n'aimez rien tant que les pompes de l'Église Il est neuf heures le gaz est baissé11 tout bleu vous sortez du dortoir en cachette […] » 1 Las : lassé. 2 Tour Eiffel : la construction de la tour fut achevée en 1889 à l'occasion de l'exposition universelle qui eut lieu à Paris. 3 Bêle : pousse un cri de mouton. 4 Port-Aviation : premier aérodrome du monde construit en 1909. 5 Pape Pie X : ce pape était connu pour son conservatisme. Apollinaire en fait ici un éloge ironique. 6 Sténo-dactylographes : secrétaires employées dans les bureaux. 7 Les avis : annonces publiques qui étaient a[chées dans la rue. 8 Criaillent : poussent des cris de volatiles de basse-cour. 9 Bleu et blanc : couleurs généralement attribuées à la Vierge Marie. 10 René Dalize : romancier et poète (1879−1917) ami d'Apollinaire. 11 Le gaz est baissé : il s'agit ici de la lumière au gaz. Expression de la lassitude Personni8cations insolites qui établissent des correspondances entre les sensations auditives et visuelles Éléments du paysage urbain, Paris est un lieu de modernité Champ lexical de la religion Rupture entre deux époques Mouvements du texte : Premier mouvement, volonté de renouveau : de « À la 8n » à « uploads/Litterature/ alcools-guillaume-apollinaire-1ere-cours-francais-kartable.pdf
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- Publié le Jan 14, 2021
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