Gaston Bachelard [1884-1962] (1988) Fragments d’une Poétique du Feu Un document
Gaston Bachelard [1884-1962] (1988) Fragments d’une Poétique du Feu Un document produit en version numérique par Rachid Ouhti, bénévole, professeur agrégé de lettres enseignant au lycée au Maroc depuis 1998, poète et traducteur Page web. Courriel : rouhti@yahoo.fr Dans le cadre de : "Les classiques des sciences sociales" Une bibliothèque numérique fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web : http ://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web : http ://bibliotheque.uqac.ca/ Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. (1988) 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation formelle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, so- ciologue. 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Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES. Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. (1988) 3 Cette édition électronique a été réalisée par Rachid Ouhti, professeur agrégé de lettres enseignant au lycée au Maroc depuis 1998, poète et traducteur à partir de : Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. Établissement du texte, avant-propos et notes par Suzanne Ba- chelard. Paris : Les Presses universitaires de France, 1re édition, 1988, 173 pp. Polices de caractères utilisée : Times New Roman, 14 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’. Édition numérique réalisée le 7 août 2016 à Chicoutimi, Ville de Sague- nay, Québec. Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. (1988) 4 Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. Établissement du texte, avant-propos et notes par Suzanne Bachelard. Paris : Les Presses universitaires de France, 1re édition, 1988, 173 pp. Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. (1988) 5 GASTON BACHELARD MEMBRE DE L’INSTITUT Fragments d’une Poétique du Feu Établissement du texte, avant-propos et notes par Suzanne Bachelard Presses universitaires de France Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. (1988) 6 REMARQUE Ce livre est du domaine public au Canada parce qu’une œuvre passe au domaine public 50 ans après la mort de l’auteur(e). Cette œuvre n’est pas dans le domaine public dans les pays où il faut attendre 70 ans après la mort de l’auteur(e). Respectez la loi des droits d’auteur de votre pays. Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. (1988) 7 Fragments d’une Poétique du Feu. Table des matières Avant-propos. Un livre vécu. [5] Introduction. Coup d’œil rétrospectif d’un faiseur de livres. [27] Chapitre I. Le Phénix, phénomène du langage. [61] Chapitre II. Prométhée. [105] Chapitre III. Empédocle. [137] Conclusion [173] Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. (1988) 8 [4] ISBN 2 13 041454 0 Dépôt légal – 1re édition : janvier, 1988 © Presses Universitaires de France, 1988 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. (1988) 9 [5] Fragments d’une Poétique du Feu. Avant-propos Un livre vécu Retour à la table des matières Dans le courant de l’année 1959, après la publication de La Poé- tique de l’Espace (1957) et la remise à l’éditeur du manuscrit de La Poétique de la Rêverie, mon père entreprit la rédaction d’un nouveau livre. Le désir l’habitait depuis longtemps de reprendre le thème inau- gural, le Feu, de ses études sur les éléments, selon une ligne d’intérêt différente qui était déjà manifeste dans les deux « Poétiques ». Mon père s’en est expliqué dans les textes que nous publions. Quand mon père entreprenait la rédaction d’un livre, après des lectures nombreuses et des notes accumulées, il commençait par le commencement du livre, il ébauchait l’introduction, plus exactement le commencement de l’introduction, parfois avec une note marginale : « un début possible ». Il travaillait par reprise et rectification. Il ne raturait pas. Il annotait le déjà écrit et récrivait. Nombreuses sont les pages où n’étaient marquées que les premières phrases auxquelles il attachait une valeur dynamique. Je me souviens [6] qu’en lisant les Monologues de Schleiermacher il me parla avec admiration du « grand coup d’archet » par lequel commence le livre : « Keine kös- tlichere Gabe vermag der Mensch dem Menschen anzubieten, als war er im Innersten des Gemüths zu sich selbst geredet hat. » Ecrire les Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. (1988) 10 premières pages, c’était prendre son élan, se donner confiance. Ces pages ébauchées, la ligne d’intérêt suffisamment définie pour être un premier guide, il se mettait à la tâche, dans un continuel va-et-vient entre l’introduction et les chapitres du livre. Cette fois, le livre projeté est resté, pour reprendre une expression de mon père, « en chantier ». Le livre n’est pas resté seulement ina- chevé. Le livre s’est fait plusieurs. Les intérêts se sont multipliés, en- trecroisés. Le choix – difficile – est resté ouvert. Mon père voulait s’engager dans une expérience poétique nova- trice. C’est ainsi qu’il désigna d’abord le livre à venir sous le titre : « Le Feu vécu ». Nous transcrivons la toute première ébauche de ce projet initial, trouvée dans un dossier isolé sous le titre « Le Feu vé- cu » : « D’une flamme contemplée faire une richesse intime, d’un foyer qui chauffe et qui illumine, faire un feu possédé, intimement possédé, voilà toute l’étendue d’être que devrait étudier une psychologie du feu vécu. Cette psychologie décrirait, si elle pouvait trouver une cohésion des images, une intériorisation des puissances d’un cosmos ; nous prendrions conscience que nous sommes feu vivant dès que nous acceptons de vivre les images, les images d’une prodigieuse variété que nous offrent le [7] feu, les feux, les flammes et les brasiers. Et la plus grande leçon que nous trouverions dans une psychologie du feu vécu, c’est peut-être de nous ou- vrir à une psychologie de l’intensité – de l’intensité pure – de l’intensité d’être. Si nous pouvions déjà montrer que l’être du feu est l’être d’une in- tensité, nous pourrions tenter d’exposer la réciproque. En nous l’être monte et descend, l’être s’illumine ou s’assombrit, sans jamais reposer dans un “état”, toujours vivant dans la variation de sa tension. Le feu n’est jamais immobile. Il vit quand il dort. Le feu vécu porte toujours le signe de l’être tendu. Les images du feu sont, pour l’homme qui rêve, pour l’homme qui pense, une école d’intensité. Mais, au bénéfice de ces images d’intensité, d’intensité imaginée, on se libère de la brutalité d’une intensité trop vite descendue dans les muscles. Si nous réussissons à bien distinguer les feux d’animus et les feux d’anima, nous verrons que la douceur, le feu doux, le feu d’anima, peut bien recevoir le qualificatif de douceur intense, la marque d’une intensité douce. « En étudiant dans toute son ampleur la psychologie du feu vécu nous aurons mille occasions de faire sentir toutes les répercussions de l’adjectif sur le substantif. Nous ébaucherons une ontologie de l’adjectif. Quand on imagine, les substances sont trop loin – trop loin hors de nous, trop loin en nous-mêmes – et l’imagination vit mieux dans la mobilité des adjectifs. Gaston Bachelard, Fragments d’une Poétique du Feu. (1988) 11 Alors le feu vécu pourra désigner bien des durées vécues, suivre la vie qui coule, qui ondule, la vie aussi qui surgit. Bien rarement la vie temporelle du feu connaît la tranquillité de l’horizontal. Le feu, en sa vie propre, est toujours [8] un surgissement. C’est quand il retombe que le feu devient l’horizontale chaleur, l’immobilité dans la féminine chaleur. « Nous toucherons les contradictions intimes de la psychologie du feu si nous pouvons, dans une dialectique d’animus et d’anima, étudier comme deux pôles de l’imagination, le feu et la chaleur. Pour une psycho- logie complète nous avons besoin de vivre aux deux pôles de notre être androgyne. Nous pourrons alors recevoir le feu dans ses violences et dans son réconfort, tantôt comme l’image de l’amour, tantôt comme l’image de la colère. » Page séminale qui marque l’instant décisif d’une réorientation par rapport aux anciennes méditations sur le feu. La distance au feu spectaculaire s’abolit. En saisissant le surgissement du feu, l’être par- ticipe au feu, l’être uploads/Litterature/ g-bachelard-fragment-d-x27-une-poetique-du-feu-1988.pdf
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- Publié le Oct 15, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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