RICOEUR Paul, Soi­même comme un autre, Seuil, 1990 [Suite d'études qui applique

RICOEUR Paul, Soi­même comme un autre, Seuil, 1990 [Suite d'études qui applique « la méthode fragmentaire qui a constamment été la nôtre » [p345], en f] Préface Question du moi émerge avec Descartes: met le moi au début de la construction du monde. Moi → je pense → j'existe (malgré le démon trompeur) → Dieu existe → les choses existent. Descartes rétablit par la suite l'ordre ontologique tradi Dieu > le monde > moi, ms son oeuvre est poursuivie: ● tradition de Malebranche et Spinoza: « je pense » → « l'homme pense » ● tradition idéaliste (le sujet perd sa réalité; cf Kant) // remise en cause du moi: Nietzsche représente la trad du « cogito brisé ». La déconstruction du langage (il n'y a pas adéquation du langage et de l'être et outrance du langage par la rhétorique; non: tout langage est artifice) et la généalogie tiennent lieu de nouveau démon qui sape de manière radicale le fondement cartésien; le moi devient un champ de phénomènes, au même titre que le monde extérieur, et n'est pas le refuge ultime de la certitude. Soi­même comme un autre veut rétablir la question du soi entre ces deux traditions ● Soi: le soi (selbst, self) se distinguant de l'ego (je, Ich, I) non réfléchi ● même comme: l'ipséité (← ipse identité) vs mêmeté (← idem ressemblance) ● un autre: relations de l'ipséité avec l'altérité → la confiance naîtra au fil de ces textes dont l'aspect parcellaire est assumé: elle n'est pas la certitude de Descartes ni la défiance et la déconstruction généralisée de Nietzsche (malgré ses tentatives de reconstruire d'un après objectif: monde du surhomme etc), mais la certitude intime du soi, la conscience morale (Gewissen plutôt que Bewusstsein). 1. Première étude. La personne et la référence identifiante Comment le langage permet­il de marquer untel comme individu? 1) Par une decription définie (« le 1er homme à marcher sur la Lune » ↔ projet de Quine d'un langage sans nom propre) 2) Noms propres 3) Indicateurs (pronoms, déictique) PF Strawson dans Les Individus pose les bases de l'individualisation: il refuse de la fonder sur l'auto­référence (je – tu en dialogue), de même qu'il refuse de la fonder sur l'ipséité (crainte d'un sollipcisme « je c'est moi »). Il la fonde sur la référence, et sur la mêmeté: Untel est situé dans un cadre spatial et temporel commun; et untel est un corps physique (Strawson évite ainsi de partir des phénomènes psychiques, qui sont la part non­publique de nous­mêmes); le psychique est un prédicat qui en émane [aïe, mon voc est trop naïf] et qui a une visée commune avec les autres psychismes. ==> La mêmeté est mise en avant pour définir la personne. → base nécessaire pour étudier la personne [en gros: base pratique qui évite de verser tout de suite dans l'ésotérique]. La question de l'auto­référence et de l'ipséïté doivent cependant être traitées avec ampleur. 2. Deuxième étude. L'énonciation et le sujet parlant Le point de vue pragmatique part du point de vue du « je » réflexif: Austin et les énoncés performatifs, puis Searle et les actes de langage (speech acts, actes de discours) centrent le discours non plus sur l'énoncé, mais l'énonciateur (bien qu'il y ait eu une tendance de la pragmatique à analyser les actes du discours comme de simples faits mondain et à ainsi éclipser la place du sujet parlant). H Paul Grice analyse même le discours comme un « échange d'intentionnalités se visant réciproquement » [p60] → paradoxe ou aporie: le « je » est­il identifiable comme « il »? ● Benvéniste, Problèmes de linguistique générale, 1966: « je » et « tu » sont les seules vraies personnes; « il » n'en est pas une ms désigne n'importe quel objet du monde (« il parle », « il broute », « il pleut », substituable par « quelqu'un », « on », « untel » etc) ● GG Granger, Langages et épistémologie, 1979: « ancrage » du je: désigne toujours la même personne de l'ici et maintenant, à l'exclusion de tout autre (c'est le contraire de la conception du « je » comme shifter, forme vide et actualisante accueillant n'importe quelle référent). ● Wittgenstein, Tractatus, Investigations, Cahier bleu: je est le point de perspective privilégié sur le monde (ancrage) et pourtant il peut être traité seulement comme un simple contenu du monde: « Par je (dans « je vois »), je n'ai pas voulu dire: L.W., quoique, m'adressant à autrui, je pourrais dire: « C'est maintenant L.W. Qui voit réellement », encore que ce ne soit pas cela que j'aie voulu dire » (Cahier bleu, p66­67) → il faut conjuguer les approches sémantiques (« je » = « il ») et pragmatique (« je » = « je »). Voir Ricoeur, Temps et récit III: « maintenant » = « conjonction entre le présent vif de l'expérience phénoménologique du temps et l'instant quelconque de l'expérience cosmologique » [p69­70]. De même « ici ». De même « je » ou « tu »: conjuguer les 2 approches n'est pas artificiel mais répond à la structure de ces concepts. 1. Troisième étude. Une sémantique de l'action sans agent Recours à la théorie de l'action, ms celle­ci a tendance à minimiser le rôle de l'agent et, partant, sera peu exploitable pr notre démonstration. Qui? (action ← motif) en effet remplacé par la question du Quoi­Pourquoi? (événement ← cause). Si l'on part de l'intention (cf L'Intention de E Ascombe, disciple de Wittgenstein), même deception: l'analyse conceptionnelle ne peut prendre en compte que l'intention passée (« j'ai agi intentionnellement ») ou présente (« j'agis intentionnellement », mais pas l'intention future (« j'ai l'intention de »), car celle­ci n'est pas déclencheur d'un acte (car celui­ci n'a pas eu lieu et n'aura peut­être pas lieu). Pourtant, phénoménologiquement, c'est cette intention de comme promesse qui définit l'intention. Donald Davidson, Actions and Events, 1980: thèse = « l'explication par des raisons est une espèce d'explication causale » [p96] → remet à l'honneur les raisons d'une action → retour à la téléologie (cause efficiente disparaît de la physique et de la causalité avec Galilée) en tant que « le fait pour un événement d'être requis pour une fin donnée est une condition de l'apparition de cet événement » [p98]. Les actions sont des entités primitives au même titre que les substances (« Jean abat les cartes »: Jean + abat+ les cartes), comme en témoignent des questions communes sur les substances et les actions­événements: cette substance (Jean/ les cartes) ou action­événement [j'ai l'impression que PR conjugue les 2 chez Davidson] (abat) peuvent­elles apparaître une fois/plusieurs fois? Être quantifiées (une quelque toute)? → « Tout concourt à soutenir la thèse que les événements sont individués au même titre que les substances singulières » [p106] → perspective limitée par: ● la téléologie induit un but, mais évite l'idée d'une « orientation consciente par un agent capable de se reconnaître comme le sujet de ses actes ». Ainsi l'individuation de l'événement est de l'ordre de l'idem (identité réplique) et non de l'ipse (identité propre) ● au niveau temporel, Davidson s'occupe de l' « intentionnellement » du passé ou du présent, mais oublie que « l'intention de » ouvre au futur. Cette « intention de » sera abordée par Davidson par son concept du « jugement inconditionnel » 2. Quatrième étude. De l'action à l'agent Ascription chez Strawson (← to ascribe; mieux que attribution) au centre de ses thèses: 1) tout prédicat est attribuée ultimement soit à des corps soit à des personnes (unités ultimes) 2) nous attribuons aux personnes des prédicats physiques ou psychiques qui trouvent leur unité en elles (on ne peut les traiter comme des prédicats totalement indep les uns des autres) 3) les prédicats psychiques (ex motifs et intentions) sont attribuables à soi­même ou à un autre tout en gardant le même sens. → l'ascription est une espèce d'attribution, mais si particulière qu'elle n'obéit pas aux principes simples de l'attribution. That's the problem. Chez Aristote: pas de concept de volonté unifié (comme c'est le cas chez Augustin, Descartes, Hegel...). Les actes ont leur principe (arkhè) dépendant de (epi) l'agent lui­même (auto) (Eth Nico III, 1, 1110 a17). Mais noter que le principe (arkhè) et l'immanence d'un principe interne (epi) sont des termes dont Aristote se sert en physique (monde physique et monde animal); ils participent de la jonction du monde éthique (moral) / physique (naturel) chez Aristote. → c'est dans l'auto que réside l'intuition de l'ascription; cela est particulièrement visible dans la 3ème cat de choix proposés par Ar: 1) choix de bon gré 2) choix contre son gré 3) choix préférentiel. Choix préférentiel: « L'objet du choix étant, parmi les choses en notre pouvoir, un objet de désir sur lequel on a délibéré, le choix sera un désir délibératif des choses qui dépendent de nous » (1113 a9­12) → début du dvlpt de la vertu. Aristote lie attribution et ascribtion, ms ne définit le rapport que métaphoriquement (« empire » ou « paternité uploads/Litterature/ alire-ricoeur-paul-soi-meme-comme-un-autre.pdf

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