1 Exposé de Marie-Laure Durand Docteur en théologie 15/09/2010 Montpellier L’ex
1 Exposé de Marie-Laure Durand Docteur en théologie 15/09/2010 Montpellier L’exégèse narrative Présentation et comparaison des différentes grilles d’analyse de la bible L’analyse historico-critique : Elle s’intéresse à l’événement historique dont parle le texte et aux conditions dans lesquelles le texte a été écrit. Double objectif: elle s’intéresse au monde derrière le texte et à l’histoire du texte (ses modifications successives). Questions : que s’est-il passé réellement ? Comment les traditions ont-elles été modifiées ? Quelle est l’intention de l’auteur qui la rédige : pour qui ? Quand ? En vue de quoi ? L’analyse sémiotique ou structurale : Ce qui l’intéresse, c’est le fonctionnement du langage : rien hors du texte, rien que le texte et tout le texte. Question : comment le texte fait-il pour produire du sens ? L’analyse narrative : La critique narrative met l'accent sur la manière dont la littérature biblique fonctionne en tant que littérature. Le « quoi » d'un texte (son contenu) et le « comment » d'un texte (rhétorique et structure) sont analysés comme une tapisserie formant un tout. Elle se situe sur l’axe de la communication. Elle présuppose que l’auteur a mis en place une stratégie narrative (c’est-à-dire la façon de raconter : mise en récit) pour dire quelque chose au lecteur. (Histoire = signifié = quoi et récit = signifiant = comment). Il faut donc regarder comment le texte communique du sens. Question : La question de la narrativité concerne le comment. Comment le texte communique-t-il son message au lecteur ? Par quelle stratégie l’auteur fait-il comprendre ce qu’il souhaite au lecteur ? Mais l’important demeure mon interprétation. La narrativité donne des techniques qui mettent en avant le texte : sa structure, ses détails, sa construction. L’important demeure ce que j’en fais. Il ne faut pas s’arrêter à une analyse de texte : il faut aller jusqu’au sens donc à l’interprétation de ce que je remarque. L’analyse du texte se décline en grands secteurs, en plusieurs optiques. 2 Grille de lecture de l’analyse narrative 1 - L’intrigue : C’est la structure unifiante de l’histoire. C’est elle qui relie les diverses péripéties du récit (ex. les changements, des événements) et les organise en une histoire continue. (Différence avec la chronique qui ne fait qu’énumérer les faits). La conception classique de l’intrigue est pyramidale : à la base, il y a un obstacle à franchir ou une difficulté à résoudre. L’intrigue pivote autour d’un passage à l’acte, préparé par le récit en amont et qui prépare l’aboutissement en aval. 1) Nouement 2) Renversement 3) Dénouement 1) Complication 2) Sommet (climax) 3) Résolution Ex. Luc 4,40 « (1) Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades de toutes sortes les lui amenèrent ; et (2) lui, imposant les mains à chacun d’eux, (3) les guérissait. » On peut également rajouter deux bornes en début et en fin et on obtient un schéma en 5 points. Situation initiale/ Nouement/ Action transformatrice/ Dénouement/ Situation finale. La situation initiale : fournit au lecteur des informations pour comprendre la situation : le qui, le quoi, le comment. Le nouement : c’est le déclenchement de l’action : une difficulté, un conflit, un incident, une entrave. Quelque chose qui fait question. C’est le début de la tension dramatique. L’action transformatrice : elle vise à résoudre ce qui fait question. Cela peut être ponctuel ou un long processus de changement. C’est le moment où les choses tournent. (Le malade est guéri, le traitre est découvert). Le dénouement : c’est l’annonce de la résolution du problème. Il décrit les effets de l’action transformatrice sur les personnes concernées ou la manière dont la situation se rétablit dans son état antérieur. La situation finale : c’est la reconnaissance du nouvel état ou du retour à la normale. A ce moment du récit, la tension narrative installée s’est apaisée. → Ceci est la description d’une structure type qui peut subir de nombreuses modifications dans un récit. C’est un étalon qui permet d’évaluer ce que les récits ont d’unique. → L’histoire peut aussi être interrompue. → Le déroulé va dépendre du cadre que l’on donne au récit. Attention à nos découpages modernes de la Bible (titres des paragraphes insérés par les éditeurs) ! On parle d’intrigue de révélation lorsqu’elle culmine dans un gain de connaissance sur un personnage de l’histoire racontée. On parle d’intrigue de résolution quand ce qui est en question est de l’ordre du faire (exploit, guérison, victoire…). Nouement Action transformatrice Dénouement Situation initiale Situation finale 3 2 - La rhétorique Ce sont les questions qui concernent le sens littéral du texte. Il s’agit de repérer s’il y a des répétitions, des silences, des curiosités, des insistances. Cette analyse vise à repérer les stratégies utilisées par l’auteur afin de mieux comprendre quels messages il a souhaité faire passer. Pour bâtir son récit, l’auteur peut aussi utiliser des stratégies d’écriture qui visent à faire mieux passer son message. Le malentendu : quiproquo intervenant entre les personnages de l’histoire racontée, mais dont le lecteur n’est pas dupe. « Veut-il en plus violer la reine moi étant dans la maison… (Est 7,8)», « Eli, Eli lama sabaqthani…Le voilà qu’il appelle Elie ! (Mt 27,47-50)» Paradoxe : construction de l’intrigue faisant apparaître un enchaînement de faits contraires au bon sens. Ex. le sacrifice d’Isaac. Ironie : mode de discours par lequel le narrateur s’emploie à suggérer un sens inverse à celui qu’il prête aux personnages de l’histoire racontée. L’ironie peut subvertir le sens d’un discours ou d’une situation. Jean 9, Jésus parle aux pharisiens après avoir guéri l’aveugle: « Je vous l’ai déjà raconté, mais vous n’avez pas écouté ! Pourquoi voulez-vous l’entendre encore une fois ? N’auriez- vous pas le désir de devenir ses disciples vous aussi ? » Le symbolisme : quand un motif de l’histoire (une situation, un thème, un objet, un personnage), est porteur d’une signification plus large, sans pour autant que celle-ci soit explicitée par le récit. Exemples : l’eau → l’eau vive, la lumière → la lumière du monde, l’agneau → l’agneau de Dieu, le berger→ le bon berger Ex des situations : le puits, la stérilité… Les reprises de scène-type : Il y a dans la Bible un fait déconcertant : une même histoire est apparemment racontée deux ou trois fois à propos de mêmes personnages ou des personnages différents. C’est une convention littéraire. Ex. la stérilité d’une épouse, Généralement les scènes-types sont associées à un moment crucial de l’existence des héros, leur conception, leur naissance, leur mariage, leur mort. Ex de scènes-types ou figures: l’annonciation, la rencontre avec la future épouse auprès d’un puits ; l’épiphanie dans un champ ; l’épreuve initiatique ; l’expérience d’un danger au milieu du désert et la découverte d’un puits, le testament du héros à l’approche de sa mort. 4 Il faut être convaincu que : Ce n’est pas le produit du hasard. → Donc l’auteur veut nous dire quelque chose en employant telle scène à tel moment de la vie du personnage. Le public est largement familiarisé avec ces thèmes. On peut supposer qu’il y avait même une attente du public, une attente conventionnelle → Il peut n’y avoir que quelques allusions pour que cela soit clair dans l’esprit des personnes. Les duplications ne sont pas à l’identiques → Les variations doivent être analysées car elles sont un objectif. Si quelque chose bouge dans la répétition c’est que quelque chose de nouveau apparaît sur le fond, dans la compréhension. 3 - Les personnages : Les personnages littéraires qu'ils soient réels ou fictifs sont conçus par un auteur et recrées par l'imagination du lecteur. Les personnages révèlent ce qu'ils sont dans leurs discours (ce qu'ils disent et comment ils le disent) par leurs actions (ce qu'ils font) par leur habillement, dans leurs gestes et attitudes (leur manière de se présenter). On connait également les personnages en fonction de la place qu'ils occupent dans la société. Font-ils partie des structures de pouvoir et de domination? Sont-ils en marge? Personnage rond: en trois dimensions, caractère complexe, imprévisible, profond. Personnage plat: à deux dimensions: construits autour d'une seule idée ou qualité. Les figurants jouent un rôle mineur ou les ficelles jouent un rôle passif dans le récit. Des repoussoirs: font contraste. Le lecteur s’identifie, rentre en sympathie ou en empathie avec l’un ou l’autre personnage. Si le lecteur est libre, le narrateur peut induire cette évaluation soit en tenant des propos explicites soit en montrant une situation. « Joseph, son époux, qui était un homme juste… » (Mt 1, 19) « Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit et se retira d’Égypte. » (Mt 2,14) 4 - Le point de vue On appelle point de vue la manière dont une histoire est racontée. L'influence du point de vue se remarque dans les événements que le narrateur choisit de raconter, dans ce que les personnages disent ou font. En comprenant quel est le point de vue du récit, le lecteur découvre les normes, les valeurs, uploads/Litterature/ analisis-narrativo.pdf
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- Publié le Mai 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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