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Cet article est disponible en ligne à l’adresse : http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=APHI&ID_NUMPUBLIE=APHI_644&ID_ARTICLE=APHI_644_0001 Bulletin de Bibliographie Spinoziste XXIII. Revue critique des études spinozistes pour l’année 2000 | Centres Sèvres | Archives de Philosophie 2001/4 - Volume 64 ISSN 1769-681X | pages 1 à 37 Pour citer cet article : — Bulletin de Bibliographie Spinoziste XXIII. Revue critique des études spinozistes pour l’année 2000, Archives de Philosophie 2001/4, Volume 64, p. 1-37. Distribution électronique Cairn pour Centres Sèvres. © Centres Sèvres. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Bulletin de Bibliographie Spinoziste XXIII Revue critique des études spinozistes pour l’année 2000 1 LIMINAIRE SPINOZA LECTEUR D’ARISTOTE Parmi les ouvrages composant la bibliothèque de Spinoza, dont la recension fut faite à la mort du philosophe par le libraire J. Rieuwertsz et le notaire W. Van den Hove, quelques-uns méritent une attention particulière, et c’est le cas de ceux de ses devanciers philosophes. Or, concernant Aristote, l’identification de l’édition possé- dée et donc utilisée par Spinoza demeure relativement incertaine. Nous savons seulement, grâce à A. J. Servaas van Rooijen, que Rieuwertsz écrivit dans le catalogue qu’il dressa, au numéro 12 de la liste des in-folio qui constitue l’unique mention d’Aristote : « Aristoteles 1548. V ol. 2. » 2 Nous devons nous contenter de cette information sommaire : il s’agit soit d’un deuxième volume soit, plus vraisemblablement, de deux volumes d’une édition publiée in-folio en 1548. Mais Servaas van Rooijen ne s’arrête pas à cette formule d’inventaire et s’autorise à commenter comme suit : « Aristoteles, Ars Retorica, ed. P . Victorio V en. 1548 in-fol. Pietro V ettori, littérateur italien, 1499-1585, publia de remarquables Commen- taires sur la Rhétorique, la Poétique, la Politique et la Morale d’Aristote (Florence, 1548-84, 4 vol. in-fol.) De la même année, 1548, et dans le même format, in-fol., je trouve encore : Petrus Victorius Commentarii in tres libros Aristotelis de arte 1. Ce bulletin est rédigé par le Groupe de Recherches Spinozistes (CNRS/CERPHI) en lien avec l’Association des Amis de Spinoza (http ://www.aspinoza.com). La coordination de ce numéro a été assurée par H. Laux et P .-F. Moreau. La liste des titres signalés dans ce bulletin peut être consultée sur le site http : //mapage.cybercable.fr/ottaviani/cerphi. 2. A. J. Servaas van Rooijen : Inventaire des livres formant la bibliothèque de Bénédict Spinoza, publié d’après un document inédit, La Haye (éd. W. C. Tengeler) et Paris (éd. Paul Monnerat), 1889, p. 127. Plus accessible, Bernard Pautrat propose la reproduction de cet inventaire en appendice de la réédition en poche de sa traduction de l’Éthique (1ère éd. Paris, Seuil, 1988 ; rééd. ‘‘ Points ’’, 1999) ; la référence à Aristote se trouve alors p. 641. Archives de Philosophie 64, 2001 dicendi ; positis ante singulas declarationes græcis verbis auctoris. Florentiæ, in officina B. Juntæ, 1548, et Aristoteles de arte poetica, gr. et lat., cum Fr. Robortelli explicationibus ; accessere ejusd. Robortelli in Horatii artem poet. paraphrasis, et explicationes de satyra, epigrammate, comoedia etc. Florentiæ, Laurentius Torten- tinus 1548. 2 part. en un vol., in-folio ; tous les deux selon Brunet. Il dit du dernier livre : Édition peu commune, mais d’un prix médiocre » 3. Ce faisant, lorsqu’il croit identifier la Rhétorique dans l’édition en question, Van Rooijen va trop vite en besogne. Jacob Freudenthal, le premier, mit en doute la justesse du commentaire de Van Rooijen et vit une autre possibilité quand il insista sur le fait que la formule, ne signalant que le seul nom d’Aristote sans préciser aucun titre, laissait plutôt penser à des œuvres complètes : ‘‘ compte tenu des mots donnés, il ne peut pas s’agir de la Rhétorique dans l’édition de Victorius, à laquelle Van Rooijen pense, car celle-ci ne peut pas être désignée simplement par le terme Aristote. Une édition complète de la traduction latine est parue en folio en 1548 à Bâle. Elle était reliée en deux volumes ’’ 4. D’après le recensement de Cranz 5, cette édition est la seule qui soit à la fois de 1548, en deux volumes et in-folio ; elle constitue la réédition à l’identique d’une publication de l’année 1542, à Bâle également 6, et elle est composée de trois parties (trois ‘‘ tomes ’’) mais fut publiée en deux volumes in-folio 7. S’agit-il de l’édition de Spinoza ? Pour en être assuré, il faut encore une preuve irréfutable. Celle-ci nous est fournie par l’étude du chapitre 6 de la deuxième partie des Cogitata Metaphysica où nous rencontrons un fait, anecdotique en lui-même, mais qui prouve de manière à peu près certaine que Freudenthal a vu juste. Au début du chapitre CM, II, 6, qui concerne la vie de Dieu, Spinoza se demande s’il faut dire de Dieu qu’il a la vie ou qu’il est la vie, et il écrit : « [...] sententiam Peripateticorum examinabimus. Hi per vitam intelligunt mansionem altricis animæ cum calore, vide Arist. lib. 1. de Respirat. cap. 8. Et quia tres finxerunt animas, vegetativam scilicet, sensitivam, & intellectivam, quas tantum plantis, brutis, & hominibus tribuunt ; sequitur, ut ipsimet fatentur, reliqua vitae expertia esse. At interim dicere non audebant, mentes, & Deum vitâ carere. V erebantur fortasse, ne in ejus contrarium inciderent, nempe si vitâ careant, mortem eos obiisse. Quare Aristoteles Metaph. lib. 11. cap. 7. adhuc aliam definitionem 3. Ibid., p. 127-128. 4. J. F, Die Lebensgeschichte Spinoza’s in Quellenschriften, Urkunden und Nichtamtlichen Nachrichten, Leipzig, Verlag von Veit & Comp., 1899, p. 276 note 12, où Freudenthal commente la liste des ouvrages de la bibliothèque de Spinoza qu’il a donnée p. 160 sqq. et qui provient de Van Rooijen. 5. Ferdinand Edward C, A Bibliography of Aristotle editions 1501-1600, 2nd ed. with addenda and revisions by Charles B. Schmitt, Baden-Baden, V. Koerner (Bibliotheca bibliogra- phica aureliana, 38*), 1984, p. 49. Cette édition porte la référence ‘‘ 108. 137 ’’. Sous la référence ‘‘ 108. 148 ’’ (p. 51) il est question d’une autre édition en deux tomes d’Aristote, en fait de l’Éthique à Nicomaque, mais il s’agit d’un in-4°. Aucune des autres éditions de l’année 1548 n’est en deux volumes. 6. Référence ‘‘ 108.033 ’’ (p. 38) dans l’ouvrage cité de Cranz. 7. Nous remercions Piet Steenbakkers de l’université d’Utrecht qui a confirmé ces infor- mations d’après la reconstitution qui a été faite de la bibliothèque et qui se trouve à Rijnsburg. ASS. DES AMIS DE SPINOZA 2 vitæ tradit, mentibus tantum peculiarem ; nempe Intellectus operatio vita est ; & hoc sensu Deo, qui scilicet intelligit, & actus purus est, vitam tribuit. V erum in his refutandis non multum defatigabimur ; nam quod ad illas tres animas, quas plantis, brutis, & hominibus tribuunt, attinet, jam satis demonstravimus, illas non esse nisi figmenta ; nempe quia ostendimus in materia nihil præter mechanicas texturas, & operationes dari. Quod autem ad vitam Dei attinet, nescio cur magis actio intellectus apud ipsum vocetur, quam actio voluntatis, et similium » 8 (p. 118-119 de l’édition originale de 1663 = éd. Gebhardt t. I, p. 259-260, l. 15-2). Fait rarissime et décisif, Spinoza reconnaît dans cet extrait une lecture directe d’Aristote en mentionnant deux références précises. Mais un problème se pose d’emblée concernant l’exactitude du renvoi à la Métaphysique : il est, au premier abord, inexact puisqu’il n’est aucunement question de la vie au chapitre 7 du livre 11 ¢ c’est-à-dire du livre K. Aussi R. Caillois écrit-il en note de son édition (Pléiade, Gallimard) : « cf. Aristote, Métaphysique Λ, 7, 1072 b 15-30. Dieu y est dit : ‘‘ Un Vivant éternel parfait ’’ (c’est le livre XII et non XI de la Métaphysique) ». Autre- ment dit, Spinoza, à la manière d’un mauvais étudiant peu précautionneux qui ne vérifierait pas ses sources, aurait commis une erreur grossière qui apporterait la preuve fâcheuse qu’il n’aurait pas lu directement l’argumentation du Stagirite et qui laisserait entendre que tout en feignant de connaître Aristote il ne se référerait à ses œuvres que par ouï-dire, à travers des commentaires eux-mêmes imprécis. C’est ce qu’estime C. Appuhn lorsqu’il écrit en note de son édition qu’ « il [lui] paraît assez vraisemblable que Spinoza n’avait pas lu lui-même le chapitre de la Métaphysique d’Aristote auquel il renvoie (...) Aristote en cet endroit ne veut pas définir la vie » et Caillois de confirmer dans la note suivant celle déjà citée : « le développement d’Aristote dans la Métaphysique n’a rien à voir avec la question telle que la pose Spinoza. Peut-être Spinoza n’a-t-il lu les textes que dans des adaptations scolasti- ques uploads/Litterature/ aphi-644-0001-pdf 3 .pdf
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- Publié le Apv 15, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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