N° 1 D Mélodrame et Musique de scène (Guiraud II) (Le texte de ce numéro corres

N° 1 D Mélodrame et Musique de scène (Guiraud II) (Le texte de ce numéro correspond à celui du N° 1C.) N° 1 bis Monologue de Luther (création de 1881) Luther, les garçons de la Taverne. LUTHER (entrant suivi de ses garçons) Allons! mes enfants, préparez cette salle! Le pre- mier acte de Don Juan va finir et nous allons recevoir, dans un moment, M. Hoffmann et ses joyeux amis. (à un de ses garçons) Toi, Fritz, à tes casseroles!… Le souper pour dix heures précises, après la représenta- tion. Il est à remarquer que, quand le souper se fait attendre, ces messieurs cassent la vaisselle!… Affaire d’habitude!… (Les garçons éclairent et préparent la salle. Luther s’ap- proche d’un garçon qui a ouvert la petite porte de droite et qui écoute.) Qu’est-ce que tu écoutes, toi?… Tu te permets d’écou- ter la musique de Mozart!… À tes chopes, drôle! à tes chopes! (Il le pousse par l’épaule. À part) C’est un prince russe qui fit ouvrir cette porte de communication entre le théâtre et ma taverne, pour n’avoir qu’un pas à faire de sa maîtresse à ma cave. Depuis ce temps-là, tous mes garçons veulent se faire ténors!… Je mettrai un verrou. (Il va pour fermer la porte et s’arrête.) Oh! oh! Voilà Monsieur le conseiller Lindorf qui nous arrive en droite ligne des coulisses. Qu’a-t-il donc ?… il paraît agité. (Lindorf entre en scène suivi d’Andrès.) N° 1 B Scène et Couplets de la Muse (Offenbach) (Le texte de ce numéro correspond à celui du N° 1A.) N° 1 C Scène et Couplets de la Muse (Guiraud I) LA MUSE La vérité, dit-on, sortait d’un puits; la Muse, Si vous le permettez, sortira d’un tonneau, S’en remettant du soin de trouver son excuse À tous les gens de bien qui ne boivent pas d’eau. La Muse? direz-vous… quelle Muse?… une folle Qui s’est enamourée, au seuil d’un cabaret, D’un ingrat que les yeux d’une beauté frivole Vont asservir encore à leur perfide attrait!… Couplets Oui, j’aime cet Hoffmann dont j’ai séché les larmes, Alors que dans la vie, océan inconnu, S’élançant au hasard, sans boussole et sans armes, Il y brisait son âme et son cœur ingénu!… Déjà je m’asseyais à son foyer solitaire, Quand cette femme encor vient s’offrir à ses yeux Et troubler d’une ardeur décevante, stérile Cette âme où s’éveillait l’amour fécond des cieux! *** Elle est sur la scène; un peuple l’acclame… (Le texte qui suit correspond à celui du numéro 1A.) 1 COMMENTAIRE PAR JEAN-CHRISTOPHE KECK SUPPLÉMENTS DU LIVRET DES CONTES D’HOFFMANN Ces textes complètent le numéro 235 de L’Avant-Scène Opéra N° 1B - Scène et Couplet de la Muse (Offenbach) La seule version définitive et entièrement rédigée par la main d’Offenbach que l’on connaisse de ce numéro (une esquisse pour chant et piano) a la particularité d’être notée un ton plus bas. C’est certainement Guiraud qui décida d’une ascension tonale, lorsqu’il instru- menta cette pièce. Afin de respecter au mieux les volontés d’Offenbach, notre édition en pro- pose aussi une version orchestrée, en Ré majeur, le ton souhaité par Offenbach. N° 1C – Scène et Couplets de la Muse (Guiraud I) N° 1D – Mélodrame et musique de scène (Guiraud II) Lors des répétitions et après la mort d’Offen- bach, Guiraud, pour des raisons encore obs- cures, décida de transformer la musique de l’Apothéose finale en un nouvel air de la Muse qui viendrait remplacer le numéro originelle- ment composé par Offenbach. N° 1bis – Monologue de Luther (création de 1881) N° 2B – Dialogue (création de 1881) N° 2C – Récitatif de Lindorf (Guiraud) Le soir de la création, le récitatif composé par Offenbach et orchestré par Guiraud est dans un premier temps supprimé et remplacé par un simple dialogue entre Lindorf et Andrès. Lors- qu’il entreprend le remplacement des scènes parlées par des récitatifs destinés à la diffusion de l’œuvre à l’étranger, Guiraud, au lieu de réin- troduire simplement ce numéro en ses lieux et place, décide d’en réaliser une version conden- sée. LUTHER (à un garçon) Deux bouteilles pour Monsieur le conseiller Lin- dorf!… (aux autres garçons) Par ici, vous autres! (Il sort avec ses garçons.) LINDORF Dis-moi!… à Milan, d’où elle vient… ANDRÈS Oui. LINDORF Elle a fait tourner bien des têtes, n’est-ce pas? ANDRÈS Dame! LINDORF Est-ce qu’on peut lui résister?… ANDRÈS Non!… LINDORF Une voix de rossignol!… ANDRÈS Oui. LINDORF Et des yeux!… ANDRÈS Ah!… LINDORF Aussi tendres que le cœur, sans doute? ANDRÈS Oui. LINDORF Crois-tu qu’elle aime quelqu’un?… (Andrès, sans répondre, fait glisser son pouce sur son index.) Hein?… (même geste d’Andrès) Plaît-il?… (Andrès se frappe la paume de la main avec le pouce.) Ah! très bien!… (lui donnant de l’argent) Tiens! voilà dix thalers. Aime-t-elle quelqu’un? ANDRÈS Oui. LINDORF Enfer!… n’importe!… Son nom? ANDRÈS (avec indignation) Oh!… (Il fait de nouveau glisser son pouce sur son index.) N° 2 B Dialogue (création de 1881) Lindorf, Andrès, Luther. LINDORF (entrant précipitamment et poussant Andrès devant lui) Le conseiller Lindorf, morbleu!… Tu ne connais pas le conseiller Lindorf?… ANDRÈS Non!… LINDORF Tu ne l’as pas vu offrir des pastilles à ta divine maî- tresse, là, tout à l’heure, derrière un portant de cou- lisse? ANDRÈS Non! LINDORF Des pastilles qu’elle a daigné trouver exquises?… ANDRÈS Non! LINDORF Eh bien! c’est moi! ANDRÈS Qui? LINDORF C’est moi qui suis Lindorf! ANDRÈS Ah!… LINDORF (l’imitant) Ah!… LUTHER (intervenant, à Andrès) Mais, mon ami, tout le monde connaît le conseiller Lindorf!… J’ai dans ma cave un vin qui porte son nom!… LINDORF (sans écouter Luther) Adorable Stella!… Le regard qu’elle m’a jeté en me disant : « Elles sont exquises !… » m’a brûlé le sang!… ANDRÈS (riant) Hi! LUTHER (très gracieux) Alors ce ne sera pas trop de deux bouteilles pour rafraîchir Monsieur le conseiller?… LINDORF Tout ce que tu voudras, mon ami!… va! va!… 2 N° 7B – Romance et Couplets (Guiraud) Lors des dernières répétitions à l’Opéra- Comique, Talazac, le créateur du personnage d’Hoffmann, vit son rôle amputé de nombreuses pages, dont certains de ses airs les plus brillants. Le Trio des yeux fut sûrement un des premiers morceaux à être retiré de la partition. Dans ce numéro figure un air destiné à mettre le ténor en valeur: «Ange du ciel, est-ce bien toi». Ce trio supprimé, Hoffmann doit attendre plus de la moitié de l’acte avant de chanter un air véri- table. Il fut alors convenu que la Romance «Ah! vivre deux» serait déplacée en début d’acte et intégrée au No 7. Il semble que cette décision ait été entérinée par Guiraud après la mort d’Of- fenbach. Le texte du second couplet nouveau provient d’une version primitive du livret que Barbier avait offerte au compositeur Hector Salomon. Le conseiller Lindorf!… Ne crains rien et me suis. N’as-tu pas pour maîtresse La Stella, cette enchanteresse? ANDRÈS Oui. LINDORF Qui vient de Milan… ANDRÈS Oui. LINDORF Traînant sur ses pas Nombre d’amoureux, n’est-ce pas? ANDRÈS Oui. LINDORF C’est à l’un d’eux, je gage, Que tu portes ce message? ANDRÈS Oui. LINDORF Je te l’achète. ANDRÈS Bon. LINDORF Dix thalers! ANDRÈS Non! LINDORF Vingt! Trente!… (Andrès ne répond pas. À part) Parlons-lui sa langue. (levant sa canne) Quarante! ANDRÈS Oui!… LINDORF (lui donnant de l’argent et prenant la lettre) Tiens, Arabe!… Donne, et va-t’en au diable! va-t’en au diable! ANDRÈS Oui! oui! LINDORF Voyons; pour Hoffmann… (Le texte qui suit correspond à celui du N° 2A.) N° 7 B Romance et Couplets (Guiraud) Hoffmann, seul. HOFFMANN Allons! courage et confiance! Je deviens un puits de science! Il faut tourner selon le vent. Pour mériter celle que j’aime, Je saurai trouver en moi-même L’étoffe d’un savant! Elle est là! si j’osais! (Il soulève tout doucement la portière de droite.) C’est elle!… Elle sommeille!… Qu’elle est belle!… LINDORF Comment, encore! (lui donnant de l’argent) Tiens, Arabe!… dix et dix font vingt. Son nom?… ANDRÈS (lui montrant une lettre qu’il tient à la main) Là… LINDORF (lisant la suscription de la lettre) Hoffmann!… J’en étais sûr!… Je ne te demande pas cette lettre, tu ne me la donnerais pas. ANDRÈS Non. LINDORF Mais tu me la vendrais peut-être avec plaisir? ANDRÈS Oui. LINDORF (lui offrant de l’argent) Dix thalers pour la lettre? ANDRÈS Non. LINDORF Vingt?… ANDRÈS Non! LINDORF (levant sa canne) Trente!… ANDRÈS Oui! (Il prend l’argent et donne la lettre.) LINDORF Il me ruine, ce gredin-là!… Va-t’en au diable! ANDRÈS Oui. (Il sort.) LINDORF (seul) Voyons si la maîtresse est aussi monosyllabique que le valet. Ce que je fais n’est pas délicat, mais je suis habitué à ces façons d’agir. D’ailleurs, j’ai payé la lettre; donc elle est à moi. (Il ouvre la lettre et en tire une petite clef.) Tiens! une clef! (lisant) « Cher Hoffmann, te souviendras-tu de m’avoir aimée? Me pardonneras-tu ce que je t’ai fait souffrir? Voici la clef de ma loge.» – Ah! ah! je suis plus heureux que je ne croyais. – «Je t’attends dans deux heures, après la représentation. Tu peux te uploads/Litterature/ asopera-contes-hoffmann-supplement.pdf

  • 19
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager