JEANSTAUNE AU-DELÀ DE DARWIN Pour une autre vision de la vie essat Editions Jac
JEANSTAUNE AU-DELÀ DE DARWIN Pour une autre vision de la vie essat Editions Jacqueline Chambon A la mémoire de "Marco" Schützenberger. A Michael Denton. Les nombreuses discussions que j'ai eues avec eux ont été le ferment de ma passion pour les sujets traités ici. A la mémoire de tous les précurseurs de ces idées qui attendent en- core que leur rôle dans notre compréhension de la vie soit reconnu a sa juste valeur: Goethe, Geoffroy Saint-Hilaire, Richard Owen, Saint George Mi v art, D /trey Ihompson, Richard Goldschmidt. Introduction Prière de laisser le dogmatisme au vestiaire Sommes-nous, comme le croyait le prix Nobel de médecine Jac- ques Monod, de "glorieux accidents~ le résultat incroyablement chanceux d'un processus aveugle et aléatoire qui, sur la troisième planète d'un système solaire, a, par une incroyable série d'heu- reuses coïncidences, pu mener jusqu'à des êtres suffisamment évolués pour être pourvus de conscience et réfléchir sur le sens de leur existence ? Ou, comme le croyait le célèbre paléontologiste et jésuite Pierre Teilhard de Chardin, une croissance continue de la complexité vers des formes de vie de plus en plus élaborées est- elle inscrite dans les lois mêmes de l'Univers? C'est une question qui a d'importantes implications philo- sophiques, voire théologiques, qui bouleverse complètement, dans un sens ou dans l'autre, la vision que nous pouvons avoir de nous-mêmes et des raisons (ou des non-raisons) de notre exis- tence. Mais c'est une question avant tout scientifique, et c'est ce qui la rend passionnante. L'étude de l'évolution de la vie peut- elle nous permettre de dégager une tendance en faveur de 1 'une ou de 1 'autre des hypothèses ? On se doute que les études pu- rement objectives dans ce domaine vont être difficiles. Il s'agit d'un monde plein de bruit et de fureur, de controverses passion- nées, voire d'insultes, d'excommunications et de bien d'autres choses encore. En cette année où nous célébrons le cent cinquantième an- niversaire de la publication de L'Origine des especes de Charles Darwin, nous avons assisté à une véritable hagiographie. Dans 9 les dizaines d'articles et de numéros spéciaux publiés, quasiment aucun ne s'est fait l'écho de critiques envers la théorie néodarwi- nienne. Aucun n'a présenté aux lecteurs une ou des théories al- ternatives susceptibles de nous faire porter un autre regard sur 1 'évolution de la vie. Est-ce à dire que le darwinisme a gagné et qu'il n'y a plus de débats, hors les débats internes au darwinisme? Absolument pas ! En fait, depuis vingt ans, toute une série de découvertes nous ont montré que les mécanismes postulés par le darwinisme et son successeur, le néodarwinisme, avaient une portée bien plus limitée que prévue. Mais personne n'en parle au grand public ! La raison de ce silence est simple. Une majorité de scienti- fiques pensent que toute critique du darwinisme qui parvien- drait aux oreilles du grand public renforcerait le créationnisme et que ces questions ne doivent être débattues (quand elles le sont ... ) qu'entre spécialistes. Heureusement, un certain nombre de spécialistes de 1 'évo- lution comme le biologiste Brian Goodwin, un des tenants de 1 'auto-organisation, une école que nous analyserons au chapi- tre 9, s'insurgent contre cette pensée unique et affirment haut et fort que des alternatives existent: "Depuis 1859, le mécanisme de la sélection naturelle et la survie du plus fort se sont imposés comme la seule thèse explicatrice de la vie sur Terre. Les origines, les extinctions, les adaptations ont toutes été étudiées à travers le prisme du darwinisme. Or, une autre explication de l'origine et de la diversité des espèces existe. De même que la vision newto- nienne du monde a prédominé jusqu'à la révolution einsteinienne au xxc: siècle, le darwinisme doit-il être remplacé par une nouvelle théorie qui admette que la complexité est une qualité inhérente et émergente de la vie et pas uniquement le résultat de mutations aléatoires et de la sélection naturelle. Les organismes sont aussi coopératifs qu'ils sont compétitifs, aussi altruistes qu'égoïstes, aussi créatifs et joueurs qu'ils sont destructifs et répétitifs1." Mais 1. Brian Goodwin, How the Leopard Changed lts Spots, Clearwater, Touch- stone Books, 1996, quatrième de couverture. 10 leurs voix ne portent pas, leurs théories étant souvent complexes et ardues. Le but de cet ouvrage n'est pas de critiquer le darwinisme (je 1 'ai déjà fait dans mon précédent ouvrage, auquel les lecteurs peuvent se reporter2), mais de briser ce "mur de silence" en met- tant à la portée du grand public les découvertes et les théories susceptibles de lui donner une nouvelle vision de la vie. Avant de commencer, il est nécessaire de préciser la défini- tion même des termes que nous allons utiliser. Pour cela, com- mençons par une petite histoire. Je vous prie de la considérer avec attention car elle me servira de fil rouge tout au long de cet ouvrage. Imaginons une très lointaine planète autour d'une autre étoile. Elle est presque en tout point semblable à la Terre, à 1 'ex- ception de deux différences importantes. Comme Vénus, elle est recouverte d'une couche de nuages si épaisse que ses habitants n'ont jamais pu voir les étoiles ni même leur soleil. Comme Plu- ton, elle est si éloignée de son soleil, qu'elle met plusieurs cen- taines d'années à en faire le tour. Elle est enfin pourvue d'êtres vivants semblables à nous (la probabilité d'apparition d'êtres vi- vants nous ressemblant est 1 'une des questions clés de ce livre, qui sera discutée au chapitre 4), qui prient, depuis des millénaires, leurs dieux, pour que le temps soit le plus clément possible. C'est ce que faisaient, voire font encore, la plupart des po- pulations terrestres. Jusqu'au début du xxc siècle, il existait des processions appelées "rogations" destinées à obtenir une pluie suffisante pour les récoltes. De nombreux rites se sont dévelop- pés sous 1 'autorité des prêtres pour obtenir la pluie ou le beau temps quand cela est nécessaire aux populations. Mais un jour, sur cette hypothétique planète, des savants fai- sant le tour du monde ont mesuré la pression atmosphérique, ont découvert 1 'existence de fronts chauds et de fronts froids et 2. Jean Staune, Notre existence a-t-elle un sens ?, Paris, Presses de la Renaissance, 2007, chapitres 11 et 12. 11 ont lancé les bases d'une science, la météorologie, permettant d'expliquer le climat grâce à des mécanismes naturels. Une telle innovation s'est heurtée, pendant des décennies, aux discours des différentes religions pour lesquelles le climat était géré par les dieux. Comme nous le savons, la météorologie est une science re- lativement inexacte, sunout dans ses débuts. A cause de l' "effet papillon", c'est-à-dire de la sensibilité d'un grand système ins- table comme 1 'atmosphère aux conditions initiales, il est impossible de prédire la météo quinze jours à 1 'avance. Les te- nants des religions antiques se basent donc sur cela pour dénon- cer la météorologie comme une pseudoscience. Des batailles acharnées ont lieu. Mais voilà qu'après quelques centaines années de pratique de la météo, d'autres scientifiques suggèrent que, dans le très long terme, quelque chose contribue à la modification du climat. En effet, ils identifient que des périodes chaudes et des périodes froi- des existent de façon régulière. Les météorologues classiques, qui ont tant peiné à venir à bout des anciennes superstitions, selon lesquelles le climat était directement le résultat de l'action de Dieu, ne peuvent tolérer une telle idée, y voyant là un affaiblisse- ment de leur position et une porte ouv-erte au retour en grâce de leurs adversaires fondamentalistes. li est essentiel pour eux que le climat, à court ou à long terme, reste un phénomène aléatoire. S'il était contrôlé par quelque chose, cela ne serait-il pas une trace d'une forme de contrôle divin sur le climat? Il faut donc à tout prix, et en recourant à tous les moyens disponibles, y compris la calomnie ou la cabale, empêcher le développement de cette nouvelle école. n s'agit de la "lutte des lumières de la connais- sance contre l'obscurantisme des superstitions". n est d'autant plus facile d'étouffer la voix des "nouveaux météorologistes" que ceux-ci s'appuient sur des phénomènes faiblement perceptibles et se déroulant sur de grandes périodes de temps. Et ce d'autant plus que ces nouveaux météorologistes n'ont pas la moindre idée de ce qui peut causer la nature de ce phénomène. Encore et en- core, les météorologistes classiques reviennent à la charge. 12 "Si ces régularités existent comme vous le prétendez, quelle peut être leur cause ? - Nous n'en avons aucune idée, mais il n'empêche que le phé- \ . nomene extste. - Un peu court comme réponse. Tout ce que vous voulez, c'est rouvrir la porte que nous avons claquée au nez de Dieu!" Bien entendu, personne ne peut imaginer le concept de sai- sons, ni encore moins celui d'étoiles ou d'Univers. La tâche des nouveaux météorologistes est d'autant plus compliquée qu'il est apparu sur leur planète une école dite de l' "intelligent climate'' qui affirme que les mystérieuses régularités qui existent dans l'évolution du climat sont bien la preuve uploads/Litterature/ au-dela-de-darwin.pdf
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- Publié le Jan 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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