THÉOT EX Karl August Auberlen LE PROPHÈTE DANIEL ET L’APOCALYPSE DE JEAN LE PRO
THÉOT EX Karl August Auberlen LE PROPHÈTE DANIEL ET L’APOCALYPSE DE JEAN LE PROPHÈTE DANIEL ET L’APOCALYPSE DE SAINT JEAN CONSIDÉRÉS DANS LEUR RAPPORT RÉCIPROQUE ET ÉTUDIÉS DANS LEURS PRINCIPAUX PASSAGES PAR Charles-Auguste AUBERLEN 1854 ♦ ♦ ♦ Soleil d’Orient – 2005 – M. Félix Bovet qui avait traduit, il y a quelques années, plusieurs chapitres de ce livre, et qui avait renoncé à continuer ce travail, a bien voulu abandonner son manuscrit à M. H. de Rougemont. Celui-ci en a tiré parti dans la traduction complète qu’il vient d’achever et qu’il donne maintenant au public. 1 Préface CHARLES-AUGUSTE AUBERLEN naquit le 19 novembre 1824 non loin de Stuttgart, dans le village de Fellbach, où son père était régent. La piété de ses parents, la vie religieuse qui régnait dans cette paroisse et enfin la mort de sa mère bien-aimée, lui inspirèrent de bonne heure le désir de se consacrer à Dieu. Lorsque sa vocation au saint ministère se fut clairement dessinée, il quitta l’école paternelle pour le collège d’Esslingen, où il se voua surtout à l’étude des mathématiques et des langues mortes. En 1837, il entra dans le séminaire préparatoire de Blaubeuren, où l’histoire, l’hé- breu et la philologie comparée furent ses branches favorites. Quatre ans après il arrivait à Tubingue. Ils étaient bien peu nombreux alors, à Tubingue comme dans le reste de l’Allemagne, les étudiants et les professeurs qui ne regardaient pas le panthéisme comme le premier et le dernier mot de la vérité. Auberlen ne put s’empêcher de subir l’influence de la philosophie hégélienne, mais il la prit par son bon et grand côté. « Dans ces années-là, écrivait-il plus tard à ce propos dans une courte autobiographie, mon idéal était quelque chose comme une combinaison de Gœthe et de Hegel ; j’aurais voulu arriver, pour autant que la chose se peut faire, à un savoir universel et explorer personnellement toutes les connaissances humaines. » De nombreux ca- hiers de notes et d’extraits témoignent de l’ardeur scientifique qui le dé- vorait durant son séjour à l’université ; il suivait beaucoup de cours, il lisait davantage encore et cherchait à ne rien oublier. La littérature, l’esthétique, les beaux-arts, l’économie politique et même le droit, tout était à lui ; rien de ce qui est humain ne lui demeurait étranger. Cependant, dispersés sur tant d’objets divers, ses efforts auraient risqué de ne pas l’amener à gran- d’chose. Il vivait dans une sorte de dissipation, d’étourdissement intellec- tuel. Il était urgent que quelqu’un le fît revenir à lui. Il courait un autre danger encore. Ferdinand-Chrétien Baur, le célèbre 2 chef de l’école critique de Tubingue, était alors dans toute la force de son talent et de sa vogue. Appliquant à la religion chrétienne les principes his- toriques de Hegel, il faisait de l’Evangile le produit ou plutôt l’amalgame des divers systèmes religieux qui avaient cours dans le monde il y a dix- neuf siècles ; de toutes les épîtres de Paul, quatre seules étaient authen- tiques à ses yeux : les Galates, les Romains et les deux aux Corinthiens ; précisément celles qui lui paraissaient prouver que Paul, le représentant de l’universalisme, avait vécu dans un perpétuel désaccord avec les douze, les représentants du particularisme judaïque. Auberlen n’était pas ébranlé dans sa foi. « Les sérieuses impressions de mon enfance ne m’ont jamais abandonné, dit-il ; elles étaient entretenues par les fréquents rapports que je soutenais avec ma famille. » Mais il n’était plus au clair : il ne savait com- ment concilier sa foi en la Parole de Dieu avec les exigences de la critique. Il était urgent que quelqu’un vînt l’éclairer. L’homme que Dieu appela à lui rendre ces deux grands services fut Jean-Tobie Beck, le docteur biblique par excellence, que Tubingue a eu le privilège de posséder pendant trente-cinq ans (1843-1878), et qui y arriva précisément pendant les années universitaires de notre auteur. L’impres- sion que ce nouveau professeur fit sur Auberlen peut se comparer à celle qu’éprouva Nicodème pendant son entretien avec le Seigneur. « J’avais étudié bien des choses ; j’avais oublié d’étudier mon cœur. Une voix in- térieure commença alors à me dire qu’il me fallait absolument naître de nouveau. Mais pour cela il fallait qu’il y eût au-dessus de l’humanité, au- dessus de moi, un être d’où pût procéder cette nouvelle naissance, un Dieu vivant. C’est ainsi que partant de mon état intime et personnel, je fus ra- mené au principe de toute transformation, à l’Auteur de toute victoire de l’esprit sur la chair, au Christ historique, crucifié, ressuscité et vivant à la droite de Dieu. » Désormais c’est avec le cœur qu’il étudia la théologie. Et lorsqu’en 1845 il quitta l’université pour entrer dans la vie pratique en qualité de suffra- 3 gant, il fut à même d’annoncer l’Evangile avec conviction et avec joie. Il ne cessa pas pour cela d’étudier. Il lut avec un grand intérêt la Mo- rale théologique de Rothe, ce livre profond qui est certainement l’un des plus énergiques efforts qui aient jamais été faits pour concilier les vérités bibliques avec la spéculation moderne. Mais il se sentait tout particuliè- rement attiré par les anciens théologiens wurtembergeois, Bengel et son école, Roos, Rieger, Steinhofer, P.-M. Hahn, Fricker, Œtinger. Auberlen fit de ce dernier, qui est sans contredit l’esprit le plus philosophique de toute cette pléiade, l’objet d’une étude approfondie, et en 1847, à l’âge de 23 ans, il publiait son premier ouvrage : La théosophie de F.-C. Œtinger, exposée dans ses traits fondamentaux. La tâche spéciale qu’Œtinger s’était imposée, c’était d’arriver à comprendre quel sens les auteurs sacrés attachaient à tant d’expressions, telles que lumière, ténèbres, esprit, âme, corps, chair, que nous employons peut-être dans des acceptions tout autres. Il pensait que, une fois ces notions retrouvées et bien précisées, on posséderait la clef non seulement de l’Ecriture sainte, mais encore du livre de la nature et de l’his- toire. Il pensait aussi qu’en général il y a beaucoup moins d’abstractions pures qu’on ne le croit et qu’il convient, pour être dans le vrai, de saisir les choses célestes et invisibles dans la plus grande réalité possible : la corpo- réité, disait-il, est le but final des voies de Dieu. Auberlen consacra une partie des années 1846 et 1847 à parcourir l’Al- lemagne, la Hollande et la Belgique pour apprendre à connaître les institu- tions, les Eglises, les universités, les hommes remarquables de ces divers pays. En 1848 nous le trouvons fixé à Stuttgart en qualité de suffragant de William Hofacker, le frère cadet et le digne émule du célèbre prédica- teur Louis Hofacker. C’étaient alors les temps douloureux de la révolution. La fidélité vraiment sacerdotale avec laquelle, pendant ces jours néfastes, William Hofacker intercédait auprès de Dieu en faveur de sa chère pa- roisse, fit sur Auberlen une impression profonde. Malheureusement, dans le courant de cette même année, une violente fièvre nerveuse enleva ce 4 fidèle pasteur à son Eglise. Au printemps suivant, Auberlen rentra dans le séminaire de Tubingue, mais en qualité de répétiteur. « Comme tel, écrit-il, je m’efforçai d’agir sur les jeunes gens qui m’étaient confiés, non seulement au point de vue scien- tifique, mais encore au point de vue religieux et moral. La science est im- puissante à faire un vrai pasteur évangélique. » Profitant de la faculté qui est laissée aux répétiteurs de donner eux-mêmes des cours, il offrit aux élèves du séminaire, dans les années 1849 et 1850, une série de leçons sur la méthode à suivre dans l’étude de la théologie et sur l’histoire de la ré- vélation. Deux événements importants à des titres divers signalèrent pour lui l’année 1850 : son mariage avec une fille du docteur Wolfgang Menzel, le célèbre publiciste de Stuttgart, et son appel à Bâle. Ce fut sans hésitation et même avec actions de grâce qu’il accepta la chaire de théologie qui lui était offerte dans la plus wurtembergeoise des villes suisses. Quel sujet traiterait-il dans son discours d’ouverture ? Ce n’était là un mystère pour aucun de ses amis. En digne élève de Beck, il parla de la seule position qu’il convient à l’homme de prendre vis-à-vis de la Parole de Dieu. « N’étant pas un produit de l’art humain, la Bible ne doit pas être traitée comme un autre livre. Nul n’a le droit de se placer au-dessus d’elle, ni même de se mettre à son niveau. Il faut chercher à la comprendre, à s’en pénétrer. Il faut demander au Saint-Esprit de nous faire vivre de sa vie et de nous en appliquer les grandes vérités. » Cette déclaration de principes faite avec une remarquable fraîcheur de conviction, on pourrait presque dire, avec naïveté, fut taxée par quelques-uns de discours d’enfant. Mais l’impression presque unanime fut que cet enfant était armé de la fronde de la foi et les étudiants lui témoignèrent d’emblée une grande confiance. L’enseignement de Jean comparé à celui de Paul, ainsi que l’exégèse des épîtres pastorales et de quelques prophètes de l’Ancien Testament, 5 remplirent sa première année uploads/Litterature/ auberlen-daniel.pdf
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- Publié le Dec 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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