BAC GÉNÉRAL 2021 Épreuve de français Objet d’étude : Le roman et le récit du Mo
BAC GÉNÉRAL 2021 Épreuve de français Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen-Âge au XXIe siècle SUJET – Commentaire Œuvre : Georges PEREC, Les Choses (1965) – extrait du chapitre 2 Le roman moderne a été fortement marqué par l’écriture réaliste du XIXe siècle : le personnage, la description de la société, la mise en place du cadre du roman font désormais partie des attentes du lecteur. Aussi les romanciers du XXe siècle doivent-ils réinventer un genre devenu incontournable. Pérec publie en 1965 son roman Les Choses. Le titre est évidemment surprenant pour le lecteur habitué aux héros éponymes, et ne manque pas d’ironie. Dans les premiers chapitres du roman, l’appartement de Sylvie et Jérôme, ainsi que les objets qu’il abrite, sont dévoilés au lecteur, dans une description qui pose le cadre de l’intrigue. Nous nous demanderons donc dans quelle mesure la description d’un décor romanesque permet à Perec d’ouvrir les possibilités poétiques du genre. Nous évoquerons d’abord ce décor qui se donne à lire comme un décor romanesque, puis qu’il permet de révéler les personnages qui y vivent pour finir par montrer que Pérec ouvre à travers une description qui semble convenue les possibles du genre romanesque. I. Un décor romanesque Le cadre Un appartement modeste, des références à des objets de décoration, à des styles, à des meubles, les énumérations (voire accumulations) qui rendent compte du cadre. Un décor où prennent place les personnages Des personnages appelés par leur prénom, définis par le fait qu’ils sont en couple, l’espace est défini comme un lieu de vie, avec des espaces dédiés (lieux de travail…). Références aux corps de métiers qui pourraient agir dans ce cadre. Le lieu apparaît comme un projet du couple, on peut s’attendre à une intrigue romanesque. Toutefois, l’appartement décrit n’est pas seulement un cadre spatial pour le roman, il fait fonction de révélateur des personnages qui, eux, ne sont pas décrits. II. Des choses qui disent les êtres Le décor révélateur de ses habitants La petitesse, l’usure, les possibilités non explorées caractérisent tout autant les lieux que les personnages Un couple d’intérieur Le couple finit par se fondre dans le décor jusqu’à y être enseveli. Des prénoms aux pronoms : les personnages ont le même statut que les objets « ils »/ « elle » pour la bibliothèque par exemple. Plus le texte avance et plus ce qui était de l’ordre du détail singulier disparaît. Jeu sur les déterminants : on passe de « leur demeure », « sa fenêtre aux rideaux rouges », « sa longue table de chêne » avec l’usage des possessifs particularisants, à des déterminants qui sont des articles définis à valeur généralisante « la bibliothèque », ou des indéfinis « une prise de courant » La focalisation interne du deuxième paragraphe en particulier n’est pas celle d’un personnage, mais celle du couple, qui semble ne plus avoir d’individualité. => rapport au lieu qui révèle leur rapport à la vie La spécificité de ce passage réside donc dans une forme de renouvellement de la description romanesque, qui joue avec les attentes du lecteur pour explorer les possibles poétiques du genre. III. Une exploration des possibles Un réel en devenir Les possibles explorés sont d’abord liés à l’intrigue : - jeu sur les oppositions entre ce qui est et ce qui devrait être, aurait pu être, - tout ce qui est présent dans le décor est inabouti, irréalisé : utilisation des conditionnels, subjonctifs, forte présence de modalisateurs. Une écriture des possibles Travail sur les qualificatifs : les énumérations semblent essayer de définir tous les aspects d’une réalité : l’usure, la petitesse, le caractère modeste des lieux sont déclinés dans tous leurs aspects. Brouillages des temps/époques : toutes les notations temporelles, même si elles sont précises, ne renvoient à aucune référence. Par exemple « pendant trois ans » mais il est impossible de situer cette époque. Une écriture poétique : rythme des phrases, longues périodes, sonorités reprises. Ce qui aurait pu faire penser au réalisme ne provoque en fait aucun effet de réel, mais plutôt un effet musical, esthétique. En somme, Pérec, à l’orée des Choses, semble reprendre les codes du genre romanesque et mettre en place un cadre propice à l’intrigue. Les éléments constituant du récit sont facilement identifiables (lieux, personnages…). Toutefois, ces éléments ne se limitent pas à poser un cadre, ils façonnent l’image des personnages et même l’image d’un récit moderne et poétique qui restera caractéristique de l’art romanesque de la deuxième moitié du XXe siècle. Objet d’étude : la poésie du XIXe siècle au XXIe siècle SUJET A – Dissertation Œuvre : Victor Hugo, Les Contemplations, livres I à IV Parcours : les mémoires d’une âme Comme les Romantiques de son siècle, Victor Hugo a traversé les nombreux bouleversements historiques et politiques du XIXe siècle. Et c’est lors de son exil à Guernesey que cet auteur varié de romans, pièces de théâtre et poésies compose le recueil autobiographique des Contemplations, dont le sous-titre Mémoires de l’âme. Il choisit la forme du recueil de poèmes, et non du récit rétrospectif en prose, pour rappeler ses souvenirs et impressions dans une autobiographie poétique. Publié en 1856, ce recueil est composé de deux volumes « Autrefois » et « Aujourd’hui », dont la plupart des poèmes offrent une tonalité nostalgique des jours heureux, mais marquée par le décès de la fille adorée de Hugo, morte noyée, Léopoldine. Comment le témoignage intime de Victor Hugo aide-t-il le lecteur à se reconnaître dans les divers poèmes des Contemplations ? C’est à travers des thématiques universelles que le poète partage ses souvenirs et son chagrin, se mettant ainsi au service de tous les hommes. I. Des thématiques universelles : le poète veut que le lecteur se reconnaisse dans ses poèmes. Livre I « Aurore » dévoile la jeunesse romantique des années 1830 et le bonheur de la nature : « Elle était déchaussée, elle était décoiffée. » (livre I). Livre III « Les luttes et les rêves » relate les combats politiques, l’idéalisme romantique et la misère sociale : « Mélancholia » dénonce le travail pénible des enfants « Ils vont de l’aube au soir faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. » Livre IV « Pauca meae », « Peu de vers » (pour ma chère fille), rapporte la perte d’un enfant, un chagrin insurmontable, et la vocation du poète : « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne […] Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleurs. » II. Le poète partage ses souvenirs et son chagrin : il part de ses expériences personnelles et son témoignage intime. Sous-titre du recueil est « Mémoires d’une âme » : le recueil est le reflet des états d’âme du poète : « Homo sum », « Je suis un homme comme les autres », alors que Baudelaire écrit : « Hypocrite lecteur, – mon semblable – , mon frère ! » C’est l’identité spirituelle, émotionnelle et sentimentale de l’homme, dont il est question : « Si jamais il y a eu un miroir d’âme, ce sera ce livre-là. » (Préface) Le poète est le seul capable de parler le langage de l’âme : « Le poète écoute en lui- même une lyre. » (Livre I, 2) et il suit un itinéraire spirituel : il veut « contempler » Dieu (au sens mystique). III. Le poète est au service de tous les hommes : il rappelle aux lecteurs qu’il n’écrit pas pour lui-même, mais pour eux. Fameuse exclamation au lecteur dans la Préface qui pose le poète comme l’Homme universel : « Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi ! » L’extraordinaire virtuosité lyrique de Hugo au travers des nombreuses images et des rythmes variés de ces poèmes constitue des trouvailles inépuisables qui réjouissent le lecteur, tels un cadeau universel. Le véritable destinataire de ce recueil est la morte : « À celle qui est restée en France. », (Léopoldine n’est jamais nommée). Ainsi, nous avons vu en quoi l’image du miroir tendu aux lecteurs constitue le témoignage intime de Victor Hugo dans son recueil Les Contemplations. C’est avec sincérité et lyrisme que le poète choisit de raconter ses souvenirs et son deuil. Il s’interroge sur le destin et la mort, thèmes universels, et il partage ses doutes et son désespoir avec les lecteurs après la mort de sa fille adorée Léopoldine, le quatre septembre 1843. Pour Victor Hugo, un des grands rôles du poète reste de guider les autres hommes, le transformant en un poète de l’humanité. De même Baudelaire nomme les poètes tels que Hugo, dans son recueil poétique Les Fleurs du mal, « les phares de l’humanité ». SUJET B – Dissertation Œuvre : Baudelaire, Les Fleurs du Mal Parcours : alchimie poétique : la boue et l’or En plein second empire, sous le régime autoritaire de uploads/Litterature/ bac-general-francais-corrige.pdf
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- Publié le Oct 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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