BIBLIOGRAPHIE Autour de Théodoret de Cyr. La Collectio Coisliniana sur les dern

BIBLIOGRAPHIE Autour de Théodoret de Cyr. La Collectio Coisliniana sur les derniers livres de l'Octateuque et sur les Règnes. Le Commentaire sur les Règnes de Procope de Gaza. Texte établi par Françoise PETIT (Traditio exege- tica Graeca, 13). Leuven, Peeters, 2003. LXII + 201 pages, 165 x 245 mm. ISBN 90-429-1363-0. Prix: 75,00 EUR. La Collectio Coisliniana est l'une des formes qu'a prises la tradition des Questions et Réponses de Théodoret de Cyr († 468) sur l'Octateuque, les Règnes et les Paralipomènes. Divers textes étrangers s'y trouvent mêlés à celui de l'évêque de Cyr: péricopes exégétiques d'inspiration majoritairement antiochienne (habituellement dotées d'une attribution dans les manuscrits) ou scholies anonymes sur les particularités du texte biblique, avec recours fréquent aux Hexaples. «L'intention du compilateur de la collection semble avoir été d'éclairer la position exégétique de Théodoret par rapport à celle de ses devanciers et de ses contemporains; il a, en quelque sorte, fourni le dossier des sources de l'évêque de Cyr. Ce travail probe et intelligent mérite d'être édité pour lui-même» (Fr. Petit, CCSG 15, p. XIX). L’auteur s'y est employée dès 1986 avec un premier volume sur la Genèse (CCSG 15), puis en 2000 avec le volume sur l'Exode (TEG, 10). Avec l'ouvrage sous revue, l'entreprise est menée à son terme, depuis le Lévitique jusqu'au quatrième livre des Règnes.1 Il ne s'agit pas d'un commentaire continu, Théodoret s'étant limité, de son propre aveu, aux difficultés du texte sacré. La tradition directe de la Collectio Coisliniana est représentée par quatre manuscrits (dont aucun ne la contient tout entière), dont le Paris, B.N., Coislin 113 (IXe-Xe s.) où la collection a été signalée pour la première fois et qui lui a donné son nom. Pour l'Octateuque, la Collectio a été absorbée par une branche de la tradition caténique: comme elle n'offre qu'une explication discontinue du texte sacré, on a tout naturellement puisé dans un exemplaire de la chaîne, déjà constituée, les compléments nécessaires pour obtenir un commentaire suivi2. Cette chaîne dérivée (= type III du catalogue de Karo-Lietzmann) a eu plus de succès que la chaîne primaire (= type I), dont le témoin le plus étendu (Bâle, Universitäts- bibliothek 1, Xe s.) s'interrompt brusquement au milieu de l'Exode3. Pour les 1 Le seul manuscrit de la Collectio qui poursuive jusqu'à la fin des Paralipomènes (Florence, Biblioteca Laurenziana, Plut. VI.19) ne contient aucun morceau étranger à Théodoret après les Règnes. Je risque l'hypothèse que, si la Collectio est limitée aux Règnes alors que les Questions se poursuivent jusqu'aux Paralipomènes, c'est en raison de la difficulté où le compilateur s'est trouvé de constituer un dossier exégétique substantiel sur ceux-ci. 2 L'hypothèse inverse — la chaîne complétée par la Collectio — est jugée moins vrai- semblable par l'Éd. (cf. p. XIII, n. 5). 3 La chaîne primaire a été éditée par F. Petit dans la même collection Traditio exegetica Graeca entre 1991 et 2001 (no 1-4 = La chaîne sur la Genèse; no 10-11 = La chaîne sur l'Exode). 172 BIBLIOGRAPHIE derniers livres de l'Octateuque dont il est ici question (Lévitique–Ruth), la présente édition repose sur quatre manuscrits: Paris, B.N., gr. 128 (couvre tout l'Octateuque), Patmos, Monastère Saint-Jean le Théologien, 216 (limité au Pentateuque), Athènes, B.N., 43 et Athos, Iviron, 15 (ces deux manuscrits ont été collationnés à partir de Josué et jusqu'à Ruth; le commentaire sur les Règnes également contenu dans ces deux témoins, à la suite de l'Octateuque, représente un tout autre type de compilation, qui ignore la Collectio)4. Pour les Règnes, la Collectio sert également d'ossature à une chaîne, qui est attestée par d'autres témoins, mais qui représente en fait, pour les Règnes, la continuation de ce qu'est le type III pour l'Octateuque. La présente édition a pris en compte tous les témoins connus de cette chaîne, qui sont au nombre de quatre, dont le Paris, B.N., Coislin 8 (Xe s.). 5 Il n'y aurait pas eu d'intérêt à reproduire ici les textes mêmes de Théodoret, dont les Questions ont été éditées avec soin par ailleurs6. L'apport de la Collectio tient surtout aux extraits qui leur ont été ajoutés: 6 pour le Lévitique, 20 pour les Nombres, 4 pour le Deutéronome, 1 pour Josué, 3 pour les Juges, 97 pour les Règnes, soit au total 131 pièces (pour la Genèse, ces extraits étaient au nombre de 308; pour l'Exode, au nombre de 26). La plupart proviennent d'œu- vres perdues et sont attribuées aux auteurs suivants (tous de tradition antio- chienne): Acace de Césarée, Apollinaire de Laodicée, Diodore de Tarse (le plus cité), Théodore de Mopsueste. D'autres textes ont pu être identifiés; ils revien- nent à Flavius Josèphe, Irénée, Origène, Eusèbe de Césarée, Athanase, Grégoire de Nysse, Isidore de Péluse, Jean Chrysostome et surtout Cyrille d'Alexandrie (qui est le témoin représentatif de la méthode alexandrine le plus souvent cité)7. La confrontation avec les quelques textes transmis par la tradition caténique indique que le compilateur responsable de la Collectio a pratiqué de fréquentes coupures et s'est parfois permis de légers remaniements rédactionnels. C'est dans la présente édition qu'on trouvera édité ce qui subsiste du commentaire de Théodore de Mopsueste sur le premier livre des Règnes: R. Devreesse ne s'y est pas risqué, parce qu'il se méfiait des indications Qeod’ ou Qeodw’ qui, dans les manuscrits, ne permettent pas le partage entre Théodore et Théodoret. Cette in- certitude peut être levée pour les textes attestés dans la tradition directe de la Collectio, où les Questions de Théodoret ne sont jamais dotées d'une attribution, 4 Le manuscrit d'Athènes et, par conséquent, la célèbre édition de Nicéphore qui le prend pour base (Leipzig, 1772-1773) n'ont donc pas un contenu homogène. Le com- mentaire sur les Règnes y fait alterner, sans attribution, les Questions de Théodoret et le Commentaire de Procope (très répétitif par rapport à Théodoret), en insérant quelques autres textes de provenance inconnue (p. XXXI-XXXII). 5 Ce manuscrit est acéphale; les trois autres témoins (Venise, Biblioteca Marciana, gr. 16; Escorial 99 et 428), contiennent jusqu'à sept prologues, quel’auteur a identifiés; elle en a édités deux, particulièrement intéressants: l'un se retrouve en tête de quatre chaînes sur les prophètes attribuées à Jean Droungarios, l'autre est apparenté à la préface de Théodoret et pourrait revenir à Diodore de Tarse (Annexe 3, p. 164-167). 6 Theodoreti Cyrensis Quaestiones in Octateuchum, éd. N. FERNANDEZ MARCOS & A. SAENZ-BADILLOS (Textos y estudios «Cardenal Cisneros», 17), Madrid, 1979; Theodoreti Cyrensis Quaestiones in Reges et Paralipomena, éd. N. FERNANDEZ MARCOS & J.R. BUSTO SAIZ (Textos y estudios «Cardenal Cisneros», 32), Madrid, 1984. 7 Isidore de Péluse († 435) est l'auteur le plus récent cité dans la Collectio. On tient là un terminus post quem. On peut considéré comme vraisemblable que la Collectio a été constituée au Ve s., car il n'y a pas de raison pour lui attribuer une date plus récente. BIBLIOGRAPHIE 173 mais seulement numérotées; l'auteur désigné par abréviation y est donc diffé- rent de Théodoret. Par contre, l'abréviation est effectivement ambiguë dans les manuscrits caténiques et l'Éd. regroupe le texte des fragments attribués Qeodw’ qui ont résisté à toutes les tentatives de localisation, chez Théodoret ou ailleurs (Annexe 4, p. 170-176). De la chaîne représentée par le Coislin 8, la présente édition ne retient que ses emprunts à la Collectio, repérables grâce à la tradition directe de celle-ci. L'Annexe 2 analyse la structure de cette chaîne. L'Éd. observe que la plupart des morceaux caténiques identifiables proviennent de commentaires sur les prophètes ou les psaumes, ce qui pose la question de savoir si la chaîne sur les Règnes est autonome ou dépendante par rapport à d'autres chaînes. Quoi qu'il en soit, l'apport le plus neuf est un ensemble de 18 fragments de Théodore de Mopsueste, ainsi que la restitution de plusieurs textes à Diodore de Tarse. Enfin, le présent ouvrage jette une lumière nouvelle sur le Commentaire des livres des Règnes de Procope de Gaza († 538). Rappelons que, pour l'Octa- teuque, le Commentaire de Procope présente de nombreux parallèles avec la chaîne du type I, sauf que Procope a refondu les textes en un exposé exégétique continu, où le bien de chaque commentateur est parfois difficile à discerner. La question de l'interdépendance de ces deux travaux reste débattue. Selon l’Éd, l'hypothèse la plus probable est que Procope a utilisé une chaîne compo- sée avant lui — celle que nous connaissons comme chaîne primaire ou son ébauche — tout en la complétant (essentiellement à partir des mêmes sources que le caténiste)8. Pour les Règnes, Procope a axé son Commentaire sur les Questions de Théodoret, dont l’Éd. montre qu'il les connaissait de première main (et non à travers la Collectio). Pour les passages des deux œuvres qui, identiques pour le fond, présentent des écarts rédactionnels sensibles, la ques- tion se pose de savoir si Procope a retravaillé le texte de Théodoret ou si, ayant repéré la source de Théodoret (essentiellement Diodore de Tarse, cf. p. XXXIII, n. 87 et p. LXI), il utilise celle-ci à nouveaux frais. L'Éd. penche pour la deuxième hypothèse (p. XXXII). Elle pouvait se dispenser de reproduire ici uploads/Litterature/ bibliographie-museon-2005 2 .pdf

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