Université Abderrahmane Mira Département de Français 3ème année LMD Enseignant
Université Abderrahmane Mira Département de Français 3ème année LMD Enseignant : M. Dalil SLAHDJI (M.C.B) Polycopié Étude de textes littéraires Présentation du module L’objectif central de ce module est d’esquisser une introduction à une histoire de la critique littéraire en relation avec l’histoire littéraire française. Il s’agit de faire prendre conscience que toute critique et toute pratique littéraire supposent une conception de la littérature plus au moins théorisée qu’il est important de dépister pour produire une lecture efficiente. Par ailleurs, il est nécessaire de souligner autant que faire se peut à montrer l’interdépendance entre mouvements critiques et écoles littéraires d’une part et entre phénomène littéraire et histoire des idées d’autre part. En d’autres termes, il sera question de susciter chez l’étudiant, dans une perspective épistémologique, une réflexion sur les propositions théoriques en matière d’appréhension du texte littéraire. Ainsi, il faudra exposer et expliquer les informations historiques et les idées majeures des différents mouvements critiques en en soulignant l’historicité (CM). Ce qui permettra de fournir les points de repère à partir desquels les étudiants pourront effectuer des recherches supplémentaires. D’autre part, il s’agira également d’entraîner à la lecture de textes théoriques : compréhension des idées et points de vue avancés, compréhension des visions de la littérature auxquels ils renvoient, appréciation de la démarche argumentative adoptée par les auteurs étudiés. Ce travail portera sur des textes choisis pour leur représentativité et donnera l’occasion aux étudiants de lires des œuvres complètes et des extraits sélectionnés (Roman, théâtre et poésie). Dans un souci purement didactique, l’étude proposée est subdivisée en quatre volets, ce qui permettra de dresser un panorama de la critique littéraire occidentale depuis la fin du XIXe siècle : - Le premier volet sera consacré à faire apparaître les changements critiques ouverts par l’offensive contre-positiviste incarnée par Marcel Proust. Ce premier chapitre privilégiera en premier lieu la méthode critique de Sainte-Beuve. - Le second volet s’attardera sur le lien établi entre la littérature et la psychanalyse. On mettra précisément l’accent sur la mise en rapport de la littérature avec un sujet. Les investigations d’ordre psychanalytique seront articulées autour du passage de la conception de l’individu à celle de sujet. - Le troisième volet traitera de la littérature dans sa relation avec la société depuis les années 60. Il sera centré sur l’acheminement de l’affinement de la conceptualisation du rapport texte/société dans le sens d’une prise en charge de plus en plus efficiente de la spécificité du texte littéraire. - Le dernier volet sera essentiellement consacré à esquisser quelques travaux des structuralistes et des formalistes russes. Corpus d’étude : Lectures obligatoires Œuvres complètes • Emile Zola (1840-1902), Germinal, Le Docteur Pascal • Gustave Flaubert (1821-1880), Salammbô • Honoré de Balzac (1799-1850), Le Père Goriot • Jean Racine (1639-1699), Andromaque, Britannicus, Bérénice, Iphigénie, Phèdre. • Molière (1622-1673), Dom Juan, ou le Festin de pierre, Le Misanthrope. • Wilhelm Jensen, Gradiva Extraits choisis • Allan Edgar Poe (1809-1849), Histoires extraordinaires. • Boccace (1313-1375), Décaméron • Charles Baudelaire (1821-1867), Les Chats • Flaubert, Armance • Stéphane Mallarmé (1842-1898), Œuvres complètes Sommaire Introduction 1. La critique littéraire : généralité et définitions 2. L’auteur et l’œuvre 2.1 La critique biographique 2.2 Contre Sainte-Beuve 2.3 La critique de l’imaginaire 2.4 La psychanalytique 2.4.1 Sigmund Freud 2.4.2 Jean Bellemin-Noël 2.5 La psychocritique 3. Le texte et la société 3.1 La critique sociologique marxiste 3.2 La conception esthétique de Lucien Goldmann 3.3 La sociocritique d’Henri Mitterand 4. Le texte comme objet 4.1 Le structuralisme 4.2 Le formalisme russe Bibliographie Introduction Il est admis que la critique littéraire et née en même temps que la notion de littérature ou plutôt a toujours existé dans le sillage de celle-ci. Elle tire son origine de cette pratique ancienne qui accompagnait la vie des lettres. Du grec krinein, « juger », le terme critique désigne l’étude faite d’une œuvre littéraire. Elle peut s’appuyer sur des jugements positifs ou négatifs. Elle est une évaluation et une interprétation de l’œuvre littéraire, mais elle est aussi le lieu où coexistent deux plaisirs : celui de la lecture et celui de l’écriture pour reprendre une idée de Roland Barthes. De manière globale, on peut distinguer trois grandes formes de critique : la critique journalistique qui informe et juge (tranche sur le bon et le mauvais) ; la critique d’auteur, qui juge et interprète (même sensibilité artistique qui permet de mettre au jour le génie de l’autre) ; et enfin, la critique universitaire, qui oscille entre recherche et interprétation (décrit et analyse). Indissociable donc de l’activité de commentaire et d’interprétation, la critique littéraire connaîtra des orientations diverses et se cherchera systématiquement des règles et des méthodes. En effet, de la méthode biographique, qui entendait déduire de la vie de l’auteur le sens de son œuvre, aux méthodes qui convoquent les outils des sciences humaines (psychanalyse, sociologie, linguistique…) pour comprendre et définir le processus de création et pour également étudier l’œuvre en elle-même avant de procéder à une interprétation, la critique littéraire devient finalement avec le temps une discipline à part entière, qui possède son objet d’étude et qui varie et diversifie ses méthodes pour comme l’écrivait Roland Barthes « mettre du sens dans le monde, mais non pas un sens »1 et se met, de ce fait, en quête de la « littérarité » qui semble toujours insaisissable. En tout état de cause, la critique littéraire et la littérature forment un couple. La critique est, dans une certaine mesure, un art, un acte de création. Elle participe à faire connaître et à faire reconnaître les textes littéraires. Et inversement, la critique littéraire se renouvelle constamment en multipliant les commentaires et les interprétations, car elle se confronte à des textes protéiformes et complexes, car « il n’y a pas de vrai sens d’un texte »2 disait Paul Valéry. 1 Roland, BARTHES. Essais critiques, 1964, p. 256. 2 Paul, VALERY. Au sujet du Cimetière marin [1933], Œ, I, 1507. 1. La critique littéraire : généralités et définitions : - Texte support : L’œil vivant. Jean Starobinski (Consigne de lecteur : comment Jean Starobinski conçoit-il la critique littéraire ?) À la vérité, l’exigence du regard critique tend vers deux possibilités opposées, dont aucune n’est pleinement réalisable. La première l’invite à se perdre dans l’intimité de cette conscience originale que l’œuvre lui fait entrevoir : la compréhension serait alors la poursuite progressive d’une complicité totale avec la subjectivité créatrice, la participation passionnée à l’expérience sensible et intellectuelle qui se déploie à travers l’œuvre. Mais si loin qu’il aille dans cette direction, le critique ne parviendra pas à étouffer en lui-même la conviction de son identité séparée, la certitude tenace et banale de n’être pas la conscience avec laquelle il souhaite se confondre. À supposer toutefois qu’il réussisse véritablement à s’y absorber, alors, paradoxalement, sa propre parole lui serait dérobée, il ne pourrait que se taire, et le parfait discours critique, à force de sympathie et de mimétisme, donnerait l’impression du parfait silence. À moins de rompre en quelque façon le pacte de solidarité qui lie à l’œuvre, le critique n’est capable que de paraphraser ou de pasticher : on doit trahir l’idéal d’identification pour acquérir le pouvoir de parler de cette expérience et de décrire, dans un langage qui n’est pas celui de l’œuvre, la vie commune qu’on a connue avec elle, en elle. Ainsi, malgré notre désir de nous abîmer dans la profondeur vivante de l’œuvre, nous sommes contraints de nous distancer d’elle pour pouvoir en parler. Pourquoi alors ne pas établir délibérément une distance qui nous révélerait, dans une perspective panoramique, les alentours avec lesquels l’œuvre est organiquement liée ? Nous chercherions à percevoir certaines correspondances significatives qui n’ont pas été aperçues par l’écrivain ; à interpréter ses mobiles inconscients ; à lire les relations complexes qui unissent une destinée et une œuvre à leur milieu historique et social. Cette seconde possibilité de la lecture critique peut être définie comme celle du regard surplombant ; l’œil ne veut rien laisser échapper de toutes les configurations que la mise à distance permet d’apercevoir. Dans l’espace élargi que le regard parcourt, l’œuvre est certes un objet privilégié, mais elle n’est pas le seul objet qui s’impose à la vue. Elle se définit par ce qui l’avoisine, elle n’a de sens que par rapport à l’ensemble de son contexte. Or voici l’écueil : le contexte est si vaste, les relations si nombreuses que le regard se sent saisi d’un secret désespoir ; jamais il ne rassemblera tous les éléments de cette totalité qui s’annonce à lui. Au surplus, dès l’instant où l’on s’oblige à situer une œuvre dans ses coordonnées historiques, seule une décision arbitraire nous autorise à limiter l’enquête. Celle-ci, par principe, pourrait aller jusqu’au point où l’œuvre littéraire, cessant d’être l’objet privilégié qu’elle était d’abord, n’est plus que l’une des innombrables manifestations d’une époque, d’une culture, d’une « vision du monde ». L’œuvre s’évanouit à mesure que le regard prétend embrasser, dans le monde social ou dans la vie de l’auteur, davantage de faits corrélatifs. La critique complète n’est peut-être ni uploads/Litterature/ cours-slahdji-dalil-etude-de-textes-litteraires.pdf
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- Publié le Aoû 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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