Présentation du livre de F. Balmès : Le Nom, la Loi, la Voix Freud et Moïse : é
Présentation du livre de F. Balmès : Le Nom, la Loi, la Voix Freud et Moïse : écritures du père 21 Marie-Claire Boons - Grafé 2 Si l'on revient à ce concept d'Autre - toujours débordé par ce qu'il subsume - à ce lieu où la parole se pose en vérité, on voit que la vérité lie le champ de la parole à celui de l'inconscient comme champ d'articulation des signifiants, et que l'Autre est le concept forgé Avant toute chose, je voudrais à nouveau, après un premier rendez-vous en librairie, saluer dans "notre" librairie, cette naissance à trois voix de la collection Scripta, grâce aux efforts de Charles Nawawi qu'aucun retrait des éditeurs trop prudents n'a découragé. Les membres et amis de cette école peuvent éprouver quelque fierté : ces trois livres, de la couleur du sable se perdant dans le blanc, marqués du sceau du scribe, sont certes légers parce que "petits" par leur format - on peut aisément les emporter dans sa poche, les ouvrir au gré de quelque trajet en bus ou en métro - mais ils pèsent lourd par la richesse même, la densité et le sérieux de ce que s'y trouve écrit. C'est un artifice de programmation, lié à la nécessité du temps qui, ce soir, nous contraint d'aborder uniquement le livre de François Balmès : "Le nom, la loi, la voix. Freud et Moïse : écritures du père 2". Ecriture d'une seule mélodie donc de cette symphonie concertante et concertée qui en tresse deux autres - celle de Brigitte Lemérer et celle de Solal Rabinovitch - autour de la question du Père telle qu'élaborée par Freud et inlassablement reprise, repensée par Lacan. Contrainte artificieuse qu'on peut en fait regretter - ces trois écritures ne cessant pas de se faire écho - mais à laquelle je me soumets, d'autant que ton travail, cher François, me parait d'une complexité telle qu'il faudrait pour en rendre compte bien plus que le temps d'une soirée. On se tiendra donc, comme il se doit toujours, dans la dimension du Pas-Tout. Laisse moi te dire en guise de préambule que te lisant pas à pas, j'ai appris que je ne savais pas lire, ou que j'avais très mal lu Freud et Lacan : à celle qui balayait un texte à sa surface, tu as montré, par ton attention aux détails, comme aux grands mouvements des pensées en jeu, qu'elle n'avait pas vu ce qu'il fallait voir, ou mal saisi ce qu'il s'agissait de saisir. Ta lecture déchiffre avec tant de finesse les moindres chicanes, les retours et renversements chez Freud, chez Lacan, ce qui se tisse de celui-là à celui-ci, le pas en avant que fait l'un après le pas de l'autre, les désaccords aussi bien, les prises de distance, elle suit avec une telle minutie les inflexions des pensées, sans jamais les confondre, les refontes, les équivoques, que cette lecture, la tienne, innove en ce sens, qu'elle montre ce qui n'a pas été vu : elle relève donc d'une expérience de la pensée. Ainsi de chapitre en chapitre, il m'a semblé aller de l'éclaircie - soigneusement ordonnée - d'un problème, à la découverte de ce qu'un tel déchiffrement autorise d'encore inédit. Je ne donnerai ici qu'un exemple alors que j'en avais préparé quatre. Je me suis demandé si l'on avait déjà soutenu comme tu le fais, qu'au principe de l'élaboration du concept de l'Autre, il y a chez Lacan tentative voire ambition de réinscrire à la fois, de conjoindre ce qui restait disjoint chez Freud, la métapsychologie et l'Œdipe, soit la loi du plaisir pensée sur le mode des lois de la nature, et celle du Père, dont la loi, reçue comme interdit, s'adresse à un sujet. Cette volonté lacanienne d'unifier le disparate des concepts freudiens, tu la montres à l'œuvre à chaque pas : ainsi en va-t-il du sacrifice d'Abraham que Lacan choisit et qui se trouve épinglé dans ton texte au titre d'une opération réunissant la version du meurtre dans Totem et Tabou et ce qu'il est ajouté du père dans le Moïse. 1 Ce texte a été présenté lors de la soirée Librairie.......... 2 J'ai demandé à la rédaction des Carnets de maintenir à ce texte son style d'adressse. pour écrire cette unification. En fait il conjoint la scène de l'inconscient freudien et cette dimension de l'Ailleurs dont nous reparlerons en abordant les énoncés de Freud et de Lacan sur Dieu. Ainsi pensé, tu montres que l'Autre devient condition nécessaire. Pourquoi ? Condition pour que l'axiome "L'inconscient est structuré comme un langage", permette à Lacan, non seulement d'assimiler loi œdipienne et loi du signifiant mais autorise une lecture du meurtre du père et de la culpabilité en fonction, ainsi l'écrit Lacan, de l'entrée de l'homme dans cet ordre même du signifiant avec lequel comme animal, il n'a rien à faire. La construction du mythe du meurtre du père ne répondrait-elle pas à cette prise obligée dans l'ordre symbolique, à quoi l'animal pour devenir humain se trouve en quelque sorte condamné ? En serait-il la fiction indépassable ? Tu poses cette question avec Lacan. Et tu la prolonges d'ailleurs dans ton dernier Séminaire sur l'Enonciation où, selon le commentaire de Lacan sur le rêve du père mort, tu poses que "la douleur d'exister tel", c'est-à-dire selon les lois de la chaîne signifiante, constituerait le véritable objet du refoulement primordial sans lequel il n'y aurait pas de parole possible. Je réserverai pour la fin de mon introduction l'essentielle problématique du lien entre père et écriture, car j'aurai à ce propos une question à te poser. Mais il me faut suivre à très gros traits ton fil et d'abord présenter ton hypothèse, l'hypothèse - qui sous-tend l'ensemble de ton projet et que tu t'attaches à démontrer : Lacan, lecteur de Freud à partir du Moïse, Lacan lecteur du Moïse pour lire les trois versions freudiennes du père (Père œdipien, Père de la horde et Père du Moïse). Certes la nécessité du Moïse, son type d'écriture, l'enjeu essentiel qu'il constitue dans l'ensemble de la pensée freudienne, sera par toi analysé. Mais ton propos directeur est de soutenir que, dès le départ, et à chaque moment, Lacan prend appui sur ce texte ultime du vieux Freud, à partir duquel il élabore chacune de ses avancées quant à ce qu'il nous apporte sur la question du Père. En somme, Lacan revient sans cesse au Moïse, ce serait sa référence princeps, au fondement même de l'invention du père comme signifiant, comme "Nom du Père" : Lacan commence, comme tu l'écris, par où Freud a fini. Mais en vérité, il y a plus : car cette référence constante nous permet de lire Freud et en particulier de saisir non seulement l'hiatus toujours ouvert qu'il y a entre le père de la horde et celui tel que décrit dans le Moïse - malgré les tentatives de Freud de les accorder - mais aussi le lien nécessaire entre les formes particulières de l'écriture du Moïse et ce qu'il y est dit du Père. J'y reviendrai... Dès le départ, soit dès le Séminaire sur les Psychoses en 1955, Moïse est présent. Tu choisis ce séminaire comme premier lieu de ton déchiffrement, là où s'inaugure l'articulation de trois concepts décisifs : celui de Forclusion, l'Autre et le Nom du père. Il y a dans ton parcours et sans pouvoir prendre en compte ici tout ce que tu suggères au fil des nombreuses notes qui doivent être lues à la loupe (dans tous les sens du terme, puisqu'il y a ceux dont la vue n'est pas optimale !), il y a donc trois grands lieux d'analyse des thèses de Lacan, lecteur du Moïse : ces trois lieux te permettront de moduler la problématique du père selon les trois vecteurs annoncés dans le titre du livre : Nom, Loi et Voix, trois fonctions à ne pas confondre avec le Père symbolique, le Père imaginaire et le Père réel. Citons ces trois lieux : Le Séminaire sur les Psychoses, déjà signalé, celui sur l'Ethique, et celui sur l'Angoisse, en y ajoutant la séance sur les Noms du père. Tu t'arrêtes là, en 1963, à ce Séminaire qui a lieu une seule fois et dès lors se suspend : séminaire exceptionnel dont le retrait subséquent - à tes yeux, comme à ceux d'Eric Porge - fait en acte partie d'un dire sur le père. Point de visée de ton texte et point d'arrêt. J'espère "point" de suspens car on ne peut qu'attendre ce qui composerait la seconde part de ton travail et qui serait consacré à l'analyse du dernier Lacan. La référence au Moïse dans le Séminaire III se fait par un double biais : celui de la question de la vérité et celui de cette caractéristique du père symbolique, "nulle part présenté, ni représenté". Ainsi en va-t-il du dieu sublime de Moïse l'Egyptien, dieu de justice et de vérité prescrivant le rejet de toute représentation. Nous verrons ensuite comment dans le Séminaire sur l'Ethique, l'introduction de la Chose et de uploads/Litterature/ marie-claire-boons-grafe2-17-pdf 1 .pdf
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- Publié le Mai 19, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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