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1 Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/bibliothquedel198ecol 01 y3r LA CONGRÉGATION DE MONTAIGU V' BIBLIOTHÈQUE DE L'ECOLE DES HAUTES ÉTUDES PUBLIEE SOUS LES AUSPICES DU MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE SCIENCES HISTORIQUES ET PHILOLOGIQUES CENT QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME FASCICULE LA CONGRÉGATION DE MONTAIGU (1490-1580) PAR Marcel GODET ARCHIVISTE-PALÉOGRAPHE CO.NSEKVATEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE ET DES MUSÉES d'aBBEVILLE ÉLÈVE DIPLÔMÉ DE L'ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES PARIS LIBRAIRIE ANCIENNE HONORÉ CHAMPION O, QUAI MALAQUAIS 1912 Tous droits réservés r. [C) JOANNES ^TANDOM 1 1 . l'(iiiiit\ri Dr STA^r)0^ck, il |i;ir .Iriiii l;;i|,li>lr Cl.-Mhlc l!..liiii. -rnvr |i;ii- .Iciiii l!:i|iti<le (iii\:ii-,l. iHihI. nul.. Hshiiiiiirs. \ >.) Cl^ LA CONGRÉGATION DE MONTAIGU (1490-1580) Marcel GODET ARCinVISTE-P.VLKOGn.VPHE CONSERVATEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE ET DES MUSEES d'abBEVILLE ÉLÈVE DIPLÔMÉ DE l'ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES PARIS LIBRAIRIE ANCIENNE HONORÉ CHAMPION 0, QUAI MALAQUAIS 1912 Tous droits réservés. Cet ouvrage forme le ISS"* fascicule de la Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes. Sur l'avis de M. Abel Lefranc, directeur d'études, et de MM. Alfred Morel-Fatio et Em. Châtelain, commissaires responsables, le pré- sent mémoire a valu à M. Marcel Godet le titre d'Élève diplômé de la section d'histoire et de philologie de l'École pratique des Hautes Études. Paris, le 5 \ovembre 191 Les Commissaires responsables. Signé : A. MoREL-pATto. E. Châtelain. Le Directeur de In Conférence, Sig-né : A. Lefranc. Le Président de la Section, Signé : G. Monod. ('^) A MONSIEUR ABEL LEFRANG RESPECTUEUX HOMMAGE INTRODUCTION Deux faits indiscutables paraissent caractériser la vie intel- lectuelle et religieuse de la fin du xv" siècle : la décadence continue de l'Église, dans son chef et dans ses membres, et, parallèlement, l'invasion d'un esprit nouveau, qui découle de l'étude de l'antiquité retrouvée avec enthousiasme : l'esprit de la Renaissance. Devant ces signes d'une profonde transformation morale, la majeure partie du clergé reste indifférente. Les Papes, quoique animés des meilleures intentions, ne font aucun effort pour restreindre leurs besoins d'argent, pour abolir le régime désas- treux de la commende, ou pour sauvegarder l'élection régu- lière des évêques. Ceux-ci, pasteurs sans zèle, ne s'astreignent pas à la résidence, ne visitent pas leurs diocèses. Les cha- pitres de chanoines, les religieux, le bas clergé vivent à leur guise, suivant des habitudes de moins en moins canoniques, ou plaident contre leurs supérieurs indignes ; l'église de France, en particulier, est en proie aux procès que soulève l'ap- plication intermittente delà Pragmatique. Inconscients de leur influence dissolvante, les hauts prélats et bientôt le souverain pontife lui-même encouragent, en artistes, la recherche de l'antiquité, se passionnent pour les chefs-d'œuvre de la Grèce et de Rome, sans paraître soupçonner que, sous le culte des formes, s'insinue en eux et autour d'eux l'esprit même du paganisme. C'est dans cet aveuglement que la révolte de Luther surpren- dra, en i52o, une partie de l'Eglise catholique, mais non toute l'Eglise. De tous temps, se sont fait jour des volontés droites, Il INTRODUCTION soucieuses de restaurer la pratique des vertus évangéliques. La création des ordres mendiants, au xnr siècle, l'expansion des Frères de la Nie commune, à la fin du xn*", ont traduit ce besoin de régénération, qui ne cessa jamais de se manifester dans le clirislianisme. Les réformes monastiques entreprises dans la seconde moitié du xv' siècle prouvent que nombre d'esprits claii\oyaiils xoiduicnl alors raffermir, suivant les anciennes règles, la discipline ecclésiastique. Plusieurs son- gèrent à prévenir en même temps le péril d'une culture désor- donnée ; Jean Standonck fut le type de ces restaurateurs ortho- doxes. Rêvant de repeupler l'Eglise de prêtres exemplaires, instruits pour l'apostolat, mais dédaigneux d'une science inutile et brillante, il recruta, dès 1/190, à l'ombre du collège de Montaigu, ses premiers disciples, choisis parmi les pauvres et les déshérités. La congrégalion de Montaigu mérite d'être étudiée conimo nu ténioiii iiiéciisahic et caractéristique de cette pré-réforme catholique, qui, trop fragmentaire et trop timide, ne sut ni ne put prévenir la réforme protestante. Chacune des comminiautés de pauvres clercs établies par Standonck à Paris et dans les Pays-Bas porta le nom de : coinmniiUas. coUegiitnt. Jaiiii/io. et leur ensemble est appelé dans les stahits de Montaigu : coiigregalio ; mais le terme ne saurait désigner un ordre religieux constitué {rcllgio). Cette congrégalion de pauvies ne se destinait qu'au rôle prépara- toire de séminaire. Aux « religions » vieillies elle réservait des novices observants, à l'I'^glise entière des prêtres mortifiés et instruits ^. Moins caduque elle aurait pu, en vertu d'un usage constant, porter le nom de sa maison mère, la commu- nauté de Montaigu : du moins, le lui appliquons-nous. En l'éalité, elle ne s'individualisa jamais sous ce titre., pas plus que sous ini Mulro: elle dura (i-op peu. I. (' Fuit oiiiiii liM'c coininunitas suh diviiia niisericordia niaxiinis siido- « ribus et vigilantiis iiistiluta el suiiiplibiis non inodicis crccta, in religio- « nis et Dei ecriesic favoroin, ut videlicct ex ea adolescentes bene dispositi « tanquaiu boue plantationes in juvcntute sua sunii possent, ad plantan- « dnni in ccclcsic agris et religionis observate. » Règle de Montaùju, c. XI. INTRODUCTION IH En 1/190, Standoîick ayant acheté une petite maison de la rue (les Sept-Voies, y réunit de pauvres étudiants, auxcpiels il impose une rèjj;le religieuse austère, empruntée aux Frères de la Vie commune. La communauté se développe rapidement. De son premier asile deveiui trop étroit ti-ansportée, en i/|()6, dans une aile lebàtie à neuf du vieux collège de Montaigu, elle s'isole bientôt dans une clôture quasi monastique, possède son oratoire privé, ses dortoirs, sa bibliothèque, son jardin, son humble costume, sa règle. La maison de Paris est en plein exercice, lorsque Standonck la quitte pour l'exil. Alors, il s'en faut de peu qu'un collège subalterne n'existe déjà à Beauvais. S'il échoue, d'autres s'établissent bientôt à Cambrai, Valenciennes, Malines, Louvain. Dès i5oo, le pape Alexandre YI approuve oralement la congrégation. Deux bulles, l'une du car- dinal Georges d'Amboise, pour la France, l'autre du cardinal Raymond Péraud, pour les Pays-Bas, la confirment délinitivc- ment. En i5o3, la règle austère dressée par le fondateur est officiellement promulguée par le chapitre de Notre-Dame. Le roi Louis XII, l'évêque de Paris, encouragent le nouvel institut. De partout, les ordres qui ont besoin de réforme demandent des sujets éprouvés à cette pépinière de jeunes religieux ; Bénédictins, Chanoines réguliers. Franciscains. Dominicains, Croisiers sollicitent Standonck ou attirent ses disciples malgré lui. Alors, comme il l'avoue, plus de trois cents élèves sont entrés dans les ordres ; à Paris même, dans le vieux collège, ils sont deux cents Pauvres « vivans religieusement sans man- ger chair ne boii'c vin » K Jean Standonck destinait ses collègues au repeuplement vigoureux de l'Eglise envahie, disait-il, par les broussailles et les épines-. Pour opérer cette régénération, à l'exemple de ses 1. Arch. nat., S 6528 (liasse 69). 2. « Dum namque hecconderentur, anno videlicet ab incarnationc Domini millesimo quingentesimo 3°, hi (agri) oinnos forme infecundi et stériles fuerant, labruscas, spinas et hiijusniodi noxias herbas proferentes ; sed, juvantedivina gratia et providentia, tune cradicari et plantari iucipiebant et divina agricultura in eis incboabatur et prospère satis procedebat. » Règle de Montaigu. c. XI. IV INTRODUCTION maîtres, les Frères de la Yic commune, il groupait et intruisait les pauvres. Par ce souci de l'éducation des humbles dans la foi et dans les lettres, il se montra, si l'on veut, un humaniste, dans le sens où le furent beaucoup d'espiits du moyen âge et les Fières eux-mêmes ; encore ceux-ci regardaient-ils la culture littéraire comme un délassement et comme un repos, pour lui elle n'eut d'autie objet que de préparer et de soutenir lapostolut. Aussi, devant l'humanisme absolu de la Renais- sance, en face de cette « découverte de l'homme », dont parle Michelet, le réformateur de Montaigu s'érige bien plutôt en réactionnaire. Peu savant, il n'imagine certes pas d'unir le symbole chrétien à la philosophie platonicienne ; mais à la recherche des idées antiques, devenue inséparable de l'étude des formes ; à l'exaltation de l'individu, qui ose prendre confiance et appui dans la nature déchue, il oppose sans faiblesse l'idéal de renoncement du moyen-âge. Il est le frère des moines mendiants du xni" siècle. Aux savants glorieux ses disciples, revêtus de l'humble cape grise, remontrent la nécessité de vivre chrétiennement avant de s'instruire; aux riches, qu'il dédaigne, il propose comme une faveur de les admettre au nombre de ses pauvres ; il s'aliène à jamais les tenants de la « bonne nature », par des mortifications et des jeûnes qui effraient. Homme du nord, esprit rude et fruste, il ignore les enthousiasmes, les iiuiuiélndes et les finesses de ses contemporains. Le ton équivo([ue d'Érasme, son ancien élève, l'irrite. Il reste en deçà des tergiversations, des conciliations, des compromissions, qu'on les décore ou non du titre d'hu- manisme chrétien ; lui est un contre humaniste. Mais pas plus dans la lutte contre l'esprit de la Renaissance, que dans la régénération de l'Église, la congrégation de Mon- taigu ne devait porter ses fruits. Le manque de zèle, les austérités excessives d'une règle qui entravait toute formation sérieuse, les dissensions uploads/Litterature/ bibliothquedel-198-ecol.pdf
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- Publié le Jui 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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