UNIVERSITE D’ARTOIS Ecole Doctorale n° 473 - SHS Lille-Nord de France Equipe d’

UNIVERSITE D’ARTOIS Ecole Doctorale n° 473 - SHS Lille-Nord de France Equipe d’Accueil Textes et Cultures (EA 4028) - Praxis et Esthétique des Arts Thèse présentée en vue de l'obtention du grade de docteur en Arts du spectacle par Marie GARRÉ NICOARĂ L’ESPACE MARIONNETTIQUE, LIEU DE THÉÂTRALISATION DE L’IMAGINAIRE Sous la direction de Monsieur le professeur Amos FERGOMBÉ Soutenue le 7 décembre 2013 Membres du jury : Mme Monique BORIE, professeur émérite à l’Université Paris III- Sorbonne Nouvelle M. Luc BOUCRIS, professeur émérite à l’Université Stendhal – Grenoble III M. Amos FERGOMBÉ, professeur à l’Université d’Artois M. Didier PLASSARD, professeur à l’Université Paul-Valéry Montpellier III M. François LAZARO, directeur du Clastic Théâtre, expert 1 REMERCIEMENTS Je tiens à remercier en tout premier lieu Amos Fergombé qui a dirigé cette thèse et qui, par son accompagnement sans faille, sa rigueur et son enthousiasme, m’a ouvert de nombreuses perspectives de réflexion et a permis à cette thèse de prendre forme. Je remercie également le laboratoire Textes et Cultures, ainsi que mes collègues enseignants au département des Arts du spectacle à l’Université d’Artois : Sandrine Le Pors, Pierre Longuenesse, Aude Astier pour leur accueil chaleureux et les échanges scientifiques, pédagogiques autant qu’amicaux qui ont émaillé ma période d’ATER. Mes remerciements vont aux membres de la commission Patrimoine, recherche et édition des Saisons de la Marionnette, chercheurs et artistes, et plus particulièrement à Raphaèle Fleury, Emmanuelle Ebel-Jost, Hélène Beauchamp, Julie Sermon, Evelyne Lecucq, François Lazaro, qui ont aidé cette réflexion à prendre corps, grâce à nos échanges sur leurs propres recherches ou pratiques. Cette recherche doit beaucoup à la fréquentation de l’Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières, à son centre de documentation, et aux échanges avec les étudiants de l’ESNAM. Je remercie vivement Lucile Bodson, Raphaèle Fleury, Céline Bourrasseau, Aurélie Oudin, Delphine Poquet pour leur confiance à l’occasion de ma collaboration au Portail des Arts de la Marionnette, et l’intérêt porté à mes recherches lors de mes nombreuses résidences. Je tiens à témoigner ma gratitude à mes relecteurs, mais surtout amis : Jay Baclet, Dorothée Cooche-Catoen, Louise Declercq, Julien De Méo, Aurélie Dorchy, Clément Dransart, Lise Garré-Solano, Hélène Grave, Claire Hooge, Hélène Massard, Mathilde Pozycki. Merci d’avoir accompagné de près ou de loin l’élaboration de cette thèse par votre soutien, vos conseils et votre amitié. Enfin je remercie mon époux, Cosmin Nicoară, pour sa patience et sa lumineuse présence de tous les instants. 2 SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE ........................................................................................... 5 Partie I ............................................................................................................................ 17 LA MARIONNETTE : UNE FIGURE DU SEUIL ...................................................... 17 Chapitre A : ...................................................................................................................................... 21 Une métaphore de la figure humaine ................................................................................................ 21 Chapitre B :....................................................................................................................................... 83 Dialogue du corps marionnettique avec l’espace.............................................................................. 83 Chapitre C: ..................................................................................................................................... 131 Le corps marionnettique comme lieu d’engendrement de la perception ........................................ 131 PARTIE II. .......................................................................................................................... 159 L’ESPACE MARIONNETTIQUE : UN ESPACE DIALECTIQUE ............................. 159 Chapitre A : .................................................................................................................................... 163 L’espace marionnettique comme lieu d’une confluence des théories et des pratiques .................. 163 Chapitre B :..................................................................................................................................... 237 Couloir, cadre, castelet, écran : dialectiques de l’espace marionnettique traditionnel .................... 237 Chapitre C :..................................................................................................................................... 261 L’économie de l’espace marionnettique ......................................................................................... 261 PARTIE III. .................................................................................................................. 307 REINVENTION CONTEMPORAINE DES DISPOSITIFS ..................................... 307 Chapitre A : .................................................................................................................................... 313 Tables et écrans, entre surface et profondeur.................................................................................. 313 Chapitre B :..................................................................................................................................... 339 Encadrements et emboîtements sur la scène marionnettique .......................................................... 339 Chapitre C :..................................................................................................................................... 375 L’espace marionnettique comme lieu d’un dépli ............................................................................ 375 PARTIE IV ................................................................................................................... 395 PROCESSUS ET ESTHETIQUES RELATIONNELS DE L’ESPACE MARIONNETTIQUE .................................................................................................. 395 Chapitre A : .................................................................................................................................... 399 Théâtraliser l’entre-deux : un espace relationnel ............................................................................ 399 3 Chapitre B :..................................................................................................................................... 431 L’espace marionnettique et son processus de mise en abyme ....................................................... 431 Chapitre C :..................................................................................................................................... 471 Relectures du vivant par l’inerte, déconstruction de la présence .................................................... 471 CONCLUSION.................................................................................................................... 517 4 5 INTRODUCTION GENERALE Cette thèse, ayant pour objet la problématique de l’espace dans l’art de la marionnette en examine les enjeux en termes d’instauration des corps, de place du spectateur et de théâtralisation de l’imaginaire. Il s’agit de montrer comment la théâtralisation est instaurée au travers d’une illusion liée à l’animation, du rapport scène/salle renégocié, d’une mise en abyme qui met en dialogue l’inerte et l’animé. Comment un tel espace, souvent traversé par une dialectique entre intérieur et extérieur, un dialogue entre réel et illusion, mais aussi une économie scénique fondée sur la monstration et la dissimulation et un enchâssement des niveaux de lecture de l’image scénique peut féconder un imaginaire ? Comment, dans la manipulation à vue, pratique centrale en marionnette contemporaine, l’espace marionnettique devient un véritable espace relationnel et le lieu d’une problématisation de la figure et du corps ? Il s’agira d’analyser l’espace marionnettique, envisagé comme lieu de surgissement, d’inscription et d’instauration de la figure et de questionner la relation d’un tel espace à la place du spectateur. Comment cet espace peut devenir l’objet d’une dialectique dedans/dehors, vie/mort, confrontant deux présences, l’une à l’œuvre dedans et l’autre en dehors, jouant sur une forme de contiguïté qui engage alors le spectateur regardeur ? A la fois plastique et scénique, l’espace marionnettique est celui qui met en crise le corps, la figure qui s’y inscrit. Le corps posé comme celui de la marionnette est confronté à celui du vivant. L’invention d’un nouvel espace conduit à l’instauration d’un nouveau corps, échafaudé autrement. Dans l’art de la marionnette, les évolutions scéniques et plastiques sont marquées par ce que les artistes de la marionnette désignent souvent par l’expression du « castelet qui tombe », emblème du renoncement à des formes classiques. (La manipulation à vue qui en découle équivaudrait pour l’acteur-manipulateur, par un glissement sémantique, à « tomber le masque ».) Au cours du XXème siècle, la redéfinition du corps marionnettique fait écho aux problématiques qui ont émergé dans les pratiques des arts visuels. Les expérimentations contemporaines prennent pour objet de réflexion ce corps, effigie de l’humain ou 6 présence scénique dont on va chercher à repousser les limites.1 Les scènes se peuplent alors de corps composés jouant sur les signifiants de la matière, déstructurés, tendant vers l’abstraction. Poussant ce corps encore plus loin dans ses retranchements, certains créateurs mettront en jeu des marionnettes géantes (Le Royal De Luxe2), des pantins hyperréalistes (compagnie 3-6-303, Là Où Théâtre4) ou une dématérialisation de la figure (compagnie Pseudonymo5, compagnie Zapoï6), jouant ainsi de son reflet trouble ou en manipulant des images animées. Nous avons cherché à saisir ici les rapports très étroits qui lient la marionnette à l’espace dans la pratique contemporaine. Aujourd’hui, la problématique de l’espace marionnettique semble être un enjeu essentiel permettant de réinterroger l’imaginaire. Si la marionnette ne peut être pensée sans son rapport à l’espace, c’est qu’elle mobilise des notions fortement liées à une dimension spatiale : le montré et le caché, la tension entre intérieur et extérieur, les dynamiques d’apparition et de disparition. La marionnette apparaît dans un espace pensé en résonance avec ses caractéristiques cinétiques et dramatiques, et elle instaure par sa présence un espace imaginaire. Le dispositif dit « en » marionnette semble bel et bien aujourd’hui jouer autant que la marionnette. Dans un tel art, le médium est à la fois le corps marionnettique et son animation, sa manipulation. Ce médium est lié à un ordonnancement de l’espace et de la place du spectateur révélant une marionnette indissociable de l’acte de manipulation (que son espace articule de façon plus ou moins visible)7. Dans cette thèse, le terme « marionnette » fera référence aux formes de la marionnette sur lesquelles nous travaillons, théâtre d’objet et théâtre d’ombres inclus. Mais ce terme est souvent porteur de malentendus nonobstant son usage récurrent dans le contexte institutionnel : Les Saisons de la Marionnette8, le Théâtre de la Marionnette à 1 Voir la thèse d’Emmanuelle Ebel sur cette question : EBEL, Emmanuelle, L’Objet marionnettique sur la scène contemporaine : le corps utopique, thèse dirigée par Germain ROESZ, Université de Strasbourg, 2011. 2 La Petite Géante, par Le Royal de Luxe, mise en scène Jean-Luc Courcoult, création à Calais, 2006. 3 L’Herbe Folle, création 2010, ou Les Aveugles, création 2008, mise en scène Bérangère Vantusso. 4 Des nouvelles des vieilles, création 2007, conception Julika Mayer. 5 Last cigarette / Entretien avec un pantin in Variations. Parcours marionnettique, par la compagnie Pseudonymo, mise en scène David Girondin Moab, 2009. 6 Zapping Lupus, Cirkusa Absurdita, Dracula, mises en scène Denis Bonnetier, créés respectivement en 2004, 2007 et 2010. 7 D’où les problématiques soulevées par la valorisation des marionnettes conservées dans les musées. 8 Les Saisons de la Marionnette (2007-2010), mouvement de regroupement des professions des arts de la marionnette (pratique, recherche, formation) visant à faire reconnaître l’art de la marionnette : « A l’initiative de THEMAA 7 Paris, UNIMA/THEMAA9, l’Institut International de la Marionnette, l’Ecole Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette (ESNAM)10, le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes (FMTM) de Charleville-Mézières11. La revue OMNI, éditée par le Théâtre de la Marionnette à Paris, fut en 2006 le lieu d’un débat autour de la dénomination à adopter, autour du terme même de marionnette.12 Ainsi, Philippe Aufort (compagnie AMK)13 s’interrogeait-il sur l’opportunité de uploads/Litterature/ thesis-101 1 .pdf

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